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En marge du prochain voyage papal : l’accord économique, pomme de discorde entre Israël et le Saint-Siège

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Depuis 1993, un accord économique est en négociation entre Israël et le Saint-Siège pour régler des questions de propriété et de fiscalité. Mais les discussions traînent en longueur, butant entre autres sur le refus d’Israël de restituer à l’Église des biens confisqués en 1948. Il est improbable que la prochaine visite du pape suffise à arranger les choses. Les Israéliens n’ont pas la réputation d’être accommodants  sur ce type de dossiers…

JPSC

Extrait de l’article paru dans le journal « La Croix » sous la signature de Anne-Bénédicte Hoffner :

En 1993, le Saint-Siège avait officiellement reconnu Israël et tous deux avaient établi des relations diplomatiques. Quatre ans plus tard, Israël reconnaissait la personnalité juridique de l’Église catholique en Terre sainte. Mais il reste toujours à se mettre d’accord sur le volet économique de l’Accord fondamental de 1993 : malgré des rendez-vous fréquents, suivis de communiqués systématiquement encourageants, les négociations traînent en longueur.

En cause : la restitution de certains biens immobiliers revendiqués par l’Église, et le statut fiscal de ses propriétés. Alors qu’Israël avait accepté, en 1948, de continuer à appliquer les accords de Mytilène (1901) passés avec l’Empire ottoman et exonérant les institutions chrétiennes de taxe foncière locale, l’État hébreu souhaite aujourd’hui remettre en cause cette exemption. Depuis quelques années, de nombreuses communautés religieuses – y compris à Jérusalem-Est, annexée depuis 1967 – reçoivent des factures, incluant souvent des années d’arriérés, auxquelles, pour le moment, elles ne donnent pas suite. À mots couverts, elles assurent que la présence de plusieurs d’entre elles serait menacée par le paiement de cette taxe.

Protectrice des communautés catholiques et des Lieux saints en Israël et en Palestine, la France plaide pour que « l’accord économique avec le Saint-Siège ne porte pas atteinte à ces droits anciens », comme l’a récemment rappelé le conseiller aux affaires religieuses du ministère des affaires étrangères, Roland Dubertrand, lors d’un colloque à l’Université catholique de Lyon. « Mais les Israéliens, eux, veulent renégocier un accord ex nihilo », constate une source catholique. Ils craindraient notamment que cette exemption ne crée un précédent, encourageant d’autres organisations religieuses à exiger le même avantage.

Quels sont les points litigieux ?

« Les discussions sur le volet fiscal sont presque achevées », assure ce responsable catholique. Seuls les accueils de pèlerins devraient continuer à être exemptés de taxe. Mais il reste à trouver les critères permettant de les distinguer des hôtels pour touristes : le prix de la chambre ? Les heures d’ouverture ? Une télévision dans les chambres ? Il est en tout cas déjà entendu que le centre Notre-Dame de Jérusalem, racheté en 1990 par les Légionnaires du Christ, sera considéré comme hôtel.

Les négociations les plus vives portent sur la restitution à l’Église de plusieurs bâtiments. Le cas du Cénacle de Jérusalem, lieu du dernier repas de Jésus avec les apôtres et de la Pentecôte, est emblématique : restauré par les Franciscains en 1335 et aujourd’hui englobé dans un bâtiment de deux étages – abritant une synagogue réputée abriter le tombeau du roi David –, il peut se visiter mais tout culte y est interdit.

À la rumeur d’une restitution à l’Église catholique, des juifs ultra-orthodoxes y ont récemment manifesté, appelant le pape « à rester à Rome »…

Dans un article publié lundi 19 mai, Zion Evrony, ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, assure au quotidien Haaretz que « l’État d’Israël n’a pas l’intention de transférer la souveraineté ou la propriété du Cénacle ou tout autre bâtiment sur le Mont-Sion au Vatican » même si le pape François y a été exceptionnellement autorisé à y célébrer une messe, lundi à 17 heures. (…).

Ref. L’accord économique, pomme de discorde entre Israël et le Saint-Siège

 

Commentaires

  • « Les Israéliens n’ont pas la réputation d’être accommodants sur ce type de dossiers… ». D'autant plus que l'État d'Israël n'a pas l'air de vouloir sévir contre les dégradations de lieux de culte catholiques ou orthodoxes déjà existants. Et a-t-on jamais vu un geste de bonne volonté des autorités religieuses juives envers les catholiques ou les orthodoxes ? Ils semblent n'avoir toujours pas digéré qu'un certain Jésus de Nazareth leur ait dit que Dieu était Père de tous les hommes, juif ou non juif.

