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Le « départ des progressistes » ; un titre malheureux sur belgicatho

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Nous avons trop rapidement  intitulé une note parue récemment sur ce blog « Les catholiques progressistes doivent-ils rester dans l’Eglise ?»,  et je le regrette.

Tout d’abord parce qu’il faut se méfier des étiquetages. Ces étiquettes sont souvent sommaires et risquent d’être injustes. Qu’est-ce qu’un progressiste, au fait ? Que faut-il  pour être rangé sous ce vocable: être partisan du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes, d’une plus grande collégialité dans l’Eglise, d’une liturgie « inventive », d’une interprétation plus « à gauche » des Evangiles, du recours aux pratiques contraceptives,  … ? On pourrait poser la même question pour l’étiquette « traditionaliste » ou « intégriste » et on finirait par se rendre compte qu’à moins de se situer dans l’extrême de l’extrême, on finit toujours par être le progressiste, le gauchiste, le fasciste ou l’intégriste de quelqu’un.

Malheureux aussi ce titre parce qu’il laisse penser que nous pourrions nous réjouir de voir des catholiques quitter l’Eglise et laisser le bercail à notre disposition, à nous qui serions censés constituer « le bon troupeau » fidèle au Christ, à l’Eglise, au pape, à la Tradition… Remarquons d’ailleurs que ce n’est pas si simple et que « ce bon troupeau » est constitué de gens assez divers qui ne sont pas nécessairement sur la même longueur d’ondes, ne serait-ce qu’en ce qui concerne la réception et l’interprétation de Vatican II. Du côté « progressiste », il faut quand même remarquer qu’il y a des gens qui tout en contestant tel ou tel point de la discipline ecclésiastique en vigueur, restent cependant attachés à l’Eucharistie par exemple, gardent un lien personnel fort avec l’Eglise, et ne se sentent pas du tout prêts à la quitter.

Il s’agit donc de notre part non seulement d’une maladresse mais d'une erreur et d’un manquement à la charité. Ce n’est pas à nous qu’il appartient de faire le tri entre l’ivraie et le bon grain au sein de l’Eglise. Laisser entendre à d’autres chrétiens que nous les verrions bien quitter l’Eglise constitue un message plutôt curieux et pas vraiment fraternel. Exprimer un désaccord, soit ; débattre, oui ; mais exclure et rejeter, non. Tant de gens se reconnaissent sous le vocable « progressiste » parce que la culture ambiante (médiatique) diabolise tellement l’Eglise et sa Tradition qu’il leur paraît inconcevable de se définir autrement. Ainsi nombre d'entre eux s'identifient à la figure d'un cardinal dont ils connaissaient à peine l'existence avant que les médias n'en fassent la figure emblématique du héros dressé contre tous les errements romains. Il faut quand même bien avouer aussi que des gens censés être de « bons catholiques » ont pu, par leurs attitudes, par leurs discours, par leurs mesquineries et leur pharisaïsme, donner à pas mal de monde l’envie de fuir les chemins qui mènent à Rome. Dès lors, ostraciser d’autres catholiques en fustigeant leur « progressisme » ne constitue pas vraiment une attitude adéquate. Cela peut faire penser au jugement de Salomon ; sommes-nous prêts en effet à « demander justice » au point de provoquer ruptures et déchirements ?

Cela ne nous empêchera pas, bien sûr, de continuer à dénoncer des discours et des agissements qui ne nous paraissent pas convenir, et de pratiquer aussi la « correction fraternelle ». Mais en maintenant, même avec ceux qui nous paraissent s’éloigner d’une ligne qui nous semble correcte, une attitude véritablement fraternelle, comme cela peut se passer parfois au sein de nos propres familles.

Commentaires

  • Pas totalement d'accord, cher Yves. Il ne nous appartient évidemment pas de trier le bon grain de l'Ivraie. Mais une chose est certaine : notre vie de chrétien doit être théologale, et donc animée par la charité.

    Or la charité requiert l'aumône. Et la correction fraternelle, "le remède que l'on doit employer contre le péché du prochain", est "une sorte d'aumône spirituelle", dit saint Thomas d'Aquin (ST, IIa IIae, qu. 33, art. 1).

