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L’ Eglise et son nombril

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 Lu dans la « Libre » cet entretien de Jean-Paul Duchâteau avec Raphaël Jacquerye  et Eric de Beukelaer (extraits)

 Recto :

Entretien avec Raphaël Jacquerye Auteur de "Tempête au Vatican" (paru en 2000 chez DDB et Racine) et du site Internet www.pourunefemmepape.com

Quels sont les changements prioritaires que le successeur de Benoît XVI devra affronter ?

Un des premiers points à régler sera l’ordination d’hommes mariés(…).Ensuite, la position de l’Eglise vis-à-vis des divorcés remariés devrait pouvoir être rapidement réglée pour peu que le Pape soit rénovateur (…)

Il y a tous les problèmes éthiques, aussi ?

On peut comprendre que l’Eglise catholique refuse une banalisation de l’euthanasie, mais est-ce le meilleur moyen en s’en prenant aux personnes ? (…) Faut-il excommunier une femme qui se fait avorter après avoir eu la certitude de mettre au monde un enfant atteint de maladie grave et incurable ? Si l’Eglise fixe des barrières, elle doit accepter une liberté de conscience.

Et l’ordination des femmes ?

L’Eglise aura à aborder tôt ou tard. Il importe que l’interdiction édictée par Jean-Paul II d’en discuter soit levée. Le temps viendra bien un jour où une femme sera pape. (…)

Il y a enfin les questions morales…

L’attitude de l’Eglise à l’égard de la vie en concubinage réclame aussi une vue plus évangélique (…) Qu’elle assimile le concubinage hétéro ou homosexuel à la pédophilie et à l’inceste, n’y a-t-il pas une limite que l’on ne peut franchir, celle que fixe le cœur, celle que fixe l’humanité ?

D’autres grands travaux encore ?

(…). Les laïcs compétents devront pouvoir assurer certaines tâches, par exemple l’homélie. La centralisation romaine devra aussi être mise à plat. Une autonomie des évêchés est indispensable. Les laïcs devront notamment avoir le droit de choisir leur évêque. Enfin, "last but not least", le retour à une application plus concrète des préceptes évangéliques reste un objectif permanent

Tout le catalogue ici : Recto

Verso :

Entretien avec Eric de Beukelaer Curé-doyen de la paroisse de Liège-rive gauche (ancien porte-parole des évêques de Belgique)

Faut-il un changement de direction de l’Eglise, avec le nouveau Pape ?

(…)  Présenter la foi au XXIe siècle se fait évidemment de façon différente de ce qui se faisait il y a plusieurs siècles mais la foi, elle, n’a pas changé. La mission centrale du nouveau pontificat sera de confirmer les frères dans la foi.

Qu’attendez-vous du prochain Pape ? Quels seront ses dossiers prioritaires ?

(…). La mondialisation a produit un monde où les recherches philosophiques et spirituelles ont tendance à fort basculer entre deux extrêmes, soit le fondamentalisme, soit au contraire une forme de cynisme relativiste, c’est-à-dire que tout se vaut, le bien et le mal. Dans ce contexte-là, la nouvelle évangélisation, c’est de pouvoir présenter la foi chrétienne avec sa dimension philosophique : la foi dépasse la raison mais la foi ne peut jamais être contraire à la raison. C’est un grand enjeu.

D’autres enjeux importants de la modernité ?

C’est (…) adapter le fonctionnement de l’Eglise à l’ère numérique où tout va de plus en plus vite. Tout est de plus en plus mis rapidement sur la place publique et donc, sans devenir forcément esclave des réseaux sociaux, comment adapter le fonctionnement à cette nouvelle donne (…).

Ces enjeux seraient-ils mieux rencontrés par un Pape non européen ?

L’agenda de la partie "sud" de notre planète va devenir de plus en plus important pour le monde (…). L’Eglise ne peut pas passer à côté de cela.

Sur les dossiers polémiques, comme les divorcés remariés ou l’ordination des femmes, qu’attendez-vous du nouveau Pape ?