  • C'est vrai que ni l'Etat ni les structures religieuses en Eretz Israël ne font preuve d'un "oecuménisme" débordant, au sens interreligieux du terme. L'Etat est depuis toujours animé par une optique politique jouant sur une interprétation laïque de la promesse faite à Abraham et à Jacob ( c'est ce qu'on appelle le sionisme ) et la religion est depuis longtemps dominée par des déviances qui n'ont plus grand'chose à voir avec la Torah de Moïse ( rabbinisme, talmudisme, kabbalah, etc...).
    Que reste-t-il là-bas du judaïsme que le christianisme a intégré jadis dans sa doctrine ? Pas étonnant donc qu'on y rencontre surtout des désaccords...

  • @ eleison ... Je me demande bien à quelle(s) conception(s) du monde se rattachent, depuis 2000 ans, les juifs qui n'ont pas voulu suivre le Christ ? En quoi ont-ils foi ? Sont-ils persuadés que tous les hommes sont frères ? Sont-ils créationnistes (*) comme les protestants et musulmans (* croire que le livre de la Genèse contient des vérités scientifiques) ? En sont-ils restés à l'Ancien Testament ou leur pensée a-t-elle évolué depuis lors ?

  • De très bonne heure, surtout après la captivité de Babylone et notamment au temps du Christ, le judaïsme a connu des tendances divergentes, un peu sur le mode protestant, en vertu d'une sorte de libre examen des textes et en l'absence d'une autorité centralisatrice.
    Le christianisme emprunta à quelques-unes de ces tendance, baptistes et esséniens par exemple, mais surtout et paradoxalement aux pharisiens, dans ce qu'ils n'avaient pas d'excessif ( immortalité de l'âme, résurrection des morts, jugement dernier, existence des anges et celle des esprits ).
    Beaucoup de ces mouvements disparurent après la destruction du 2e temple et d'autres apparurent au fil des siècles et jusqu'à récemment encore. La diversité des opinions est telle qu'il est impossible aujourd'hui de répondre à vos questions vu qu'il n'y a pas d'unanimité dans l'interprétation des textes fondateurs, loin s'en faut . Idem dans l'islam d'ailleurs. Il leur manque à tous un "Vatican" pour les mettre d'accord mais, manifestement, cela ne les intéresse pas.

  • @ eleison ... Il me semble que la différence ne se situe pas seulement dans l'existence du Vatican, même si celui-ci est essentiel pour les catholiques et leur unité.
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    La différence serait aussi selon moi dans la relation aux textes. Les catholiques sont de très bons lecteurs des textes écrits par leurs prédécesseurs dans la foi, mais ils n'en font pas des textes sacrés ou exclusifs. Ils savent que ce sont des textes écrits par des hommes. Alors que les juifs, les musulmans et les protestants en font quasiment des textes sacrés, écrits ou au moins dictés par Dieu Lui-même. Je crois que cela revient à idolâtrer des œuvres humaines, aussi respectables que soient les hommes qui les ont écrites.
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    En fait, les catholiques seraient plutôt faits sur le modèle de saint François d'Assise. Ils savent que le seul Livre écrit par Dieu, c'est la Création elle-même. Le seul Livre sacré pour eux, c'est donc la Création de Dieu. Et c'est en apprenant à lire comme il faut ce Livre, et donc à l'aimer, que Dieu se révèle à eux. Et ce Livre a un immense avantage sur des livres écrits par les hommes. En effet, il est unique, et donc commun à tous les hommes. Et il ne faut même pas être lettré pour le lire, un enfant peut mieux le comprendre qu'un grand théologien. Même un aveugle, sourd, muet, paralytique, peut le lire en sentant la brise du vent ou la chaleur du Soleil sur son visage, ou en humant le parfum des plantes et des fleurs.
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    Ceux qui ont écrit les différents livres de la Bible n'avaient eux-mêmes que ce grand Livre de la Création à leur disposition pour tenter de comprendre Dieu et de découvrir sa volonté pour ce monde. En lisant la Bible, nous ne découvrons pas Dieu, mais leur foi en Dieu et leur façon de découvrir Dieu, dans le gazouillis de l'oiseau ou le murmure du ruisseau. Lire la Bible, c'est une sorte d'invitation à la lecture du Livre de la Création pour y découvrir Dieu.
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    Lorsque Jésus nous demande d'aimer Dieu et notre prochain, je crois que c'est une invitation à aimer le Créateur et sa Création, ou à aimer le Créateur à travers sa Création. Aimer sa Création nous fait aimer le Créateur, même si Celui-ci nous reste inconnu.

  • A propos des juifs (et aussi les musulmans, les protestants ...), vos réactions sont lamentables !
    Et le mot est faible !

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