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La plus redoutable machine de guerre

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Lu sur le site d'Oasis (Francesca Miglio):

L’EIIL, la plus redoutable machine de guerre

Même si son nom le prétend, Daesh (acronyme arabe correspondant à EIIL) n’est pas un état, mais seulement une bande de criminels extrêmement dangereuse parce que très riche et bien armée. Pour Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, son objectif est d’avancer, parce que pour les jihadistes le succès militaire est la preuve qu’ils sont dans le juste. La clé pour le battre ? En Syrie et en Turquie.

Quel est le rapport entre l’EIIL et les pays du Golfe ? Est-il possible de remonter à la source de flux de financements directs vers l’EIIL ?

Avant tout, il est important de l’appeler Daesh, avec l’acronyme arabe (al-dawla al-islâmiyya fî l-‘Irâq wa l-shâm, État islamique d’Irak et de Syrie) et de clarifier qu’il ne s’agit pas d’un état mais d’une machine de terreur. En ce qui concerne la question de leurs soutiens économiques, il y a une incompréhension de fond. On essaye toujours de saisir la logique du phénomène en en retraçant l’origine dans l’aspect financier, en ayant l’illusion que bloquer la source pourrait épuiser aussi le phénomène. Ce n’est pas complètement faux, mais il faut rappeler que la lutte financière contre le terrorisme n’a pas servi à grand chose même dans le passé, à l’époque de al-Qaeda, lorsque ce type d’approche avait fini par financer les bureaucrates qui travaillaient sur les aides monétaires au terrorisme. Pour cette raison, je ne crois pas que cela puisse avoir un grand effet sur Daesh. De plus, cette idée a empêché de se poser les bonnes questions et par erreur Daesh a été identifié au Golfe. Mais Daesh n’est pas le Golfe, c’est le monde, c’est un phénomène global. Daesh représente aujourd’hui l’organisation terroriste la plus riche : les bénéfices du pétrole local permettent de s’autofinancer et leur budget tourne autour d’un à deux milliards de dollars. C’est Daesh qui peut financer plutôt que de se faire financer. Si l’on veut dépister les flux financiers, il faut remonter en général à des individus.

Daesh est-il un phénomène nouveau ou bien se situe-t-il dans le sillage d’autres mouvements terroristes ?

Cela fait désormais plus de vingt-cinq ans que j’étudie les mouvements jihadistes et je n’ai jamais eu aussi peur. Ma peur est raisonnable, raisonnée et bien argumentée. Pour vous donner une idée : Daesh a une armée d’environ trente mille partisans armés, sans parler du soutien politique, tandis qu’en 2001 al-Qaeda en avait moins d’un millier ; de plus, ils ont un budget de cinq cents à mille fois supérieurs à celui qu’avaient à leur disposition ceux qui ont commis les attentats du 11 septembre. La base de l’organisation se situe à un carrefour stratégique, qui résonne symboliquement pour tous les musulmans, au contraire de al-Qaeda qui était en périphérie, en Afghanistan. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que souvent on essaye d’analyser Daesh comme si c’était al-Qaeda, mais le nouveau venu est sans aucun doute plus dangereux. Il y a cependant une filiation évidente entre les deux groupes terroristes pour deux aspects en particulier. Le premier est le lien entre terre et jihad : le jihad n’est pas conduit pour libérer ou conquérir un territoire précis, mais pour le jihad même. Ici, il ne s’agit pas d’Islam, nous parlons d’autre chose, c’est une religion du jihad. C’est la secte du jihad. C’était vrai pour al-Qaeda et c’est vrai pour Daesh. Le second aspect est que pour projeter le jihad il faut une base solide. La « base » est précisément le sens de al-Qaeda ; maintenant c’est le Califat pour Daesh. Et le jihad qu’il projette, à mon avis, a pour objectif l’Europe.

Qu’est-ce qui pousse de nombreux combattants à s’unir à Daesh ? La plupart d’entre-eux proviennent de l’Europe et souvent ils n’ont pas un background religieux ou ethnique commun.

