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Retour sur les récentes canonisarions

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De correspondanceeuropeenne.eu :

 

Interview de Catholic Family News au Professeur Roberto de Mattei sur l’infaillibilité des canonisations

demattei-cfn-dc-smProfesseur de Mattei, les canonisations imminentes de Jean XXIII et de Jean Paul II suscitent, pour divers motifs, doutes et perplexité. En tant que catholique et historien, quel est votre jugement ?

Je peux exprimer une opinion personnelle, sans prétendre résoudre un problème qui s’avère complexe. Je suis avant tout perplexe, de façon générale, de la facilité avec laquelle dans les dernières années se déroulent et se concluent les procès de canonisation. Le Concile Vatican I a défini le primat de juridiction du Pape et l’infaillibilité de son Magistère, selon des conditions déterminées, mais non bien sûr  l’impeccabilité personnelle des souverains pontifes. Dans l’histoire de l’Eglise il y a eu des bons et des mauvais Papes et le nombre de ceux qui ont été élevés solennellement aux autels est rétreint. Aujourd’hui on a l’impression qu’on veut substituer au principe d’infaillibilité des Papes celui de leur impeccabilité. Tous les Papes, ou plutôt tous les derniers Papes, à partir du Concile Vatican II, sont présentés comme des saints. Ce n’est pas un hasard si les canonisations de Jean XXIII et de Jean Paul II ont laissé en retrait la canonisation de Pie IX et la béatification de Pie XII, tandis qu’avançait le procès de Paul VI. Il semble presque qu’une auréole de sainteté doive envelopper l’ère du Concile et du post-Concile, pour “rendre infaillible” une époque historique qui a vu s’affirmer dans l’Eglise le primat de la praxis pastorale sur la doctrine.

Mais vous, vous soutenez au contraire que les derniers Papes ne sont pas saints ?

Permettez-moi de m’exprimer sur un Pape qu’en tant qu’historien je connais mieux : Jean XXIII. Ayant étudié le Concile Vatican II, j’ai approfondi sa biographie et consulté les actes de son procès de béatification. Quand l’Eglise canonise un fidèle elle ne veut pas seulement s’assurer que le défunt est dans la gloire du Ciel, mais elle nous le propose comme modèle de vertus héroïques. Selon les cas il s’agira d’un religieux, d’un curé de paroisse, d’un père de famille parfait, ou autres. Dans le cas d’un Pape, pour être considéré comme saint, il doit avoir exercé les vertus héroïques dans l’accomplissement de sa mission de Pontife, comme ce fut le cas, par exemple, pour saint Pie V ou saint Pie X. Enfin, en ce qui concerne Jean XXIII, je nourris la conviction bien réfléchie que son pontificat a représenté un dommage objectif pour l’Eglise et que donc il est impossible de parler pour lui de sainteté. Quelqu’un qui s’y entendait en matière de sainteté, le père dominicain Innocenzo Colosio, considéré comme l’un des historiens de la spiritualité les plus importants des temps modernes, l’affirmait avant moi dans un article célèbre paru dans la “Rivista di Ascetica e Mistica”.

Si, comme vous le pensez, Jean XXIII ne fut pas un saint Pontife et si, comme il le semble, les canonisations sont un acte infaillible des pontifes, nous nous trouvons face à une contradiction. Ne risque-t-on pas de tomber dans le sédévacantisme ?

Les sédévacantistes attribuent un caractère hypertrophique à l’infaillibilité pontificale. Leur raisonnement est simpliste : si le Pape est infaillible et fait quelque chose de mauvais, cela signifie que le siège est vacant. La réalité est bien plus complexe et la prémisse selon laquelle chaque acte du Pape, ou presque chaque acte est infaillible, est erronée. En réalité, si les canonisations prochaines posent des problèmes, le sédévacantisme pose des problèmes de conscience beaucoup plus importants.

Et pourtant la majorité des théologiens, et surtout les plus fiables, ceux de ce que l’on nomme “l’Ecole Romaine”, soutiennent l’infaillibilité des canonisations.

