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  • Annie Laurent : les chrétiens d’Irak ne sont pas une minorité comme les autres

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    L’hebdomadaire « Famille chrétienne » a eu la bonne idée d’interroger l’une des personnes les mieux informées sur la question des chrétiens du Proche-Orient :

    0_Annie-Laurent.jpg« L’invasion de l’Irak par les jihadistes de l’État islamique s’inscrit dans l’affrontement sanglant que se livrent sunnites et chiites depuis des siècles. Dans ce conflit séculaire, les chrétiens essayent de jouer un rôle de médiateur. Éclairage avec Annie Laurent, docteur d’État en sciences politiques, journaliste et auteur en 2008 de Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ? (éd. Salvator)

    Qui sont les jihadistes de l’État Islamique ? D’où viennent-ils et qui sont-ils ?

    Ce sont des combattants sunnites, qui émanent d’une dissidence d’Al Qaïda, apparue dans le nord de la Syrie, quelques mois après le début de la révolte contre le président Bachar el-Assad. Ils ont pris le contrôle d’une grande partie du nord-est de la Syrie à partir de la moitié d’Alep et jusqu’à la frontière irakienne. Ils ont sous leur contrôle un territoire assez important en Syrie, et contrôlent maintenant près de la moitié de l’Irak.

    Ils viennent des pays arabo-musulmans, dont la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak… Leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi, alias calife Ibrahim, est lui-même irakien. Son nom signifie « de Bagdad ».

    Pourquoi ces jihadistes veulent-ils s’emparer de l’Irak ?

    Il faut situer ces événements dans le contexte régional de l’antagonisme séculaire entre le monde sunnite et le monde chiite. Pendant des siècles, les sunnites ont dominé la Mésopotamie, c’est-à-dire l’actuel Irak. En 2003, grâce à la guerre menée par les Américains contre Saddam Hussein, les chiites – devenus majoritaires dans le pays (+ de 60 % de la population) – ont pris leur revanche contre les sunnites.

    Furieux que le pouvoir leur ait échappé, les sunnites s’efforcent aujourd’hui de reconquérir le pouvoir. Le comportement sectaire de l’actuel Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a profondément choqué les sunnites. C’est la raison pour laquelle les jihadistes ont bénéficié, dans les premiers temps de leur offensive, du soutien des tribus traditionnelles et même d’anciens militants du parti baas de Saddam Hussein. Mais devant les horreurs perpétrées par les jihadistes, ces derniers commencent amèrement à regretter ce soutien.

    Peut-on parler d’un règlement de compte entre musulmans ?

    On passe sans cesse d’une revanche à l’autre. Les sunnites veulent briser l’arc chiite qui s’est formé après la révolution de Khomeini en Iran en 1979. Quand il a renversé le Shah, Khomeini a voulu étendre sa révolution en créant le Hezbollah au Liban, puis, pour assurer une continuité territoriale, il a conclu une alliance avec la Syrie de Hafez el-Assad, le père de Bachar. Non pour des raisons confessionnelles – la parenté chiite-alaouite n’était qu’un prétexte –, mais pour des raisons stratégiques. Dans cet axe Iran-Syrie-Liban, l’Irak occupe une place centrale : d’une part parce que la population y est majoritairement chiite, d’autre part car le pays abrite les deux principaux lieux saints des chiites où sont enterrés Ali, cousin de Mahomet, et son fils Hussein, assassinés tous les deux au VIIe siècle.

    L’origine du conflit irakien est donc la même qu’en Syrie.

    C’est la même chose. Les alaouites – branche dissidente des chiites – ont le pouvoir depuis 1970. Pendant des siècles, ils ont été persécutés jusqu’à ce qu’ils s’emparent du pouvoir en 1970 grâce à Hafez el-Assad. Ce fut pour les alaouites une revanche sur une histoire extrêmement douloureuse. Avec les révoltes arabes, le monde sunnite a pensé que le moment était venu d’en finir avec le régime alaouite.

    Qui finance les jihadistes de l’État Islamique ?

