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Nous sommes tous des nazaréens

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Le témoignage de Bruno Retailleau (sénateur UMP de Vendée) (source)

A l'invitation de Mgr Louis Raphaël Sako, patriarche des chaldéens, je me suis rendu en Irak, le 25 août dernier, dans le camp de réfugiés de Mar Shmouni, à Ankawa, dans la banlieue d'Erbil.

Ce que j'ai vu et entendu dépasse les limites de l'horreur. J'ai vu des mères brisées d'avoir dû abandonner dans la fuite un enfant ou un parent, des pères terrorisés à l'idée que leurs filles puissent être abusées par les combattants de l'État islamique, des enfants traumatisés par ce qu'ils ont vécu ou par les récits qu'ils ont entendus : viols systématiques, décapitations, éventrations de femmes enceintes, massacres de familles entières... Autant de témoignages effroyables qui m'ont été rapportés, comme cette mère à qui les djihadistes ont arraché son enfant de 3 ans ou ces femmes vendues à l'étal au marché de Mossoul comme de véritables esclaves. Ce que j'ai vu, ce sont les larmes de sang des chrétiens d'Irak. Ce que j'ai entendu, c'est le cri de haine des nouveaux barbares, ces fous de Dieu qui veulent faire des terres syriennes et irakiennes le cimetière des "nazaréens".

Tous les jours la barbarie progresse et la civilisation recule en Irak. Le nord du pays est devenu un véritable camp de la mort pour l'Orient. Mais il deviendra un camp de la honte pour l'Occident si nous ne faisons rien ou pas assez. Car, bien sûr, des aides humanitaires ont été débloquées et une aide militaire a été apportée aux combattants kurdes. Mais ces soutiens ne sont malheureusement que des gouttes d'eau dans cet océan de violence et de désespérance qu'est devenu l'Irak. Il faut agir plus vite et plus fort.

D'abord, en organisant de toute urgence une aide humanitaire, alimentaire, médicale et pharmaceutique digne de ce nom. En effet, malgré la mobilisation des Églises locales, les camps de réfugiés complètement improvisés manquent de tout : nourriture, médicaments, matériels pour assurer une hygiène minimale... En réalité, Mar Shmouni ressemble davantage à un campement de misère qu'à un camp humanitaire : les chrétiens, mais aussi d'autres minorités pourchassées comme les yazidis, s'y entassent dans la crainte d'un nouvel assaut. Car Erbil n'est qu'à trente minutes de la zone tenue par l'État islamique : à tout moment, la mort peut surgir. Le recours à la force n'est donc plus une option pour la communauté internationale, c'est une nécessité. Y compris l'envoi de troupes au sol. En effet, les forces kurdes ou irakiennes ne parviendront pas à elles seules à éradiquer la menace. Pour certains, intervenir militairement sur le terrain reviendrait à commettre la même erreur que les États-Unis en 2003. Je peux comprendre cette crainte. Toutefois, je pense au contraire qu'une intervention contribuerait à sortir l'Irak des conséquences tragiques de l'aventure américaine. Mais pas n'importe quelle intervention. Pas une opération menée par une coalition occidentale sous l'égide des États-Unis ou de l'Otan.

Il faut à tout prix éviter le choc des civilisations, ce grand soir islamiste dont rêvent tous les djihadistes. La solution qui doit être privilégiée, c'est celle d'une force internationale sous mandat de l'Onu rassemblant très largement, en particulier les États arabes, et s'appuyant sur les forces locales. Car c'est bien l'avenir de la région qui se joue aujourd'hui : l'État islamique ne s'arrêtera pas à la Syrie et à l'Irak. En proclamant le califat, Abou Bakr al-Baghdadi et ses séides marquent leur volonté de porter le djihad tout au long de cet arc de crise qui s'étend de la Méditerranée au golfe Persique, et même au-delà, puisqu'en recrutant des combattants venus du monde entier et notamment d'Occident, l'État islamique aurait la capacité de porter le feu et la mort au coeur de l'Europe.