L’infaillibilité des canonisations n’est pas un dogme de foi: c’est l’opinion de la majorité des théologiens, surtout après Benoît XVI qui l’a exprimée par ailleurs en tant que docteur privé et non comme Souverain Pontife. En ce qui concerne “l’Ecole Romaine”, le plus éminent représentant de cette école théologique vivant de nos jours est Mgr Brunero Gherardini. Et Mgr Gherardini a exprimé, dans la revue  “Divinitas” qu’il dirige, tous ses doutes sur l’infaillibilité des canonisations. Je connais à Rome des théologiens et canonistes distingués, disciples d’un autre représentant célèbre de l’école romaine, Mgr Antonio Piolanti, qui nourrissent les mêmes doutes que Mgr Gherardini. Ils soutiennent que les canonisations ne rentrent pas dans les conditions requises par le Concile Vatican I pour garantir l’infaillibilité d’un acte pontifical. La sentence de la canonisation n’est pas en soi infaillible parce qu’il manque les conditions de l’infaillibilité, à commencer par le fait que la canonisation n’a pas pour objet direct ou explicite une vérité de foi ou de morale, contenu dans la Révélation, mais uniquement un fait indirectement lié au dogme, sans être à proprement parler un “fait dogmatique”. Le domaine de la foi et de la morale est vaste parce qu’il comprend toute la doctrine chrétienne, spéculative et pratique, le croire et l’agir humain, mais une précision est nécessaire. Une définition dogmatique ne peut jamais impliquer la définition d’une nouvelle doctrine dans l’ordre de la foi et de la morale. Le Pape peut seulement expliciter ce qui est implicite en matière de foi et de morale et est transmis par la Tradition de l’Eglise. Ce que les Papes définissent doit être contenu dans l’Ecriture et la Tradition et c’est cela qui assure à l’acte son infaillibilité. Ce qui n’est certainement pas le cas des canonisations. Ce n’est pas un hasard si ni les Codes de Droit Canon de 1917 et de 1983, ni les Catéchismes, ancien ou nouveau, de l’Eglise catholique, n’expose la doctrine de l’Eglise sur les canonisations. Sur ce sujet, je renvoie, outre à l’étude de Mgr Gherardini que j’ai citée, à un excellent article de José Antonio Ureta dans le numéro de mars de la revue “Catolicismo”.

Soutenez-vous que les canonisations ont perdu leur caractère infaillible suite au changement de procédure du procès de canonisation voulu par Jean-Paul II en 1983 ?

Cette thèse est soutenue dans le Courrier de Rome par un excellent théologien, l’abbé Jean-Michel Gleize. Du reste l’un des arguments sur lequel le père Low, dans la définition des Canonisations dans l’Encyclopédie catholique, fonde la thèse de l’infaillibilité est l’existence d’un ensemble solide d’enquêtes et de vérifications, suivi de deux miracles, qui précèdent la canonisation. Il n’y a pas de doute qu’après la réforme de la procédure voulue par Jean-Paul II en 1983 ce processus de vérification de la vérité soit devenu beaucoup plus fragile et qu’il y ait eu un changement du concept même de sainteté. L’argument cependant ne me semble pas décisif parce que la procédure des canonisations s’est profondément modifiée au cours de l’Histoire.

La proclamation de la sainteté d’Ulrich de Habsbourg de la part du Pape Jean XV en 993, considérée comme la première canonisation pontificale de l’Histoire, fut décrétée sans aucune enquête du Saint-Siège. Le processus d’investigation approfondie remonte surtout à Benoît XIV: c’est à lui que l’on doit, par exemple, la distinction entre canonisation formelle, selon toutes les règles canoniques et canonisation équipollente quand un serviteur de Dieu est déclaré saint du fait d’une vénération séculaire. L’Eglise n’exige pas un acte formel et solennel de béatification pour qualifier un saint. Sainte Hildegarde de Bingen reçut après sa mort le titre de sainte et le Pape Grégoire IX, à partir de 1233, commença une enquête en vue de sa canonisation. Toutefois il n’y eut jamais de canonisation formelle. Sainte Catherine de Suède, fille de sainte Brigitte, ne fut jamais canonisée non plus. Son procès se déroula de 1446 à 1489, mais il ne fut jamais conclu. Elle fut vénérée comme sainte sans être canonisée.

Que pensez-vous de la thèse de saint Thomas, reprise aussi dans la  définition des Canonisations du Dictionnaire de Théologie catholique, selon laquelle si le Pape n’était pas infaillible dans une déclaration solennelle comme la canonisation, il se tromperait lui-même et l’Eglise ?

Il faut dissiper avant tout une équivoque sémantique: un acte non infaillible n’est pas un acte erroné, qui trompe nécessairement, mais seulement un acte soumis à la possibilité de l’erreur. De fait cette erreur pourrait être très rare ou ne jamais advenir. Saint Thomas, comme toujours équilibré dans son jugement, n’est pas infaillibiliste à outrance. Il est justement préoccupé de sauvegarder l’infaillibilité de l’Eglise et il le fait avec un argument de raison théologique, a contrario. Son argument peut être compris au sens large, mais en admettant la possibilité d’exceptions. Je suis d’accord avec lui sur le fait que l’Eglise dans son ensemble ne peut se tromper quand elle canonise. Ceci ne signifie pas que chaque acte de l’Eglise, comme l’acte de canonisation soit en lui-même nécessairement infaillible. L’adhésion que l’on prête aux actes de canonisation est de foi ecclésiastique, non divine. Ce qui signifie que le fidèle croit parce qu’il accepte le principe selon lequel normalement l’Eglise ne se trompe pas. L’exception ne supprime pas la règle. Un auteur théologique allemand Bernhard Bartmann, dans son Manuel de Théologie dogmatique (1962), compare le culte rendu à un faux saint à l’hommage rendu au faux ambassadeur d’un roi. L’erreur n’enlève pas le principe selon lequel le roi a de vrais ambassadeurs et l’Eglise canonise de vrais saints.

