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Le clergé marié manque de bases théologiques

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Le blog Chiesa se livre à une mise en perspectives à cet égard. Extraits (les intertitres sont de notre rédaction) :

« Lors de l’une de ses récentes audiences du mercredi, Benoît XVI a invité une fois encore les prêtres à "redécouvrir dans sa beauté et dans sa force le libre choix du célibat pour le Royaume des cieux". Il l’a fait en commentant cette phrase du psaume 119 : "Le Seigneur est ma part".(…) »

Coexistence de deux clergés

Et « il est vrai, en effet, que les évêques, qu’ils soient de rite latin ou de rite oriental, catholiques ou orthodoxes, sont tous célibataires, sans exception, et que les prêtres de rite latin sont également, à une très large majorité, célibataires.

Mais il est également vrai que, parmi les prêtres catholiques de tradition orientale, il y en a beaucoup qui sont mariés et que, dans certaines régions, c’est le cas de presque tous.

Ce n’est pas tout. Il y a également, dans l’Église catholique de rite latin, des prêtres mariés : ce sont d’anciens protestants qui ont été ordonnés après leur conversion. Et dans un avenir proche il y en aura encore davantage, en raison de l’entrée dans l’Église catholique de blocs entiers de la communion anglicane.

On ne sait pas précisément combien il y a actuellement, dans l’Église catholique, de prêtres ordonnés légitimement après avoir contracté mariage (le cas inverse, celui d’un mariage postérieur à l'ordination, n’a jamais été admis, pas même dans les Églises orthodoxes).

Mais on peut estimer qu’il y en a au moins 2 000. C’est une petite fraction par rapport à un ensemble de plus de 400 000 prêtres catholiques, mais elle est néanmoins significative.

Pérennité de la loi de la continence

Si, dans le cas des célibataires, cette base théologique de leur libre choix qui est rappelée avec insistance par le pape est valable, en revanche on ne voit pas de fondement théologique de même force pour le sacerdoce d’hommes mariés, même si celui-ci est reconnu dans sa pleine validité et dignité par le concile Vatican II et par le Code des canons des Églises orientales promulgué en 1990 (…).

« En effet, entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe, des nouveautés importantes sont intervenues en ce qui concerne le célibat du clergé. Et cela aux points de vue historique, factuel et théologique.

Au point de vue historique s’est imposée une relecture qui a renversé l'opinion courante selon laquelle, aux premiers siècles, le célibat était le libre choix d’un petit nombre d’évêques et de prêtres, ceux-ci étant pour la plupart mariés, et ce n’est qu’à partir du IVe siècle, uniquement en Occident, que le célibat a commencé à être peu à peu imposé par le droit, jusqu’à sa ratification définitive par le concile de Trente.

La nouvelle reconstitution historique, dont les spécialistes les plus connus sont Christian Cochini et Alfons M. Stickler, fait au contraire apparaître que le célibat était déjà observé aux temps apostoliques et qu’il a été une loi partagée universellement pendant des siècles par les Églises d'Occident et d'Orient. Cette loi se concrétisait à la fois dans l’impossibilité pour les célibataires de se marier après leur ordination sacerdotale et dans la "continentia", c’est-à-dire l’interruption des rapports sexuels avec leur femme pour les hommes mariés, après leur ordination.

D’après cette reconstitution, ce sont les Églises d'Orient qui ont relâché, au VIIe siècle, la discipline qui était en vigueur jusque là, mais seulement pour les prêtres et les diacres, pas pour les évêques. Et seulement en ce qui concerne le degré différent de "continentia" imposé à ceux qui étaient mariés.

En Orient l'interruption des rapports sexuels avec l’épouse après l'ordination fut limitée au jour précédant les célébrations eucharistiques, comme pour les lévites de l'Ancien Testament avant leur service au Temple.

En Occident, au contraire, la "continentia" imposée après l'ordination resta encore longtemps perpétuelle, l’épouse elle-même étant éloignée après obtention préalable de son accord, et l’on préféra de plus en plus conférer l’ordination sacerdotale à des célibataires plutôt qu’à des hommes mariés. Et cela presque jusqu’à la disparition, après le concile de Trente, de l'ordination de ces derniers (…)

Les vraies nouveautés

Certes, «  même au cours des cent dernières années – comme c’était déjà le cas, à des degrés divers, à toutes les époques précédentes – un grand nombre de prêtres n’a pas observé la loi du célibat. Mais les vraies nouveautés sont ailleurs. Il s’agit avant tout de celle qui a déjà été évoquée plus haut : l'augmentation, dans l’Église catholique, du nombre de prêtres catholiques mariés, qu’ils soient de rite oriental ou protestants convertis, qui exercent leur ministère tout en continuant à vivre leur vie de famille, avec l'approbation de l’Église.

Une autre nouveauté est la pratique, devenue courante après le concile Vatican II, qui consiste à ordonner diacres des hommes mariés, là encore sans aucune obligation de "continentia". Aujourd’hui, dans le monde entier, on compte quelques dizaines de milliers de diacres ayant une famille.

Par ailleurs, au cours des dernières décennies, les évêques ont demandé à maintes reprises de pouvoir faire face à la chute des vocations au sacerdoce célibataire en recourant à l'ordination d’"hommes mariés d’âge mûr et d’une probité éprouvée", en sous-entendant là encore que ceux-ci continueraient leur vie de famille. Lors du synode des évêques de 1971, une telle demande avait été mise au vote et elle ne fut battue que de peu par une demande inverse : 107 voix contre 87.

En somme, la nouveauté de ce dernier siècle n’est pas tant le fait que le nombre d’hommes mariés ordonnés prêtres ou diacres ait recommencé à augmenter au sein de l’Église catholique, mais plutôt que l’on ne leur demande plus de respecter la discipline de la "continentia", même temporaire, vis-à-vis de leur épouse. et le Code des canons des Églises orientales publié en 1990 soutient lui aussi ce virage. (…): un virage qui non seulement accorderait une place croissante, dans l’Église catholique, à l’ordination d’hommes mariés, mais en repenserait aussi la signification, abandonnant la vieille règle de la "continentia".

Célibat, continence, mariage : quel rapport avec  nature du sacerdoce ?

Or il n’en est pas ainsi. D’abord sous Jean-Paul II et plus encore aujourd’hui sous Benoît XVI, le choix de "se faire eunuques pour le Royaume des Cieux" est proposé aux prêtres de l’Église catholique comme théologiquement fondé sur la nature même du sacerdoce, avec une rigueur dans l’argumentation qui n’a pas de précédents dans le magistère de l’Église.

Il suffit, pour s’en rendre compte, de relire ce que Benoît XVI a dit à plusieurs reprises à propos du sacerdoce célibataire, à commencer par le discours qu’il a adressé à la curie le 22 décembre 2006.

Toutefois le pape Ratzinger n’a pas encore produit un enseignement analogue qui donnerait aussi une base théologique à l’autre forme de sacerdoce qui existe avec une égale dignité dans l’Église : celle de l’homme qui, avant d’être ordonné, s’est uni à son épouse en un mariage qui est déjà le signe sacramentel des noces du Christ et de l’Église, dont le sacerdoce est lui aussi une représentation.

Tout l’article ici : Mariés et ordonnés. La série B du clergé catholique

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