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Quand un assistant aux FUNDP (Namur) nous adresse un courrier

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Nous avions signalé (19/04/2012) la publication, dans la Libre, d'une opinion signée par un assistant des FUNDP consacrée au respect de la vie : quand un assistant aux fundp namur defend le droit a l'avortement

L'auteur réagit à notre publication et nous adresse le courrier suivant que nous publions avec son autorisation. Cette publication, puisqu'il en appelle au dialogue, ne manquera pas de susciter des commentaires et des réactions (controverse-avec-un-assistant-des-facultes-notre-dame-de-la-paix) :

"Madame, Monsieur,

Permettez à un modeste observateur de formuler quelques remarques sur votre blog à l'occasion de la lecture amusante, dont j'ai pu faire l'expérience, de propos qui me concernent. Je suis effectivement cet assistant aux FUNDP qui ne défend pas le moins du monde la liberté d'avorter, mais que des lecteurs rapides, non suffisamment instruits, et surtout un peu trop endoctrinés, ont considérés à tort comme: un anti-catho, pro-avortement, mauvais opinioneur, planteur de patates, et j'en passe... Amusant n'est-ce pas? D'abord un commentaire sur votre blog qui - nouvelle technologie le permettant - permet à un microcosme belgico-catholique de se former. Qu'y trouve-t-on? Un relai filtrant très efficace d'informations émanant de l'actualité, et des commentaires prenant la forme de prêches tournant en rond. Rien de plus facile en effet que de prêcher pour sa chapelle auprès d'autres membres de celle-ci. Mais qu'en est-il par contre du courage - pourtant inhérent aux pionniers de votre belle religion - de prêcher ailleurs? Ce blog est un exemple de ce qui risque - comme d'autres lieux de rassemblement de sa catégorie - de rejoindre les catacombes de notre mémoire collective... qu'il a lui même creusées. Un tel lieu d'échanges pourrait pourtant être à l'opposé un lieu de ressourcement, où ses membres les plus fervents puiseraient le courage d'affirmer leurs opinions, d'animer une véritable discussion, d'aller jusqu'au bout d'une réflexion. Point de tout cela ici me semble-t-il.

La liste de commentaires ayant pour titre "Quand un assistant aux FUNDP Namur défend la liberté d'avorter..." émane d'une mauvaise lecture de l'opinion personnelle (la maladresse du journaliste qui, à mon insu, transforme ma signature soulève un autre débat!) que j'ai essayé - bien maladroitement - de formuler. Lorsque j'affirme que "toutes ces vies n'ont rien de sacré en elles-mêmes", les lecteurs catholiques pressés sont offusqués: pardon? "rien de sacré"! mais où va-t-on? quel est ce petit assistant d'une si noble Université qui ose toucher au sacré? Et le sentimentalisme religieux de se réveiller, faisant montre ici d'un ventriloquisme intéressant: faire parler un foetus! Evidemment, si j'avais du attendre qu'un foetus aie eu le courage de m'adresser ses objections à mon opinion, j'aurais pu encore attendre. Faire parler un foetus après avoir accompli un acte de transfert inouï, faisant de cet être le réceptacle de principes sacrés. Désolé, mais cela n'est pas la vie du foetus, mais bien celle d'une catho qui projette autour d'elle la chape de valeurs ancestrales dont elle a elle-même été le réceptacle. J'ai écrit le "en elles-mêmes" pour souligner que ces vies en elles-mêmes n'ont rien de sacré, mais certainement pas qu'il n'y a rien de sacré! Le sacré est à retrouver sans cesse dans l'expérience de choisir. Choisir d'aimer ou de ne pas aimer, de donner, de recevoir: c'est au coeur que ces expériences que nous pouvons découvrir le sacré pour ensuite mieux comprendre ce qui s'est dit il y a un peu plus de 2000 ans en Palestine. De nombreux catholiques font l'inverse: ils apprennent et adorent les paroles de Jésus et des prophètes, et ils essaient ensuite - vainement - de l'appliquer pour y faire l'expérience de l'amour et du don! Insensé... Faites l'expérience d'aimer (cela demande du courage!), ensuite vous comprendrez ces paroles "sacrées".

