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Quand Mgr Lefebvre revient à Liège…

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lefebvre.jpgOn projette demain (samedi 26 janvier) à Liège un film sur le fondateur de la Fraternité Saint Pie X. Cela me rappelle qu’en 1974, alors que la rupture avec Rome n’était pas encore consommée, Monseigneur Lefébvre vint dans la Cité Ardente où il donna une conférence au Palais des Congrès devant une petite assemblée. Il rencontra alors des personnalités phares du « combat » traditionaliste comme le Professeur Marcel De Corte et l’écrivain Alexis Curvers. Il nous a laissé le souvenir d’une personnalité affable, souriante, aimable, bien éloignée de l’image que l’on peut se faire d’un évêque va-t-en-guerre.

Religieux spiritain (il en fut supérieur général) et évêque en pays de mission (archevêque de Dakar) avant de revenir en France, Mgr Lefebvre participa au concile Vatican II dont il signa les constitutions et les décrets tout en faisant partie de la minorité qui résistait au courant réformiste majoritaire. Foncièrement « pastoral », il fut effrayé par la dérive des milieux catholiques dans les années soixante. Il constata l’affaiblissement de la vie religieuse dans son ordre où, disait-il, il n’était pas rare de voir les bons pères assis devant la télévision plutôt qu’occupés à chanter les complies. Il s’inquiéta de voir les dévotions traditionnelles mises au rancart : dénigrement de la piété eucharistique et mariale, disparition des processions et autres formes de dévotion populaire. L’œcuménisme l’inquiétait ; il se demandait si « pour rester catholique, il allait falloir devenir protestant ». La « nouvelle messe » de Paul VI lui parut suspecte de faire oublier la réactualisation du sacrifice du Calvaire au profit du seul repas eucharistique. La chute des vocations, le comportement des « nouveaux prêtres », l’évolution des séminaires et des noviciats, le conduisirent à créer un lieu de formation pour de futurs prêtres dans l’esprit de la tradition, sans que, dans un premier temps, cela fit problème.

L’année 1975 fut celle du tournant crucial qui conduisit l’archevêque vers la rupture avec Rome. Le gouvernement de l’Eglise sous Paul VI, contrairement à ce que l’on voit aujourd’hui, semblait peu disposé à se montrer compréhensif à son égard ou à entendre ses griefs et ses plaintes ; on préféra recourir à une « descente » canonique à Ecône et à des semonces peu fraternelles. Mais, de son côté, l’entourage de Mgr Lefebvre se radicalisait également. Alors que, jusque-là, des personnalités plus modérées fréquentaient le séminaire et y enseignaient, on assista à un resserrement des rangs dans une optique nettement plus intégriste : les éléments « suspects » furent écartés ou ne se présentèrent plus et la conviction d’incarner à soi seul  « l’Eglise de toujours » face à une Eglise dévoyée se fit de plus en plus forte. Doux mais têtu, Monseigneur Lefebvre fut-il bien assisté et conseillé ? On peut se permettre d’en douter. N’a-t-il pas été l’otage d’une coterie de clercs mal inspirés qui l’ont orienté vers des prises de position et des actes qui ne cadraient pourtant pas avec sa personnalité fondamentalement bonne et affable ? On peut le penser. Ainsi le vit-on venir confirmer et ordonner ici et là, et même consacrer des évêques en dépit de toutes les règles canoniques, convaincu qu’il était légitime d’obéir à Dieu et à la Tradition plutôt qu’à un pape et à des évêques apparemment égarés sur le mauvais chemin.

Ceux qui ont approché ce « prélat », si peu protocolaire en fait, ne pouvaient pas ne pas être touchés par son extrême gentillesse. Son tempérament d'homme des Flandres (il venait de Tourcoing) ne le portait pas spontanément à l'intransigeance. Il a fallu l'y pousser. De même, fils d'un résistant mort dans un camp, il n'était pas naturellement attiré par les nostalgiques du maréchal. Là où il est aujourd’hui, acquiesce-t-il à toutes les attitudes de ceux qui se réclament de lui et cultivent une détestable propension à l’anathème et au rejet ? La tentation est forte, en effet, de se vouloir « purs comme des anges » mais en risquant « d’être orgueilleux comme des démons », comme ce fut autrefois le cas des disciples de Jansénius et de Port-Royal…

Y.W.

Commentaires

  • Un très beau film-documentaire à voir au palais des congrès, à 16h00 : http://laquestionlefebvre.wordpress.com/

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