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Qu’en termes Galand ces choses sont dites

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La « Libre » a cru bon de publier jeudi dernier un pensum « homaisien » du Président du Centre d’Action Laïque contre Monseigneur Léonard : digne  des propos de banquets anticléricaux de la « Belle Epoque ». Voici ce morceau d’anthologie : 

" Le forcing des clergés pour imprimer leur marque sur la société n’a d’égal que la concurrence féroce qu’ils se livrent. Cette situation conduit à une surenchère dans la hardiesse des prises de position : c’est à qui exigera le plus pour les siens, au mépris des lois civiles - contre les lois civiles. Dans cet exercice, si les islamistes radicaux encore largement minoritaires parmi les musulmans de nos contrées, ont dégainé les premiers en exigeant, par exemple, de la viande halal dans les écoles et en cherchant l’épreuve de force en matière de port du voile, les autres dignitaires religieux ont vite compris que l’outrance et la polémique pouvaient se révéler porteuses et rallier à eux quelques brebis égarées sur le chemin infernal de la sécularisation. A ce petit jeu, l’impayable André-Joseph Léonard est passé maître. Non content de sacrifier les malades du sida sur l’autel du châtiment divin, d’excommunier les hommes coupables du crime de pédérastie, d’encourager les morbides ennemis de la liberté des femmes en matière de naissance, foulant aux pieds les lois de notre démocratie, le voici qui s’attaque à présent au Parlement, l’enceinte ultime de la représentation du peuple souverain, coupable à ses yeux de se montrer indocile aux préceptes spirituels chers à son dogme.

Reconnaissons que les réactions outrées ont été quasi unanimes, même parmi ceux supposés être "de son camp". L’escalade vertigineuse, tant chez nous que dans le reste du monde, des revendications religieuses doit appeler l’ensemble des citoyens à une vigilance de tous les instants. Car ce qui est en jeu, ce sont rien moins que les libertés chèrement conquises, le droit de choisir ce qui est bon pour soi-même, la libre pensée et la libre expression. Le Centre d’Action Laïque, et avec lui, nous n’en doutons pas, une grande partie de la population, ne reconnaît comme seule autorité supérieure que celle qui procède de la volonté du peuple : la loi civile et les trois pouvoirs de l’Etat de droit. Bien sûr, certains auront beau jeu de stigmatiser le "laïcisme" - néologisme visant à désigner les "intégristes de la laïcité" - et de dénoncer notre lobbying, comme une atteinte à la séparation des "Eglises" et de l’Etat. Trop facile ! Ce postulat ne résiste pas à l’analyse : la laïcité n’est en aucune façon une religion et ne propose aucune mesure sociétale partisane. Elle est un projet de société se préoccupant d’offrir à tous, quels que soient les choix philosophiques, religieux ou politiques de chacun et dans le respect de la loi civile et du respect des droits humains, un espace de vie où la liberté des uns n’entrave pas davantage celle des autres que celle des autres n’entrave la sienne. Cela s’appelle le "vivre ensemble". C’est ce qui détermine une société, une culture, une civilisation. Dès lors que certains veulent faire prévaloir des intérêts particuliers s’imposant aux autres malgré eux, ce subtil équilibre se rompt immédiatement. Dans sa grande sagesse, la Constitution belge, en consacrant la liberté religieuse, consacre également, comme seul moyen d’assurer cette liberté à tous, l’impartialité de l’Etat et la non-ingérence des clergés dans les affaires publiques. Comme l’exprimaient si bien les concepteurs de la loi française, dite "loi de 1905", sur la séparation des Eglises et de l’Etat : "La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne veut pas faire la loi". En s’attaquant à ce principe de base d’une société démocratique "tous admis", les têtes mitrées, enturbannées ou calottées creusent, en réalité, la fosse commune de leur propre liberté. Face aux abus, à la surenchère des demandes intransigeantes d’"accommodements (dé)raisonnables" des responsables des différents cultes, le pouvoir temporel n’aura bientôt plus d’autre choix, pour assurer la paix sociétale que de marginaliser ces extrémistes dans les débats citoyens afin que ceux-ci n’oscillent pas entre obscurantisme et populisme, deux orientations bien éloignées d’une perspective démocratique."

C’est signé Pierre Galand, ici : Tant va la foi au moulin

Tout ce qui est excessif est insignifiant. Dans son « Antigone », Sophocle (Ve siècle avant Jésus-Christ), posait déjà la question de la loi naturelle imprescriptible, transcendant celles de tous les Créons de la terre.

 Aujourd’hui des philosophes ou des idéologues « laïcs » nient que certaines règles morales ou de droit naturel  puissent constituer des postulats, ou des acquis irréversibles pour l’humanité : le contrat social est toujours relatif, contingent, renégociable. Rien n’exclut donc que l’on puisse revenir demain, si la démocratie en décide ainsi, à la loi romaine  qui violait la liberté de conscience des chrétiens en leur imposant de sacrifier aux dieux de l’Etat, sous peine d’être sacrifiés eux-mêmes à ces dieux .

Une controverse (au sens de la disputatio médiévale) fut organisée, au théâtre Quirino à Rome le 21 septembre 2000, entre le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, et un professeur à l’Université romaine de la Sapienza, le philosophe Paolo Flores d’Arcais, pour explorer des voies de convergence possibles. Au moment décisif du dialogue, le modérateur – Gad Lerner, un juif, journaliste à la  Repubblica – s’est demandé si des principes aussi fondamentaux que ceux du Décalogue ne pourraient pas être retenus comme base éthique commune, même par des athées (qui y souscriraient seulement « velut si [comme si] Deus daretur »). Mais cette proposition fut aussitôt rejetée par le philosophe laïc. 

