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  • La miséricorde du pape François : aussi pour les Franciscains de l’Immaculée ?

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    Lu sur le site web « Benoît et moi » :

    L'icône de Marie «Salus Populi Romani» est la préférée du pape François. Tellement préférée que son premier acte en tant que pape lui a été consacré, puisque le matin après l'élection, il s'est rendu dans la basilique de Sainte Marie Majeure pour la vénérer.

    Mais bien sûr, Jorge Mario Bergoglio ne s'attendait pas à recevoir une copie de l'icône des mains des époux Pio et Annamaria Manelli, père et mère de neuf enfants, dont deux frères et quatre soeurs appartenant aux Franciscains de l'Immaculée, y compris le fondateur de la congrégation, Stéfano (né en 1933).

    C'est ce qui s'est passé le dimanche 6 Avril, à la fin de la messe célébrée par François dans la paroisse de Saint-Grégoire le Grand à la Magliana.
    Dans cette paroisse de la banlieue de Rome, les Manelli sont tellement chez eux que le 30 Octobre dernier, le père Stefano a célébré ses 58 années de sacerdoce, avec un grand nombre de frères et de soeurs des Franciscains de l'Immaculée, autorisés à le faire par le Père Fidenzio Volpi, le Commissaire externe auquel le Saint-Siège a délégué le commandement de la congrégation.

    Oui, parce que la désignation d'un commissaire auprès des Franciscains de l'Immaculée - avec la décapitation de tous les dirigeants - est l'un des actes qui ont caractérisé le début du règne de François, y compris l'interdiction qui leur est imposée de célébrer la messe selon le rite romain ancien.
    Une désignation encore inexpliquée, compte tenu de la ferveur de cette jeune congrégation, de l'abondance des vocations et du rare esprit d'obéissance, même dans l'épreuve.

    C'est le curé de Saint-Grégoire le Grand qui a présenté les époux Manelli au Pape, parce que - a-t-il - «avoir une famille nombreuse dans la paroisse aujourd'hui est un don, et si en plus que cette famille compte autant de prêtres et de religieuses, cela devient une source de fierté que l'on ne peut pas tenir cachée». Face à face avec le pape, les époux Pio et Annamaria - cette dernière, peintre d'icônes - lui ont dit: «Saint-Père, nous avons neuf enfants, dont six sont consacrés parmi les Franciscains de l'Immaculée. Nous vous supplions de les sortir du tombeau». A quoi le Pape François - qui dans l'homélie de la messe, avait parlé de Jésus qui sort du tombeau non seulement Lazare, mais tous - un peu surpris, a souri, les a caressés et leur dit: « Bientôt, bientôt ». Ce que signifie ce «bientôt», on ne sait pas. Les plus optimistes ont confiance en une fin pacifique et imminente de la désignation d'un commisssaire.

    Un imprévu pour le pape à la Magliana: les Franciscains de l'Immaculée
    Sandro Magister, Settimo Cielo http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2014/04/07/un-imprevisto-per-il-papa-alla-magliana-i-francescani-dellimmacolata 

     

    JPSC

  • Pape émérite : une nouvelle fonction dans l’Eglise ?

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    C’est ce que pense le « vaticanologue » Sandro Magister, sur son site « Chiesa »  (extraits) :

    jpg_1350759 (1).jpgROME, le 7 avril 2014 – Plus les mois se succèdent, plus on se rend compte que la renonciation de Benoît XVI au souverain pontificat constitue une nouveauté exceptionnelle.

    D’autres papes avant lui ont renoncé à leur charge, le dernier en date étant Grégoire XII, en 1415. Mais Joseph Ratzinger a été le premier à vouloir être appelé "pape émérite" et à continuer à porter la soutane blanche "dans l’enceinte de Saint-Pierre", déconcertant les canonistes et faisant craindre l'instauration, au sommet de l’Église, d’une dyarchie de deux papes. (…)

    Certes, Ratzinger ne possède plus les pouvoirs de pontife de l’Église universelle : il s’en est dépouillé en exerçant, pour la dernière fois et au suprême degré, précisément cette puissance de "vicarius Christi" qu’il détenait. Mais il n’est pas, pour autant, redevenu ce qu’il était avant de devenir pape.  

