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Euthanasie : mon cœur dit non !

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L’agence belga le rapportait mardi : l'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a salué l'annonce du prochain dépôt par le parti socialiste de propositions visant à "actualiser" la loi sur l'euthanasie votée il y a dix ans, par le parlement fédéral belge

Le sénateur P.S. Philippe Mahoux, l'un des pères de la loi, déposera des textes visant notamment à l'élargir aux mineurs et à prendre en compte le cas des personnes atteintes d'Alzheimer.

Ces textes viseront plus précisément à étendre la loi aux mineurs "s'ils sont capables de discernement, atteints d'une maladie incurable et d'une souffrance inapaisable".

Ils auront par ailleurs pour objectif de "prendre en compte la situation des patients atteints de maladies mentales dégénératives (de type Alzheimer)".

Le PS souhaite à cet égard l'organisation d'un débat au Sénat pour "vérifier si les dernières avancées des neuro-sciences permettent d'étendre la loi aux personnes souffrant de ce type de maladies lorsque celles-ci le souhaitent", cela dans des circonstances qui devraient être très précisément définies pour garantir tant "l'autonomie des patients" que la "sécurité juridique des médecins".

L'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) salue les propositions Mahoux : "C'est avec la plus grande satisfaction que nous apprenons que le sénateur Philippe Mahoux, co-auteur de la loi euthanasie, se propose donc de déposer des propositions de loi au Sénat", a indiqué la présidente de l'ADMD, Jacqueline Herremans, dans un communiqué. 2012, année du 10e anniversaire de la loi sur l'euthanasie, se clôture donc de façon fort heureuse par la prise en compte des revendications formulées par l'ADMD, ajoute le texte.

Piquer mortellement, « par compassion »,les patients atteints de maladies neurodégénératives et  les mineurs juridiquement incapables de consentir ? une terrifiante dérive se cache derrière l’ « humanisme » doucereux de la nouvelle religion séculière : celle du maître de la terre dans le roman futuriste de Robert Hugh Benson (1907) …

Dans « La Libre » de mercredi, le P. jésuite Charles Delhez écrit :

« Saurons-nous encore définir - et défendre - l’irréductible humanité de l’homme ?"

Il arrive que le cœur dise non avant même que la raison ait pu développer ses arguments psychologiques, académiques ou juridiques. C’est ce que je ressens en lisant la proposition de loi de Philippe Mahoux.

Et je suis bien désolé que pour clamer un oui à la vie, je doive faire entendre un non.

C’est, dans un premier temps, une colère qui sourd en moi. J’essaie de la contenir et de la transformer en tristesse, une profonde tristesse. Qu’arrive-t-il à la vie, que veut-on faire à l’humain ?

Et je repense à toutes ces personnes que j’ai eu la grâce de croiser dans mon existence et qui m’ont tant apporté. Il se pourrait donc que, de par la permission de l’une ou l’autre loi, elles aient pu ne pas continuer à vivre. Et je revois ma propre mère atteinte d’Alzheimer et maintenant décédée.

On sent bien que, dans cette proposition de loi, il y a quelque chose qui ne sonne pas juste. Au nom de la liberté outrecuidante des uns, on profite de la faible liberté des autres.

Or toute liberté est toujours en chemin, imparfaite, balbutiante, peut-être même embryonnaire. Mais elle a toujours droit au respect. Notre liberté s’arrête là où commence celle de l’autre, dit-on. Décidons qu’il n’en a pas, et la nôtre sera toute-puissante.

La tentation est trop souvent de faire taire l’autre quand il nous dérange, quand il n’est pas comme je voudrais qu’il soit. Or la souffrance n’est jamais ce que nous voudrions, et à raison. Elle n’en demeure pas moins une occasion d’aimer davantage.

Il faut "ajouter de la vie au jour lorsqu’on ne peut ajouter de jours à la vie", dit la phrase célèbre du cancérologue Jean Bernard.

La solution n’est jamais d’en retrancher. Il y a toujours une tendresse, une compassion, une communion possibles. La fragilité est un cri, un appel : aime-moi tel que je suis, là où j’en suis.

Il ne s’agit pas de faire l’éloge de la souffrance (toujours à faire reculer, sans jamais pouvoir la supprimer totalement), mais de ce qu’elle fait naître. Il n’y a pas qu’une seule manière de mourir dans la dignité.

Comme les lecteurs des 200 000 livres déjà vendus, j’ai été profondément touché par Anne-Dauphine Julliand et son "Deux petits pas sur le sable mouillé" (éd. Les Arènes). Elle y raconte les vingt-deux derniers mois de sa petite Thaïs, deux ans, atteinte de leucodystrophie métachromatique, une maladie douloureuse, mortelle. Tout au long de ce récit, elle laisse parler son cœur. Ce qui aurait dû être la chronique d’une mort annoncée devient une hymne à la vie. A mes étudiants de Namur auxquels elle parlait récemment, elle a pu dire : "La réponse face à la souffrance ne sera jamais la mort, mais l’amour." Applaudissements. J’ai rarement senti un amphithéâtre universitaire aussi attentif et ému. "Je n’ai jamais souffert à cause de Thaïs. Jamais. J’ai souffert avec elle", confiait-elle.

