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Grandes manoeuvres au Vatican en vue de l'après-Bertone

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Grandes manœuvres au Vatican : le Secrétaire d'État sera remplacé

Giacomo Galeazzi (Cité du Vatican) dans le Vatican Insider (notre traduction) :

L'Après-Bertone : le pape veut un "gouvernement technique"

Vatileaks : le pape est sur le terrain. Hier matin (23 juin), Benoît XVI a consulté les dirigeants du gouvernement (y compris le Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone), puis dans l'après-midi cinq autres cardinaux pour enrayer le processus causé par la fuite de documents confidentiels. Dans la Curie, derrière les procédures habituelles, se déroule une crise sans précédent de « gouvernance », que le Souverain Pontife veut résoudre en procédant à des consultations dans le Sacré Collège.

Le substitut Becciu, adjoint de Bertone, admet : « c'est la crédibilité de l'Eglise qui est mise en doute, mais ce n'est pas le moment de l'abandonner ». L'accélération initiée par Benoît XVI se prête à une double interprétation au sein des Sacrés Palais. D'un côté, il apparaît que le compte à rebours a commencé en vue d’un changement de plus en plus probable à la tête de la Secrétairerie d'État en décembre. D’un autre côté, la Curie cherche à se renforcer en responsabilisant les ministres quant à la confidentialité des documents. Dans la pratique, le Souverain Pontife sonde la hiérarchie ecclésiastique sur la possibilité d'un « gouvernement technique », ainsi que l’a confié un représentant de la diplomatie pontificale. Bertone, dans six mois, aura 78 ans, et les plaintes exprimées au Pape sur son travail proviennent soit de la majorité des membres de la Curie, soit d'évêques et de nonces. Certaines erreurs (comme dans le cas du négationniste Williamson) lui sont attribuées aussi par Joseph Ratzinger, qui est pourtant conscient de la façon dont son plus proche collaborateur subit les réactions de groupes constitués qui dominent depuis des décennies des secteurs stratégiques tels que la santé et la géopolitique.

Ainsi, pour éviter de laisser le champ libre à d’anciens et de nouveaux dirigeants, le pape veut analyser minutieusement les scénarios possibles. Il n'est pas dit pour autant qu’il ne décidera pas de garder aux commandes le cardinal Bertone, toujours digne de confiance (bien que paralysé par le « Vatileaks »), en « l’encommissionnant »  dans une structure plus collégiale de l’appareil bureaucratique. Durant les dernières heures, l'alarme pour obtenir des demandes de clarification a été lancée publiquement par deux cardinaux faisant autorité comme Vingt-Trois (exprimant les revendications des conférences épiscopales nationales) et Turkson. « Le Saint Père approfondit sa réflexion en dialogue avec des gens qui partagent avec lui la responsabilité du gouvernement de l'Eglise », a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

A 10H00 (samedi 23/6), le pape a présidé personnellement, dans la Salle Bologna, le « Conseil des ministres » d’Outre-Tibre, puis, à 18H00, dans son appartement de la troisième Loggia, il a rencontré des cardinaux bénéficiant de sa totale confiance Pell, Ouellet, Tauran, Ruini, Tomko pour rétablir « le climat nécessaire de sérénité et de confiance au sein des services de la Curie romaine. » Un geste inhabituel, d’une importance exceptionnelle. Le pontife poursuivra, dans les prochains jours, ses entretiens, « profitant de l'arrivée à Rome de nombreux pasteurs à l'occasion de la fête des Saints Pierre et Paul. » Pendant ce temps, un mois exactement après la perquisition qui a conduit à récupérer chez lui une grande quantité de documents volés dans l'appartement du pape, Paul Gabriel, le majordome infidèle de Benoît XVI, est toujours en état d'arrestation dans la caserne de gendarmerie du Vatican. « Gabriele est un « monstre » créé par la vanité de qui lui a monté la tête pour l’exploiter durant des années comme une source et qui, ensuite, en a perdu ou cédé le contrôle » affirme l'un des plus influents analystes des affaires ecclésiastiques, le vaticaniste Salvatore Izzo. « Il est probable que Gabriel ait été recommandé pour l'appartement pontifical parce qu'on pensait être en mesure d'utiliser ses services. »

On ne sait pas si, en plus des mains des journalistes, le dossier a également abouti dans d’autres mains, peut-être celles de gens corrompus qui voulaient s'en servir pour se protéger. Benoît XVI a confié à un « directoire » de cardinaux d’une fiabilité totale la transition vers une nouvelle direction à la tête du Secrétariat d'État. Un gouvernement moins italien et capable de pacifier la « salle des commandes » de l'Église universelle. Un signe de clairvoyance prospective et d’'humilité, de la part d'un Souverain Pontife qui, à travers les marais du Vatileaks, veut tracer une issue de sortie, mais dans la perspective de pouvoir également contraindre à mettre en œuvre une réforme de la Curie romaine à laquelle on s’est toujours opposé jusqu’à présent de « l’autre côté du Tibre ». Entretemps, la Secrétairerie d'État a nommé un expert-conseil à la communication en la personne du journaliste américain de Fox News et membre de l'Opus Dei, Greg Burke. « Pour faire face à un scandale, la convocation de cinq cardinaux est objectivement une nouveauté absolue », observe-t-on au sein des Sacrés Palais. Le Pontife s’est retrouvé face à des choix qu’il devra assumer avec des cardinaux expérimentés, ne relevant ni de la mouvance italienne ni du gouvernement actuel. Après les appels à la transparence d’archevêques diocésains comme celui de Paris, le pape a ressenti le besoin de recueillir plus d’avis et, surtout, de se faire aider dans le gouvernement de l'Eglise par des prélats de rang international de la fiabilité la plus sûre.

Un signe de vision prospective et d'humilité de la part d'un souverain pontife qui, dans les marais de Vatileaks, identifie une voie de sortie (le « gouvernement technique »), mais voit dans cette perspective la possibilité de forcer la main pour mettre en œuvre la réforme de la Curie romaine à laquelle on s’est toujours opposé jusqu’à maintenant de l’autre côté du Tibre. Ainsi, du mal il sort un bien. « Seul Paul VI s’y était risqué, lui qui, comme Ratzinger, avait servi longtemps à Rome avant son élection », commente un cardinal.

Commentaires

  • Prions pour le Saint-Père en ces problèmes de Curie délicats.

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