Dans quel sens alors peut-on parler d’infaillibilité de l’Eglise pour les canonisations ?

Je suis convaincu que ce serait une grave erreur de réduire l’infaillibilité de l’Eglise au Magistère extraordinaire du Pontife Romain. L’Eglise n’est pas infaillible seulement lorsqu’elle enseigne de manière extraordinaire, mais également dans son Magistère ordinaire. Mais comme il existe des conditions d’infaillibilité pour le Magistère extraordinaire, il existe des conditions d’infaillibilité pour le Magistère ordinaire. Et la première de ces conditions est son universalité, qui se vérifie quand une vérité de foi ou de morale est enseignée de façon constante dans le temps. Le Magistère peut enseigner de façon infaillible une doctrine par un acte de décision du Pape, ou alors par un acte non décisif du Magistère ordinaire, à condition que cette doctrine soit constamment conservée et tenue de la Tradition et transmise par le Magistère ordinaire et universel. L’institution Ad Tuendam Fidem de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 18 mai 1998 (n. 2) le rappelle. Par analogie, on pourrait soutenir que l’Eglise ne peut se tromper quand elle confirme avec constance dans le temps des vérités connexes à la foi, des faits dogmatiques, des usages liturgiques. Les canonisations aussi peuvent rentrer dans cette catégorie de vérités connexes. On peut être certain que sainte Hildegarde de Bingen est dans la gloire des saints et peut être proposée comme modèle, non parce-qu’ elle a été solennellement canonisée par un Pape, vu que dans son cas il n’y a jamais eu de canonisation formelle, mais parce-que l’Eglise a reconnu son culte, sans interruption, depuis sa mort. A plus forte raison, pour les saints pour lesquels il y a eu canonisation formelle, comme saint François et saint Dominique, la certitude infaillible de leur gloire naît du culte universel, au sens diachronique, que l’Eglise leur a attribué et non de la sentence de canonisation en elle-même. L’Eglise ne se trompe pas, dans son Magistère universel, mais on peut admettre une erreur des autorités ecclésiastiques circonscrite dans le temps et dans l’espace…

Pouvez-vous nous résumer votre opinion ?

La canonisation de Jean XXIII est un acte solennel du Souverain Pontife, qui émane de la suprême autorité de l’Eglise, et qui doit être reçue avec le respect dû, mais elle n’est pas une sentence infaillible en elle-même. Pour utiliser un langage théologique, c’est une doctrine non de tenenda fidei, mais de pietate fidei. La canonisation n’étant pas un dogme de foi, il n’y a pas pour les catholiques d’obligation positive d’y adhérer. L’exercice de la raison, renforcée par une soigneuse reconnaissance des faits, démontre de toute évidence que le pontificat de Jean XXIII n’a pas été bénéfique pour l’Eglise. Si je devais admettre que le Pape Roncalli ait pratiqué les vertus de façon héroïque dans l’accomplissement de son rôle de Pontife je minerais à la base les présupposés rationnels de ma foi. Dans le doute je m’en tiens au dogme de foi établi par le Concile Vatican I, selon lequel il ne peut y avoir de contradiction entre foi et raison. La foi surpasse la raison et l’élève, mais elle ne la contredit pas, parce que Dieu, Vérité par essence, n’est pas contradictoire. Je sens en conscience pouvoir maintenir toutes mes réserves sur cet acte de canonisation.

Texte en langue anglaise :

http://www.cfnews.org/page88/files/6f68a916ecfd1824ca26cf802db0c2fc-217.html

Commentaires

  • Il y a dans l’église post-conciliaire une hypertrophie du dogme comme instrument destiné à asseoir l’autorité doctrinale d’un concile qui n’a pas voulu dogmatiser. Un paradoxe…

  • Belgicatho pourrait-il préciser qui est le professeur de Mattei ? Une brève recherche montre qu'il est créationniste par exemple. "Catholic Family News" mène campagne contre le concile Vatican II et le pape François.
    Pour apprécier l'interview, il faut au moins en connaître le contexte et les auteurs.

  • Roberto de Mattei (né en 1948) enseigne l'histoire moderne et l'histoire du christianisme à l'Université européenne de Rome où il dirige la section des sciences historiques. Il est président de la Fondation Lépante. Il est membre des conseils de direction de l'Institut historique italien pour l'époque moderne et contemporaine et du Conseil d'administration de la société géographique italienne.

    Entre 2003 et 2011, il a été vice-président du Conseil National de la recherche avec délégation dans le secteur des sciences humaines; il a été membre du Board of Guarantees de l'Italian Company auprès de l'Université de Columbia à New York (2005-2011) et Conseiller pour les affaires internationales du gouvernement italien (2002-2006).