Ce qui se passe actuellement en Irak n’a rien à voir avec l’Islam, comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une autre religion. Les personnes entrent dans les rangs de Daesh comme s’ils se convertissaient à une religion, soit parce qu’ils n’en n’avaient pas personnellement auparavant, soit parce qu’étant issu d’une famille musulmane, ils abandonnent l’Islam de leurs parents, familles, cultures pour se tourner vers un présumé « vrai Islam » qui, en réalité, est une nouvelle religion. Je ne crois donc pas qu’on puisse comprendre le phénomène uniquement d’un point de vue musulman. Daesh parle à des jeunes rebelles, « en rupture », présents dans le monde entier, pas seulement en Europe et dans les pays arabes, mais aussi en Australie, à Singapour, au Canada... Olivier Roy a établi une comparaison très juste, à mon avis, entre ce qui se produit en Irak et les mouvements d’extrême-gauche des années 60 et 70. Daesh attire une frange qui est déjà radicale. On ne se radicalise pas au contact de Daesh, on l’est déjà au départ. L’Islam est l’Islam. Daesh est une autre chose.

Dans son acronyme Daesh fait référence à la Grande Syrie, Sham, qui comprend aussi la Jordanie, le Liban et la Palestine. Quelle perception ces pays ont-ils de Daesh ?

Ils sont aussi inquiets que nous. Le sens de Sham se trouve dans les prophéties apocalyptiques. Dans mon livre L’apocalypse dans l’Islam (2011) je décris déjà la roadmap de Daesh. Dans certains récits de la fin des temps, le territoire de Sham est surtout le lieu de la « grande bataille » de la fin des temps. Nous percevons ce qui est en train de se produire comme la simple expansion d’un califat, mais pour eux nous sommes à la veille de la fin des temps, c’est pour cette raison que de si nombreuses personnes adhérent, parce qu’elles sont convaincues que la fin est proche. S’ils ne participent pas à la grande bataille, ils perdent. Mais s’ils participent dans le bon camp, ils remportent la bataille, ils gagnent tout et seront les meilleurs musulmans pour l’éternité. Le territoire de Sham est donc considéré comme l’endroit où aura lieu la fin du monde. Selon cette tradition, la grande bataille aura lieu à Dabq, au nord d’Alep, où les byzantins (Rûm), c’est-à-dire les occidentaux, déploieront leur armée contre celle de l’État islamique provenant de Médine, où plutôt de Mossoul, où se dresse le siège du califat. Un tiers des combattants mourra, un tiers se rendra et le tiers restant remportera la victoire et sera considéré juste dans la foi. La déclaration selon laquelle Daesh voudrait arriver à Rome est en réalité une traduction erronée : ils disent Constantinople, la nouvelle Rome, la ville des Rûm. Nous avons traduit Rome, mais la ville des Rûm peut être Rome comme Paris, Madrid ou New York. Dans la tradition, la ville des Rûm devra être conquise. Ce n’est donc pas une question de conquérir ce pays ou un autre, mais de progresser, parce qu’en avançant les prophéties se réalisent. C’est pour cela qu’il faut les arrêter.

Considérez-vous la réaction occidentale efficace pour combattre le fondamentalisme de Daesh ? Cela ne risque-t-il pas d’engendrer un soutien au califat de la part d’autres groupes jihadistes ?