    C’est ce qu’il a expliqué lors de la dernière de ses audiences générales, le 27 février 2013, veille de sa renonciation au souverain pontificat : "Permettez-moi de revenir, encore une fois, au 19 avril 2005. La gravité de la décision a été vraiment aussi dans le fait que, à partir de ce moment, j’étais engagé sans cesse et pour toujours envers le Seigneur. Toujours – celui qui assume le ministère pétrinien n’a plus aucune vie privée. Il appartient toujours et totalement à tous, à toute l’Église. La dimension privée est, pour ainsi dire, totalement enlevée à sa vie. […]

    Aujourd’hui, c’est Valerio Gigliotti - professeur d’histoire du droit européen à l'université de Turin et spécialiste des rapports entre l’État et l’Église - qui met le mieux en lumière l’aspect nouveau du geste de Benoît XVI, dans un essai qui a été publié ces jours-ci en Italie : V. Gigliotti, "La tiara deposta. La rinuncia al papato nella storia del diritto e della Chiesa", Leo S. Olschki Editore, Florence, 2013, XL-468 pp., 48,00 euros

    (…) L’ouvrage part des premiers cas présumés de démissions de papes, dont certains ne sont guère plus que des légendes, mais qui ont connu un grand succès au Moyen Âge.

    Il procède ensuite à une reconstitution approfondie de la renonciation la plus célèbre, celle de Célestin V, qui fut canonisé en 1313, sept cent ans exactement avant la "renuntiatio" de Benoît XVI.

    Il continue en étudiant les renonciations papales, qu’elles aient été spontanées, décidées d’un commun accord ou imposées, au cours des périodes du grand et du petit schisme d’Occident, entre le XIVe et le XVe siècle, pendant lesquelles l’Église fut divisées entre papes et antipapes.

    Il arrive aux hypothèses de renonciation examinées puis écartées par quatre papes duphoto_1364047327250-6-0 (1).jpg XXe siècle, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II. Pour enfin aborder le grand geste de Benoît XVI, qui est parfaitement dans la ligne de la tradition mais en même temps profondément innovant et que le professeur Gigliotti a résumé de la manière suivante (…) : "On voit s’ouvrir une véritable nouvelle ministérialité qui, en la personne du pape émérite, revêt les caractères d’une authentique mystique du service. La perspective, si on y prête attention, est christologique avant même d’être historique et juridique. C’est la régénération institutionnelle de la 'kènosis',

    Lors de son dernier Angélus en tant que pape, le 24 février 2013, deuxième dimanche de Carême, Benoît XVI, commentait l’évangile de la transfiguration, avait comparé la nouvelle vie qui l’attendait après sa renonciation à une "ascension du mont" (…). Sur le mont Thabor Jésus s’entretenait de son "exode" avec Moïse et Élie. Il conversait également avec Pierre et les deux autres apôtres par qui il s’était fait accompagner.

    PHO56c58a50-9bab-11e3-9c35-807de69c803f-805x453.jpgEt pour le pape émérite Ratzinger aussi, il est temps aujourd’hui non seulement de contempler mais de converser. Son successeur François en a donné confirmation : la "sagesse" et les "conseils" du pape émérite – a-t-il déclaré récemment dans une interview – "donnent de la force à la famille" de l’Église.

    Dans certains cas, Benoît XVI a parlé ouvertement et en s’adressant à tout le monde. Par exemple dans les quelques pages fulgurantes où il a mis en lumière certains aspects du pontificat de Jean-Paul II, dont il a dit qu’il était nécessaire de les étudier et de les assimiler même aujourd’hui :


    Dans d’autres cas, il a donné des conseils à son successeur sous une forme strictement confidentielle. Par exemple après la publication de l'interview accordée l’été dernier par François à "La Civiltà Cattolica".

    Jorge Mario Bergoglio avait fait parvenir à Ratzinger un exemplaire de cette interview et lui avait demandé de rédiger quelques lignes de commentaire sur l’espace laissé en blanc entre le titre et le texte.

