Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La loi belge sur l'euthanasie : une aubaine pour les pervers ?

IMPRIMER

C'est l'avis émis sur leplus.nouvelobs.com par Gérard Lopez, expert psychiatre, président de l'Institut de victimologie :

Un délinquant sexuel réclame l'euthanasie : la loi belge est une aubaine pour les pervers

LE PLUS. En Belgique, un délinquant sexuel interné depuis 30 ans réclame l'euthanasie. Même si Frank Van Den Bleeken remplit les conditions médicales et légales prévues par la loi belge de 2002 pour l'obtenir, la justice n'a pas encore tranché. Quels ressorts peuvent sous-tendre une telle requête ? L'analyse du médecin psychiatre Gérard Lopez.

Il n’est pas question ici d’intervenir pour commenter la loi belge sur l’euthanasie, je n’en ai pas les compétences. Ni de polémiquer sur les problèmes éthiques qu’elle soulève lorsqu’il s’agit de détenus. Ces problèmes ont été largement commentés par ailleurs :

 - suicide assisté ?

- peine de mort déguisée ?

- méthode pour vider les prisons de sujets réputés "irrécupérables" ?

- moyen de se soustraire à une sanction judiciaire ?

- et que signifie "souffrances psychiques" ?

Mes propos ne concernent pas Monsieur Frank Van Den Bleeken, 52 ans, interné depuis 30 ans. Je ne l’ai pas examiné. Pour mémoire, il dénonce des conditions de détention "inhumaines" responsables de souffrances psychiques que ne pourraient pas traiter les médecins belges qui interviennent en milieu carcéral.

 Alors, de quoi s’agit-il ?

Les pervers cherchent à exploiter des failles 

Il s’agit pour moi, expert psychiatre, de soulever un point inquiétant d’une façon très générale, et sur un plan strictement psychologique.

Au-delà de ce cas particulier, cette loi pourrait être une formidable aubaine que pourraient exploiter les grands pervers, pour se servir d'une faille qui viserait à satisfaire leur désir de maîtrise et de contrôle.

 Les pervers ont en effet des caractéristiques psychologiques bien connues, parmi lesquelles citons :

 - faire le mal pour le mal ;

- embrouiller leur proie pour exercer une relation d’emprise et de domination ;

- jubiler, jouir psychologiquement lorsqu’ils parviennent à soumettre leurs victimes ;

- monter les uns contre les autres, mettre leur interlocuteurs (individus, police, justice, médias, société) face à des dilemmes insolubles, les faire douter, semer la zizanie ;

- ne jamais s’impliquer dans les faits reprochés, s’estimer victime des circonstances, de leur enfance, de la loi qui les punit injustement (en critiquant par exemple l’âge légal de la majorité sexuelle quand ils commettent des crimes sexuels sur des mineurs).

Une loi sur mesure pour satisfaire les pervers 

Cette loi paraît taillée sur mesure pour satisfaire les pervers. Ils "jouissent" du spectacle du désordre qu’ils suscitent.

Cette loi pourrait leur permettre d’interpeller la société, de la mettre devant des difficultés, de lancer des polémiques, tout en se mettant au premier plan... Et ce d’autant plus facilement qu’on imagine mal les autorités belges accéder à leur demande d’euthanasie.

D’ailleurs, 15 autres détenus demandent à leur tour l'euthanasie.

Allons-nous assister à une épidémie de demandes d’euthanasie ? Tout porte à le croire.

Les commentaires sont fermés.