J’ai peur que, petit à petit, sans s’en rendre compte, on détricote le "principe d’humanité" (Jean-Claude Guillebaud). "Saurons-nous encore définir - et défendre - l’irréductible humanité de l’homme ?" se demande-t-il.

Elle est connue, l’histoire de la petite grenouille si bien dans son bocal sous lequel on a allumé une flamme. L’eau se réchauffant comble d’aise le petit batracien. La température grimpe, un peu trop. Il serait encore temps de sauter hors du bocal, mais on finit par s’y habituer. Et puis, il est trop tard Les arguments rationnels à opposer aux auteurs de ce projet ne manquent pas, mais j’ai voulu laisser parler le cœur. N’a-t-il pas aussi ses raisons ? »

Ici : Euthanasie : mon cœur dit non!

Les petites grenouilles belges si bien à l'aise dans leur bain d'eau tiède sont elles encore capables d'un sursaut ?

Commentaires

  • Le P. Delhez aura été le premier à monter au créneau, espérons qu'il ne soit pas le dernier. Il faut en effet se souvenir que l'ancien président d'honneur à vie de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité était un clerc, feu de Locht, par ailleurs chaud partisan de la contraception et de l'avortement.

    Il n'est malheureusement pas exclu qu'un ou plusieurs clercs prennent sa relève, du côté des facultés de théologie de l'UCL et de la KUL cela se trouve sûrement.

    Quant à nos Monseigneurs , ne nous faisons pas trop d'illusions non plus, ils ont une frousse bleue des médias et du politique, ils useront beaucoup de la langue de buis...

  • Que tous ceux qui sont pour l'euthanasie des personnes souffrantes, des bébés handicapés, des personnes atteintes de démence, des enfants malades, des petits vieux tout seuls, des personnes dépressives, des...
    Que ceux-là lèvent la main très haut!
    Je suggère alors de leur envoyer de façon NOMINATIVE les SERINGUES qui serviraient à euthanasier tous ceux qui le demanderaient.Mais cela serait à ceux-là de piquer!
    Et parmi ceux-là, il y auraient bien sûr tous les politiques qui travaillent à faire accepter cette mentalité de mort de l'autre.

    Oseraient-ils tous ceux-là passer à l'acte et, à visage découvert, brandir l'arme qui tue?

    Voulons-nous par notre silence démissionner? Ou préférons-nous nous lever pour dire STOP aux seringues assassines?

  • Merci au R.P. Delhez pour son plaidoyer. Il faut qu'on sache que la Commission de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie instaurée à la suite de la loi mortifère belge de 2002 n'exerce de contrôle qu'en esquivant les contradictions dans ses rapports et qu'elle n'évalue finalement rien. Il faut qu'on sache que, en dix ans, selon le rapport 2012 de ladite Commission, sur les 5.537 euthanasies qui lui ont été déclarées - et elle souligne elle-même, depuis 10 ans, que le chiffre réel est certainement plus élevé -, PAS UN SEUL DOSSIER n'a abouti sur le bureau du Parquet. Pas étonnant : cette Commission est composée de membres pour la plupart proches, ou membres, du CAL, et clairement favorables à une libéralisation encore plus poussée de la dépénalisation. Dans l'orbite de cette Commission fantoche, gravitent notamment l'Ass. pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) et le forum EOL (End-of-Life doctors), fer de lance de l'euthanasie (et, pour la forme, des soins palliatifs), ce forum auquel participe celui qui ne cesse de rappeler sa qualité de pro-recteur de l'UCL ! La supercherie est énorme et manifeste. C'est pour dénoncer ce scandale que j'ai écrit une étude intitulée "L'euthanasie en Belgique... et ailleurs : sombres perspectives" (à paraître dans une prochaine livraison (janvier 2013) de "La Revue générale").
    Il me semble que les chrétiens ne peuvent se contenter de déplorer l'abandon du prescrit fondamental, celui du respect de TOUTE vie humaine. Il faudrait frapper fort. Pourquoi ne pas lancer une pétition dans ce sens à l'adresse des autorités civiles de ce pays? Il me semble d'ailleurs que, même parmi les athées et les agnostiques, les propositions socialistes en font bondir plus d'un : en touchant aux plus faibles, et, en particulier, aux enfants, ces Messieurs et Dames ont poussé le bouchon vraiment trop loin. Faisons-le-leur savoir !
    Je profite de cette tribune pour dire ici ma solidarité avec mes frères en Jésus-Christ, lecteurs de Belgicatho ou non. De grâce, ne nous laissons pas embarquer dans un nouvel "Ordre Nouveau", celui du consensualisme et de la pensée unique.
    Sainte fête de Noël à tous et toutes. Et que 2013 soit porteur d'espérances !
    Mutien-Omer Houziaux,
    auteur de "À contretemps. Regards politiquement incorrects" (Mols-Desclée de Brouwer, 2010).

  • Merci au père Delhez et à vous tous qui vous battez contre ces lois mortifères...Dans ce contexte, venez nombreux à la Marche pour la Vie du 24 mars 2013. Il est effarant que les médias n'ont pas voulu entendre notre point de vue. On a uniquement entendu le point de vue du PS et de l'ADMD, comme si tout le monde l'acceptait déjà.

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