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Synode sur la famille : les Jésuites persistent et signent

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Sur le site web « Benoit et moi », cette traduction d’une interview du « pape noir » par Vatican Insider (http://vaticaninsider.lastampa.it/) :

Le Père Adolfo Nicolas, supérieur général des jésuites, franchit à pied l'entrée du Vatican, son sac noir à la main. Sur son revers, il arbore la traduction en arabe de la devise attribué par saint Ignace de Loyola à la Compagnie de Jésus: «Pour la plus grande gloire de Dieu». 
Le «pape noir» qui dirige 18 000 religieux dispersés dans 112 pays trouve que «le Synode est en train de compléter le Concile».

- La morale de la famille sera-t-elle mise à jour? 

« La discussion libre et franche va vers le changement, l'adaptation pastorale à la réalité changeante des temps actuels.C'est un signal historique, au contraire, parce que ces dernières années il y a eu des forces qui ont tenté de ramener l'Église en arrière par rapport à la grande saison conciliaire». 

- Et la communion pour les divorcés remariés? 

« On ne peut pas empêcher le Synode d'en discuter, comme le voudraient certains. Les évêques n'ont pas été convoqués pour renforcer des idées abstraites à coups de doctrine, mais pour rechercher des solutions concrètes à des questions. De manière significative, le Pape et de nombreux Pères synodaux ont évoqué dans leurs discours les textes du Concile. Pour exprimer que l'Église est à l'écoute de l'esprit comme le cardinal Martini a souhaité jusqu'à la fin de sa vie». 

- Les conservateurs parlent de doctrine en danger ... 

« Il est erroné d'absolutiser. Prenons le cas des unions de fait. Ce n'est pas parce qu'il y a un défaut que tout est mauvais.Et même, il y a quelque chose de bien si on ne fait pas de mal au prochain (!!). François l'a rappelé: "Nous sommes tous des pécheurs". On doit alimenter la vie dans tous les domaines. Notre travail consiste à amener les gens vers la grâce, et non pas à les rejeter avec des préceptes. Pour nous, jésuites, c'est la pratique quotidienne. L'Inquisition le sait bien».

- De quelle manière? 

« Notre fondateur Saint Ignace a été soumis au moins à huit reprises à l'examen de l'Inquisition après avoir parlé de l'écoute de l'Esprit. A l'époque, comme aujourd'hui pour nous, l'Esprit compte davantage, car il vient de Dieu, que les règles et règlements qui sont l'œuvre des hommes. Pour la morale sexuelle et familiale, il faut de la douceur et de la fraternité. Il ne s'agit pas de diviser, mais d'harmoniser. On ne peut pas évangéliser les gens à coups d'Evangile. Seul le choix de se concentrer sur le Christ met à l'abri des différends stériles, des querelles idéologiques abstraites. Les lacunes et les imperfections n'invalident pas l'ensemble de l'évolution de la famille dans la société au cours des dernières décennies. S'il y a quelque chose de négatif, cela ne signifie pas que tout est négatif».

 Réf. LE SYNODE COMPLÈTE LE CONCILE

JPSC

Commentaires

  • Cette réflexion complète un autre article publié par Belgicatho il y a quelques jours : Synode sur la famille : les jésuites de la « Civilta Catholica » entrent en lice pour les « remariages ». Les commentaires d’alors mettent le doigt sur une réalité, celle de tensions qui pèsent, sous des formes diverses et à des degrés divers, sur le mariage et sur la famille en général.

    Personnellement, j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi on laisse perdurer une zone de flou à propos de la communion des divorcés remariés. Dès qu’il en a été question, sans être théologien moi-même, j’ai senti un risque majeur concernant les conditions dans lesquelles il serait désormais permis de recevoir l’eucharistie.

    Si je fais ce préambule, c’est pour mieux faire comprendre mon inquiétude, en reprenant deux réflexions qui se complètent malheureusement très bien, dans une logique de mise en perspective.

    Un commentateur a écrit ceci : tôt ou tard, François devra bien sortir du bois. La question qui se pose, dès maintenant, et pire même, depuis plusieurs mois, est de savoir pourquoi François a laissé le débat prendre de l’ampleur, au point de répandre sur la place publique des divisions invraisemblables, avant de prendre des mesures de huis-clos, ou avant d’entendre Kasper se plaindre d’un livre rédigé par plusieurs cardinaux qui n’ont rien fait d’autre que rappeler la tradition de l’Eglise sur le sujet. La question qui se pose est de savoir pourquoi le pape n’est pas déjà intervenu à propos de la problématique de la communion donnée aux divorcés remariés.

