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Le satanisme bien implanté au coeur de la culture actuelle

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Le site citeetculture.com reproduit ci-dessous l'essentiel d'un article de Benoît DOMERGUE paru dans la Nef (n°229 - septembre 2011 - www.lanef.net) :

Il y a dans la culture actuelle, notamment chez les jeunes à travers certaines musiques modernes, une tendance sataniste indéniable qu’il convient de connaître.

Fort de nombreuses recherches et d’une longue expérience auprès de quelque cinquante mille jeunes depuis l’an 2000, nous sommes en mesure d’affirmer aujourd’hui que le phénomène du satanisme est beaucoup plus large que l’ensemble des activités exercées par quelques milliers d’individus affiliés à telle ou telle association plus ou moins sataniste ou occultiste.

 

Au cœur des années 60 et dans un contexte délibérément contre-culturel, le film Rosemary’s Baby du cinéaste Roman Polanski (1968) marque un intérêt renouvelé au sujet de la venue de l’Antichrist sur terre. Ce film s’articule autour d’une messe noire au cœur de laquelle Rosemary (Mia Farrow) et son époux (J. Cassavettes) vivent une relation sexuelle de type succube (1). Au cours du tournage, l’une des conséquences funestes de cet épisode sera le meurtre rituel de Sharon Tate, enceinte de huit mois, épouse de Polanski, exécutée par le sataniste Charles Manson, toujours en prison depuis lors.

 

Le chanteur californien Marilyn Manson est aujourd’hui un habitué de ce genre d’évocations à propos de l’Antichrist comme dans son album Holy Wood – le Crucifix.

 

Les jeunes attirés par le satanisme sont souvent des fans aussi de Mylene Farmer ou plus récemment de Lady Gaga (clips Bad Romance, Alejandro, Judas…). Certaines musiques Metal et Gothic sont également des vecteurs du satanisme, on retrouve de tels groupes notamment dans le festival Hell Fest à Clisson.

 

 

Il est important d’affirmer que nous ne pouvons pas croire au diable comme nous croyons en Dieu. En revanche nous pouvons certainement affirmer que nous croyons en Dieu et que nous reconnaissons l’existence du démon, ce qui est une nuance importante. Le satanisme serait une sorte de « contre religion » en particulier dans ses fondements et ses objectifs à l’encontre de la Rédemption du Christ...

 

Les adeptes du satanisme adoptent pour la plupart des conceptions et des pratiques telles que les prières écrites et lues à rebours ou l’utilisation de cierges liturgiques de couleur noire, le crucifix étant renversé, les pages d’une Bible ostensiblement déchirées. Une hostie peut également être profanée à la suite d’invectives contre la rédemption du Christ, en particulier à l’occasion d’une messe noire. L’idéologie sataniste promeut enfin différentes formes d’homicide, qu’il soit symbolique (2), animal ou humain.

 

L’envoûtement classique suppose deux volontés, l’une dominante et l’autre dominée, le prédateur et la victime. Dans un contexte de magie noire, la sommation se double d’une haine intense à l’égard de la victime, exécration et malédiction sont ainsi conjointes. Il s’agit de rapprocher, de mettre en parallèle la victime avec une ou plusieurs entités spirituelles.

 

Dans la même optique, au sein des pratiques sataniques comme dans la magie, le plus souvent sont utilisés des prières codées, mais également des mots magiques (onomata barbarika), des noms secrets, des anagrammes ou encore des mantra suivant les horizons. Jamblique (+ 325), dans son traité sur les mystères d’Égypte, mentionne maintes fois l’efficacité de ces noms barbares qui, en réalité, traduisent l’existence de divinités assyriennes. Origène avait parfaitement repéré ce type de procédure.

 

Aleister Crowley, les adeptes de l’Ordre du Temple d’Orient (OTO) et ceux qui sont affiliés à la Wicca internationale, pour ne citer que les organisations les plus connues, ne doivent leur existence qu’à différents rituels et concepts qui leur sont pratiquement tous antérieurs jusque dans l’Antiquité. Le satanisme s’érige donc sur une structure essentiellement syncrétique, c’est une nébuleuse multiforme dans laquelle on reconnaît des éléments empruntés pour l’essentiel au spiritisme et ses nombreuses variantes, au chamanisme, aux defixiones antiques et enfin aux pratiques liées au tantrisme hindou le plus hétérodoxe.

 

Transe et dissociation

 

La transe est un phénomène d’ordre psychophysiologique et mystique très complexe dont de très nombreux Pères de l’Église, théologiens et, de nos jours, ethnologues et anthropologues ont maintes fois tenté de décrire les principales caractéristiques.

