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Quel Pape pour quelle Eglise ?

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Lu dans « La Libre » ce manifeste signé par le Doyen du Chapitre cathédral de Liège, Armand Beauduin et consorts :

« Election papale. Le Pape se retire. La décision de Benoît XVI, à quelques exceptions près, a fait l’unanimité. On en a dit l’humilité, le courage et surtout le réalisme. Pour le peuple chrétien, l’élection d’un nouveau Pape est l’occasion de s’interroger sur l’Eglise qu’il souhaite et d’exprimer ses aspirations. Pour relever les défis actuels de l’Eglise et plus encore ceux de la société où il est appelé à témoigner de l’Evangile, le peuple chrétien souhaite que l’homme qui la représentera aux yeux du monde ait le regard tourné vers l’avenir. Le monde est entré dans une nouvelle ère. Les jeunes générations en témoignent. Partout, on prend conscience qu’une manière renouvelée de vivre et de proposer l’Evangile s’impose. Mais cela ne se fera pas dans nos sociétés sans une condition indispensable : une Eglise plus diverse, plurielle sur le plan des formes d’expression et de compréhension du message originel, adaptées aux circonstances et aux cultures locales. D’où l’urgence prioritaire dans l’Eglise d’aujourd’hui de desserrer les liens de la centralisation que la plupart des chrétiens et des responsables eux-mêmes s’accordent à reconnaître comme excessive. Cela supposerait des réformes attendues depuis des décennies, notamment une vraie réforme de la Curie (les ministères du Vatican), que le pape Paul VI avait tentée sans y parvenir. Que soit pleinement reconnue l’autorité des assemblées régionales et diocésaines. Que la procédure de nomination des évêques soit rendue aux diocèses et aux régions ecclésiastiques, quitte à demander le placet de l’évêque de Rome. Que les synodes, conseils, assemblées ne soient pas réduits à n’être que "consultatifs" mais que la fidélité à l’Evangile et la communion ecclésiale trouvent aussi à se vivre dans des procédures démocratiques. Depuis le XIe siècle, les canonistes romains ont concentré progressivement le pouvoir entre les mains de l’évêque de Rome. Que le droit canon s’accorde aux perspectives ouvertes par le concile Vatican II et comble son retard à cet égard. Les communautés chrétiennes, depuis le concile, ont considérablement mûri au contact des Ecritures. Elles sont confrontées aujourd’hui aux mêmes défis que la société : le défi écologique, le dialogue interreligieux et interconvictionnel, le scandale des pauvretés, etc. Face à ces défis, on peut faire confiance au "sens de la foi du peuple de Dieu tout entier", dont le concile Vatican II a parlé ( LG 12), pour qu’il trouve sa voie et fasse entendre l’Evangile. Des attentes, à cet égard, se font jour un peu partout dans les communautés vivantes. Elles se manifestent notamment lorsque, en fonction de leurs besoins, ces communautés prennent des initiatives inédites, s’organisent à partir de leurs propres ressources et expriment, par exemple, leur souhait de proposer à l’ordination des personnes mariées ou bien encore d’ouvrir les diverses charges ministérielles aux femmes. Laissons les communautés locales et régionales trouver des solutions à leurs problèmes d’organisation. Les tentatives qui n’ont pas d’avenir tomberont d’elles-mêmes. Et laissons les théologiens et théologiennes, plus nombreuses aujourd’hui, chercher librement des chemins nouveaux pour que la "bonne nouvelle" puisse être mieux accueillie par nos contemporains. Signataires : Armand BEAUDUIN, Ignace BERTEN, Catherine CHEVALIER, Etienne CHOMÉ, Paul DE CLERCK, Bernard DE GUCHTENEERE, Alice DERMIENCE, Eddy ERNENS, , Gregorio FERRERAS, Camille FOCANT, André FOSSION, Alain GODET, Omer HENRIVAUX, Jean-Philippe KAEFER, Brigitte LAURENT, Dominique MARTENS, Etienne MAYENCE, Jacques SCHEUER, Paul TIHON, Thierry TILQUIN, Bernard VAN MEENEN, Jacques VERMEYLEN, Michel VINCENT, Bernadette WIAME. Cette déclaration a été rédigée à l’initiative de membres de la section belge francophone de l’AETC (Association européenne de théologie catholique - http://www.eurotheo.eu) et proposée à la cosignature de théologiens et théologiennes de Belgique francophone.

Référence: http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/801074/quel-pape-pour-quelle-eglise.html

En avril 2009, sous la signature  du Vicaire Général du diocèse de Liège Alphonse Borras, André Fossion, Ignace Berten et alii, un « collectif » de théologiens belges se réclamant d’une « Association Européenne de Théologie Catholique (AETC) » avait publié dans la « Libre » une carte blanche intitulée Que faites-vous encore dans cette Eglise ? se désolant des initiatives de Benoît XVI et dénonçant le divorce « mortifère » entre les idéaux de liberté du monde moderne et l’Eglise catholique romaine

Le même « collectif » a donc de nouveau les honneurs de « La Libre », ce 5 mars 2013. Les signatures sont à peu près les mêmes, à quelques exceptions près : celle d’Alphonse Borras a disparu (réserve oblige, s’il est sur la « terna » pour succéder à Mgr Jousten ?) mais on y trouve, à la première place, le doyen du chapitre cathédral de Liège, Armand Beauduin, ancien directeur général du SeGEC (secrétariat général de l’enseignement catholique). Cette fois, on se félicite de la démission de Benoît XVI, qualifiée d’acte réaliste, humble et courageux, pour mieux resservir ensuite la panoplie des réformes de structures attendues par les représentants auto-proclamés de « la base ».