    Ce mercredi, deux réflexions me confirment dans mes doutes. A mon avis, elles se complètent (malheureusement) parfaitement. L’idée est la suivante : si le monde fait peser des tensions sur la famille, faut-il, EN PLUS, que le sommet de l’Eglise provoque elle-même de la confusion ?

    La première provient du Cardinal Burke :

    http://www.youtube.com/watch?v=Mo2YaU_u1Y0

    La seconde est tirée de Benoît et moi.

    Dans sa rubrique hebdomadaire du site Riscossa Cristiana, répondait, comme d'habitude, à une question de lecteur:

    Au cas où le Synode - à Dieu ne plaise! - feraient siennes les hérésies prononcés par Kasper et Baldisseri, par surcroît les présentant comme contraignantes pour les catholiques, que devrons-nous faire, nous, simples fidèles?

    Voici sa réponse:

    * * *
    Une réponse honnête doit commencer par une observation tout aussi honnête: même si le Synode ne faisait pas siennes pas les théories de la société catholique primée Kasper & C, le lendemain de sa conclusion, nous serions malgré tout dans une Église qui, pour la majorité de ses membres, les partage, et même les pratique déjà.

    La situation est donc beaucoup plus grave que ce que la plupart des gens imaginent parce que nous ne nous trouvons pas à la veille de la probable introduction dans le Corps mystique du Christ de nouvelles théories corrosives, mais de leur possible approbation proclamée depuis le sommet.

    Et même ici, nous devons être honnêtement réalistes: sur le fait que le sommet soit l'actionnaire majoritaire de la société Kasper & C, il ne peut y avoir aucun doute. Cela est dit par ce terrifiant «Bonsoir» avec lequel il s'est présenté au monde au moment de l'élection. Et cela est répété par le premier «Angélus» où, après le terrifiant «Bonjour», il 'est empressé de dire: «Ces jours-ci, j'ai pu lire un livre d'un cardinal - le cardinal Kasper, un théologien in gamba, un bon théologien - sur la miséricorde. Et il m'a fait beaucoup de bien, ce livre, mais ne croyez pas que je fais de la publicité pour les livres de mes cardinaux! Pas du tout! Mais il m'a fait tellement de bien, tellement de bien».
    Et maintenant, à l'ouverture du Synode, il s'en prend aux «mauvais bergers» qui «chargent les épaules des gens de fardeaux insupportables qu'eux-mêmes ne pourraient pas déplacer avec un doigt». Et la veille, il avait fustigé «les chefs du peuple», pour qui «tout se résume à l'accomplissement de préceptes créés par leur fièvre intellectuelle et théologique» (homélie à Ste Marthe le 3 octobre). Et même s'il y avait encore quelqu'un qui réussirait honnêtement à entrevoir une miette de «continuité» dans ce qui se passe, voilà qu'il explique que «le monde a changé et l'église ne peut pas s'enfermer dans les interprétations présumées du dogme» (ndt: il semble que ce soit dans une interview qu'il vient d'accorder au quotidien argentin La Nacion).

    Comme vous le voyez, tout est déjà dit. Mais le cas que vous prévoyez est infiniment plus grave, car donner le chrême du document à la dévastation d'aspects de la doctrine loin d'être secondaires est bien autre choses qu'avoir d'aimables conversations avec Scalfari.

    Sur ce thème de la communion aux divorcés remariés, ce n'est pas seulement la morale de la famille qui se joue, mais il y a un risque de profaner trois sacrements à la fois: le mariage, la confession et l'Eucharistie.
    ...
    Vous me demandez: «mais qui devrons-nous suivre dans notre résistance?». Ici aussi, l'énormité d'une telle éventualité doit nous tenir en alerte, mais pas nous atterrer. Le Seigneur ne nous laissera pas seuls et, le moment venu, il suscitera le bon guide. Il le fera avec ses temps, qui sont toujours plus sages que les nôtres, même si à nous, ils paraissent longs et douloureux. Mais il le fera au juste moment. Nous devons seulement nous soucier d'être prêts, confiants dans le fait que les plans du démon ont toujours quelque faille. Mais pour être être prêts, il faut éviter de s'abreuver à la source empoisonnée de la nouvelle doctrine, de la nouvelle morale, de la nouvelle liturgie qui dans les cinquante dernières années ont labouré le terrain pour les graines semées par les ennemis du Christ.
    Ne soyez pas abattu, nous allons le faire, nous, ou quelqu'un pour nous.

    Alessandro Gnocchi

  • Il ne vous reste plus qu'à rejoindre Mgr Fellay qui partage entièrement les vues exprimées ici. Et ensuite,peut-être, la Fraternité St Pie X se réconciliera avec le Vatican tout en gardant ses spécificités tradionalistes. Ainsi tout sera clair.