    Il est l'auteur d'ouvrages et publications traduites en différentes langues et collaborateur de journaux et de magazines tant en Italie qu'à l'étranger. Il dirige les magazines « Radici Cristiane », « Nova Historica » ainsi que l'Agence d'Information "Corrispondenza romana".

    Roberto De Mattei ne fait pas mystère de son engagement au service de la Tradition de l'Eglise. Quant à savoir s'il est "créationniste", il faudrait commencer par s'entendre sur ce terme; tous les dimanches, dans le Credo, les chrétiens proclament leur foi en un Dieu "créateur du ciel et de la terre". Enfin, s'il a accordé une interview à une revue, cela ne signifie pas qu'il en cautionne les orientations. Mais il est vrai que Roberto de Mattei a consacré un ouvrage important à l'histoire du Concile Vatican II à l'égard duquel il se montre assez critique.

  • Dans l'homélie prononcée par Jean-Paul II à l'occasion de la messe de béatification qui portait, notamment, sur Jean XXIII, le pape d'alors déclarait: "Le flot de nouveautés qu’il apporta ne concernait certainement pas la doctrine mais plutôt la manière de l’exposer: nouvelle était sa manière de parler et d’agir, nouveau était l’élan de sympathie avec lequel il allait vers les personnes ordinaires comme vers les puissants de la terre. Ce fut dans cet esprit qu’il convoqua le concile œcuménique Vatican II, grâce auquel il ouvrit une page nouvelle dans l’histoire de l’Eglise: les chrétiens se sentirent appelés à annoncer l’Evangile avec un courage renouvelé et une plus grande attention aux “signes des temps”.

    Une nouvelle manière de parler et d'agir qui n'a pas échappé à Yves Marsaudon, franc-maçon, qui, dans son ouvrage "L'oecuménisme vu par un franc-maçon de tradition" relate ses contacts fréquents et amicaux avec Mgr Roncalli (futur Jean XXIII), du temps où il était nonce apostolique à Paris. Dans ce livre, Marsaudon confie comment Mgr Roncalli avait émis des réserves au moment de la promulgation du dogme de l’Assomption, et ce par "prudence" oecuménique : "Il pensait perpétuellement "aux autres" et à l’effet que pouvait produire sur les Chrétiens séparés telle ou telle innovation."

    Belle sollicitude que voilà !

    Dans Evangelii gaudium, François écrit: "Il ne faut pas penser que l'annonce évangélique doive se transmettre toujours par des formules déterminées et figées, ou avec des paroles précises qui expriment un contenu absolument invariable. Elle se transmet sous des formes très diverses qu'il serait impossible de décrire ou de cataloguer, dont le peuple de Dieu, avec ses innombrables gestes et signes, est le sujet collectif." Et Philippe Maxense, dans le Figaro, de poursuivre: "Dénonçant également les différents aspects de ce qu'il appelle la "mondanité spirituelle", il annonce qu'il faut mettre "l'Eglise en mouvement de sortie de soi". A ses yeux, la primauté donnée à la doctrine peut même devenir un danger pour l'Église." Invitation à la nouveauté ici aussi.

    Il est intéressant de poursuivre l'analyse de Maxense: "Non pas qu'il nie la doctrine catholique, ante ou post conciliaire, mais il la place, avec respect et vénération, dans un 'ailleurs' indéterminé".

    Combinée avec une communication tous azimuths dans le chef du pape actuel, voilà qui fait réfléchir.

    En canonisant Jean XXIII et Jean-Paul II, c'est le concile que François a voulu canoniser, sans doute avec l'intention d'éteindre toute discussion sur le caractère infaillible ou non de Vatican II. Pour François, c'est un acquis.

    Il est évidemment impossible, au stade où nous sommes, de ne pas penser au prochain synode sur la famille. Et là, je discerne quelque chose de bien plus grave que le paradoxe relevé par Tchantchès dans son commentaire, qui m'apparaît très solidement fondé: c'est la dénaturation de la doctrine catholique au nom d'une pastorale floue, qui n'a d'autre prétention que de plaire au monde. Et je cite le Cardinal Ruini:

    "Lorsque Jean XXIII a prononcé le discours d'ouverture du Concile Vatican II, il a dit qu'on pouvait tenir un Concile pastoral parce que, heureusement, la doctrine était pacifiquement acceptée par tous et qu’il n’y avait pas de controverses ; donc on pouvait prendre une approche pastorale sans crainte d'être mal compris, puisque la doctrine restait très claire. Si Jean XXIII a eu raison à cet instant, a noté le prélat, Dieu seul le sait, mais apparemment cela était peut-être vrai en grande partie. Aujourd'hui, cela ne pourrait plus être dit de manière aussi absolue, parce que la doctrine non seulement n'est pas partagée, mais elle est combattue. Ce serait une erreur fatale de vouloir parcourir le chemin de la pastorale sans faire référence à la doctrine."