 Chanson connue! Mais, comme l’a justement remarqué (ici Que faut-il attendre du prochain Pape? ) le chanoine Eric de Beukelaer, Curé-Doyen de Liège Centre, la question est de savoir si l’eau ne passe plus parce que les canalisations sont bouchées ou s’il y a encore de l’eau dans les canalisations. Dans l’Europe postmoderne, le trésor de la foi en un Christ crucifié – « scandale pour les juifs, folie pour les peuples » (1 Cor 1, 23) – n’est plus de l’ordre de l’évidence culturelle. Pour le répandre, il faut s’en laisser pétrir et accepter de parfois vivre à contre-courant de l’opinion commune.  Le slogan «  adaptez l’Eglise aux temps et la foi se renouvellera » est illusoire et même dangereux. Au contraire : « Vivez de l’Esprit et l’Eglise se régénérera »…

Voir aussi sur ce chapitre notre « post » du 19 février dernier :  Quand le microcosme s'agite

Commentaires

  • "Adapte l'Eglise aux temps et la foi se renouvellera". Pour me faire gober ça ils devront encore dépenser beaucoup de salive.

    Tout ce qu'ils préconisent existe déjà dans les églises issues de la Réforme. Or, que constate-t-on ? D'abord, à l'échelle mondiale, c'est le protestantisme libéral très "suiviste" qui a perdu le plus de fidèles en 3O ans au profit des évangéliques.
    Car les mouvements évangéliques et pentecôtistes sont nés d'une révolte contre les excès du protestantisme libéral sur le plan de l'exégèse, de la foi (un quasi agnosticisme) et de ses compromissions avec l'idéologie dominante. Les évangéliques font peu de concessions dans les domaines de la morale et pourtant ils engrangent. Les "mega churches" sont remplies et les temples réformés bien vides. En Suède, l'Eglise d'Etat ultra alignée sur les diktats du peuple souverain compte à Stockholm O,5% de pratiquants. Etre en phase avec les hommes et les femmes de notre temps, comme ils disent, quel succès !

    Enfin, comme nous, ils éprouvent des difficultés à trouver des pasteurs en dépit de conditions matérielles plus favorables que chez nous.

    Le fond du problème c'est la glaciation spirituelle qui a envahi le monde occidental, matérialiste, consumériste et hédoniste. C'est donc bien une nouvelle évangélisation qui est urgente et pas une capitulation devant l'air du temps. Heureusement, je remarque que beaucoup de "papabili" disent la même chose.

  • Pourquoi restent-ils dans l'Eglise catholique? Leur Eglise existe. Toutes leurs demandes figurent dans les communautés protestantes: pasteur marié, femme pasteur,etc...Au lieu de jouer les chevaux de Troie, partez. Vous serez beaucoup plus heureux, épanouis et en accord avec vous-même dans l'église réformée ou anglicane. Si la maison ne vous plaît pas quittez-là, vous serez honnête.

  • Que souhaitent donc tous ces gens ? Que l'Église catholique ne soit plus catholique ? Qu'elle ne soit plus à la fois universelle et unie autour du successeur de Pierre ? Le Pape symbolise et concrétise l'unité de tous les catholiques, ils ne veulent donc pas de cette unité. Rêvent-ils de la multitude et de la désunion des Église réformées, qui sont comme des brebis sans berger ?

    Cela ne leur suffit donc pas d'avoir chassé les fidèles catholiques des églises, après Vatican II, en ayant transformé de force celles-ci en des espèces de temples protestants ? Où Dieu et son mystère n'ont plus leur place, où l'on ne fait plus que parler de Dieu, sans plus l'inviter à être à la première place, dans son Église et dans son église. Cela ne leur suffit donc pas d'avoir laissé faire une liturgie à la carte et au rabais, où chacun y va de sa plus ou moins grande inspiration pour transformer la messe en une réunion bricolée avec des discours et des chansons ?

    Ils ont donc déjà imposé aux fidèles, sans leur demander leur avis, une révolution brutale de leurs lieux de culte et de leur liturgie, et ils en veulent encore plus, leur soif de briser l'unité des catholiques semble insatiable. Ils veulent une Église plus diverse, plurielle, ils ne veulent pas une Église unie.

    Ils veulent que l'enseignement du Christ soit transformé ou censuré, selon les endroits sur la planète, et selon le bon vouloir de responsables décentralisés flattant les César locaux. Or, l'Église est un ensemble et un tout cohérent. Imposer à l'Église de telles forces centrifuges, c'est souhaiter voir l'Église se décomposer littéralement. L'enseignement du Christ n'a pas à s'adapter aux souhaits propres à l'idéologie matérialiste de chaque César local.

    C'est l'unité de l'Église à la suite du Christ qui fait sa nature et sa force. Vouloir la briser, c'est vouloir la dénaturer et l'affaiblir, si pas l'abattre, selon les souhaits de Voltaire.

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