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La Présentation de Marie au Temple

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la Présentation par Giotto, chapelle des Scrovegni à Padoue

De missel.free.fr, l'historique de cette fête :

Au jour de la fête de la Présentation de Marie au Temple, la liturgie se réfère à des textes non canoniques. Comme les évangiles ne parlent pas de l'enfance de la Vierge, des auteurs inconnus,  pour contenter de pieuses curiosités,  l'ont racontée en donnant d'aimables détails sur sa venue, enfant, au Temple de Jérusalem. Le principal de ces textes a été traduit au XVI° siècle par l'érudit français Postel qui l'a intitulé le Protévangile de Jacques (premier évangile), C'est, sans doute, le plus ancien évangile de l'enfance, composé au milieu du II° siècle et probablement en Egypte ; le texte nous est parvenu dans des versions en grec, syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux-slave. Ce texte qui se présente comme l'œuvre de Jacques le Mineur est déjà évoqué par saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon et Origène s'y réfère explicitement dans le Commentaire de S. Matthieu. Il s'agit de la vie de Marie racontée en style merveilleux et sans souci de vraisemblance géographique. Quelques pieuses gens y feront tout de même des ajouts à partir du V° siècle.

Les mois se succédèrent pour la petit fille. Lorsqu'elle eut deux ans, Joachim dit : Menons-la au Temple du Seigneur, afin que s'accomplisse la promesse que nous avons faite, sinon le Tout-Puissant nous avertirait et l'offrande que nous lui ferions serait rejetée. Mais Anne répondit : Attendons la troisième année pour que l'enfant soit en âge de reconnaître son père et sa mère. Et Joachim répondit : Attendons !

Lorsque la petite fille eut trois ans, Joachim dit : Appelez les filles d'Hébreux de race pure, et qu'elles prennent chacune un flambeau, un flambeau qui ne s'éteindra pas. L'enfant ne devra pas retourner en arrière et son cœur ne se fixera pas hors du Temple du Seigneur. Elles obéirent à cet ordre et elles montèrent ensemble au Temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l'enfant et la prit dans ses bras. Il la bénit, en disant : Il a glorifié ton nom, le Seigneur, dans toutes les générations. C'est en toi qu'aux derniers jours il révélera la Rédemption qu'il accorde aux fils d'Israël ! Et il fit asseoir l'enfant sur le troisième degré de l'autel. Et le Seigneur Dieu fit descendre sa grâce sur elle. Et, debout sur ses pieds, elle se mit à danser. Et elle fut chère à toute la maison d'Israël. Les parents redescendirent du Temple, et ils étaient remplis d'admiration, et ils louaient Dieu  l'enfant ne s'était pas retournée en arrière. Et Marie demeurait dans le Temple du Seigneur, semblable à une colombe, et la main d'un Ange la nourrissait. 

Le pseudo-Matthieu, écrit en latin vers le IX° siècle, note que Marie gravit en courant les quinze marches du Temple.

L'origine de la fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple serait peut-être palestinienne puisque la vie de saint Jean le Silentiaire, écrite au milieu du VI° siècle par Cyrille de Scythopolis, nous apprend qu'en novembre 543, à Jérusalem, eut lieu la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve. En tous cas, à Constantinople, la fête de la Présentation de Marie est attestée dès le VIII° siècle, et des homélies de saint André de Crête (mort en 740) lui sont consacrées.

Dans la crypte de Saint-Maximin (Var), on voit, datant du V° siècle, une image de la Vierge Marie orante gravée sur une pierre tombale avec l'inscription en mauvais latin : Marie la Vierge servant dans le Temple de Jérusalem. Ceci étant, on ne voit pas trace, malgré les tentatives du Pape syrien Serge I° (687 + 701), de fête de la Présentation de la Vierge en Occident en ce temps-là. L'Angleterre la célèbre un peu avant l'occupation normande, un calendrier hongrois la note au début du XIII° siècle, mais le Saint-Siège ne l'admet qu'en 1372 lorsque Grégoire XI se rend aux raisons de Pierre II de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem. Dès 1373, Charles V l'introduit en la chapelle royale de France et, l'année suivant, convie tout le royaume à l'imiter, ce que fit aussi la Navarre. Comme Grégoire XI rentra à Rome après avoir fait célébrer la Présentation, cette fête devint plus importante et, peu à peu, fut adoptée par les ordres et les pays, quoique sa date variât, et elle figure au missel romain depuis 1505 encore qu'elle fut supprimée par Pie V entre 1568 et 1585.