Ainsi, certains revendiquent-ils maintenant à l’ONU l’insertion de nouveaux « droits » (à l’avortement, à l’euthanasie, au choix du « genre » etc.) dans une Déclaration universelle des droits de l’homme vieille de 50 ans à peine (1948) ! Tout s’écoule, disait déjà le vieil Héraclite. De ce relativisme moral et séculariste sont nées, au siècle dernier, les démocraties populaires et le national socialisme (Hitler fut porté au pouvoir par une majorité parlementaire).  

 

Commentaires

  • C'est surréaliste. M. Galand se drape dans la « libre pensée » et la « libre expression » pour mieux les dénier à ceux qui ne pensent pas comme lui. Ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances, les mêmes dogmes et les mêmes valeurs que lui ne pourraient participer au débat politique et sociétal. Ils seraient des citoyens de seconde zone, privés de droits réservés à une soi-disant élite.

    Or, son propre mouvement philosophico-ésotérique, qui s'appelle la franc maçonnerie, est infiltré largement dans les plus hautes sphères de l'État belge. Ses prélats (masqués) font les lois et les appliquent dans notre pays. Sous le couvert de leur secret d'appartenance, ils souhaitent conserver ce monopole de fait. Comment peut-on à la fois plaider pour la démocratie et la liberté, et fonctionner à l'instar d'une mafia ?

    En fait, ce qui gêne le plus M. Galand, c'est que l'Église par contre fonctionne et s'exprime librement et ouvertement, comme il se doit en démocratie. Ses églises et célébrations sont accessibles au tout venant. Il ne supporte donc pas qu'elle puisse dire « urbi et orbi » ce que sont ses principes et ses valeurs. Par conséquent, et uniquement parce qu'il ne les partage pas, elles ne pourraient être dites et défendues. Et c'est justement parce que l'Église s'exprime ouvertement que tous les MM Galand de Belgique dirigent leurs batteries contre cette religion-là, et seulement celle-là. Voudraient-ils donc que l'Église agisse comme la Loge, de manière occulte, en secret par rapport au peuple, donc anti démocratiquement ?

    Il est déjà assez grave que la franc maçonnerie phagocyte toutes les institutions de la Belgique, mais qu'elle ose se poser en défenseur de la démocratie, des libertés et des institutions, c'est fort de bouchon. Et quant à la prétendue « volonté du peuple », M. Galand ferait bien de ne pas évoquer ce qui n'existe pas dans ce pays. Qu'il nous parle plutôt de la « volonté de la Loge ». Il n'en parle jamais. C'est comme si pour lui cette dernière n'existait pas, ou ne faisait rien, ou n'était qu'une amicale de joueurs de Scrabble.

    M. Galand, ayez donc la décence et l'honnêteté de ne pas parler de la démocratie, parlez-nous plutôt de ce que vous connaissez mieux, du despotisme 'éclairé', de la ploutocratie ou de la particratie. Parlez-nous donc de la franc maçonnerie, en avez-vous honte, ne vous sentez-vous pas « libre » d'en parler ? Le peuple souverain a le droit de savoir ce que pensent ces 'élites', auto proclamées et cooptées de manière occulte, mais qui fabriquent les lois de ce pays en usurpant la volonté du peuple. Expliquez-lui pourquoi vous avez interdit au peuple le droit au referendum populaire. Avez-vous peur de sa « libre pensée » et de sa « libre expression » ? En Loge, le peuple n'est effectivement jamais qualifié de « souverain » mais de « profane ».

    M. Galand, vous avez sans doute encore beaucoup de chemin à faire avant d'arriver à la notion de « libre arbitre » de l'être humain, proposée et appliquée par l'Église depuis 2000 ans. Comment vous sentez-vous dans la peau d'un franc maçon, à qui ce mouvement dénie le droit de dire qui il est et ce qu'il pense en tant que franc maçon ? Un franc maçon n'est donc, par constitution, ni libre de penser ni libre de s'exprimer. Et il accepte de se soumettre à cette omerta imposée sous serment. Paradoxal, non ?

  • Pourtant s'il meurt, il aura lui aussi peit-être droit à un panégyrique de l'abbé de Beukelaer, comme son prédécesseur Grolet

  • Il faut distinguer le destinataire réel du destinataire apparent...Monsieur Galant, qui n'exprime que des lieux communs à moindre frais et sans prendre de risque en aucune façon tout en se faisant passer pour un militant...militant il l'est mais de salon et de causeries, essaye de marquer surtout ses amis d'opinion en faisant une "sortie" dans la "libre" et la "libre" lui permet de faire ce tour de passe passe très commode. Mais lui ne fait-il pas partie des "jusqu'au boutites" en se présentant comme l'un des seuls à défendre énergiquement la démocratie qu'il confond avec le fait "qu'être démocrate c'est forcémment être d'accord avec lui" D'un point de vue réel au temps que formel la démocratie est plurielle ou elle n'est pas...et elle "dissensionnelle ou elle n'est pas"...être démocrate ce n'est pas être pour l'avortement...être démocrate c'est accepter le fait qu'il y a une pluralité d'options à cette question et c'est également être à même de débattre et contester les lois que l'on juge inacceptable. D'un point de vue réel la démocratie c'est de jouir de la capacité et de la faculté d'exercer ses droits et de remplir son devoir sans être, pour autant, stigmatiser et déligitmer par l'adversaire...Il est vrai que je ne suis pas démocrate dans la mesure où..;citoyen des cieux...je me soucie d'abord "du Royaume de Dieu et de sa justice..."

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