    La pastorale est un axe du concile. L'oecuménisme en est un autre. Au risque de me voir rangé, moi aussi, parmi les tenants de la "mondanité spirituelle", à quelques jours du voyage de François en Terre sainte, je reprends ici un extrait du récit de la rencontre entre François d'Assise et le Sultan Al Malik Al Kamil telle que rapportée par Saint Bonaventure. François ayant placé son pontificat sous le signe de ce grand saint, cet exemple de vie authentiquement chrétienne ne sera pas de trop on ferait d'ailleurs bien de le lui rappeler.

    "Une troisième fois, il tenta de passer chez les infidèles pour favoriser, en y répandant son sang, l'expansion de la foi en la sainte Trinité, et, la treizième année qui suivit sa conversion, partit pour la Syrie, s'exposant avec courage aux dangers de tous les instants, pour arriver chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l'une à l'autre. Le sultan avait d'ailleurs publié un édit cruel promettant un besant d'or en récompense à quiconque apporterait la tête d'une chrétien. Mais dans l'espoir d'obtenir sans tarder ce qu'il désirait, François, le vaillant chevalier du Christ, résolut de s'y rendre : loin de craindre la mort, il se sentait attiré par elle. Après avoir prié, il obtint la force du Seigneur et, plein de confiance, chanta ce verset du Prophète: «Si j'ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi.»...

    "Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir ; avec sa belle assurance, le serviteur du Christ François répondit qu'il avait été envoyé d'au-delà des mers non par un homme mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l'Évangile qui est la vérité. Puis il prêcha au sultan Dieu Trinité et Jésus sauveur du monde, avec une telle vigueur de pensée, une telle force d'âme et une telle ferveur d'esprit qu'en lui vraiment se réalisait de façon éclatante ce verset de l'Évangile: «Je mettrai dans votre bouche une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront ni résister ni contredire.»

    "Témoin en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l'écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui ; mais le serviteur du Christ, instruit par une indication du ciel lui dit : « Si tu veux te convertir au Christ, et ton peuple avec toi, c'est très volontiers que, pour son amour, je resterai parmi vous. Si tu hésites à quitter pour la foi du Christ la loi de Mahommet, ordonne qu'on allume un immense brasier où j'entrerai avec tes prêtres, et tu sauras alors qu'elle est la plus certaine et la plus sainte des deux croyances, celle que tu dois tenir.» --- «Je doute, remarqua le sultan, qu'un de mes prêtres veuille pour sa foi s'exposer au feu ou subir quelque tourment.» Il venait en effet d'apercevoir l'un de ses prêtres, pontife éminent et avancé en âge pourtant s'éclipser en entendant la proposition de François. Le saint lui dit alors : «Si tu veux me promettre, en ton nom et au nom de ton peuple, que vous passez tous au culte du Christ pourvu que je sorte des flammes sans mal, j'affronterai seul le feu. Si je suis brûlé, ne l'attribuez qu'à mes péchés ; mais si la puissance de Dieu me protège, reconnaissez pour vrai Dieu, seigneur et sauveur de tous les hommes, le Christ, puissance et sagesse de Dieu !» Le sultan n'osa point accepter ce contrat aléatoire par crainte d'un soulèvement populaire ; mais il lui offrit de nombreux et riches cadeaux que l'homme de Dieu méprisa comme de la boue: ce n'était pas des richesses du monde qu'il était avide, mais du salut des âmes."

    Voilà un réel exemple d'héroïcité des vertus. Voilà le modèle de Saint François d'Assise. A partir de là, nous verrons bien comment l'évêque de Rome François annonce l'Evangile à Jérusalem, comment il se repose sur l'enseignement des saints et s'il est au moins digne du saint patron sur lequel il a déclaré vouloir illuminer son pontificat. Ce n'est pas un procès d'intention; mais puisqu'une des vertus de la sainteté est l'exemple pour tout le peuple chrétien, autant être cohérent.

  • @ yves w... Le mot 'créationnisme' est un néologisme qui n'a pas de relation avec la croyance chrétienne en la Création du monde, et même lui est opposée ou hérétique.
    .
    Il désigne la croyance de gens pour qui le livre de la Genèse (le livre de la Création) relaterait des événements scientifiquement indiscutables, par le simple fait qu'ils croient que c'est Dieu Lui-même qui aurait écrit ou dicté ces événements. Ces gens sont des protestants, qui ont quasiment 'divinisé' ou 'idolâtré' les livres de la Bible, au même titre que les musulmans avec le Coran.
    .
    Pour ces 'créationnistes' le livre de la Genèse n'est plus une description allégorique d'une Création dont le comment et le pourquoi nous échappent, il est devenu un livre scientifique ou un dogme scientifique auquel ils veulent soumettre la réalité de notre monde.
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    On pourrait dire que les 'créationnistes' veulent faire rentrer de force Dieu dans leur Bible ou leur Coran, comme ils feraient rentrer un génie dans une lampe magique. Comme ils seraient les seuls à posséder cette lampe magique, ils seraient les seuls à pouvoir faire faire à Dieu leurs quatre volontés.
    .
    On pourrait dire aussi que les 'créationnistes' oublient que le seul Livre que Dieu ait écrit Lui-même est justement la Création. Et que c'est justement ce grand Livre de la Création qu'il faut apprendre à lire pour que Dieu se révèle à nous. En outre, ce Livre de la Création a le grand mérite d'être unique et est donc le même pour tous les hommes. Et il ne faut même pas savoir lire ou écrire pour le comprendre, et parfois ce sont les plus petits qui le comprennent mieux que les plus grands lettrés.
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    Bref, le plus paradoxal est que les 'créationnistes' désignent des gens qui méprisent la lecture de la Création et qui veulent enfermer le Créateur dans un livre écrit de mains d'hommes et Le soumettre ainsi à leurs volontés.