    2010730982 (1).pngMais le pape émérite a fait plus que cela. Il a rédigé et envoyé à François rien moins que quatre pages, ce qui constitue un texte trop long pour ne contenir que des compliments. Le 15 mars dernier, l'archevêque Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire du pape émérite, a fait à la chaîne de télévision allemande ZDF la déclaration suivante :  "Benoît XVI a répondu à la demande de son successeur en faisant quelques réflexions et aussi quelques observations à propos d’affirmations ou de questions précises, dont il a estimé qu’elles pourraient peut-être faire l’objet de développements supplémentaires en une autre occasion. Bien évidemment, je ne vous dis pas de quoi il s’agit" (…).

     Réf. Le troisième corps du pape

    Un évêque dont la démission a été acceptée reste un évêque, doté de la plénitude du sacerdoce. Il perd la juridiction (territoriale ou personnelle) dont il était attributaire par mandat du pape mais sans jamais perdre l’épiscopat dont il est revêtu.

    La situation d’un pape qui renonce  est différente si l’on admet que son ministère pontifical n’est pas d’ordre sacramentel. S’il renonce à sa fonction, tout simplement, il n’est plus le souverain pontife. Qu’il puisse résilier sa charge en partie seulement me semble impensable : le « munus » pétrinien ne peut pas être divisé.

    Tour simplement, il porte encore un titre purement honorifique et sans portée fonctionnelle. Si le droit canonique devait définir un mandat pour le pape émérite, le risque de confusion, en cas de conflit, serait préjudiciable à l’institution pontificale.

    La meilleure solution pour un pape, principe d’unité dans l’Eglise, est de demeurer en l’état jusqu’à sa mort, même si ses vieux jours impliquent qu’il soit davantage secondé dans son ministère. Tel est le choix que fit Jean-Paul II, quoi qu’il fut bien plus diminué que Benoît XVI à la fin de son règne.

    Il ne nous appartient pas de juger Benoît XVI, qui a usé d’un droit dont il disposait incontestablement, mais il est permis de souhaiter que ce genre de situation ne se répète pas trop souvent.

    JPSC

  • Rwanda : le pays où Dieu pleure peut-être encore

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    On commémore, ces jours-ci, le vingtième anniversaire de la tragédie rwandaise de 1994. Sans que la communauté internationale veuille ou puisse faire grand’chose, on a compté alors près huit cent mille morts, dans une guerre civile tournant au génocide déclenché en avril de cette année-là par le pouvoir hutu,  mais finalement gagnée trois mois plus tard par les Tutsis du front patriotique de Paul Kagame. Vingt ans après, les choses en sont toujours là : l’ordre règne à Kigali, sans qu’on puisse présumer d’une « revanche » possible. Mais nous sommes ici dans une séquence de l’histoire longue.

    Le mythe fondateur d’un ordre social

    rwanda_940x705.jpgDans un livre paru chez Fayard en 1983 (« Afrique, Afrique»), Omer Marchal, un ancien de l’Afrique belge, raconte cette légende : lorsqu’Imana, le Dieu qui fit le ciel et la terre, eût créé les mille collines rwandaises et les grands lacs qui les baignent, il en fut séduit au point de revenir doucement dans la nuit bleue constellée, caresser ce paysage d’éternel printemps qu’il avait si bien façonné.

    Un soir, alors que brillaient le croissant de la lune et Nyamuhiribona, l’Etoile du Berger, dans le silence à peine troublé par les grillons et les meuglements assourdis des vaches Inyambo aux longues cornes-lyres, Imana descendit de l’empyrée céleste pour confier une jarre de lait à chacun des trois ancêtres des « races » qui peuplent son pays préféré : Gatwa était le père des Batwa, Gahutu, celui des Bahutu et Gatutsi celui des Batutsi.