    Ce sont les autres pays sunnites – très riches – de la région, notamment l’Arabie Saoudite et les émirats de la péninsule (Oman…). Leur haine vis-à-vis des chiites et des alaouites, qui remonte aux origines de l’Islam, est à peine dissimulée. Ainsi, très peu de temps après la révolte en Syrie, tous les appels à la prière en Arabie Saoudite étaient complétés par l’invocation suivante : « Que Dieu nous envoie le moujahid (combattant) capable d’abattre le traitre Bachar el-Assad ».

    Faut-il pour autant regretter les dictatures arabes ?

    Aussi bien en Syrie qu’en Irak, les régimes du Baas – que ce soit celui de Saddam Hussein en Irak ou Bachar el-Assad en Syrie – ont eu au moins le mérite de pacifier les relations entre des communautés qui ne s’aimaient pas. D’ailleurs, les chrétiens en ont bénéficié et certains regrettent ce temps-là.

    Les Occidentaux ont-ils intérêt à ce qu’un état sunnite émerge à côté de l’Iran ?

    Normalement, leur intérêt serait de rechercher la stabilité de ces États, avec leur dimension multiconfessionnelle. Mais je pense qu’il faut plutôt aborder la question du point de vue d’Israël. Le chaos du Proche-Orient peut être une occasion opportune pour l’État Hébreu de voir la région éclater en entités ethniques et/ou confessionnelles. Selon eux, cette nouvelle configuration les laisserait tranquilles en déplaçant le conflit.

    Comment jugez-vous l’absence de réaction des Occidentaux pendant plusieurs semaines vis-à-vis des chrétiens d’Irak ?

    Je suis très choquée par leur attitude. Les Occidentaux sont incapables de comprendre ce que les chrétiens au Proche-Orient ont de spécifique, et ce qu’ils peuvent et doivent apporter aux sociétés dans lesquelles ils vivent.

    Ils ne sont pas une minorité à côté d’une autre. Ils peuvent apporter le progrès, l’ouverture, les valeurs de l’Évangile – comme le pardon par exemple –, le sens de la gratuité ou encore celui du bien commun… Alors que les chrétiens sont minoritaires, leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs œuvres sociales attirent beaucoup de familles musulmanes. L’élément chrétien sert l’unité au Proche-Orient. Comment le faire comprendre à nos dirigeants aveuglés par leur laïcisme ?

    Les États-Unis ont-ils raison de procéder à des frappes aériennes ?

    Je crains que ces frappes n’aggravent encore plus le chaos. Les musulmans en Orient considèrent les chrétiens de leur pays comme des alliés de l’Occident. Quelle sera leur réaction ? Mais si l’Irak en est arrivée là aujourd’hui, c’est bien à cause des Américains. Ils ont commis leur plus grave erreur en 2003, lorsqu’ils ont engagé leur guerre contre Saddam Hussein et ont cru pouvoir imposer la démocratie. Ça ne s’impose pas la démocratie.

    Comment aider les chrétiens à rester ?

    Nous ne devons surtout pas, sous prétexte d’assurer leur protection, les cantonner dans des zones où ils seraient seulement entre eux. Ce serait criminel, car on empêcherait les chrétiens d’accomplir leur vocation qui est au service de tous. À terme, ce serait les conduire à leur disparition. Nos gouvernants doivent au contraire exiger de nos partenaires un statut de pleine citoyenneté pour les chrétiens.

    Ref. « Les chrétiens d’Irak ne sont pas une minorité comme les autres »

    Annie Laurent est titulaire d’une maîtrise en droit international et d’un doctorat d’Etat en sciences politiques pour une thèse sur « le Liban et son voisinage ». Connaissant le Proche-Orient (où elle a vécu) depuis 1980, elle s’est spécialisée dans les domaines touchant aux questions politiques de cette région, à l’islam, aux chrétiens d’Orient et aux relations interreligieuses. Auteur de plusieurs livres sur ces sujets, Annie Laurent est aussi à l’origine de l’association « Clarifier ». Le pape Benoît XVI l’avait nommée experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, qui s’est tenu à Rome en octobre 2010. JPSC

  • Irak : il faut intervenir militairement

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    Lu sur RTL.be :

    Des dizaines de milliers de chrétiens en passe de mourir en Irak: "La Belgique doit envoyer son armée"

    Simon Nagem, médecin en Belgique et porte-parole du comité de soutien aux chrétiens d’Orient, était l’invité du 13h de RTL-TVI ce dimanche. Il a plaidé pour que la Belgique et les autres pays d’Europe ne se contentent pas d’assurer l’aide humanitaire en Irak, où 200.000 personnes, selon l’ONU, ont été déplacées depuis le début de l’offensive des djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EI), des terroristes islamistes sunnites.