 

Il est notable que l’expérience de la transe apparaisse dès la création de l’homme dans les textes bibliques avec en particulier ce que « subit » Adam à travers l’expérience de tardemah (hébreu), extasis (grec), et que l’on traduit par l’expression « un sommeil de torpeur » ou encore « transe extatique » (cf. Gn 2, 21).

 

Nous connaissons plusieurs types de « transes naturelles » encore appelées modifications spontanées de la « conscience ordinaire » : les transes néoténique, ecsomatique, onirique, orgasmique et esthétique. Il existe enfin les transes induites par différents artifices, des transes provoquées jusqu’à la transe de possession (3).

 

C’est dans ce cadre que l’ésotérisme, et dans son prolongement, l’occultisme agissent à pleine puissance. En ces circonstances, y compris à l’occasion de concerts de type Metal ou autres, les vibrations sonores et les textes des chansons correspondent à autant de suggestions ou d’évocations de type spirite, au pouvoir psychagogique. À cet instant, l’individu est alors en proie à un autre type de dissociation qui s’apparente à une « transe de possession ».

 

Les séances de Rave parties, de Techno ou de Techno trance ainsi que de nombreux concerts de type Metal ou Gothic génèrent le plus souvent parmi les auditeurs des expériences individuelles ou collectives de transe. Or on admet aujourd’hui assez généralement que « toute transe est dissociative », cela signifie que les auditeurs – des foules de jeunes – peuvent faire l’expérience « d’états modifiés de conscience » encore appelés « expériences de dissociation ».

 

Les mécanismes d’ordre psychophysiologique qui génèrent ces dissociations, pour ce qui nous intéresse, sont toujours en lien avec différents facteurs déclenchants que les raveurs ou les spectateurs de concerts sont susceptibles d’éprouver, fussent-ils plus de cent mille individus. Ces facteurs sont généralement les suivants : une audition musicale au tempo très rythmé ; divers phénomènes de synesthésie (4) ; les flashs accélérés des stroboscopes ; l’absorption de stupéfiants ; une promiscuité accrue…

 

« Mystère de l’iniquité »

 

Il se répand dans la culture en général et dans la « culture jeune » en particulier un certain esprit qui s’apparente à ce que saint Paul appelle le « mystère de l’iniquité » (2 Th 2, 7). Le cas du chanteur Marilyn Manson, dont on dit qu’il aurait cinq cents millions de fans dans le monde, est révélateur de cette évolution. Car il ne s’agit pas ici de paroles blasphématoires d’une chanson isolée, mais d’albums, de concerts, de mises en scène qui dépassent la seule provocation verbale. Il y a là une radicalisation qui évoque l’avènement de l’Antichrist quand saint Paul déclare que rien n’arrivera « si l’apostasie n’est pas venue d’abord, et que ne s’est révélé l’homme de l’iniquité, le fils de la perdition » (2 Th 2, 3-4). Loin de nous de considérer cette prophétie comme étant sur le point de s’accomplir. En revanche qu’il nous soit permis de collaborer à ce que le Christ demande à l’Église quant à la lecture des « signes des temps ». L’un de ceux-ci ne concerne-t-il pas cette « apostasie silencieuse » qui s’étend devant nous et dont la « culture jeune » fait l’apologie ?

 

Néanmoins, et quoi qu’il en soit de la gravité de ce que nous pourrions jamais écrire à ce sujet, nous n’hésitons pas, à la suite de l’Apôtre Pierre, de considérer l’époque actuelle comme un temps de grâce et de conversion, « le Seigneur […] voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 9).

 

Finalement, la seule réponse que l’on peut donner, face aux défis du satanisme, qu’il soit pratique ou culturel, est certainement celle que l’Église promeut depuis déjà près de deux mille ans et que nous devons continuer de propager plus que jamais. Cette réponse est la Personne du Saint-Esprit, l’Esprit de Pentecôte dont il faut témoigner dans sa propre vie et qui agit à l’encontre de l’esprit de Babel lorsque les hommes voulurent atteindre le ciel à partir de leurs propres forces.

Abbé Benoît Domergue*

 

*Docteur en théologie, ancien élève de l’École Pratique des Hautes-Études et auteur notamment de Culture jeune et ésotérisme. Vers une dérive antichristique de la culture des jeunes (Éditions Bénédictines, 2005). Ce texte est inspiré d’une étude plus approfondie, « La tendance sataniste dans la culture actuelle », parue dans Documents Épiscopat n°10/2006.

 

(1) Démon femelle qui vient la nuit s’unir à un homme.

(2) Cf. une Defixio, de la racine verbale latine defigo, fixi : « planter », « enfoncer », où l’on se sert d’une figurine dans l’espoir de nuire à « l’original ».

(3) Cf. Gilbert Rouget, La musique et la transe. Esquisse d’une théorie générale des relations de la musique et de la possession, Gallimard, 1990.

(4) Phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés.

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