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Belgique : substituer des cours de philo aux cours de religion et de morale dans l’enseignement public ?

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Lu dans « La Libre » du 25 juin cette réflexion utile du professeur Louis-Léon Christians (U.C.L)

LLC.jpg«  L’Etat ne peut imposer une philosophie particulière de la vie, mais sa responsabilité serait engagée s’il en venait à se désintéresser de la quête de sens.

Le débat a refait surface pendant cette année scolaire qui s’achève: la presse a estimé qu’un certain consensus existait entre trois constitutionnalistes pour appeler à un retrait des cours de religion et de morale. Il est étonnant d’imaginer que la simple opinion universitaire pourrait attester de "la péremption" dela Constitutionbelge. A mieux regarder, on découvre d’ailleurs qu’un seul point semble faire convergence : le fait que les cours de religion/morale ne doivent pas nécessairement, au titre de la Constitution, avoir une durée de deux heures par semaine. Pour le reste, les travaux préparatoires de l’article 24 dela Constitution attestent bien du caractère nécessairement obligatoire de ces enseignements pour les élèves.

Que la Constitution l’ait confirmé en 1988 après 30 ans de pratique, et que cette norme constitutionnelle se soit maintenue depuis 25 nouvelles années semblent un critère d’usage plus sûr qu’un oracle universitaire, tout méritant qu’il serait. Evoquer une mutation en Flandre pour soutenir la nature devenue facultative de ces cours est erroné.

L’exception par dérogation purement individuelle que la Flandre a mise en place n’ôte nullement aux cours leur caractère obligatoire, mais vise à donner une réponse ponctuelle à des décisions du Conseil d’Etat, chambre flamande, actant à la demande notamment de parents Témoins de Jéhovah qu’en Flandre le cours de morale n’est pas neutre, et ne peut dès lors plus tenir lieu de cours subsidiaire.

La section francophone du Conseil d’Etat a en son temps pris une décision inverse, et a affirmé le caractère neutre du cours de morale : aucune exemption n’a donc été nécessaire en Communauté française. On apprend que le cours de morale non confessionnel aurait changé dans l’espace francophone et serait désormais engagé et non neutre. Comment fonder cette révélation ? Sans doute deux conceptions de la laïcité s’y opposent-elles en arrière-plan.

Mais une question s’impose alors : y aurait-il eu "tromperie" dans le chef des cours de morale non confessionnelle, notamment depuis 1993 ? Pourquoi cet aveu deviendrait-il subitement un argument déterminant pour priver l’école publique d’une expérimentation réelle du pluralisme du sens ?

Que l’on comprenne bien. Il n’appartient pas au signataire de soutenir qu’une réforme ne serait pas souhaitable. Il ne s’agit pas non plus de nier l’intérêt d’un questionnement en philosophie et en sciences des religions, ni de contester l’évolution de nos sociétés.

Il s’agit simplement d’en appeler à deux choses : sur le plan démocratique, que l’on ait à cœur de faire respecter les règles de révision dela Constitution, plutôt qu’à les contourner; sur le plan de la quête de sens, que l’on ne renforce pas la perte de repères qui frappe nos sociétés.

L’Etat ne peut imposer une philosophie particulière de la vie, mais sa responsabilité serait engagée s’il en venait à se désintéresser de la quête de sens et à promouvoir l’abandon des jeunes aux simples forces du marché et de la rue.

Soutenir le questionnement sur le sens de la vie à travers les variétés de réponses présentes dans la société, ne peut se limiter à une pure approche encyclopédique sur les traditions et folklores, ni à un simple exercice d’une philosophie réputée neutre et dont on risquerait d’apprendre, rétrospectivement - comme aujourd’hui -, qu’elle ne l’a jamais été. Pour que la démocratisation du pouvoir ne conduise pas à la totalisation du sens, il ne peut exister d’approche unique de la diversité : savoirs critiques et intelligence des questions de sens doivent eux-mêmes être pensés ensemble et diversement.

Il n’y a ni péremption de la Constitution, ni encore moins péremption des pédagogies de quêtes de sens. L’ouverture ne se trouve pas dans l’abandon, mais dans les paroles réellement données.