    Depuis le 9 juin, les djihadistes de l’EI, venus de la Syrie voisine -où ils avaient combattu le régime de Bachar Al-Assad en recrutant des extrémistes y compris en Europe et en Belgique- s’en prennent aux minorités d’Irak. Ils ont envahi la province de Ninive et se sont emparés de Mossoul, la deuxième ville du pays. "C’est un drame humanitaire. Ce sont des atrocités qui se passent là-bas. Les chrétiens et les autres minorités sont sommés de partir ou de mourir. Les djihadistes sont sans pitié. Ils rasent tout sur le passage. On sait qu’ils ont tué toutes les familles, surtout les vieillards, qui sont restés à Mossoul ou à Karakoch (la plus grande ville chrétienne d'Irak). Par ailleurs, ils kidnappent les filles pour l’esclavage. C’est dramatique ce qui se passe", a rappelé M. Nagem.

    Une cinquantaine d'enfants sont déjà morts de faim et de soif

    En tout, ce sont 200.000 personnes qui ont été déplacées du Kurdistan irakien, une région autonome située juste au sud de l’extrême-est de la Turquie, fuyant les djihadistes. Actuellement, beaucoup de chrétiens et de Yazidis, une minorité kurdophone non-musulmane, sont réfugiés sur les monts Sinjar, sous une chaleur étouffante avec peu d'eau et de nourriture. "Certains sont dans les montagnes. C’est pour cette raison que le largage de l’aide humanitaire est la bienvenue. Il y a une cinquantaine d’enfants qui sont morts de faim et de soif actuellement", selon les informations de Simon Nagem. 

    Pour que la Belgique envoie des avions effectuer des frappes aériennes sur les djihadistes

    Le comité de soutien belge aux chrétiens d’orient, représenté par M. Nagem, pense cependant que cette aide humanitaire essentielle n’est pas suffisante. Si "la communauté internationale a tardé pour réagir", il n’est cependant "pas trop tard". "Notre souhait, c’est qu’il y ait une coalition internationales pour stopper la progression de ces djihadistes avec des frappes aériennes, comme les Etats-Unis ont déjà fait depuis 2 jours. Mais j’aimerais voir la participation de la Belgique, de la France et de l’Angleterre. Donc l’Europe doit se montrer également comme décideur politique et pas seulement comme aide humanitaire. C’est très important aujourd’hui qu’il y ait une coalition au même titre que lorsqu’elle a été mise sur pied pour attaquer l’Irak de Saddam Hussein ou la Libye de Kadhafi, c’est le moment où jamais de stopper la progression de ces djihadistes, qui sont sans pitié et qui ont une lecture différente de l’islam, qui rendent l’islam intolérant et impitoyable."

    Appel aux dons

    Pour venir en aide aux populations attaquées sur place, l’ONG Caritas, en collaboration avec les autorités religieuses belges, a mis sur pied un appel aux dons. "Je lance un appel à tous les Belges croyants et non croyants pour soutenir financièrement" Caritas. Pour ce faire, le compte BE88 0000 0000 4141 a été ouvert. Les dons serviront à acheminer de l’argent et récolter une aide médicale. "On aimerait, via le ministère de la défense, acheminer cette aide médicale d’urgence à l’aéroport de Erbil", proche de Mossoul mais pas encore aux mains de l’EI.

