Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’ Amérique du Sud n’a pas besoin de shows mais de saints

IMPRIMER

Sur l’excellent site « Benoît et moi », Luis Fernando Pérez Bustamante, directeur du site espagnol "infocatolica" fait le point sur la situation du catholicisme au Brésil. Traduction de Carlota (24/7/2013) :

Autant le catholicisme au Brésil est en chute libre, autant le protestantisme évangélique, et surtout celui de caractère pentecôtiste, ne cesse de monter. Les Brésiliens qui se considèrent catholiques sont passés de 65 à 57% en 6 ans. Et le total des évangéliques atteint déjà 28%. C'est-à-dire que dans le pays, le nombre de catholiques n’est déjà plus le double, quoique de fort peu, de celui des protestants. Etant donné qu’il y a moins de vingt ans les trois quarts des citoyens cariocas étaient catholiques, nous pouvons nous faire une idée de ce qu’est la situation du catholicisme dans ce pays. Et évidemment ce n’est pas l’unique de l’Amérique Ibérique où il s’est passé quelque chose de similaire.

Mais en plus d’être toujours plus, les évangéliques brésiliens ont des avantages sur les catholiques au niveau de la pratique religieuse. 
Faute de données statistiques, je soupçonne que très probablement ils sont déjà plus à aller au culte protestant tous les dimanches qu’à la Messe catholique. Si nous y ajoutons le fait qu’une bonne partie des fidèles de l’Église n’accepte pas beaucoup des enseignements du magistère, on pourrait dire que déjà le Brésil a cessé d’être de fait, un pays majoritairement catholique.

Un autre aspect à prendre en compte est que les évangéliques brésiliens ont un niveau de mobilisation politique très supérieurCurieusement ce sont eux et non les catholiques qui ont le plus défendu les principes non négociables marqués par Benoît XVI. Surtout la défense de la dignité de la vie humaine et le mariage naturel. En passant les distances, ils représentent dans leur pays quelque chose qui ressemble à ce que sont aux Etats-Unis les républicains « made in Bible belt » (ndt en anglais dans le texte, belt, ceinture, montre bien l’idée).

Ce n’est pas non plus un hasard si le Renouveau Charismatique Catholique, qui au moins apparemment est ce qui se rapproche le plus du pentecôtalisme évangélique, a dans cette nation son plus grand nombre de fidèles et de force « spirituelle » et médiatique. Le Brésil a plusieurs prêtres catholiques qui ont peu à envier à des stars de la pop et du rock. Je ne juge pas maintenant si c’est bien ou mal. Cela est simplement.


Pourquoi les évangéliques brésiliens pratiquent-ils plus? Pourquoi continuent-ils à croître autant ?  Je pense que c’est dû en bonne partie à ce que nous appellerions « le facteur converti ». C'est-à-dire il s’agit de personnes qui ont vécu une authentique conversion religieuse. Une grande partie des convertis du catholicisme au protestantisme étaient des catholiques qui pratiquaient peu ou pas du tout. Je ne dirais pas qu’il n’y ait pas un pourcentage qui allait à la messe dominicale, aux processions, etc. Mais beaucoup ne dépassaient pas ce que l’on connaît comme le catholicisme social (ndt dans le sens culturel, de société).

Le converti a tendance à être contagieux. Surtout s’il se produit un changement dans sa vie. Si avant il buvait et maintenant il ne le fait plus, on le note. Si avant il avait une vie dissolue, et ensuite non, cela se note. Etc. Et cela fait que c’est à son tour une semence d’autres conversions.
Si à une prédication tout simple du genre « … Le Seigneur Jésus Christ est mort pour tes péchés. Si tu crois en Lui et si tu l’acceptes comme ton Seigneur et Sauveur, tu seras sauvé », vous ajoutez le témoignage de centaines de convertis, un culte visuel et émotionnellement attractif, et une organisation qui est engagée dans une attention personnalisée aux nouveaux fidèles, vous avez déjà monté une communauté ecclésiale capable de croître rapidement.

Dans le livre de l’Apocalypse le Seigneur dit à l’Église à Ephèse : « …mais j’ai contre toi que tu as laissé ta première charité » (Ap. 2,4).
Comme dans l’amour conjugal, la routine - ou la négligence, est un formidable ennemi de la vie spirituelle. Nous ne pouvons pas être la vie entière dans un état d’exaltation mystique, il n’est pas prévu que nous passions notre journée à crier alléluia et que nous agitions des palmes, mais si l’on ne voit pas en nous un peu de « charité, joie, paix, générosité, affabilité, bonté, foi, mansuétude et tempérance » (Gal.5.22) c’est que nous sommes morts. Et les morts ne transmettent pas la vie, n’encouragent personne à suivre leurs pas.

La seule façon de freiner la saignée du catholicisme là où elle se produit c’est la conversion des catholiques. À plus de sainteté des fidèles, plus de force de l’Église. Et pour être saints, il nous faut de bons prédicateurs, qui enflamment les âmes pour qu’elles désirent plus se rapprocher de Dieu. Il nous faut de grands confesseurs, qui ne se limitent pas à administrer le pardon sacramentel mais qui soient des instruments de direction pastorale. La bataille pour retenir les âmes dans le troupeau que le Christ a confié à Pierre, ne se gagne pas dans les grandes réunions, dans les cultes spectaculaires et dans les shows médiatiques, mais dans le confessionnal. Je vous assure qu’un bon confesseur ne perdra jamais une bonne brebis même si cent pasteurs protestants à la parole talentueuse la guettent.

L’Église en Amérique Ibérique a besoin aujourd’hui d’un Saint François de Salles ou d’un Saint Jean d’Avila. Le premier fut capable de faire revenir à la foi une région entière qui était tombée dans les mains de l’hérésie calviniste. Le second fut l’apôtre de l’Andalousie (ndt après la reconquête et près de 7 siècles d’occupation mahométane). Ou bien Dieu fait se lever de son peuple de semblables apôtres, ou bien des millions continueront à abandonner la barque de Pierre pour suivre des faux maîtres qui leur offrent un gâteau doux au palais à l’aspect de la vérité, - il n’y a rien de sûr dans ce que prêchent les évangéliques qui ne soit pas dans la foi catholique, mais avec le venin inoculé de l’hérésie.

Luis Fernando Pérez Bustamante

Le facteur « converti » explique beaucoup ce qui se passe au Brésil
http://infocatolica.com

 

Les commentaires sont fermés.