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Manuel Valls et l’Eglise : le chat et la souris ?

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(...) Ce sera l’un de ses premiers déplacements officiels : Le 27 avril, Manuel Valls se rendra au Vatican pour représenter la France lors de la messe de canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. L’information, dévoilée le lundi 14 avril, a été confirmée par l’entourage du chef du gouvernement et des sources diplomatiques au Saint-Siège. Un retour en terre romaine donc presque trois mois jour pour jour après la visite de François Hollande au pape François en janvier, à laquelle l’ancien ministre de l’Intérieur et des Cultes avait pris part, avec un intérêt non dissimulé.

Manuel Valls n’en est pas à sa première cérémonie pontificale. Moins de six mois après sa prise de fonctions place Beauvau, le 22 septembre 2012, le ministre de l’Intérieur avait fait le déplacement à Troyes pour la béatification du Père Louis Brisson (1817-1908) puis, un mois plus tard, s’était rendu à Rome, à la demande de Jean-Marc Ayrault, pour la canonisation du missionnaire Jacques Berthieu, premier saint de Madagascar.(…)

Manuel Valls – bercé par le catholicisme dans sa jeunesse –, n’a pas choisi d’assister à la canonisation du pape polonais par hasard. En novembre 2007, alors maire d’Évry, il avait décidé de baptiser le petit square situé face à la cathédrale de la Résurrection du nom de « Jean-Paul II ». Le député socialiste de l’Essonne avait alors fait l’éloge du défunt pape, venu en 1997 prononcé un discours dans cette cathédrale d’Évry. « Si nous avons décidé d’associer à ce site le nom de Jean-Paul II, c’est […] pour insuffler à ce lieu un esprit et des valeurs », avait-il déclaré dans son discours, voyant dans la proximité entre le square Jean-Paul-II et la place des Droits de l’Homme « une continuité et un dialogue permanent – qui n’exclut pas certaines confrontations – entre les valeurs universelles de l’Église et celles émanant de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. » (…)

Le jour de l’inauguration, Manuel Valls avait assumé sa vision positive de la laïcité. « D’aucuns ont pu trouver que la mise en valeur d’un homme d’Église par une institution publique était une atteinte au principe de laïcité. Rien n’est plus faux, affirmait-il sans réserve. La laïcité n’implique pas la négation du phénomène religieux. Le religieux a structuré nos sociétés, il en est une des racines. Le rejeter, l’oublier, c’est se nier soi-même. » (…).

En se rendant au Vatican, le nouveau Premier ministre, déjà aux prises avec l’aile gauche de sa majorité très à cheval sur les questions de laïcité, entend-il faire passer un message aux catholiques de France ? Ce déplacement se veut-il un geste de pacification après des mois de tensions sur les questions de société ? L’initiative est en tout cas interprétée dans ce sens par les observateurs politiques, qui soulignent la volonté d’apaisement réitérée par Manuel Valls dans son discours de politique générale. « Apaisement », ce mot était aussi dans la bouche de la nouvelle secrétaire d’État à la famille, Laurence Rossignol, qui déclarait au Journal du dimanche dans son édition du 13 avril : « Une société ne peut vivre durablement dans le conflit sur ce qui est justement commun à tous [la famille, NDLR]. Et je souhaite l’apaisement ».

« Manuel Valls a un certain désir d’apaisement. Il l’a dit à plusieurs reprises », confiait le cardinal Philippe Barbarin, en marge de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes, du 8 au 11 avril. « Maintenant que ces lois sont faites, il aspire au calme. » En septembre 2012, au tout début de la mobilisation contre la loi Taubira, Manuel Valls avait estimé que « le cardinal Barbarin a le droit et peut-être le devoir de dire ce qu’il dit », jugeant « normale » la confrontation d'idées sur ce sujet. 
L’épiscopat français n’en reste pas moins « vigilant vis-à-vis du gouvernement de combat de Manuel Valls », tempère pour sa part un responsable de la conférence des évêques de France. Malgré ce déplacement, les opposants au mariage homosexuel, dont les veilleurs, ne digèrent toujours pas la répression sourde et l'opprobre qui s'abattent toujours sur eux. « Manuel Valls aura "les bonnes places" à Rome tandis que ceux qu’il a fait matraquer et asperger de gaz lacrymogène l’année dernière piétineront dans la foule », fait ainsi remarquer Julie Graziani, porte-parole du collectif Ensemble pour le bien commun, dans une tribune accordée à Famille Chrétienne. « Ceux qui viennent à Rome, non par calcul politique, mais par tendresse pour la mémoire de Jean-Paul II (...) regarderont le symbole d’une féroce répression politique, confortablement installé, feindre un recueillement de circonstance. Il y a de quoi être amer ». Le chemin de Manuel Valls jusque Rome risque donc d'être insuffisant pour apaiser les tensions."

 L’article ici :Quand Manuel Valls louait l’action de Jean-Paul II

JPSC 

Commentaires

  • ...Ou plutôt le loup devenu agneau ? Les participants aux manifestations organisées par LMPT n'ont pas oublié la poigne de fer de Valls contre ces manifestations pacifiques quand il était au Ministère de l'Intérieur. Comme dit dans l'article, ce geste de bonne volonté, si remarquable qu'il soit, ne fera sans doute pas taire les opposants à la loi Taubira.

  • Bref, maintenant que les anticléricaux ont eu tout ce qu'ils voulaient par la force, les catholiques devraient donc se montrer heureux, soulagés et accommodants ? Sans doute, comme les autres États européens avaient dû se montrer heureux, soulagés et accommodants, quand Hitler n'avait encore envahi que l'Autriche par la force en 1938.
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    Lorsqu'on se montre heureux, soulagé et accommodant, face à un coup de force d'un adversaire, on ne se résout qu'à une seule chose, les futurs coups de force de cet adversaire.
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    Valls est un adversaire plus redoutable que d'autres, car il dissimule mieux ses véritables intentions. Il amadoue et flatte, au lieu de provoquer, mais il n'en frappe pas moins fort pour autant dès qu'il en a l'occasion, comme on l'a vu pendant et après la Manif pour Tous. D'ailleurs, l'inspection en urgence déclenchée au Collège catholique Gerson l'a été peu après la nomination de Valls comme Premier Ministre.

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