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Le Pape est-il dépassé par la gestion de l'Église au quotidien?

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C’est la question que se pose « La Libre » dans un article signé BdO :

(…) Benoit XVI est un grand théologien qui, c'est vrai, a moins d'expérience dans la gestion au jour le jour d'une telle institution. Il a nommé le secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone qui est l'équivalent de son Premier ministre, et un substitut (l'équivalent de son ministre de l'Intérieur) à qui il délègue les tâches et qu'il voit de temps en temps. Mais c'est vrai qu'il est assez coupé de cette gestion quotidienne. Alors que le pape Jean-Paul II se concentrait sur le rayonnement de l'Église dans le monde, Benoit XVI préfère se concentrer sur le message théologique de l'Église.

Un autre aspect qu'il est important de prendre en compte est la relative pauvreté de l'Église. Loin des ors et du luxe qui sont souvent montrés, l'Église est dépassée aussi bien financièrement qu'humainement par rapport à ce qu'elle doit gérer. Aujourd'hui, il y a un milliard deux cents millions de catholiques à travers le monde. C'est extrêmement difficile à gérer et à coordonner. C'est donc vrai qu'au niveau de la Curie on assiste à des lourdeurs administratives et bien souvent à de l'improvisation. Si aucune religion monothéiste ne parvient à réellement coordonner son discours, on attend d'urgence des solutions. Pourquoi ne pas promouvoir plus de décentralisation, à l'exemple de ce qui se faisait jusque l'an mille? Le Pape l'a déjà prôné, mais c'est un débat très délicat au sein de la Curie.

Le Pape avait lancé de grands chantiers à l'entame de son pontificat, comme la transparence des finances ou la réforme de la Curie. Où en est-on?

Le Pape semble s'être attaqué à des dossiers bien difficiles à réguler. Il était et reste parfaitement au courant des scandales et querelles internes qui ponctuent la vie de l'Église à Rome. Il n'est pas dupe, mais il y a tellement de résistances, d'intérêts locaux et politiques qui rentrent en jeu, qu'il faudrait beaucoup de pontificats pour éclairer tout cela. Le pape n'a pas manqué de volonté en nommant Tarcisio Bertone à la Curie ou Ettore Gotti à la tête de l'Institut des Œuvres religieuses qui soutenaient sa politique, mais cela n'a pas encore marché.

Comment réagit-il à toutes ces affaires?

Le Pape s'en trouverait très affecté. Lui qui est déjà de nature assez pessimiste et souhaite par dessus tout travailler avec des gens de confiance, serait très touché par tout ce qui arrive. Rappelons que s'il y a encore eu de grandes bagarres au Vatican tout au long du XXè siècle, elles portaient sur des questions de fonds. Aujourd'hui, on assiste surtout à des batailles d'égo. C'est normal, l'Église reste humaine, mais très dommageable en terme d'image. Du coup, le Pape veut absolument recentrer le message de l'Église sur l'essentiel et le recentrer sur ce qu'il doit être. Ce sera le grand chantier du pape pour la suite de son pontificat ». Voir ici : Quel bilan pour Benoit XVI?

A boire et à manger dans cette interview : dans une Eglise déstabilisée par un libéralisme installé depuis près d’un demi-siècle,  accentuer encore la  décentralisation du pouvoir (vieille idée conciliaire) serait donner le champ libre aux forces centrifuges qui la minent sur le plan disciplinaire, spirituel et doctrinal. Nous ne pensons pas que le pape se désintéresse de la gestion au quotidien (contrairement à Jean-Paul, dont l’esprit  planait au dessus des eaux ). L’esprit clairvoyant de Benoît XVI  porte celui-ci à élucider des questions dérangeantes  longtemps demeurées sous le boisseau et difficiles à résoudre en profondeur par un simple décret autoritaire. Il ne faut pas s’y tromper : timide sans doute, le pape est aussi intelligent et courageux. Ce n’est pas non plus un dictateur, ni un « leader » extraverti à la manière de Jean-Paul II…

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