Ne nous voilons pas la face : les hommes en noir de l'État islamique sont tout sauf une bande de rebelles dépenaillés et désorganisés : ils sont bien des combattants aguerris qui ont su habilement mettre en place des administrations structurées et des circuits financiers élaborés. C'est un véritable État qui s'enkyste en Irak, un virus qui se propage et qui n'a rien à envier aux pestes brune et rouge du siècle précédent. J'ai la conviction que nous sommes confrontés au troisième totalitarisme et que si nous n'agissons pas très vite, c'est un rideau de sang qui s'abattra sur l'Orient.

La France doit être aux avant-postes de ce combat contre l'État islamique. C'est à la fois sa responsabilité et son honneur, car elle ne doit pas le faire uniquement au nom du droit mais également au nom de l'histoire. Cette histoire qui la lie aux chrétiens d'Orient depuis Saint Louis, qui a fait de la France leur soeur aînée et des Français leurs frères.

Ces frères vers qui les chrétiens d'Irak tournent une fois de plus leur regard et leur espoir. Aujourd'hui plus que jamais, nous sommes tous des nazaréens.

Commentaires

  • Ce sénateur de Vendée est bien placé pour dénoncer les horreurs du fanatisme. Sa région a vécu le même fanatisme, si pas pire, dans les années 1790. Et ce n'étaient pas des fous de Allah et de Mahomet, mais des fous des Lumières, de Luther et de Voltaire. Or, ce génocide perpétré contre les catholiques de France a été le précurseur et la justification de tous les autres génocides qui ont suivi dans l'Histoire. Car ce génocide a fait l'objet d'un négationnisme organisé. Il fallait exalter à tout prix les Lumières et leur vénération de la Raison humaine déifiée. Et surtout ne pas voir jusqu'à quelle barbarie inhumaine peut mener la seule raison humaine. D'ailleurs, aussi bien l'islamisme que le protestantisme sont deux hérésies du judéo-christianisme qui exaltent la raison humaine, en brandissant soit le Coran, soit la Bible, comme des livres où leur raison humaine a réussi à enfermer Allah ou Dieu, mis à leur service.

  • ... on reste sans voix, Pauvre Job, en lisant ce que ces idéologies là ont provoqué comme barbarisme à l'encontre des chrétiens catholiques lesquels ont émerveillé le monde par leurs œuvres ! Qu'Est-ce qu'on court dans les églises et les musées pendant les vacances pour revenir aux sources de notre culture et nous conforter!
    "Travailler pour la gloire de Dieu" aurait dû continuer à convaincre chaque âme, puisque nous sommes tous créés à l'image de Dieu.
    La Sagesse est de toujours et pour toujours, c'est le simple bon sens... S'il n'y avait pas eu ces carnages, ces horreurs, peut-être que les humains auraient continuer à travailler avec toutes ces connaissances acquises et expérimentées et que la terre n'aurait pas été aussi polluée comme elle l'est actuellement.
    Qu'il n'y aurait pas eu tant de familles déchirées ... Qu'il y aurait eu moins de maladies, moins de médicaments à produire puisque on aurait respecté notre horloge biologique, moins de déchets dangereux ...
    Les moines on une espérance de vie plus longue en général ... ils gaspillent moins et polluent moins aussi.
    Le bons sens, je crois que nous l'avons encore, mais c'est la machine infernale qui nous pousse à avoir un statut sinon on est dans la dépendance, inscrit au tableau de la honte,et cela nous empêche de cultiver un potager, de produire une nourriture saine, d'être plus présentes au foyer pour toutes sortes de tâches familiales, culturelles, associatives, de bienfaisance, etc...
    Ils ont réussi, ces gens au pouvoir à l'idéologie du paradis sur terre, à casser toute cette transmission de la Sagesse qui nous venait du fond des âges !
    Gravissime cela !
    Il est urgent de se reprendre et même de demander "pardon" à la jeunesse à qui nous laissons un monde "pas très beau", "pas très bon", sans valeurs d'Eternité" contrairement à l'acte du divin créateur (Genèse) Création ou chaque plante portait semence, où l'harmonie devait réjouir chacun... où l'on devait trouver chacun sa place, sa responsabilité, sa dignité.

    Avec le Pape François, prions pour que les années à venir soient des années de grandes réflexions spirituelles pour que la Grâce puisse continuer à passer dans les cœurs et les esprits pour la "Paix" dans le monde et le salut du genre humain.

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