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Mgr Rey : propositions pour la réforme de la réforme liturgique

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arton55-cf691.jpgDans le bimensuel « L’Homme Nouveau » du 22 octobre 2011 l’abbé Claude Barthe a constitué un excellent dossier sur l’œuvre missionnaire de l’évêque de Toulon-Fréjus, Mgr Dominique Rey.  Abordant, entre autres, la question liturgique, ce dernier déclare que le chantier de la réforme de la nouvelle messe « s’inscrit dans l’esprit du motu proprio Summorum Pontificum, c'est-à-dire dans le souci de l’enrichissement mutuel des deux formes du rite romain. Mais c’est un long chemin qui est à parcourir, où en tout premier lieu la dimension sacrificielle et la dimension communautaire  inhérentes à la célébration eucharistique doivent être retrouvées ensemble ».

« Ce sujet, poursuit l’évêque, recouvre en réalité de nombreux domaines de réflexion, de portée inégale. Dans la suite des travaux de Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI, il faut rappeler que la position traditionnelle du prêtre à l’autel durant l’offertoire et l’anaphore ne peut que favoriser le sens de l’adoration et du religieux respect dans la célébration eucharistique. Cela vaut dans les deux formes du rite romain. Le Saint-Père donne aussi l’exemple de la remise en valeur de la communion sur les lèvres et si possible à genoux.(…)  On peut aussi souhaiter une place éminente pour le tabernacle, vu comme tente de la Présence, et sur l’autel lorsque c’est encore possible, comme particulièrement éducative pour la foi des fidèles (cf. Sacramentum Caritatis, n° 69).

" Par ailleurs, il faut bien reconnaître que les textes romains, avec insistance, encouragent la remise en honneur de la langue latine. On constate d’ailleurs que cela ne pose aucun problème pour un certain nombre de pièces de la célébration, et que paradoxalement les jeunes générations n’ont aucun a priori sur ce point.

« D’un autre côté, j’entends des prêtres désireux de célébrer dans l’une et l’autre forme qui demandent aussi, comme élément important du rapprochement désiré par le pape, de réfléchir à l’intégration ad libitum des prières de l’offertoire traditionnel, ce qui pourrait d’autant plus facilement se justifier que ces prières sont privées et secrètes. Cela mérite une réflexion approfondie dans le sens de la réforme de la réforme. Sans tomber dans le ritualisme, des éléments plus secondaires de la forme extraordinaire peuvent peut-être aussi aider à faire mieux ressortir le sens du sacré, comme par exemple les signes de révérence du prêtre vis-à-vis du Saint-Sacrement.

« Il me semble que d’ores et déjà le Canon romain est davantage utilisé en un certain nombre de grandes célébrations, comme signe très fort de communion, tant horizontale que verticale, avec toute notre tradition romaine. Et que, de même, la récupération d’une « culture » des ornements et objets liturgiques de qualité est largement entamée, surtout dans le jeune clergé. A quoi devrait être lié le respect, dans l’architecture sacrée, des « formes reçues par la tradition chrétienne », comme disait l’ancienne norme canonique.

« En sens inverse, le calendrier liturgique de la forme extraordinaire devrait sans doute être mis à jour et intégrer des éléments du nouveau calendrier. De même un enrichissement du « lectionnaire » dans la forme extraordinaire pourrait être le bienvenu.

« Tout cela, de toute façon, doit mûrir patiemment, progresser sans heurt et avec le souci de la communion. Nous devons en même temps rester pragmatiquement attentifs à tout ce qui favorise le sentiment profond de la Présence et du sacré, et par suite la vitalité spirituelle et missionnaire de nos communautés (…). »

Commentaires

  • Comme toujours, me semble-t-il, Mgr Rey formule ici des recommandations - ou des souhaits - en parfaite harmonie avec Rome. Il serait hautement souhaitable, pour l'unité de l'Église, que de nombreux responsables ecclésiastiques (et les évêques en premier) s'engagent dans la même voie. A-t-on suffisamment insisté auprès des fidèles, des séminaristes en particulier, sur la richesse de la tradition tant du point de vue de la saine doctrine qu'en ce qui regarde la promotion d'un art religieux, dont, avec Jean XXIII et Paul VI, le Concile Vatican II lui-même a rappelé qu'il trouvait sa plus haute expression dans le chant grégorien ? Bannir le grégorien est d'un point de vue culturel (et cultuel) aussi iconoclaste que de déclarer "dépassée" la Grand Messe en ut mineur de Mozart. Que les deux rites puissent, au fil des ans et dans la sérénité, s'enrichir mutuellement, cela ne me paraît pas douteux. L'harmonisation des calendriers liturgiques, le retour à certaines pratiques comme les génuflexions, plus fréquentes, du célébrant, la communion reçue sur la langue par des fidèles agenouillés, un enrichissement du "lectionnaire" dans le rite "extraordinaire",voilà des idées à creuser. Pour ma part, j'ajouterai que, comme y invite l'architecture même de nos églises - où les regards convergent vers le choeur -, il conviendrait de célébrer la messe au maître-autel (quand il en reste un). Et pourquoi ne pas permettre au prêtre de faire usage de la chaire à prêcher (quand on l'a épargnée...); "parler du haut de la chaire de Vérité" serait-ce trop mettre en évidence une certaine "verticalité"? Trop souvent, les décisions DU Concile (comme s'il n'y en avait qu'un, le dernier en date, bien sûr) ont été respectées de curieuse façon : en matière de liturgie, ce qui était toléré est devenu obligatoire, ce qui restait obligatoire a souvent été interdit. Pour ceux qui connaissent le latin, voici une citation qui mérite qu'on y réfléchisse : "Thesaurum cantus gregoriani, quem traditio usque nostram aetatem transmisit, sancte esse servandum et opportune adhibendum Concilium VATICANUM II in Constitutione de sacra Liturgia (nn. 114 et 117) expresse declaravit." (Graduale... Pauli VI, 1974.) M.-O.Houziaux.

