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Vatican II : quand Radio Vatican fait la pub d'une vision de rupture...

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Les débats autour de Vatican II sont d'actualité en ce cinquantième anniversaire de l'évènement qui a changé le cours de l'existence de l'Eglise. On sait que le pape invite à lire le concile dans une vision de continuité (l'herméneutique de la continuité) à l'encontre de ceux qui y voient une rupture radicale avec ce qui précède. On est dès lors étonné que sur le site de Radio Vatican, dans la rubrique "Livre pour Dieu", une recension brève d'un ouvrage assortie d'une interview de son auteure fasse la part belle à cette "herméneutique de la discontinuité". Il s'agit de "La bataille du Vatican" de Christine Pedotti, sous-titrée : "Les coulisses du Concile qui a changé l'Eglise".

N'est-il  pas surprenant que "la voix du pape et de l'Eglise" réserve un écho si complaisant à un ouvrage qui présente "le" concile comme un évènement de rupture (inachevée) et aujourd'hui mise en péril?

Il faut savoir que celle qui se fait ici l'historienne de Vatican II est très clairement "située", comme en atteste cette présentation qui nous signale qu'elle a créé, en 2008, le "Comité de la Jupe" et, un an plus tard, elle a lancé "la Conférence catholique des baptisé-e-s de France" qui "entend d’une part faire émerger une opinion publique dans une Église où trop souvent les fidèles sont tenus pour des mineurs, et de l’autre ne pas laisser le monopole de la prise de parole à la « marée noire » (sic) du traditionalisme." Fin 2010, elle publiait, toujours avec Anne Soupa, un stimulant “Les pieds dans le bénitier” où elle ne se contentait pas de régler des comptes avec la hiérarchie mais témoignait d’une foi à déménager les cathédrales endormies (resic).

Sa vision du Concile :

"En fait de Concile, c’est presque une guerre de tranchée que rapporte l’historienne, loin de la légende dorée d’une assemblée d’évêques heureux de se retrouver, emportés par l’effusion de l’Esprit Saint. Si l’Esprit souffle, c’est en tempête, en coup de gueule ou de tabac, à travers de sourdes luttes d’influences, tant dans les réunions qui se tiennent officiellement que dans les cafés romains et les pizzerias ou dans l’antichambre des appartements pontificaux.

Ce qui était en jeu, c’était – comme l’avait voulu Jean XXIII, pape de transition qui avait pris la Curie à contre-pied – un aggiornamento, qui devait réconcilier l’Église catholique et le monde. L’heure était venue, pensait-il, de tourner la page de la crise moderniste qui avait vu ses prédécesseurs obnubilés par la dénonciation de l’erreur et obnubilés par la menace du communisme athée.

Une bonne part de la Curie n’en voulait pas. Elle allait résister pied à pied, perdant bataille sur bataille, si bien que Vatican II fut à bien des égards un tournant. Cependant, la minorité parvint à allumer des contre-feux non négligeables, bien déterminée à reprendre la main plus tard quand le moment serait venu.

Christine Pedotti ne raconte pas ce qui s’est passé ensuite, mais si son livre rend hommage à l’extraordinaire courage de ceux qui se sont battus pour que l’Église accompagne le monde dans les formidables transformations qui s’annonçaient, il montre aussi pourquoi les promesses de Vatican II ne seront pas toutes honorées, loin s’en faut.

Tout cela permet de réfléchir aux raisons qui font que le catholicisme, dans sa forme institutionnelle, semble aujourd’hui, au moins dans le monde occidental, passablement à bout de souffle, explique-t-elle en buvant tranquillement un thé sous l’œil placide d’Alma, sa chienne qui fait celle qui en a vu et entendu d’autres et ne s’étonnerait pas de voir sa maîtresse parmi les cardinaux." (On peut lire la suite, du même tonneau, ici.)

Commentaires

  • Une chose est sûre: cinquante ans après, Vatican II continue de diviser les esprits. Ce n'est pas bon signe. Pas de quoi pavoiser. Fallait-il célébrer cet anniversaire ?

  • Cette dame Pedotti se moque du peuple des baptisés. Ce peuple s'est vu imposer, par des prélats et théologiens modernistes et révolutionnaires, des modifications radicales de leurs églises, de leurs liturgies, de leurs prêtres, de leurs chants, de leurs prières, qu'il ne demandait pas. Et pour lesquelles personne ne l'avait consulté.

    En fait, cette dame prolonge toujours le mépris profond du peuple des baptisés dont a témoigné Vatican II. Mépris qui a fait fuir ces baptisés, d'églises et de liturgies qu'ils ne reconnaissaient plus comme les leurs, suite à ces modifications brutalement imposées du jour au lendemain.

    En outre, il est renversant de prétendre qu'elle représente le peuple des baptisés, c'est-à-dire, de prétendre qu'elle serait elle-même l'Église.

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