Je suis catholique et croyant, mais ma foi ne se confond pas plus avec celle des autorités de l'Eglise qu'avec celle des laïcs moralisateurs. Je cherche à être un croyant vivant, qui n'attend pas de grâce, qui ne fait pas ce que la loi divine lui dicte de faire, mais qui tente de faire l'expérience d'un pouvoir humain très particulier: celui de la liberté. "Liberté", encore un mot avalé de travers! Oups, désolé. A force de ne plus y réfléchir, il est vrai que l'on a pris l'habitude de réduite la "liberté" à l'égoïsme et d'en faire un absolu. De nombreux catholiques pensent devoir partir en croisade contre la liberté sacralisée par les mécréants qui, de nos jours, écrasent de leur pouvoir économique les "vraies" valeurs religieuses. Encore une mauvaise interprétation! Vivre, c'est-à-dire pouvoir légiférer, signifie "être libre" dans le sens non superficiel du terme: être autonome. Mon avis - qui n'attend qu'à être discuté avec des interlocuteurs suffisamment ouverts - est que l'être humain peut découvrir par lui-même le pouvoir d'aimer qui est apte à le faire vivre. Mais cela ne va pas de soi, et dicter à l'humain l'impératif d'aimer, c'est le rabaisser! Soyons concrets et prenons des exemples. Pensez à ces femmes qui portent un enfant qu'elles n'ont pas désiré, auquel elles n'ont pas "donné" la "vie". Pensons encore à ces couples qui attendent un enfant vis-à-vis duquel les médecins diagnostiquent des déficiences physiques et mentales très graves. Armez-vous de vos bonnes intentions, de votre prêche pour la sacralité de la vie, et dites à cette femme "aime ton enfant comme toi-même" (elle ne s'aime déjà probablement plus elle-même!)... n'est-ce pas plutôt l'aimer d'avantage que de la laisser vivre (et renaître) sans cet enfant qui - de son point de vue - n'est pas d'elle? Qui peut décider sinon elle? Qui peut aimer à sa place? Qui peut lui imposer d'aimer? Et à ce couple, quel idéal de vie présenterez-vous? Quels beaux principes défendrez-vous et quelles belles paroles de la Bible interposerez-vous entre leur souffrance et l'amour qui anime leur décision de ne pas garder l'enfant? Donner c'est parfois dire non, et c'est toujours possiblement de l'amour. Qui jugera du contraire? A moins de renouveler votre foi, c'est-à-dire à moins de que vous arrêtiez d'aimer parce que vous obéissez à un commandement, votre religion ne risque pas d'être signe de vie! Vivre c'est choisir, si choisir c'est pouvoir aimer: chacun de nous peut découvrir son pouvoir d'aimer, mais à condition qu'il soit libre, c'est-à-dire autonome. Alors la parole de von Foerster - ce scientifique qui ose se mêler d'éthique! - prendra sens: augmenter les choix, c'est-à-dire pouvoir continuer toujours plus à exercer sa liberté de se donner comme devoir d'aimer... Merci à vous si vous avez le courage de publier cette réponse qui n'attend que la relance de votre discussion... à condition qu'elle soit un partage et non un "mur".

Bien cordialement, Nathanaël Laurent"

 

Docteur en sciences biomédicales

 

Assistant en philosophie, chercheur au centre ESPHIN et chargé de cours FUNDP

 

Département de Sciences, Philosophies et Sociétés - Faculté des sciences des FUNDP

 

Commentaires

  • Monsieur Laurent,

    C'est une bonne chose d'écrire cette lettre.
    La publication de celle-ci montre que ce blog n'est pas une tour d'ivoire. Il ne s'agit pas d'un club fermé. Pour en avoir lu plusieurs posts, j'ai précisément l'impression qu'il veut au contraire ouvrir une brèche dans le mur du monde des média et des idées sur des sujets importants.

