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Quand la charia s'installe à Mossoul

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Sur le site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France):

IRAK : quand la charia s’installe à Mossoul

Le 28 juillet 2014

La peur et la panique continuent de se déverser sur Mossoul et ses environs alors que la charia s’impose comme nouvelle loi. Le Père Anis Hanna, dominicain, dresse un bilan détaillé de la situation à Mossoul en ce 28 juillet, jour de l’Aïd el fitr, – la fin du Ramadan- et jour de nouvelles conquêtes pour l’Etat Islamique.

La situation est dramatique à Mossoul.

1- Application de nouvelles lois.

Lundi 28 juillet 2014 c’est le ‘aïd el-fitr (fête de la rupture du jeûne), la fin du Ramadan. Ce n’est pas une grande joie pour les habitants de Mossoul car les nouvelles lois de l’Etat islamique seront appliquées et sans que le peuple puisse donner son avis.

Des familles musulmanes quittent régulièrement la ville de Mossoul. Ces gens racontent ce qui se passe sur place. Un avocat qui s’occupait des propriétés immobilières des archevêchés de Mossoul n’a pas caché sa peur personnelle. Il raconte le drame que vivent les habitants de Mossoul, surtout les modestes gens, les modérés, les intellectuels, avocats, médecins, lettrés, professeurs, etc.

Actuellement, les musulmans de Mossoul sont tous de confession sunnite car les chiites ont pris la fuite de peur d’être massacrés par l’EIIL. Les chrétiens ont été dépouillés et expulsés. Tous les habitants de Mossoul ont été informés des nouvelles lois et de toutes les informations provenant du quartier générale de l’EIIL à partir des mosquées, lieux privilégiés que l’Etat islamique possède.

Parmi les nouvelles lois, les hommes et les femmes seront interdits de s’habiller à l’occidentale. Les pantalons sont interdits et toute mode occidentale interdite. Les hommes s’habilleront à la manière afghane, d’une sorte de chemise longue jusqu’aux genoux et d’un sarwal (ou sarouel, sorte de pyjama). Ils devront se laisser pousser la barbe et se raser la tête et les moustaches.

Quant aux femmes qui n’ont plus le droit de travailler à l’extérieur de leur maison, elles doivent être voilées de la tête aux pieds. Et si jamais une femme désire sortir de chez elle, un homme de sa famille doit l’accompagner, sinon elle n’a pas le droit d’être dehors.

Les magasins vendant de l’alcool, les salons de coiffure, de beauté, les magasins de produits de beauté sont désormais interdits. La télévision ne peut plus diffuser ni des programmes culturels, ni des comédies. Pas de chaînes télévisées, pas de chanson ni de musique, pas de théâtre, pas d’artistes, ni de poètes. Bref, tout art est interdit. Aucune place pour les artistes dans l’Etat islamique de Mossoul! Un de mes amis de faculté, Wathiq, a été mis à mort avec d’autres personnes parce qu’ils travaillaient pour une chaîne de télévision à Mossoul.

En outre, l’État islamique a aboli le système judiciaire de la ville. C’est la loi de la charia qui désormais vaut.

Pire encore, les mariages forcés. Les jihadistes de l’Etat islamique obligent les habitants de Mossoul de leur offrir leurs jeunes filles. Les parents doivent obéir sans poser de question ; les jeunes filles ne doivent absolument pas donner leur avis.

Les habitants de Mossoul qui avaient accueilli les jihadistes de l’Etat islamique au début de juin dernier se mordent maintenant les lèvres regrettant cette nouvelle situation imposée par ces combattants de l’islam sunnite dont beaucoup sont des mercenaires étrangers au pays. Ce n’est en vérité qu’un autre visage de Al-Qaïda.

2 – Démolition totale des lieux de cultes à Mossoul (églises et mosquées). 

Après avoir détruit la statue de la très sainte vierge Marie qui surplombait l’évêché des Chaldéens, les terroristes de l’Etat islamique ont incendié l’archevêché des Syriaques Catholiques avec tout ce qu’il contenait. Ils ont mis la main sur la très belle église de saint Ephrem des Syriaques Orthodoxes et ils l’ont convertie en mosquée, après l’avoir profanée et dépouillée de tous les objets sacrés. Ils ont pris le monastère des saints martyrs Bihnam et Sarah. Ils ont chassé les moines qui y vivaient. Les moines sont sortis seulement avec leurs vêtements. Le couvent saint Georges (Mar Guéwargues) au nord de Mossoul a été pris par les terroristes.

Mais les terroristes ne s’arrêtent pas là. Ils détruisent aussi les mosquées chiites. Trois mosquées chiites ont été dynamitées.

Et ce qui est très étrange aux yeux des habitats sunnites de Mossoul, c’est de voir leurs propres lieux de culte sunnite eux aussi démolis. La mosquée de Nabi Yonis (une ancienne église), la mosquée de Nabi Girgis, la mosquée de Nabi Chit, la mosquée d’ l’imam Salih, la mosquée de l’Imam Aoun Elddin et d’autres.