  • @ pauvre job

    Il est clair que seul le message religieux de la Bible est inspiré, pas la culture ou la science positive de l’homme que le délivre de sa main d’homme. A cet égard non plus la Bible n’est pas le Coran, et n'a jamais prétendu l'être (quelles que puissent être les errances des exégètes anciens ou modernes).

    Mais l’acception du mot créationnisme ne se restreint pas aux seuls courants interprétant les textes bibliques de façon littérale. Notre société emploie aussi ce mot pour désigner les partisans du dessein intelligent : celui-ci admet que l'évolution des espèces a lieu mais qu'elle est dirigée ou influencée par un Créateur qui donnerait naissance à l'univers, au vivant et aux mécanismes leur permettant ensuite d'évoluer : bref, la providence divine.

    Un catholique cohérent avec son Credo est donc, aux yeux de la mentalité scientiste qui tient aujourd’hui lieu de foi à la modernité postchrétienne, un misérable créationniste...

    Et les « chrétiens » qui pensent que nous serions le fruit du hasard et de la nécessité sont des athées qui s’ignorent.

  • @ tchantchès ... Ce qu'on appelle la Bible est un recueil d'une quarantaine de livres, tous écrits par des auteurs différents, à des époques différentes, sur des thèmes différents, avec des styles différents. Ces livres évoquent l'évolution de la pensée des Hébreux sur leur conception de Dieu, leur relation à Dieu, leur conception du monde, leur relation avec le monde, leur relation avec les autres Hébreux, leur relation avec les autres hommes. À travers des récits historiques, allégoriques, poétiques, moralisateurs, prophétiques.
    .
    Ces livres ne nous révèlent pas Dieu, ils nous révèlent la foi en Dieu de leurs auteurs. Afin que Dieu se révèle à ces auteurs, ils ont dû eux-mêmes lire le seul Livre écrit par Dieu, à savoir la Création. Ces auteurs n'ont pas eu besoin de livres pour que Dieu se révèle à eux. Dieu s'est révélé à eux dans le murmure d'un ruisseau ou le souffle d'une brise légère. Jésus Lui-même nous invite à lire la Création à travers beaucoup de ses paraboles, et il n'a pas écrit de livre de plus. Ses disciples ont écrit ce qu'ils ont compris de son enseignement, afin de nous le transmettre.
    .
    Jésus nous a dit que les auteurs hébreux avaient mal interprété certaines choses dans leurs livres de la Bible, et qu'il ne fallait pas en rester à ce qu'ils avaient cru comprendre, mais de continuer, comme eux l'avaient fait, à toujours se mettre à l'écoute du Créateur à travers sa Création, en nous disant de les aimer par dessus tout pour bien les comprendre. Jésus nous dit de découvrir Dieu en aimant nos frères, il ne nous dit pas de le découvrir en aimant les livres de la Bible ou quelque autre livre. Ce serait rejeter d'office tous ceux qui ne savent pas lire ou qui ne savent pas bien comprendre ce qu'a voulu dire l'auteur de ce livre. Ce ne serait pas de Jésus un tel rejet.
    .
    Quand on voit la difficulté qu'ont les plus grands intellectuels à se mettre d'accord sur ce qu'ont voulu dire les auteurs de certains livres de la Bible, il est vraiment aberrant que les hérésies protestantes aient voulu prétendre aux gens du peuple que seule la Bible devait être lue, et même apprise par cœur (comme le font les musulmans avec le Coran). Au lieu de faire aimer le Créateur et sa Création par les gens du peuple, ils forcent les gens du peuple à aimer des livres écrits de mains d'hommes. C'est pour cela que je pense que les hérésies protestantes ont forcé les gens du peuple à idolâtrer ces livres, comme les hérésies musulmanes l'ont fait avec les livres du Coran. Faites l'expérience de parler avec un protestant. Il ne vous parlera pas de ce que lui dit de Dieu la Création, il vous récitera par cœur des extraits de livres de la Bible.
    .
    Bref, nous ne pouvons dire que seuls ces livres de la Bible seraient inspirés. Comme si tous les écrits des Pères et Docteurs de l'Église, depuis le deuxième siècle, n'avaient pas été inspirés. C'est précisément une des hérésies du protestantisme. Faire croire aux gens que l'Esprit saint n'a plus inspiré aucun prophète depuis les Actes des Apôtres. Comme si l'Esprit saint avait pris sa retraite. Et donc ils contestent toute la tradition de l'Église catholique.
    .
    Il faut d'ailleurs noter que les protestants traitent les catholiques d'hérétiques parce qu'ils refusent d'idolâtrer les seuls livres de la Bible, comme eux le font. Pour eux, nous serions donc des hérétiques, mais par rapport à la Bible, transformée par eux en une sorte d'idole, une idole créée de mains d'hommes. Ils ne disent pas « Dieu seul est Vérité », ils en arrivent à dire « la Bible seule est Vérité ». C'est comme s'ils avaient réussi à enfermer Dieu dans la Bible.