    Force est de constater que certaines idées sont écartées a priori du débat médiatique car cataloguées d'avance. Mais les choses changent et je pense que ce blog, à son humble mesure, contribue à ces échanges. Votre réaction en est un signe.

    Mais revenons à votre lettre.

    Elle inclut beaucoup de thématiques : liberté, amour, autonomie, sacré, foi, souffrance, ... Qui sont en effet toutes liées.

    Je vais essayer de l'analyser et de donner quelques éléments qui pourront être utiles (je l'espère ;-) ) à cet échange.

    A bientôt

    Bernie
    simple lecteur de ce blog

  • Oufti (comme on dit à Liège), pour quelqu'un qui veut donner des leçons de tolérance et d'ouverture d'esprit aux commentateurs du blog Belgicatho, quelle litanie bien pensante et moralisatrice ! Traiter d'emblée « de coincés et d'endoctrinés » ceux avec qui on prétend vouloir débattre, n'est probablement pas le meilleur début pour un dialogue respectueux.

    Mais soit, si j'ai bien compris, la vie ne serait pas sacrée (hautement respectable) par elle-même, du simple fait de son mystère qui nous dépasse totalement ? Et cela voudrait-il dire que l'on pourrait faire ce que l'on veut de toute vie, que ce soit celle d'un autre ou la nôtre ? Il me semble pourtant que tout homme de sagesse traitera avec respect une chose qu'il ne comprend pas, surtout une chose aussi extraordinaire que le phénomène du vivant. La philosophie d'aujourd'hui n'est-elle plus l'amour et la recherche de la sagesse ?

    Et cette vision de la liberté qui se réduirait à la possibilité de choix, législatif ou non, que signifie-t-elle ? Ce n'est apparemment pas la notion de libre arbitre, que tout catholique essaie de pratiquer le mieux possible depuis 2000 ans. Les paroissiens de l'évêque saint Augustin lui demandaient de leur dire ce qui est bien ou mal. Il leur répondit : « Aime et fais ce que veux ». C'est-à-dire, si c'est par amour charité que tu vas le faire, par amour de Dieu et de ton prochain, ce sera bien fait. Sinon, ne le fais pas.

    Il disait donc à ses fidèles de scruter eux-mêmes leur cœur et de discerner le choix devant lequel ils étaient placés, et d'arbitrer eux-mêmes. Ce libre arbitre du catholique n'est donc pas un « fais ce que veux », il est d'abord et avant tout un « aime ». Traiter « de coincés et d'endoctrinés » les milliards de catholiques qui, depuis 2000 ans, ont fait l'effort de mettre en œuvre ce libre arbitre de l'amour charité, est-ce bien faire preuve d'amour charité envers eux ?

  • Je jouis donc je suis.
    Tout ce qui s'oppose à ma jouissance est une entrave à mon être et doit être éliminé. Ma liberté sera de toujours pouvoir choisir ma jouissance.
    Quelle tyrannie pourtant dans la jouissance, et quel chemin souvent vers l'inhumanité.
    Or l'être ne se confond à aucun autre verbe, ni penser, comme le voulait Descartes, ni jouir comme le veut le libertarisme d'aujourd'hui.
    Jésus dit que l'on ne peut servir deux maîtres à la foi, Dieu et Mammon (c'est-à-dire toutes les idoles que sont "ma" liberté, "ma" jouissance,"ma" pensée, etc.).
    Vous vous dites catholique et croyant. Difficile à croire quand vous prétendez ne rien attendre de la grâce et avoir une foi différente de celle de l'Eglise (une autre idole se démasque d'ailleurs quand vous écrivez : "ma" foi ne se confond pas, etc.).
    Je prie pour vous.

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