Les habitants sunnites de Mossoul qui avaient bien accueilli ces terroristes en croyant qu’ils allaient les libérer du régime chiite de Bagdad, commencent maintenant à le regretter amèrement. Ils constatent les actions insupportables des terroristes islamiques dans leur ville.

3 – L’Etat islamique et la conquête des villes et villages chrétiens de la plaine de Mossoul.

L’Etat islamique propage des informations selon lesquelles le premier jour de la fête d’el-fitr, ce 28 juillet 2014, sera celui de la conquête des villes et des villages chrétiens de la plaine de Mossoul. Parmi ces villes et villages il y a Qaraqosh (45.000 habitants), Barttillah (entre 20 et 30.000 habitants), Karemlesse (5.000 habitants), Telkeff (30.000 habitants), Tellesqif (8.000 habitants), Batnayia (5.000 habitants), Alqoch et d’autres villes importantes.

Évitements la peur et la panique dominent toutes ces villes. Les habitants ont quitté leurs villes pour trouver provisoirement refuge dans le Kurdistan. L’archevêque des Syriaques Catholiques, résidant à Qaraqosh, a informé les habitants de la ville par un communiqué. Il encourage ses fidèles à rester dans la ville pour être unis dans la force et dans l’espérance. Il dénonce toute propagation de fausses informations visant à détruire le moral des habitants de Qaracosh. Il exprime sa reconnaissance à l’égard des troupes militaires du Kurdistan qui sont venus protéger la plaine de l’ennemie. Il regrette beaucoup le départ et la fuite des habitants de sa ville. Mais il a laissé le choix et la liberté à  ceux qui veulent partir ou même émigrer.

La situation est très tendue. Personne ne sait ce qui se passera demain ou après-demain. Tout le monde vit avec la peur au ventre. Les habitants de Qaraqosh ont en mémoire les pluies de mortiers tombées sur leur ville, la guerre menée par l’État islamique contre leur ville il y a un mois, les humiliations subies par les familles chrétiennes de Mossoul, leur dépouillement total, et leur perte matérielle.

Père Anis Hanna, o.p. (27 juillet 2014)

Commentaires

  • Que font d'autre ces islamistes que ne faisaient déjà les païens révolutionnaires ou napoléoniens au 18ème et au 19ème siècle en Europe ? Au nom de prétendues "lumières philosophiques" ils ont saccagé ou pillé tous les symboles du christianisme catholique, en massacrant ceux qui s'y opposaient.
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    Que font d'autre ces islamistes que n'ont fait déjà les païens révolutionnaires marxistes au 20ème siècle en Europe ? Au nom de prétendues "luttes des classes" ils ont saccagé ou pillé tous les symboles du christianisme orthodoxe, en massacrant ceux qui s'y opposaient.
    .
    Quand les islamistes ont vu la façon barbare dont les païens européens traitaient leurs propres chrétiens, ils se sont demandés pourquoi ils se gêneraient avec les leurs. Ce fut déjà le cas en Turquie. Au début du 20ème siècle, il y avait encore plus de deux millions de chrétiens dans ce pays. Il y en a moins de cent mille aujourd'hui, à peine tolérés. Et tout cela s'est fait aussi dans l'indifférence de l'Europe païenne.
    .
    La seule différence est qu'au 21ème siècle, les moyens de communication sont tels que ces massacres, saccages et pillages passent moins inaperçus. Mais l'Europe paganisée se montrera tout autant indifférente.

  • Lors de l'homélie d'hier, le prêtre a longuement parlé des drames qui ensanglantent le Moyen-Orient et de l'épuration des chrétiens de la terre d'Irak, en reprenant ce signe destiné à stigmatiser les chrétiens, pour mieux confisquer leurs biens. Il parlait de la lettre N (noun), "semblable à un sourire".

    Mais il ne s'est pas arrêté là. Il a été très courageux (le contraire d'un lâche). Il a lu des extraits du Coran. Il ne s'agit pas d'attaquer des personnes mais simplement de réfléchir et d'ouvrir les yeux.

    Coran 8:29
    "Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent la capitation par leurs propres mains, après s'être humilies."

    Coran 8:1
    "Au nom d'Allah le Très Miséricordieux. Ils t'interrogent au sujet du butin. Dis : "Le butin est à Allah et à Son messager." Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants."

    Coran 9:29
    "Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Jour dernier, ceux qui ne s’interdisent pas ce que Dieu et Son Prophète ont déclaré interdit , ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils versent directement la capitation en toute humilité !"