  • @ pauvre Job

    Selon le catéchisme de l'Eglise catholique:

    Le Canon des Écritures

    Art. 120 C’est la Tradition apostolique qui a fait discerner à l’Église quels écrits devaient être comptés dans la liste des Livres Saints (cf. DV 8, 3). Cette liste intégrale est appelée " Canon " des Écritures. Elle comporte pour l’Ancien Testament 46 (45, si l’on compte Jr et Lm ensemble) écrits et 27 pour le Nouveau (cf. DS 179 ; 1334-1336 ; 1501-1504) : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, Juges, Ruth, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les deux livres des Chroniques, Esdras et Néhémie, Tobie, Judith, Esther, les deuxlivres des Maccabées, Job, les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos,Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie pour l’Ancien Testament ;
    les Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, les Actes des Apôtres, les Épîtres de S. Paul aux Romains, la première et la deuxième aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux Philippiens, auxColossiens, la première et la deuxième aux Thessaloniciens, la première et la deuxième à Timothée, à Tite, à Philémon, l’Épître aux Hébreux, l’Épître de Jacques, la première et la deuxième de Pierre, les trois Épîtres de Jean, l’Épître de Jude et l’Apocalypse pour le Nouveau Testament.

    L’Ancien Testament

    Art. 121 L’Ancien Testament est une partie inamissible de l’Écriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente car l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée.

    Art. 122 En effet, " l’Économie de l’Ancien Testament avait pour principale raison d’être de préparer l’avènement du Christ Sauveur du monde ". " Bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du provisoire ", les livresde l’Ancien Testament témoignent de toute la divine pédagogie de l’amour salvifique de Dieu : " En eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d’admirables trésors de prière ; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut " (DV 15).

    Art. 123 Les chrétiens vénèrent l’Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. L’Église a toujours vigoureusement repoussé l’idée de rejeter l’Ancien Testament sous prétexte que le Nouveau l’aurait rendu caduc (Marcionisme).

    Le Nouveau Testament

    Art. 124 " La Parole de Dieu qui est une force divine pour le salut de tout croyant, se présente dans les écrits du Nouveau Testament et sa puissance s’y manifeste de façon singulière " (DV 17). Ces écrits nous livrent la vérité définitive de la Révélation divine. Leur objet central est Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, ses actes, ses enseignements, sa passion et sa glorification ainsi que les débuts de son Église sous l’action de l’Esprit Saint (cf. DV 20).

    Art. 125 Les Évangiles sont le cœur de toutes les Écritures " en tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et sur l’enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur " .

    ...

    L’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament

    Art. 128 L’Église, déjà aux temps apostoliques (cf. 1 Co 10, 6. 11 ; He 10, 1 ; 1 P 3, 21), et puis constamment dans sa Tradition, a éclairé l’unité du plan divin dans les deux Testaments grâce à la typologie.Celle-ci discerne dans les œuvres de Dieu dans l’Ancienne Alliance des préfigurations de ce que Dieu a accompli dans la plénitude des temps, en la personne de son Fils incarné.

    Art. 129 Les chrétiens lisent donc l’Ancien Testament à la lumière du Christ mort et ressuscité. Cette lecture typologique manifeste le contenu inépuisable de l’Ancien Testament. Elle ne doit pas faire oublier qu’ilgarde sa valeur propre de Révélation que Notre Seigneur lui-même a réaffirmée (cf. Mc 12, 29-31). Par ailleurs, le Nouveau Testament demande d’être lu aussi à la lumière de l’Ancien. La catéchèse chrétienne primitive y aura constamment recours (cf. 1 Co 5, 6-8 ; 10, 1-11). Selon un vieil adage, le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien, alors que l’Ancien est dévoilé dans le Nouveau : " Le Nouveau se cache dans l’Ancien et dans le Nouveau l’Ancien se dévoile " (S. Augustin, Hept. 2, 73 : PL 34, 623 ; cf. DV 16).