(…). Il est certain que les questions polémiques seront à l’ordre du jour, mais la façon de les aborder sera moins européenne et plus mondialisée. Et là, laissons le prochain Pape, d’où qu’il vienne, le soin de s’en saisir

Tout le texte ici : Verso

Un africain, un arabe, un asiatique n’aborde pas spontanément les questions existentielles comme un européen libéral avancé et l’Eglise en Europe, tentée aujourd’hui par les « Lumières » de sa prétendue modernité philosophique doit cesser de se prendre pour le nombril de la catholicité.

Pour celle-ci, il est temps de « passer aux barbares », tant qu’ils ne sont pas encore (tous) contaminés : la formule est d’Ozanam mais sa source saint Augustin, invitant l’Eglise à accepter la fin d’un monde pour en évangéliser vigoureusement un autre qui héritera de la Promesse.

Le nombre de catholiques dans le monde continue de progresser, à peu près au même rythme que la démographie. La proportion de catholiques dans la population mondiale est donc stable, environ 17,5 %, soit près de 1,2 milliard en 2010. Ils représentent plus de la moitié des 2,2 milliards de chrétiens, le reste se répartissant entre protestants (37 %) et orthodoxes (12 %). Mais c’est la répartition géographique qui a évolué de façon spectaculaire. Ainsi l’Europe, qui regroupait 65 % de la population catholique mondiale en 1910, et encore 35 % en 1980, n’en abrite plus en 2010 que 24 %… En un siècle, l’Amérique du Sud est passée en revanche de 24 à 39 % et l’Asie de 5 à 12 % : c’est à Manille, en 1995, que les JMJ ont réuni leur plus grosse affluence : 4 millions de personnes !Dans le même temps, l’Afrique subsaharienne bondissait de 1 à 16 % : c’est aujourd’hui le continent où la progression du catholicisme est la plus dynamique. Encore un signe qui ne trompe pas : aux États-Unis, la situation est particulière, semblant témoigner d’un point de rencontre entre les deux évolutions : effritement de la pratique chez les populations d’origine européenne, plus que compensée par la montée en puissance de la population latino, à 70 % catholique (et à 15 % évangélique)

Source des statistiques, ici : Valeurs Actuelles

Commentaires

  • « la position de l’Église vis-à-vis des divorcés remariés devrait pouvoir être rapidement réglée pour peu que le Pape soit rénovateur (…) » dixit Raphaël Jacquerye.

    C'est quoi être rénovateur, est-ce réécrire les Évangiles, en supprimant soigneusement ce qui ne plaît pas à la société occidentale très paganisée ? Gabriel Ringlet avait été invité par RTL, pour commenter le départ de Benoît XVI pour Castel Gandolfo. Il avait aussi mis en avant, comme premier point pour le nouveau Pape, le cas des divorcés remariés. On peut imaginer que cette proposition trouve sa place dans son "Évangile d'un libre penseur".

    Or, ces gens ne semblent ni avoir lu les Évangiles, ni avoir compris l'origine du véritable fléau du divorce dans notre société. Jésus, interrogé sur la possibilité de répudiation de l'épouse, avait répondu aux gens que c'était en raison de la dureté de leur cœur que cela avait été mis dans leur loi. Or, que voit-on aujourd'hui ? Les lois en Occident ont réintroduit massivement cette ancienne répudiation de la loi juive, et par n'importe lequel des deux conjoints. C'est d'ailleurs aujourd'hui surtout la femme, je pense, qui demande la répudiation de son époux.

    Ces lois de la société civile ont donc considéré que la protection de la famille, cellule de base de toute société civilisée, n'avait plus aucune importance. Et bien loin d'aider les couples à mieux se préparer, à mieux se former, pour tenir le coup et éviter les écueils, ces lois civiles les incitent même à divorcer et leur facilitent la chose, comme une simple formalité sans grave conséquence.