    A l’aube de cette nuit des temps, Il revint s’enquérir de son dépôt. Or, Gatura avait renversé le lait, dans son sommeil. Gahutu avait eu soif et l’avait bu. Seul Gatutsi veillait auprès de la jarre qui lui avait été confiée. « Tu n’aimes pas mon lait ? » lui dit Imana. « Si, Seigneur, mais je l’ai conservé pour Toi, répond-il, prends en bois ! ». Alors Dieu dit à Gatutsi : « Ganza ! », Règne !

    De la légende à l’histoire

    Vaches.jpgMaintenant que s’efface ou s’occulte dans la mémoire des Belges le temps où la région des grands lacs d’Afrique fut aussi la leur, je note, avec les miens, les souvenirs personnels et l’histoire mêlés que consignèrent, avec bien d’autres, Omer Marchal (« Pleure, Rwanda bien-aimé », Villance-en-Ardenne, 1994) et le prince Eugène de Ligne (« Africa », librairie générale, Bruxelles 1961) :

    La légende des jours anciens simplifie l’histoire. Celle-ci commence voici mille9327158.jpg ans lorsque, venus des confins du Nil, les premiers pasteurs batutsis, longues silhouettes félines drapées dans des toges blanches, installèrent leurs troupeaux de vaches pharaoniques sur les hauts-plateaux du Rwanda. « Seigneurs de l’Herbe », ils y construisirent une hiérarchie féodale, se mélangeant plus ou moins avec les Hutus et les Twas dans les lignages de douze ou treize clans génériques.

    Rwanda_20070011.jpgCar, à leur arrivée, le pays n’était pas vide : les pygmoïdes batwa y vivaient déjà de la chasse et de la cueillette à l’âge à l'âge néolithique, suivis, bien avant l’an mil, par les ancêtres du « Peuple de la Houe », les agriculteurs bahutu.

    Non sans abus, certes, ni ces cruautés inhérentes à la naturephoto27.jpg blessée de l’homme, une société s’organise ensuite autour de ce lieu fondamental : l’Umurenge – la Colline- avec son armée, l’Ingabo et ses guerriers Intore, dont les célèbres danses ressemblaient à des parades amoureuses, avec son artisanat, ses metiers, les abacuzi, les abashumba, les abagaragu…

    Protégé par son lignage, son chef d’armée, le chef des pâtures et celui des terres, leterrasse_en_cours.JPG paysan mène ses bêtes ou cultive l’Isambu, son champ. La plus petite Umurenge vit aussi sous un autre regard, celui du prince des nobles tutsis, le « Maître des Tambours », le mwami-roi représenté par les chefs locaux mais qui, lui-même, est loin d’être inaccessible. Le petit homme des collines peut monter jusqu’à lui. Et il en fut largement ainsi  jusqu’au sanglant avènement de « Démokarasi », un dieu femelle dont les blancs inspirèrent le culte au tournant des années soixante du siècle dernier.

    Comment en est on arrivé là ?

    En 1896, un explorateur allemand, le comte von Götzen, fit tirer quelques coups de feu par ses ascaris zanzibarites puis plaça le pays sous protectorat du Reich, sans le dire au Mwami Rwabagiri, qui le reçut après mille ruses.

    Au lendemain de la Grande Guerre, la Société des Nations transféra le mandat à la Belgique, qui s’était d’ailleurs emparé de Kigali dès 1916. L’administration belge, suivant en cela les principes du maréchal Lyautey au Maroc, ne détruisit pas l’organisation traditionnelle de la société : elle s’y superposa (comme au Congo) pour combattre les pratiques barbares et les abus féodaux, développer un réseau économique moderne mais aussi social, hospitalier, éducatif. Elle fut secondée en cela par l’Eglise et, singulièrement, les Pères Blancs d’Afrique qui convertirent alors le royaume au Dieu de Jésus-Christ : «  Que ton Tambour résonne » sur la terre comme au ciel, chantait autrefois le Notre-Père rwandais.

    rw03.jpgEn 1931, la reine-mère Kanjogera et le mwami Musinga Yuhi V, dont l’immoralité n’avait d’égal que les outrages qu’il fit subir aux missionnaires, furent relégués à Kamembe (Cyangugu), proche de la ville congolaise de Bukavu sur l’autre rive du lac Kivu (photo) et de la Ruzizi : les « tambours sacrés ont alors été remis à l’un de ses soixante fils, Charles Mutara III Rudahingwa,  dont l’éducation avait été prise en main par les « abapadri rudahigwa_baudoin (1).jpg».