  • Chrétiens d’Irak : le Vatican hausse enfin le ton

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    Lu sur I.media , ce dimanche 10 août 2014 août :

    "Alors que les djihadistes progressent en Irak et que les Etats-Unis ont lancé leurs premières frappes pour tenter de les arrêter, le pape François a demandé une “solution politique efficace“ pour “rétablir le droit“ dans le pays, à l’occasion de l’Angélus du 10 août 2014. Il a alors annoncé que son envoyé spécial, le cardinal Fernando Filoni, s’envolerait dès le lendemain pour ce pays, afin d’exprimer sa solidarité aux populations locales. Devant les milliers de fidèles réunis sous ses fenêtres, place Saint-Pierre, le pontife a également prié pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, suite à la reprise des combats, de même que pour les victimes du virus ‘Ebola’, en Afrique. “Les nouvelles en provenance de l’Irak nous laissent incrédules et consternés“, a ainsi lancé le pape, évoquant les “milliers de personnes, dont de nombreux chrétiens, chassés de leurs maisons de manière brutale, les enfants morts de soif et de faim en prenant la fuite, les femmes enlevées, les personnes massacrées, les violences de tous types, les destructions de patrimoines religieux, historiques et culturels“. “Tout cela offense Dieu et l’humanité“, a ajouté le pontife. “On ne porte par la haine au nom de Dieu, on ne fait pas la guerre au nom de Dieu !“, a-t-il martelé."

    images (21).jpgEt pout être tout à fait clair, "Alors que le Vatican se caractérise d’ordinaire pour un refus de tout recours à la force armée dans la résolution de conflits, Mgr Silvano Tomasi (photo), observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, a estimé le 9 août 2014 qu’une intervention militaire pouvait être “nécessaire“ pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak. Alors que les miliciens de l’Etat islamique ont conquis plusieurs villes du pays, forçant des centaines de milliers de personnes à l’exil, dont de très nombreux chrétiens, le diplomate vatican a dénoncé “l’indifférence occidentale“".

    Réf. IRAK : LE PAPE DEMANDE UNE “SOLUTION POLITIQUE EFFICACE“ POUR ARRÊTER VIOLENCES ET DESTRUCTIONS

    LE VATICAN ESTIME QU’UNE INTERVENTION MILITAIRE EN IRAK EST “NÉCESSAIRE“.

    Mieux vaut tard que jamais, à condition d'accorder clairement le violon du pape et celui de Mgr Tomasi.  JPSC

  • Inde : attaques répétées contre les chrétiens

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    L’archevêque de Delhi dénonce les attaques anti-chrétiennes

    de Radio Vatican :

    Ce dimanche 10 août doit se tenir en Inde le Black Day, en hommage aux victimes d'attaques contre les minorités.

    Au Nord de l’Inde et dans la capitale, Delhi, le nombre d’affrontements et d’attaques contre les chrétiens et les propriétés de l’Eglise augmente depuis plusieurs mois. Mgr Anil J. T. Couto, archevêque de Delhi, a exprimé cette semaine son inquiétude.

    Mercredi 6 août, dans la soirée, un groupe de personnes non identifiées a violemment attaqué des bus scolaires stationnés devant une église de l’archevêché de Rohtak, dans l’Etat du Haryana. Mgr Couto a alors réagi dans un communiqué : les « attaques contre des prélats chrétiens et des groupes de prières sont très inquiétantes, a-t-il déclaré, et c’est pour cela que nous demandons aux autorités locales d’adopter des mesures adéquates pour identifier les mécréants qui menacent d’affaiblir le tissu social de cette grande nation ».

    D’après l’agence d’informations Misna, des membres du mouvement Sangh Parivar reherchent des renseignements sur les personnes qui, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, se sont converties à l’islam ou au christianisme, afin de les soumettre de force au  « shuddhikaran », un rite de re-conversion à l’hindouisme.

    Pour l’archevêque de Delhi, cette pratique constitue une grave attaque aux droits fondamentaux des individus et des groupes.

    « Dans le passé, a-t-il rappelé, les campagnes de haine contre la communauté chrétienne et la foi chrétienne, de la part d’organisations religieuses fondamentalistes et extrémistes, ont toujours précédé des violences à grande échelle contre la communauté chrétienne. » Mgr Couto souhaite donc éviter que les drames récents de l’Inde ne se répètent ; il demande une intervention immédiate de la police locale et des autorités civiles pour que cessent ces actes de haine et soit préservée l’harmonie sociale.