    Ne succombons donc pas entièrement au monde, soyons des chrétiens francs et forts, à même d'aider réellement le prochain. Pas en lui bénissant ses erreurs, mais en le corrigant charitablement. N'ayons pas peur de dire la vérité. Et encourageons, avec zèle, le retour à la pleine communion. C'est un des meilleurs actes de la charité.

  • Merci, Tchefkou, pour votre intervention. Après avoir relu ma note et votre commentaire, je ne vois pas très bien en quoi consiste votre désaccord. Il ne me semble pas avoir "succombé au monde" ni "avoir béni" les erreurs de qui que ce soit.

  • Bonsoir.

    Vos bons sentiments vous honorent. Dieu et nos frères fassent qu'on puisse les vivre sans aucune restriction mentale.

    Hélas.

    - Sur ce sujet, l'autre jour, on vous a signalé que - semaines après semaines - plusieurs paroisses anti-conciliaires escamotaient le credo du concile de Nicée au profit de textes privés, défendables comme tels, mais pas pour une lecture systématique en assemblée.
    - En préparation à l'année de la Foi, n'est-ce pas un pied-de-nez en direction du Pape ? Ce geste d'humour, est-il dû à l'observateur ou aux organisateurs ?

    N'ayant pas été baptisé dans une Eglise anglicane, je crains fort de mourir dans un reliquat d'Eglise catholique, lourdement anglicanisé. Anglicanisé par ceux qui ont confisqué les mises en application de Vatican II.
    Excusez-moi de ne pas m'en réjouir : non possumus.

  • humble mea culpa de votre part !
    que Dieu vous benisse !

    nous sommes de pauvres pecheurs et nous ne tournons pas toujours 7 fois la langue dans notre bouche

    ne faisons pas aux autres ce que nous ne souhaitons pas qu'ils nous fassent

    mais, il est aussi bien - parfois - de dire ce qui nous choque...

    le pardon de la part des 'progressistes' vous sera surement accorde

    car le pardon est aussi une importante vertu

    j'apprecie toujours autant votre site

  • C'est pour des articles comme celui-ci que j'apprécie particulièrement votre blog : enfin des opinions équilibrées, réfléchies et argumentées, et pas des bordées d'anathèmes, d'injures ou d'approximations mensongères contre "les autres", quels que soient ceux qui auraient le malheur d'en faire partie. S'il est normal que tous les chrétiens ne soient pas d'accord sur tout, il est malheureux que ça se règle si souvent à coups d'invectives et de provocations violentes. N'est-ce pas à l'amour que nous avons les uns pour les autres que le monde reconnaîtra que c'est le Christ qui nous a envoyés?
    Vous êtes sur un chemin qui me plait, et que je partage avec vous.

  • Poser une question n'est pas manquer de charité mais permet de réfléchir. Entre claque fraternelle et caresse relativiste, il faut trouver le juste milieu, car la charité c'est aussi d'abord bien afficher les "règles du jeu" pour que l'on essaye de les respecter (même si le père peut montrer de l'indulgence et grande joie à voir revenir le fils prodigue).
    Des "règles du jeu" bien claires et connues sont d'autant plus importantes à notre époque de la dictature du relativisme, où tout se vaut, surtout ce que pensent les autres (donc la loi du plus fort ou du plus nombreux ce qui peut être bien souvent la même chose, sans la croyance en la transcendance du Dieu trinitaire), et où il faut gommer tout ce qui fait que le catholique, certes, est dans le monde mais pas de ce monde et que la sécularisation de l'Église c'est la dissolution du message chrétien. Or quoiqu'on puisse en dire, les progressistes sont pour la sécularisation de l'Église. Ils veulent lui faire adopter les modes de fonctionnement d'un certain monde. Il faut donc expliquer encore et encore. Dans l'autre sens évidemment une Eglise figée qui prend la tradition stricto sensu comme support matériel et non pas spirituel n'est pas la tradition vivante de la foi.
    Bref, ce titre et cette interrogation n'étaient pas plus choquants qu'autre chose, au contraire!
    Comme l'a dit le Saint Père l'on ne possède pas la vérité, c'est elle qui entre en nous, le progressisme des uns ne signifie pas qu'ils sont de facto plus ouverts à ce que la vérité les pénètre et qu'ils ne doivent pas non plus s'interroger sur leurs véritables motivations: foi ou combat très terrestre par rapport à des aspirations très personnelles et non pas que spirituelles!
    Une certitude la foi catholique est exigeante mais l'exigence est aussi joie.

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