  • Entièrement d'accord avec M.-O. Houziaux. Il faut que la liturgie de la messe retrouve son caractère sacré, inhérent au mystère de Dieu. Il ne faut pas en faire une espèce de réunion amicale, aussi fraternelle que l'on veut, et simplement animée par un prêtre aussi bon G.O. que l'on veut. Lorsqu'on va à la messe, c'est « pour aimer Dieu », le prier de nous aider et se prosterner humblement face à son mystère qui nous dépasse. Lorsqu'on quitte la messe, le « ite missa est » nous envoie alors en mission, « pour aimer notre prochain ».

    J'ai bien aimé une homélie récente, où le prêtre évoquait l'expression « catholique pratiquant ». On la restreint souvent à ceux qui vont à la messe tous les dimanches. Or, un « catholique pratiquant » n'est-il pas avant tout celui qui « met sa foi en pratique », par l'amour de Dieu et du prochain ? Et, dans ce sens-là, tout le monde connait des gens qui sont d'excellents « catholiques pratiquants » (qui aiment Dieu et leur prochain) mais qui ne vont plus à l'église qu'aux grandes occasions. Je me demande si ce qu'on a fait de l'église et de la messe après Vatican II ne les a pas découragés d'y participer, n'y trouvant plus ce qu'ils y cherchaient, l'amour de Dieu, avec son caractère sacré et son mystère qui nous dépasse.

    Si l'on n'en retient qu'une espèce d'ouverture au « monde », le concile Vatican II n'a-t-il pas trop sécularisé certains catholiques, prêtres ou évêques, comme s'il n'était plus trop nécessaire d'aimer Dieu. Aimer son prochain serait-il suffisant pour un catholique ? Je crois qu'on ne peut séparer l'un de l'autre, ce serait marcher sur une seule jambe. Il est donc grand temps de redonner toute sa place à Dieu, autant qu'à notre prochain, si nous voulons éviter de nous casser la figure. Et donc de retrouver le sacré, la sacralisation, plutôt que cette sécularisation désespérante.

  • @ Mutien-Marie Houziaux
    ... et pour ceux qui ne connaissent pas le latin, pouvez-vous en donner la traduction?

  • Bien volontiers..., cher marych, même si je pense que vous-même avez parfaitement compris. Permettez moi seulement d'adopter la syntaxe française plutôt que la latine, tout en proposant une traduction quasi littérale. "Le trésor du chant grégorien, que la tradition a transmis jusqu'à notre époque, doit être pieusement conservé et opportunément offert, a clairement déclaré le Concile Vatican II." J'aurais peut-être dû préciser : 1° que le texte fut signé le 24 juin 1972 par le cardinal Arturus Tabera, préfet de la Sacrée Congrégation pour le Culte Divin, qui agissait "de mandato Summi Pontificis Pauli VI" (traduction inutile) ; 2° que les chants grégoriens de ce "Graduale", sont intégralement repris du "Graduale" antérieur au deuxième Concile du Vatican; 3° que de nombreux prêtres ont favorisé la confusion entre "messe en latin" selon le missel dit "de Jean XXIII" et messe selon le missel dit "de Paul VI"; c'est donc bien à tort que l'on a parlé du "retour du latin" dans la liturgie quand est sorti le Motu proprio "Summorum Pontificum" du pape actuel. À ces questions relatives à la liturgie (comme à d'autres sujets d'actualité "sociétale"), j'ai consacré un essai (dont vous trouverez aisément une présentation sur Internet) intitulé "À contretemps. Regards politiquement incorrects" (Mols, 2010). Bien à vous, et au plaisir de vous retrouver sur ce forum... ou ailleurs. Mutien-OMER Houziaux.

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