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Le temps de la Septuagésime

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Ce dimanche, dans la liturgie traditionnelle, commencent les trois semaines préparatoires au Carême : septagésime, sexagésime, quinquagésime, les ornements violets et les chants sont déjà ceux  de la pénitence : plus de gloria ni d’alleluia. Un commentaire monastique de Dom Pius Parsch nous rappelle le sens de cet alleluia qui ne reviendra pas avant la nuit de Pâques :

« Avec la Septuagésime se produit, dans la liturgie, un changement brusque de sentiments; c'est alors que disparait des chants liturgiques un petit motif. Enfants d'un siècle de peu de foi, nous n'en sommes pas frappés; mais le Moyen Age croyant ressentait vivement ce changement: l'Alleluia cesse et nous ne l'entendrons plus que dans la nuit de Pâques.

A la messe, le Roi divin, qui fait son entrée au moment de l'Evangile, n'est plus salué par le chant de l'Alleluia. De même les huit Heures de prière du jour ne commencent plus par l'Alleluia. On le remplace par le chant ou la récitation de cette formule: Louange à toi, Seigneur, Roi de la gloire éternelle. C'est assurément un beau salut; mais ce n'est qu'un supplément qui nous fait deviner toute l'importance que l'Eglise attribue à l'Alleluia.

Qu'est-ce donc que l'Alleluia? Ce mot vient de l'hébreu (Hallelu-Iah- et veut dire: louez Yahvé (Dieu).. Mais déjà dans l'Ancien Testament, il avait perdu son sens primitif et était devenu un cri de joie. On lit dans le livre de Tobie:" Dans les rues de Jérusalem (de la Jérusalem célesteà, on chantera Alleluia. (XIII.22)

C'est dans ce sens que les premiers chrétiens ont adopté ce mot dont ils ont fait un chant de joie, un chant céleste, un chant de résurrection. Il appartient à la liturgie primitive, et, depuis lors, il a retenti à travers tous les siècles; on l'entendra jusqu'à la fin du monde, et là-haut, dans la Jérusalem céleste, il sera chanté sans fin. L'Apocalypse nous dit:" Le chant victorieux de l'Alleluia retenti comme le bruit des grandes eaux, comme le roulement des tonnerres puissants (Apoc, XIX, 6)

Dans les premiers temps du christianisme, l'Alleluia était en usage même dans la vie privée des chrétiens; les fidèles le chantaient chez eux, les paysans en poussant leur charrue, les artisans dans leur boutique. Les navigateurs chantaient: Entonnant notre chant de rameurs: Alleluia. Les soldats chrétiens en avaient fait leur cri de guerre. " Alleluia, le Seigneur est ressuscité!", c'est ainsi que les chrétiens se saluaient au matin de Pâques. Bien plus ils enterraient leurs morts au chant de l'Alleluia. Quelle foi, quelle espérance de la résurrection, n'exprime pas ce chant de l'Alleluia sur un cercueil!

Mais la véritable place de l'Alleluia est dans la liturgie. Au début, on ne le chantait qu'à Pâques, comme le chant proprement de la Résurrection. Maintenant il accompagne l'âme fidèle à travers toute l'année; il imprime à la vie chrétienne son caractère de joie à la pensée de la résurrection, et d'attente assurée de la victoire. L'Eglise le chante ou le récite plusieurs fois par four: au commencement de chacune des Heures de l'Office (huit fois par jour). Elle le chante surtout à la messe dans l'antienne Alleluia qui est le chant annonciateur de l'Evangile, la proclamation du héraut annonçant l'arrivée du Christ dans l'Evangile; ce chant est un des plus riches et des plus précieux parmi les chants choraux de notre liturgie. Seulement dans l'avant-carême et le carême, temps consacrés à la pénitence pour nos péchés, l'Eglise ne peut chanter son cri de joie. Il lui faut pour un certain temps, se séparer de son cher Alleluia. Cette séparation a lieu le samedi avant la Septuagésime.

 On a aimé comparer le temps de l'Avant-Carême aux soixante dix ans de la captivité des Juifs qui symbolise la douleur du pécheur. »

JPSC

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