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Le Ministre français de l’Education met l’enseignement catholique au rapport

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Pourtant réputée pour sa prudence de sioux, soucieux de respecter la «liberté de conscience» inscrite dans la loi Debré, la direction de l'Enseignement catholique de France est en effet sortie du bois le 12 décembre en envoyant une lettre aux 8500 chefs des établissements catholiques sous contrat. Rappelant «des références sociales aussi fondamentales que le mariage, union d'un homme et d'une femme», le texte invite chaque établissement à «prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l'exercice d'une liberté éclairée à l'égard des choix aujourd'hui envisagés par les pouvoirs publics». Si certains y voient un appel à peine déguisé à participer à la manifestation du 13 janvier contre le mariage gay, Éric Delabarre, le secrétaire général de l'enseignement catholique s'en défend, mettant en avant le débat qui doit enfin s'ouvrir «en conscience et avec clairvoyance».

Dans une lettre adressée à tous les recteurs de France  le ministre français de l'Éducation nationale a décidé aujourd'hui de recadrer l'enseignement catholique au sujet du mariage gay. Il appelle à «la plus grande vigilance à l'égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous (...) notamment dans les établissements privés sous contrat d'association. Le caractère propre de ces établissements ne saurait leur permettre de déroger au strict respect de tous les individus et de leurs convictions». Interviewé par Le Monde, le ministre est allé plus loin, évoquant «une faute» de l'enseignement catholique.

imagesCA8X7OS1.jpgDans une interview accordée aujourd’hui au « Figaro » Laurent Wauquiez (photo) s'insurge contre les propos «scandaleux» du ministre de l'Éducation. Député (UMP) de la Haute-Loire, Laurent Wauquiez a été ministre chargé des Affaires européennes puis ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Conseiller politique de l'UMP depuis 2009, il a fondé La Droite sociale, un club de réflexion de parlementaires voué à faire entendre la sensibilité sociale au sein de la droite :

LE FIGARO. - Comment réagissez-vous aux déclarations de Vincent Peillon?

Laurent WAUQUIEZ. - C'est parfaitement scandaleux de laisser croire que la vision de la famille dans l'enseignement catholique serait responsable de suicides chez les jeunes homos. Cela relève au mieux de l'ignorance, au pire du mépris pour l'enseignement catholique. C'est une grande manipulation politique qui cherche à faire culpabiliser les chrétiens et à faire croire que l'opposition au mariage homo et à l'adoption est le fait d'une minorité.

Les débats autour du mariage homosexuel donnent jour, selon vous, à une «cathophobie intolérable», que dénoncez-vous précisément?

La volonté de rejeter tout rapport avec les religions est très frappante depuis ce nouveau gouvernement socialiste. Tout particulièrement avec les chrétiens, à en juger par la violence et la cristallisation dont ils font l'objet dans les débats sur le «mariage pour tous». Au lieu d'être le projet de tolérance dont se réclament ses défenseurs, cette réforme est d'abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine à l'égard des religions.

Vous vous scandalisez que l'on réduise l'opposition au projet aux seuls catholiques…

Le mariage homosexuel et l'homoparentalité, c'est un sujet pour tous et pour toutes les religions. Les juifs, les musulmans, les protestants s'y opposent. Or le gouvernement marque une volonté scandaleuse de réduire l'opposition à un seul groupe réactionnaire qui serait les cathos. Bien commode.

Vous accusez particulièrement certains ministres, que leur reprochez-vous?

Les lignes rouges ont été franchies de manière inacceptable avec l'attitude insultante de plusieurs membres du gouvernement et du rapporteur socialiste du projet de loi qui, lors des auditions, a accusé les religions d'un «défaut d'intelligence». Passons sur le ridicule dont s'est couverte Cécile Duflot avec son intention de réquisitionner les biens de l'Église pour loger les sans-abri. Le plus inacceptable vient de la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, Michèle Delaunay, qui a relayé un tweet outrageant et discriminant («Aujourd'hui les catholiques condamneraient la sainte Famille: un mari qui n'était pas le père, une mère vierge…», NDLR). Elle insulte juste la foi de millions de Français. Dans quelle république est-on si un ministre se permet ce genre de dérive? Sommes-nous condamnés à devoir tout accepter? Stop, ça suffit!

C'est ça la cathophobie?

Jamais on n'aurait accepté ces propos sur l'islam ou sur les juifs. Tout le monde l'aurait aussitôt taxée d'antisémitisme ou de racisme. Toutes les religions ont droit à un égal et même respect. Nous devons être très vigilants avec ce sectarisme et cette intolérance. Cette attitude est un vrai dévoiement de la vision de la laïcité car, pour ces responsables politiques, l'idéal serait d'extirper toute forme de religion de la société or la laïcité est tout le contraire: c'est le respect de toutes les religions.

C'est le point de vue de l'homme politique ou une conviction personnelle?

Les religions sont une richesse pour notre société, elles font partie de notre histoire et de notre civilisation. Si je tire la sonnette d'alarme, ce n'est pas en tant que croyant mais en tant qu'élu car je crois sincèrement que c'est une vraie dérive pour la société et la République.

Que demandez-vous au gouvernement?

Un seuil intolérable a été franchi et cela mérite des éclaircissements de la part de Jean-Marc Ayrault. Il doit rappeler à l'ordre ses ministres et faire un geste de respect et de dialogue avec les religions

Référence :    Wauquiez : «Peillon cherche à faire culpabiliser les chrétiens»

Pour mémoire et à titre de comparaison,  en Belgique,  la neutralité de l’enseignement est un concept à géométrie variable et il eut été sans doute impensable qu’un Ministre de l’Education adresse pareille remontrance au SEGEC (Secrétariat général de l’Enseignement catholique) si d’aventure celui-ci s’était risqué à la même démarche interne que son confrère français.

En droit public, la notion de neutralité est directement associée à celle de service public, elle-même gouvernée par le principe d'égalité. L'Etat, impartial, doit en effet garantir l'égalité de ses administrés. Le service public ne peut donc privilégier aucune opinion politique, religieuse ou philosophique.

En droit de l'enseignement, la neutralité trouve un fondement plus spécifique dans l'exigence du respect des convictions religieuses et philosophiques des parents et des enfants, énoncée tant par la constitution que par la convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

Néanmoins, trois degrés de neutralité peuvent être distingués, qui seront respectivement applicables aux trois réseaux d'enseignement émargeant aux deniers publics, selon la nature et le degré d’autonomie du réseau.

Tout d'abord, la constitution impose aux établissements directement organisés par les Communautés (française, flamande, germanophone) la neutralité la plus stricte.

Ensuite, comme tous les services publics, les établissements scolaires organisés par d'autres pouvoirs publics, essentiellement les communes, les provinces et les commissions communautaires à Bruxelles, sont astreints à une certaine neutralité mais jouissent d'une autonomie  organisationnelle.

Enfin, les établissements libres  (en fait, catholiques, qui scolarisent la moitié des jeunes belges) sont tenus de respecter l'égalité et la liberté des élèves.

Mutatis mutandis, il en va probablement de même Outre-Quiévrain...

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