    Une image me revient à l’esprit : en 1955, sur une route bordée d’eucalyptus, un géant noir aux yeux en amandes, le nez fin et droit, s’avance appuyé sur sa houlette au milieu de ses vassaux. Un grand pagne blanc drape son corps comme une toge et, de haut en bas, sa coiffe en crinière est rehaussée de poils de singe. C’est Charles Mutara, quarante cinq ans, qui accueille le jeune Roi Baudouin.

    Péché mortel 

    Charles n’a pas d’enfants et il meurt quatre ans plus tard, en juillet 1959, dans les bras de son médecin blanc qui vient de lui administrer une piqûre : « mortelle » diront alors de mauvaises langues tutsies pressées de mettre fin à la tutelle coloniale  avant que celle-ci ne remette le pouvoir, au nom de la démocratie, au parti des hutus largement majoritaire.

    Sur les lieux mêmes de l’inhumation du Mwami Mutara, les féodaux écartent  son frère Rwigmera, partisan modéré des réformes, et, sous les yeux médusés  du Résident Général Harroy, proclament mwami Kigeri V, un demi-frère, fils parfaitement obscur de Musinga.

    Les événements suivront alors leur pente fatale : le « Parmehutu » de Grégoire Kayibanda monte en graine, soutenu par le lobby de la démocratie chrétienne, les Pères Blancs de Monseigneur Perraudin et le Colonel Logiest, résident militaire spécial de 1959 à 1962

    Car, tout commence à la Toussaint rouge de 1959. Les Hutus brandissent l’Umhoro. Sur à1393866731913.jpg la noblesse. Les tutsis répliquent à coup de flèches. Premier bain de sang. La Tutelle impose les élections. « Pour manger le royaume » accusent les Tutsis regroupés au sein de l’Unar. De fait, ils ne sont pas 25% de la population et, au petit jeu « one man, one vote », ils n’ont aucune chance : ils le refusent. La cause est alors entendue. Le « Parmehutu » s’installe au pouvoir communal en juillet 1960, puis national en septembre 1961. Le Mwami est déchu. Le Rwanda sera donc une république dont l’indépendance est fêtée le 1er juillet 1962 : Kayibanda préside à ses destinées. A ses côté un nouvel ambassadeur : l’ancien résident belge Guy Logiest.

    L’apocalypse et après  

    kibeho_compund.jpgLe décor est ainsi planté pour l’exil ou la mort atroce, au gré des vagues sanglantes qui se succéderont pendant trente ans, pour aboutir au génocide déclenché par le meurtre du successeur de Kayibanda, Juvénal Habyiarimana, et la percée décisive du Front patriotique en 1994 : Interhamwe hutus contre Inkotanyi tutsis mais aussi tout un peuple sans défense. Deux millions de réfugiés, et plus d’un demi-million de morts au moins,  en quelques mois.

    Dans cette tragédie, l’Eglise elle-même fut  alors réduite au silence et sa hiérarchie décapitée avec le régime dont elle fut si (trop) proche, même si quelques étoiles scintillèrent dans la nuit.

    Quoi qu’on dise aujourd’hui, le Rwanda, terre catholique, a toujours (bien plus que deVierge_kibeho.jpg rééducations à la chinoise) un immense besoin sacramentel : celui du pardon et de la vraie réconciliation des âmes. A ce prix seulement, il deviendra une nation, l’Imbuga y’Inyiabutatu, le peuple des trois « races » qui ont fondé autrefois la terre des mille collines.

    En 1982 déjà, la Vierge Marie apparue de façon prémonitoire à Kibeho, lieu même d’épouvantables massacres en avril 1994, avait appelé au repentir et à la conversion des cœurs : un message que l’Eglise a authentifié en 2001. Il n’a nullement perdu son actualité.

    JPSC