  • Si la relation du journaliste est fidèle, je ne comprends pas bien la logique de ce jésuite.
    .
    Quand il déclare : "l'Esprit compte davantage, car il vient de Dieu, que les règles et règlements qui sont l'œuvre des hommes", veut-il dire que l'enseignement de Jésus, sur le mariage et sur la répudiation, seraient aussi des règles et règlements venant des hommes ? Cela voudrait-il dire que Jésus n'aurait été qu'un homme comme un autre, et qu'en outre il n'aurait même pas été inspiré par l'Esprit ?
    .
    Et venir ainsi s'épancher dans les médias, avant même le début des travaux, cela est-il aussi inspiré par l'Esprit saint, ou bien plutôt par l'esprit du monde ?

  • @ Pauvre Job

    La manière dont le synode est articulé (avec ses exclusions de dernière minute), les modalités très strictes qui entourent la publicité des débats (ou plus exactement leur absence de publicité, en total revirement avec les propos du pape lors de l'annonce du synode), l'intervention en guise de "reality show" de personnes mariées ayant connu des crises... tout ceci fait un peu désordre.

    Ce n'est pas la première fois qu'un entretien génère plus de doutes, d'interrogations, que d'une vision prophétique, telle que Jean-Paul II (par exemple) a pu en avoir sur le thème de la famille. Le problème c'est qu'il n'y a pas de rectification. Il n'y en aura pas.

    Votre réflexion est très juste, je pense. Mais je ne sais pas s'il faut chercher une confirmation de la vérarcité de ce qui a été dit réellement. Parce que la dernière sortie de Civilta va exactement dans le même sens. Or, Civilta n'est pas n'importe quel organe et nous savons quels sont les circuits obligés par lesquels un projet d'article passe.

    En allant plus loin, sincèrement, je me demande si François rédigera un jour une exhortation post-synodale. J'ai plutôt l'impression que quoi qu'il fasse désormais, il est piégé. Il s'est piégé lui-même.

    Il est bien évident que l'Eglise doit accompagner la vie des hommes de tous les temps et de tous les endroits. Ceci n'est pas remis en question par les cardinaux qui viennent de rappeler (quelle extrémité quand on y pense) la doctrine catholique sur la famille. Mais invoquer l'Esprit-Saint en violation de l'Ecriture, il y a là quelque chose d'abominable.

    Petite piqûre de rappel:

    "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point."

    "En vérité, je vous le dis, tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu'ils en auront proférés ; mais quiconque aura blasphémé contre l'Esprit Saint n'aura jamais de rémission : il est coupable d'une faute éternelle".

    Cette dernière citation, reprise dans les 3 synoptiques (Matthieu 12,31-32 ; Marc 3,28-30 et Luc 12,8), nous fait entendre Jésus parlant de la ruine du royaume divisé contre lui-même. A méditer.

  • « On ne peut pas évangéliser les personnes à coups d'Evangile » ose déclarer (si l’on en croit le texte de l’interview) le Général des Jésuites (un Ordre religieux dont le pape actuel fait partie). Réaction du Père Rimaz, sur son blog « Le Suisse Romain » :
    « L'Evangile ne sauve plus ? donc évangélisons, mais à coup d'idées forgées dans certaines têtes peut-être ? en buvant une tasse de thé ? L'Evangile est La Bonne Nouvelle par excellence.

    Sola Misericordia: un néo-luthéranisme.

    Il semble à la mode de nous faire croire que la Vérité ne libère plus, qu'elle rend intolérant et fanatique, sans aucune Miséricorde. Or, la foi invite à la conversion car la foi est aussi une vie. Un certain néo-protestantisme règne: Sola Misericordia. L'équilibre catholique réside dans le "et", la foi et la vie ou la morale, la miséricorde et la vérité. »

  • Pauvre Saint-Ignace de Loyola. S'il voyait dans quel état se trouve sa Compagnie...

  • Et comme d'habitude pas un mot pour les millions d'enfants déboussolés par un rigorisme légaliste qui accorde une valeur absolue à l'administration d'un sacrement. Cela alors qu'un texte liturgique d'aujourd'hui rappelle: (Galates 3,11) "Il est d'ailleurs clair que par la Loi personne ne devient juste auprès de Dieu, puisque l'Écriture dit : C'est par la foi que le juste vivra."

    Ce dont les familles actuelles ont avant tout besoin, ce sont des exemples pratiques de cette foi capable de bousculer tous les conformismes. Malheureusement en ce qui concerne le combat spirituel contre les comportements soumis à la sexualité l'Eglise n'a plus grand chose à offrir à la conscience de ses fidèles depuis Saint Augustin, voici 15 siècles.

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