  • @ tchantchès ... Tout cela est vrai et fort bien dit. Mais pour moi, cela n'enlève rien au fait que l'Esprit Saint a continué d'inspirer pendant 2000 ans de véritables prophètes pour l'Église catholique. Ces extraits du catéchisme citent d'ailleurs saint Augustin, dont les écrits inspirés ne font pas partie de la Bible. Il me semble donc que le principe protestant de « la Bible seule » est hérétique. En ce sens qu'il est différent de dire comme les catholiques que notre foi repose sur tout ce que nos prédécesseurs nous ont légué par écrit, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, ou de dire comme les protestants que leur foi repose exclusivement sur ces livres-là.
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    Personnellement, je n'arrive pas à séparer les Prophètes qui ont écrit l'Ancien Testament, et les Apôtres qui ont écrit le Nouveau Testament, de tous les Pères et Docteurs de l'Église qui nous ont éclairés depuis lors. Je me félicite d'ailleurs que Belgicatho nous rapporte souvent leurs écrits, ou les commentaires de Benoît XVI à leur sujet. On peut même se demander si la messe ne pourrait pas contenir l'une ou l'autre de ces lectures, en complément aux lectures actuelles. L'Église catholique est bien bâtie sur Pierre, mais nombreuses sont heureusement les autres pierres qui ont fait grandir cette Église depuis lors.
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    Et les pierres les plus nombreuses, pendant ces 2000 ans, n'ont même laissé aucun écrit, si ce n'est le témoignage rapporté par d'autres, de leur vie ou de leur mort comme martyr. D'ailleurs Jésus Lui-même n'a laissé aucun écrit, seulement le témoignage de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Les plus grands missionnaires ont-ils jamais converti la moindre personne en lui faisant lire des livres, ou plutôt par le témoignage de leur vie ou de leur mort ? L'Église catholique ne devrait-elle pas essayer d'être comme toute la Création, une sorte de grand Livre écrit par Dieu Lui-même, que les non catholiques pourraient 'lire', quelle que soit leur langue et leur niveau d'instruction ? L'Église catholique, création de Dieu qui serait aussi lisible par les hommes que toute la Création, n'est-ce pas un beau programme ?

  • @ pauvre job

    Je suis peut-être à vos yeux un fondamentaliste, mais il me semble qu’il y a une différence de nature entre l’Ecriture Sainte, contenue dans les livres canoniques, et les écrits de ses exégètes : la première fait partie de la Révélation et celle-ci est close depuis la mort du dernier apôtre du Seigneur.

    Ceci dit, je ne déifie pas l’Ecriture Sainte :

    d'une part, le christianisme est d’abord fondé sur une Personne;
    d'autre part les livres saints doivent être lus à la lumière de la Tradition et de l'Esprit qui guide le Magistère.

  • @ tchantchès ... Il me semble que le fondamentalisme est plutôt le propre des hérésies protestantes, avec leur 'sola scriptura' et la Bible apprise par cœur. Sur le modèle des fondamentalistes musulmans organisant des concours de récitation par cœur du Coran. Ce fondamentalisme-là est pour moi une tentation pharisienne, de celui qui prétendrait connaître et donc suivre la Loi mieux que tout autre. Et surtout bien mieux que ces pauvres catholiques, publicains et pécheurs.
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    Il me semble que, comme catholiques, nous devons au contraire toujours garder le modèle du pauvre publicain, qui se reconnaît pécheur et imparfait devant Dieu, qui est Lui seul la Loi (le Chemin, la Vérité et la Vie). Nul de nous ne détient la Loi, ce serait nous égaler à Dieu. Nous passons simplement notre vie à la chercher, par amour pour Elle, et parce qu'Elle est Dieu. Ce que l'on croit détenir, on ne le cherche plus. C'est peut-être bien ça le critère du fondamentalisme ? Tant que l'on est en recherche, on pourrait se dire que ça va encore, qu'on n'est pas encore devenu 'trop fondamentaliste'. Comme Belgicatho est pour moi un exemple de recherche de vérité, et non de prétention de détenir et asséner la vérité, je pense honnêtement que nous nous trouvons très loin d'un fondamentalisme ou d'un pharisianisme.
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    Je vois un autre risque 'collatéral'. Celui d'un pauvre publicain catholique qui croirait que peut-être le pharisien protestant serait un modèle à suivre, à imiter, à égaler ou surpasser, dans sa connaissance de la 'sola scriptura'. Et qui donc se lancerait alors dans une espèce de concours, à celui qui connaîtrait le mieux et qui suivrait le mieux la Loi. Mais comme, selon moi, cela n'est pas de Dieu (de la Loi de Dieu, le Chemin, la Vérité et la Vie) ils n'arriveraient de toutes façons jamais à se départager dans ce concours trompeur, organisé en fait par le grand Diviseur des hommes.

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