Louis-Léon Christians « 

Docteur « utriusque juris », professeur à l’UCL, titulaire de la Chaire de droit des religions, directeur de la filière juridique du master en sciences des religions, Louis-Léon Christians  s’exprime à titre personnel, sous un titre parfaitement judicieux, ici : Le sens de la paix scolaire … acquise en 1958 au prix d’une « guerre de cent ans » 

 

JPS 

Commentaires

  • Quand l'État cherche à se substituer aux parents dans leur rôle éducatif, c'est la porte ouverte au totalitarisme de la pensée unique. Les parents sont seuls responsables de l'éducation de leurs enfants, étant donné qu'ils sont les seuls qui seront amenés à payer les pots cassés d'une mauvaise éducation.
    .
    Ce sont donc également les parents seuls qui peuvent décider du type et de la part d'éducation qu'ils souhaitent déléguer à des professeurs. Et l'État n'a rien à dire aux parents, ce sont les parents qui le paient (trop cher d'ailleurs, étant donné sa position quasi monopolistique). L'État doit être à l'écoute et au service des parents, et non l'inverse.

  • Vous avez amplement raison, les parents ont le devoir d'éduquer leur enfants, et l'Etat à le devoir d'en tenir compte.

    Cependant, je tiens à signaler que si l'Etat a pris possession de l'Education des enfants à la place des parents, c'est particulièrement parce que le terrain était propice pour le faire! L'Etat n'est-elle pas déjà devenu maître de la vie et de la mort pour chacun d'entre nous, et même pour ceux qui sont "en transit"?

    Les parents sont devenus, pour beaucoup démissionnaires. On laisse les enfants aller et venir, dès le plus jeune âge, à leur gré! on leur achète n'importe quoi, et dès fois quel que soit le prix ou l'utilité à longue échéance! Pourvu qu'on ai la paix! Les parents actuellement privilégient mille fois plus l'avenir professionnels de leurs enfants que leur avenir moral, spirituel qui pourtant seraient gage d'une saine mentalité plus tard! Qu'importe qu'ils s'amusent, sortent, fréquentent n'importe qui, du moment qu'ils travaillent bien à l'école, etc.

    Evidemment que l'Etat en "travaillant" la société à en arriver à ce stade, en a profité, et contribue très largement à se rendre "tout puissant" concernant l'Education des enfants, sur quoi il a fait main basse.

    Allons! reconnaissons que:
    Nous parents, nous travaillons de plus en plus, même le soir, le WE et particulièrement LE DIMANCHE!!!
    Nous avons oublié de mettre Dieu au centre de TOUTE notre vie!
    La société de consommation nous y poussent, parce que nous le voulons bien! Cet Esprit nous a litéralement aveuglé sur les priorités que nous avons!
    Les familles ne se contentent plus d'une vie simple, humble, où la FAMILLE est mise au centre des devoirs d'Etat pour une société saine. Les vacances ne se passent même plus en famille, et c'est actuellement pour beaucoup du "chacun pour soi" et Dieu dehors!
    Les mamans sont de plus en plus occupés à l'extérieur, et de moins en moins à éduquer leurs enfants. Eduquer ses enfants, apprendre à vivre en famille EST pourtant un travail très important et vital pour une société saine et équilibrée.
    Les papas n'ont pas plus de temps à consacrer à leur famille.
    On se donne bonne conscience en les faisant garder, petits, par d'autres!
    Les grands-parents démissionnent de leur devoir de grands-parents, et se justifient en se disant trop "vieux", "hors du coup" que pour se donner quelques droits de réactions vis-à-vis de leurs enfants adultes et petits enfants!

    Tout ceci sans généraliser bien entendu.

    Ceux qui placent le couple,la famille; les enfants, les petits-enfants au premier plan des devoirs d'états (ce qui est demandé par Dieu) sont de plus en plus rare, au fur et à mesure que grandit l'athéisme dans les chaumières!

    Le laxisme éducationnel a donc pris lentement mais surement sa place dans la société. Cela en devient même anarchique.

    Donc, nous pouvons nous lamenter ainsi pendant des années lumières, nous sommes responsables, nous citoyens belges adultes des imbécilités que nous concoctent au fil des jours nos gouvernements. En ce sens donc : l'Education de nos petites têtes blondes!

    A la tête de nos gouvernements il n'y a que des gens qui ne pensent qu'au pouvoir, à l'argent, et aux plaisirs! Mais plaignons-nous! Dans un monde qui de plus en plus refuse Dieu ... que pouvons nous vraiment espérer?

    Personnellement, j'attends vraiment, en priant, une réaction large et dynamique de la part des parents, grands-parents, arrière grand-parents même, afin de réclamer le droit au cours de religion catholique même dans les écoles publiques. (l'Europe est catholique et elle a à le rester. Honteux d'oublier ses origines spirituelles à ce point qui finira par devenir point de non retour!), Si en Belgique on parle de donner des cours de philo à la place des cours de religion et de morale dans l’enseignement public, et que cela se fait, et bien c'est que les gens le veulent bien. Donc arrêtons de nous plaindre, ou refusons de nous laisser ainsi sans arrêt, et pour tout, anesthésier par l'ESPRIT qui gouverne partout le monde!

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