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La géopolitique du pape François est-elle efficace ?

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Alors que les jihadistes de l’État islamique (EI) en Irak ont revendiqué hier  soir l’exécution par décapitation d’un second journaliste américain, Steven Sotloff, 31 ans, se pose toujours, irrésolue, la question de savoir comment stopper efficacemment l’agresseur injuste. A ce propos, sur le blog « Chiesa », Sandro Magister commente la « ligne » sur laquelle s’est positionné le pape François (extraits), au titre de son rôle moral sur la scène mondiale (extraits) :

«  (…) Lorsqu’il y a des affrontements en un lieu donné, le pape François évite toujours soigneusement de prendre publiquement parti contre l'un ou l'autre des adversaires, surtout si certains d’entre eux sont musulmans, même si cela implique pour lui de ne pas manifester sa solidarité avec des victimes chrétiennes persécutées en raison de leur foi, qu’il s’agisse de la Pakistanaise Asia Bibi ou de la Soudanaise Meriam, ou encore des lycéennes nigérianes qui ont été enlevées par Boko Haram.

De même la diplomatie de François supporte les camouflets sans rien dire, dans l’espoir de succès futurs. Lorsque le pape est arrivé en Corée du Sud, le 14 août dernier, la Corée du Nord s’est moquée de lui en procédant à trois tirs de missiles à titre de démonstration et en annulant pour sa part l’envoi de quelque délégation que ce soit.

En ce qui concerne la Chine, le Vatican a enregistré comme un point positif le fait que Pékin ait, pour la première fois, donné l’autorisation de survoler son territoire national à un pape, en faisant parvenir à celui-ci, à cette occasion, des messages de courtoisie.

Cependant il y a beaucoup plus de points négatifs. Les autorités de Pékin n’ont accordé qu’à un tout petit nombre de catholiques la permission de se rendre en Corée afin qu’ils puissent saluer François. Elles ont rappelé sur le territoire national les prêtres chinois qui résident en Corée. Mais, surtout, elles n’ont donné aucun signe indiquant qu’elles allaient ralentir la répression exercée contre le catholicisme en Chine, où le numéro un de la hiérarchie en communion avec Rome, l’évêque de Shanghai Thaddeus Ma Daqin, est en résidence surveillée depuis le jour de sa nomination et où un très grand nombre d’autres évêques et de prêtres sont emprisonnés ou portés disparus.

Quant au combatif cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, les autorités vaticanes lui ont imposé de garder le silence afin de "laisser la diplomatie travailler". Depuis que François est devenu pape, la commission chargée de la Chine, que Benoît XVI avait instituée en 2007 et dont Zen est l’homme fort, n’a plus été convoquée. Le cardinal envoie régulièrement au pape des lettres d'information dont il dit tristement : "J’espère qu’il les lit".

Cependant il y a un niveau de tolérance au delà duquel le pape François lui-même admet l'utilisation de la force. Et c’est ce qui se passe dans le cas du califat islamique récemment créé en Irak et en Syrie (…).

Le pape François ne s’est pas tout de suite exposé personnellement à propos de cette question.

Il a laissé s’exprimer les premiers les évêques irakiens, qui ont demandé de manière unanime une intervention militaire massive.

 Au Vatican il a laissé le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran, publier un acte d'accusation terrible et circonstancié contre le califat islamique, et exiger du monde musulman une même netteté dans le jugement. (…)

Lorsqu’il est revenu de Corée, il a été jusqu’à déclarer qu’il était prêt à se rendre lui aussi en Irak, au cœur de cette "troisième guerre mondiale" qu’il voit menée ici ou là "par morceaux" et avec des "niveaux de cruauté effrayants", parce que "stopper l'agresseur injuste" est non seulement licite mais nécessaire.

En somme : une armée pour faire la paix. Mais, jusqu’à présent, la réponse des gouvernements et de l'ONU à cet appel lancé par le pape a été faible, pour ne pas dire inexistante. »

Ref. Une armée pour faire la paix. La géopolitique de François

C’est bien ce que l’on avait déjà cru comprendre : l’ « ultima ratio » du pape en matière de guerre injuste est de faire appel à l’ONU et à ses « casques bleus ».  JPSC

Commentaires

  • Mais que veut ce M. Sandro Magister ? Que notre pape appelle les catholiques du monde entier à prendre les armes ? Un pape n'est pas là pour faire de la politique ou de la géopolitique, il est là pour transmettre le message des Évangiles. Les journalistes, incapables de comprendre le message des Évangiles, se rabattent toujours sur l'aspect politique ou géopolitique des conflits. Alors même que c'est la politique et la géopolitique qui les crée et les attise. , Par leur inculture religieuse, ces journalistes sont quasiment incapables de séparer la politique de la religion.

  • La politique internationale du pape est en tout cas prudente et surtout à l’image du tempérament de son Secrétaire d’Etat, Mgr Parolin, un pur produit de la diplomatie pontificale.

  • @ tchantchès ... Le mot « diplomatique » provient du mot « diplôme », qui désigne une pièce officielle (primitivement pliée en deux et scellée) émanant d'une autorité souveraine, établissant un droit, un privilège. Le « diplôme » d'un ambassadeur ou d'un consul lui donne le droit de représenter son pays dans un pays étranger.
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    Le mot « diplomatie » a alors désigné aussi la science et la pratique des relations politiques entre les États, et particulièrement de la représentation des intérêts d'un pays à l'étranger.
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    Mais par analogie, ce mot « diplomatie » a ensuite désigné la finesse, le tact et la prudence apportés dans la conduite d'une affaire ou dans les rapports personnels.
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    Je pense que la « diplomatie » vaticane se rattache davantage à ce dernier sens, qui me paraît plus évangélique. Alors que l'on sait que la diplomatie politicienne se caractérise souvent par la rouerie, le mensonge, le cynisme, l'agressivité, le droit du plus fort, le fait accompli, toutes choses peu évangéliques.
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    Il y aurait donc bien, même en « diplomatie », une différence notable entre la politique et la religion. Évidemment, lorsque la politique a fait main basse sur la religion, dans une théocratie, cette différence tend à disparaître. Or, il me semble que la religion catholique est bien la religion la moins théocratique qui soit sur Terre, celle où les intérêts du César ne prennent pas le pas sur ceux de Dieu. Ce qui explique que les catholiques sont sans doute les plus persécutés par les différents César.

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