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  • Comprendre pourquoi le djihadisme attire certains jeunes

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    Jean-Pierre Denis sur le site de l’hebdomadaire « La Vie » :

    « Un ou deux jeunes Français figurent, selon toute vraisemblance, parmi les bourreaux djihadistes en Syrie. La justice enquête sur leur participation à l’exécution d’une vingtaine de Syriens et d’un humanitaire américain, un massacre publicitaire scénographié et rendu public à travers une vidéo destinée à impressionner l’opinion mondiale. Il faut l’admettre : de la séduction à distance jusqu’au départ pour la Turquie sur vol low-cost et du crime commis jusqu’à la mort reçue comme une récompense, les filières djihadistes exercent effectivement leur emprise sur un millier de nos enfants.

    Un millier, cela peut sembler peu à l’échelle de la génération des 15-25 ans, un bassin de population d’environ 8 millions de personnes. Mais chaque jour, plusieurs jeunes sont en partance. Et il faudrait prendre en compte tous les ados que la propagande fascine secrètement et qui pourraient basculer en deux ou trois mois dans la plus douteuse des aventures. En passant du monde des trafiquants et des braqueurs à celui des lycéens scotchés devant Facebook, les terroristes ont considérablement élargi leur terrain de recrutement. Le nouveau djihadisme est une drogue de synthèse. Il utilise et les techniques classiques de manipulation mentale et les méthodes les plus innovantes de communication virale. Il mobilise à la fois l’internationalisme à la papa et le discours religieux le plus réactionnaire. Il joue encore sur le désir d’exister vraiment et sur cet idéalisme qui de tout temps a poussé les jeunes à risquer leur vie pour une cause jugée noble. Mais il s’agit aussi et surtout d’un virus mutant. Le voici installé dans le corps même de la France ordinaire, celle des classes moyennes et des petits pavillons.

    Pour agir, on doit surveiller, prévenir, punir. Mais les réponses d’ordre sécuritaire ne feront pas tout. Le plus important serait de comprendre. Quand l’islamisme recrutait parmi les petits trafiquants et les truands, l’affaire semblait entendue. Quand il transformait de paisibles médecins ou scientifiques de nationalité britannique et de religion musulmane en terroristes indécelables, les explications horrifiées pleuvaient, bien faciles. Mais quand le djihadisme tend ses filets dans une population à la fois sans antécédents judiciaires et sans religion, peu concernée par le drame du Proche-Orient et peu politisée, quelle est la clé ? Quand il va chercher nos ados au fond de leur désarroi intime pour les transformer en robots meurtriers et suicidaires, que penser ? 

    Environ 80 % de ces jeunes seraient issus de familles athées, estime le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam. 40 % d’entre eux auraient connu des épisodes dépressifs. Cela semble dessiner, au moins à titre d’esquisse, la piste d’un malaise existentiel d’autant plus profond qu’il n’a ni nom, ni doctrine, ni apparence pour se dire et qu’il se soucie comme d’une guigne des discours creux sur la laïcité. Avant d’être les criminels qu’ils deviendront du côté de Mossoul ou d’Alep, ces fugueurs d’un nouveau genre seraient des « déshérités », pour reprendre le titre du récent essai de François-Xavier Bellamy. Il faudrait alors les voir comme les témoins et les premières victimes d’une profonde crise culturelle, celle d’une société qui n’annonce plus rien, quand les islamistes, eux, promettent sans vergogne. Et pas n’importe quoi : l’obéissance aveugle sur la Terre, le paradis au ciel ! Il va bien falloir s’interroger là-dessus, en évitant si possible les réponses univoques ou trop rapides. Celle que je viens de risquer n’est qu’une première tentative. »

    Ref. Comprendre pourquoi le djihadisme attire certains jeunes

    Un jeune belge d’Alost a aussi été identifié parmi les égorgeurs du dernier assassinat collectif organisé par l’ « Etat » islamique, qui en a diffusé le film  sur le réseau web.

    Selon la chaîne France 24, Il y a quelques jours, une étude de "The Economist" a révélé que la Belgique était aujourd’hui le pays occidental qui fournit le plus gros bataillon de jihadistes, proportionnellement au nombre d’habitants. Plus précisément, l'étude statistique estime qu'il existe en moyenne 22 jihadistes belges pour un million d’habitants. Suit le Danemark avec 17 jihadistes pour un million d’habitants et enfin la France avec 11 ressortissants jihadistes pour un million d’habitants Au total, la Belgique - dont la population est estimée à 11 millions d’habitants - compte 250 jihadistes en Syrie et en Irak. Mais comment la Belgique, petit État situé entre la France, les Pays-Bas et l’Allemagne, est-elle devenue cet important pourvoyeur de terroristes ?