    Or, tout un chacun qui n'est pas aveugle, peut mesurer tous les jours les drames multiples associés à ces politiques de destruction de la famille. Drames humains, drames familiaux, drames sociétaux. Drames pour les deux conjoints, pour leurs enfants, pour les deux familles concernées, pour leurs cercles d'amis, voisins et connaissance. Le divorce est donc bien un mal objectif, c'est un fléau qui frappe aujourd'hui largement la société ; on parle de 50 % des couples touchés par ces drames.

    Et c'est alors que l'on voit venir avec leurs gros sabots ces bons apôtres, plaider pour que l'Église donne sa bénédiction à ce mal objectif, à ce fléau, voulu et provoqué par les lois absurdes d'une société au cœur dur, qui se plaît à s'auto détruire en détruisant la famille. Cette société ne légifère pas pour le bien des gens, car ses lois les enfoncent dans le malheur, la précarité et la violence.

    Que demande donc finalement ces gens ? Que l'Église banalise aussi ce fléau, qu'elle dise à tous qu'un mal n'est plus un mal, qu'elle conteste Jésus en prétendant que la société a raison de traiter ses propres citoyens avec un cœur dur. Bref qu'elle donne raison à ces lois de la société civile.

    En fait, ils sont eux-mêmes dans la soumission à la société, ils n'osent pas la contester, et se mettent alors à tirer avec elle sur l'Église, car c'est la seule qui ose encore dire non à ces lois néfastes, et à affirmer qu'un mal est un mal. Et la seule à dire qu'on ne transforme pas un mal en bien en disant Amen à tous les César qui provoquent ce mal. Ce sont des pauvres gens craintifs, qui ont peur des loups, ils hurlent donc avec ceux-ci sur les brebis.

    Au hit parade des propositions absurdes (ou cyniques), c'est à mettre en compétition avec leur demande de mariage des prêtres, alors que la société a fait n'importe quoi du mariage aujourd'hui, et incite à le briser n'importe quand et pour n'importe quelle raison.

  • Je ne peux qu'approuver le commentaire de Pauvre Job. L'essentiel est de se recentrer sur le message intemporel de Notre Seigneur Jésus Christ décrit dans les Evangiles et non de les réécrire à la sauce "post-moderne". Tant qu'on ne se rendra pas compte que c'est toute notre société qui est dans le péché et qui se permet en plus de "donner des leçons" à l'Eglise, on n'en sortira pas...Le reste est accessoire.

  • Bonjour,

    Par rapport au mariage des prêtres :

    Chaque être humain doit répondre de son devoir d'état devant Dieu. Un homme marié, avec une vie de famille ne peut du jour au lendemain devenir missionnaire par exemple car aussi louables que soient ses actions missionnaires, Dieu ne l'attend pas ailleurs qu'auprès de ses enfants et de son épouse.

    De même, un prêtre a comme devoir d'état d'être père spirituel d'une multitude d'âmes qu'il a accepté de guider en se faisant ordonner et en donnant sa vie pour l’humanité pécheresse. Le prêtre, comme le Christ, ne vit donc plus pour lui même et n'a nullement la prétention de se marier car il ne vit que pour Dieu et le salut de ses enfants spirituels. Un prêtre qui voudrait se marier doit en toute honnêteté se poser des questions sur l’authenticité de sa vocation première.

    Son ministère ne lui laisserait d'ailleurs aucun temps de disponible pour s'occuper d'une éventuelle épouse, et d'enfants qu'il aurait de façon biologique. Mais il demeure qu'un prêtre, qui vit en accord avec son devoir d'état, est très fécond sur un autre plan : spirituel.

    Enfin, si un prêtre venait à se marier, soit Dieu lui demandera à la fin de sa vie pourquoi il a délaissé sa famille de chair pour devenir père spirituel, soit il devra répondre des fruits de ses 2 vocations, et reconnaissons le : une vocation, un devoir d'état, est déjà amplement difficile à assumer dans la durée et la fidélité sans la grâce divine. 2 devoirs d'état seraient du pur suicide spirituel !

    A bon entendeur !

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