  • @ philippe ... Aurait-il aussi le "courage" de citer quelques versets des livres du prophète païen Voltaire, sur la façon de traiter les "abominables juifs", les "infâmes catholiques" et toutes les "races inférieures" peuplant la Terre ? On y trouverait pourtant la source de toutes les horreurs que le monde a connues ces trois derniers siècles, à cause de ces "lumières voltairiennes" qui ont fait plonger l'Europe et le monde dans le pire paganisme matérialiste.
    .
    Je crois cependant que le rôle du prêtre n'est pas de stigmatiser ceux qui nous persécutent au nom de l'un ou l'autre prophète, mais de prier Dieu pour donner aux catholiques la force de subir les persécutions, tout en continuant à aimer les persécuteurs et à prier pour eux.

  • Pauvre Job

    Espérez-vous que je réponde à votre question: "aurait-il aussi le "courage" de... "? Je ne peux pas répondre à sa place. Mais je n'ai aucune raison de douter qu'il le ferait. Il s'agit ici d'une mise en perspective par rapport à un contexte PRECIS. Le courage n'est pas une qualité à géométrie variable, et tant pis s'il gêne le politiquement correct. Dans le même ordre d'idée, on pourrait citer l'exemple de Clemens August von Galen, défiant le Reich suite à la politique diabolique d'euthanasie menée par les nazis. Je ne vois pas très bien en quoi un prêtre, ou n'importe qui d'ailleurs, parviendrait à éveiller les consciences en rassemblant pêle-mêle dans une même réflexion toutes les aberrations, tous les appels haineux produits par des cerveaux malades depuis que le monde existe.

    Il s'agit ici d'une idéologie qui prétend dicter sa loi à plus d'un milliards de personnes vivant non pas à l'époque des lumières, mais aujourd'hui. Et même si Voltaire s'est fourvoyé en écrivant des horreurs à propos des Juifs, il existe des lois, au moins dans notre pays, qui condamnent l'anti-sémitisme et le racisme. Par contre, je me demande comment la justice réagirait si certains de ses livres étaient écrits aujourd'hui. Cette remarque ne se limite pas aux seuls livres qu'il a écrits.

    Ceci me conduit à m'étonner pour le moins, quand je lis, de votre part: "je crois que le rôle du prêtre n'est pas de stigmatiser ceux qui nous persécutent...". Il n'est pas question de stigmatiser des personnes, et ce n'est pas ce que j'ai écrit. Ce n'est pas ce que le prêtre a dit et ce n'est pas non plus ce qu'il a à l'esprit. Dans mon commentaire précédent, j'avais précisé (par anticipation, disons-le clairement, et d'ailleurs je le pense) ceci: "Il ne s'agit pas d'attaquer des personnes mais simplement de réfléchir et d'ouvrir les yeux".

    Il ne faudrait quand même pas renverser les rôles. C'est du reste exactement la position du Père Henri Boulad, plus que bien informé de la situation. C'est en cela que je trouve ce type de positions courageuses, parce que c'est une exigence de vérité. C'est ce même chemin qui n'est pas un prétexte pour stigmatiser, mais bien appel à la conscience, qu'on retrouve dans le très beau témoignage de Joseph Fadelle dans "le prix à payer".

    L'idéologie de Voltaire est assez facilement identifiable. Une autre l'est beaucoup moins et certains passages (dont ceux que j'ai cités) sont de nature ou bien à abandonner des illusions (si on en avait encore, en Occident) ou bien à réfléchir, compte tenu d'un dilemme quasi schizophrène, intenable, sauf au prix du passage de l'état de croyant à celui d'agnostique ou d'athée, ou d'une conversion au christianisme, ou bien à une autre religion encore. Il est vrai que ce mot, "conversion", ne se retrouve pas très souvent dans les écrits du Cardinal Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Aurions-nous aussi le courage de citer d'autres religieux, en Belgique, qui s'en abstiennent tout autant ?

    Alors, évidemment, un chrétien doit prier Dieu pour le pardon des offenses et des persécutions. Nous le faisons tous les jours dans le Notre Père. C'est une invitation que le Père Boulad et tous les chrétiens d'Irak, de Syrie et d'ailleurs ne renieraient pas. Mais ils attendent sans doute autre chose de nous, en plus. On ne peut pas rester sans rien faire.

    On pourrait dire aussi... oh plein de choses ! Vous le savez bien. On pourrait dire que la beauté de l'Evangile se suffit à elle-même. L'Histoire ne l'entend malheureusement pas ainsi.

    Je ne crois pas que Voltaire soit la source de toutes les horreurs que subit le monde. Non. Voltaire n'est qu'un exécutant (nuisible), comme il y en a eu d'autres, comme il y a eu plein de faux prophètes, annoncés par le Christ.

    Le véritable nuisible est plus profond, et nous le connaissons bien.

    "Seigneur, n’as–tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?
    Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux–tu que nous allions l’arracher ?
    "Non, dit–il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé.
    Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d’abord l’ivraie, et liez–la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier."

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