    JPSC

    Pour rappel, à l’Université de  Liège (Salle des professeurs, Bâtiment du Rectorat, Place du XX aout, 7, 1er étage)

    Copie de conférence union ulg.jpg

    S’inscrire le 20 novembre au plus tard : tel. 04.344.10.89 ou en ligne sur le site  http://www.ethiquesociale.org/

  • L'Etat Islamique, un germe satanique pour les musulmans aussi ? (OASIS)

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    18 novembre 201                                                                      Newsletter n. 16 - novembre 2014
    Fondazione Internazionale Oasis
     

    EI, un « germe satanique » aussi

    pour les musulmans ?


    L’État islamique inquiète l’Occident, mais il agite aussi le monde musulman. Plusieurs autorités religieuses s’interrogent sur sa légitimité. Au niveau officiel, la réponse négative semble prévaloir : on ne peut pas définir « islamique » le califat auto-proclamé de al-Baghdadi. Le moment est-il venu d’une révision de l’idéal même d’État islamique, qui semble toujours davantage un mirage insaisissable ? Tandis que le débat théorique progresse, le modèle du jihadiste continue à exercer un attrait puissant sur les jeunes à la recherche d’une mort glorieuse.

     
     

    La chimère de l’État islamique

    Martino Diez

    - La raison pour laquelle la condamnation de l’EI devrait conduire, dans la galaxie fondamentaliste hétéroclite, à une remise en discussion radicale de l’idéal même d’État islamique
     
     

    « Germe satanique » : la dénonciation des oulémas 

    Chiara Pellegrino - Que pensent de l’EI les savants de l’Islam

     

    De jeune bourgeois apolitique à jihadiste : histoire d’une mutation 

    Jihad al-Dinari - Un journal égyptien reconstruit la vie d’une recrue du Califat

     
     
     

    Le militant de l’EI aspire à une mort glorieuse

    Le texte d’un hymne jihadiste  

     

     
     

    Le calife et ses ennemis convergents 

    Henri Hude 

     - Les implications géopolitiques et géoéconomiques de l’affirmation de l’État islamique 

     
     

    Le fondamentalisme islamique et la tyrannie de l’État

    Sherif Younis - Une analyse à contre-courant d’un siècle d’histoire égyptienne, entre renouveau et retour au passé 

     

     

    RECENSIONS 

    Michele Brignone - Bernard Heyberger,Chrétiens au Proche-Orient. De la compassion à la compréhension, Payot, Paris 2013 

     
  • La famille à la merci des sciences sociales

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    Une excellente chronique de Thibaud Collin sur son blog (La Croix) (relayée par le Salon Beige) analyse l'approche relativiste de la famille par les sciences sociales :

    Au vu des lois votées en France depuis près de quatre décennies, il est légitime de se demander si ce ne sont pas les sciences sociales qui ont raison : la famille ne serait-elle pas qu’un mot référant à toutes sortes de situations particulières dont l’histoire, l’ethnologie et la sociologie feraient leur objet ? C’est effectivement sous la pression d’un tel afflux d’études que « la » famille identifiée à une réalité stable et pérenne s’est trouvée affublée de l’adjectif « traditionnelle ». Simultanément la floraison d’autres adjectifs (« monoparentale », « homoparentale », « recomposée » etc.) a semblé confirmer qu’il existe une pluralité de modèles familiaux, modèles désignant ici non plus l’exemplarité et la norme, mais divers types sociologiques pour guider la description des pratiques sociales.

    Tout est-il politique ?

    Certes, une famille est une réalité constituée par des actes humains libres enchâssés dans des usages sociaux, ce que l’on peut nommer des mœurs ou des coutumes qui sont autant de supports disposant à ces actes. Il est indéniable que les coutumes varient selon le temps et les lieux ; Montaigne, saisi par cette évidence à l’orée des temps modernes, en avait déjà conclu à l’extrême plasticité de l’humaine condition et à l’incapacité d’une mesure morale objective et universelle. Peut-on alors conclure que la famille est un objet soumis au relativisme le plus strict ? C’est bien ce qu’un sociologue comme Eric Fassin, à la suite de Pierre Bourdieu et Michel Foucault, cherche à présenter comme une évidence. Afin de promouvoir toutes sortes de figures familiales alternatives, il affirme que «la vérité de la famille n’est pas plus inscrite dans l’éternité des catégories d’Etat que dans le ciel platonicien d’idées abstraites ; les familles s’incarnent dans des pratiques. Elles sont donc susceptibles de changement. »[1] Le présupposé est ici que tout dans le monde humain est construit par l’homme. Cette version relativiste de l’expression « tout est politique » est un réductionnisme. Dire que la famille relève de pratiques humaines conditionnées par des usages sociaux n’honore pas la totalité de ce qui se noue dans ce que l’on nomme famille. La question est alors : comment prendre conscience d’une dimension plus originaire et plus universelle sise en deçà des diverses réalisations historiques de la famille ?

    lire la suite sur le blog de T. Collin