Le Prêtre, essentiellement homme de Dieu, qui doit ici-bas le représenter, poursuivre ses intérêts sans jamais se lasser, en rappelant continuellement aux âmes, importune, opportune, que l'unique nécessaire est de ne pas manquer son Eternité en gâchant sa vie. Or si le séminaire est un milieu favorable à l'ascension de l'âme, le monde où le prêtre exerce son ministère, est tout au contraire anémiant, déprimant et démoralisateur. A la longue, même s'il est saint, surtout s'il est sorti du séminaire avec un bagage surnaturel étriqué, un pasteur d'âmes ne peut pas ne pas subir l'influence de l'ambiance et sentir son idéal perdre de son mordant pour s'estomper dans l'imprécis en voyant s'évanouir les uns après les autres les beaux rêves de sa formation et déchoir peu à peu de sa première ferveur. A moins qu'il ne se redise souvent qu'étant prêtre, il doit se distinguer totalement du commun des hommes pour n'avoir dans l'esprit qu'une pensée et au cœur qu'une unique passion : Jésus, son Maître, son modèle, le type idéal de son sacerdoce, qu’il a juré d'aimer par-dessus tout et de servir à jamais malgré tout. C'est pour engager le Clergé dans cette voie salutaire que M. Olier, en 1650, par une inspiration du Ciel, décidant de donner comme fête principale aux premiers séminaires la Présentation de la Vierge au Temple, institua, pour ce jour l'impressionnante cérémonie de la Rénovation des Promesses cléricales.


Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr) :

La fête de la présentation de Marie au temple se réfère à un événement qui n’est pas relaté dans les évangiles canoniques - c’est-à-dire dans les quatre évangiles considérés comme inspirés. Par contre on en trouve un récit détaillé dans un apocryphe intitulé le Protévangile de Jacques, composé probablement en Égypte au milieu du IIe siècle. L’Église n’a pas retenu cet ouvrage en raison de sa datation tardive et du merveilleux qui y foisonne. Il est d’ailleurs peu probable que Marie ait été portée au temple à l’âge de trois ans pour se préparer à sa mission en priant et servant Dieu : on ne trouve en effet aucune trace d’une telle coutume dans les pratiques religieuses juives de l’époque. Malgré son caractère improbable, l’événement a cependant été retenu par la piété populaire et fut célébré liturgiquement en Orient dès le VIe siècle. La fête de la présentation de Marie est même devenue une des douze grandes solennités de la liturgie byzantine. 

L’Église romaine fut plus réticente à célébrer cet événement qui n’a pas de fondement évangélique : il faut attendre le XIVe s. pour que le pape Grégoire XI en permette la célébration (1372) et ce n’est qu’en 1585 que le pape Sixte V l’introduira au calendrier liturgique. 
Comment justifier qu’un événement incertain, attesté seulement par un apocryphe soit repris dans la liturgie ? N’est-ce pas contradictoire avec l’adage « lex orandi, lex credendi » : la prière enseigne le contenu de la foi ? 
S’il s’agissait par cette célébration d’authentifier l’historicité de l’événement, certes la liturgie outrepasserait ses droits. Mais la fête de la Présentation ne fait qu’exprimer sous forme de récit, que Marie a été consacrée à Dieu dès l’aube de sa vie - qu’elle ait vécu cette consécration au temple de Jérusalem ou dans la maison d’Anne et Joachim importe peu. Nous pouvons même soutenir que dès les premiers instants de son existence, Marie a servi Dieu dans le temple de son cœur immaculé, et qu’elle a effectivement rendu ce culte en pleine conscience aux alentours de trois ans. C’est en célébrant Dieu jour et nuit dans son âme illuminée par la grâce, qu’elle se préparait à être Mère du Sauveur. 
La liturgie de ce jour, tout en célébrant en premier la Vierge Marie, lève également son regard vers l’humanité entière, rachetée par son Fils. La « fille de Sion » à laquelle s’adresse le prophète Zacharie, représente l’humanité réconciliée avec Dieu et renouvelée dans la grâce : « Je viens, j’habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur » (1ère lect.). Tel est bien le miracle qui s’accomplit pour chacun de nous au baptême : devenus « participants de la vie divine » (2 P 1, 4), nous sommes « temples de l’Esprit », incorporés dans le Christ total dont Jésus ressuscité est la Tête. Voilà pourquoi Notre-Seigneur peut dire : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux - c’est-à-dire celui qui garde ma Parole et demeure dans la grâce de l’Esprit Saint - celui-là est pour moi - non seulement - un frère, une sœur - mais également - une mère ».

« Vierge Marie, apprends-nous comme toi à “tendre l’oreille” (Ps 44) de notre cœur, afin que nous puissions entendre la voix du Bien-Aimé qui nous appelle. Oubliant les séductions de ce monde nous nous prosternerons alors devant lui, pour recevoir de ses mains la couronne de gloire, et nous laisser conduire au palais du Roi ». 

Père Joseph-Marie

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