La réaction de l’Europe et des États-Unis est erronée pour deux raisons. Tout d’abord, ils ont pensé que le problème pouvait être résolu en s’interrogeant sur les raisons qui poussent les volontaires à partir en Syrie. Certainement, c’est important de se le demander, à l’école, en prison, dans les tribunaux, mais l’idée que pour comprendre Daesh on doit regarder l’Europe et ses institutions, c’est déjà faire le jeu de Daesh. La réponse est là-bas, mais nous, occidentaux, nous n’avons pas encore voulu le comprendre, parce que nous n’avons pas compris complètement la révolution syrienne. Ce n’était pas une guerre entre tribus ou communautés, mais la création d’un nouvel ordre. L’histoire passée nous a appris que lorsqu’une révolution réussit, tout n’est pas toujours parfait, mais lorsqu’elle est suffoquée, le résultat est encore pire. L’échec de la révolution a favorisé Daesh et Assad contre la révolution. En Syrie, le fait est que Assad a utilisé et utilise encore Daesh contre la révolution elle-même. Aujourd’hui, on croit, les américains in primis, qu’on peut lutter contre Daesh sans lutter contre Assad et le résultat est que Daesh n’a jamais été aussi fort. Nous nous sommes trompés et la clé se trouve en Syrie : une véritable politique doit être appliquée à la révolution syrienne et pas seulement à Daesh. Et ici, une réelle collaboration avec la Turquie devient nécessaire, car elle sait mieux que les autres comment lutter contre cette menace.

Comment interprétez-vous l’idéal de la construction d’un « État islamique » dans le panorama des mouvements islamistes ?

Daesh ne construit rien, c’est une bande qui ne produit rien. Sa constitution élaborée entre 2006 et 2007 n’est rien d’autre qu’une série d’interdictions. C’est une organisation qui s’est élargie sur un territoire et donc qui se retrouve à devoir gérer des millions de personnes, au contraire de al-Qaeda. Celle-ci était soumise aux talibans et l’administration était aux mains des talibans. Les personnes qui ont négocié à propos des Bouddhas en Afghanistan ont passé des semaines sans savoir où était le centre du pouvoir, précisément parce que c’était une organisation et pas un état. Lorsque je me trouvais à Alep, les gens parlaient de dawla(état), ils ne disaient pas « Daesh », tout comme on dit nizâm (régime) en parlant de Assad. Tout le monde sait que le nizâm de Assad est seulement la répression. Pour Daesh l’introduction de l’idée d’état n’indique pas du tout une évolution idéologique, mais signifie seulement que Abu Bakr al-Baghdadi veut être le seigneur tranquille des zones qu’il contrôle. Les seules régions homogènes en Syrie sont le nizâm de Assad et Daesh : la dimension totalitaire compte plus que la dimension de l’état.

Certains médias et intellectuels disent qu’il s’agit d’un complot. Qu’en pensez-vous ?

En tant qu’historien, je trouve intéressant de souligner qu’on pense quand on fait la révolution, tandis que quand elle se termine, on ne pense plus et on imagine des conspirations et des complots. La révolution est rationnelle; durant la révolution on ne parle jamais de la fin des temps, mais on en parle continuellement durant la contre-révolution. Naturellement, il y a des questions irrésolues sur Daesh, en particulier pourquoi Abu Bakr al-Baghdadi a-t-il été prisonnier des américains, selon le Pentagone en 2004, selon le chef de la prison de 2005 à 2009 ; on ne sait pas pourquoi il n’y a pas eu de procès ni d’enquête... Cependant, ceux qui croient à la conspiration ne comprennent pas une chose que les historiens connaissent bien : l’énorme stupidité des hommes. Beaucoup de choses s’expliquent davantage par la stupidité, l’incompétence et le manque de coordination que par la volonté de manipuler. Les américains ne contrôlent plus rien. Je ne dis pas que c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, je dis seulement qu’il y a de nombreuses personnes, au Moyen-Orient et ailleurs, qui continuent de penser que les américains contrôlent tout et elles interprètent les faits à partir de ce présupposé. Dans le monde arabe, la tendance à tout ramener à un complot est fréquente et le lieu où l’on croit le plus à la théorie du complot est l’Égypte. Là, on en arrive à expliquer que les Frères musulmans, tout comme Daesh, seraient une création des américains. Mais il est temps d’en finir avec cette logique.

Commentaires

  • La plus redoutable machine de guerre de ce type, l'Europe l'a malheureusement connue, avec le rouleau compresseur du protestantisme et sa machine de guerre païenne, la franc maçonnerie. Des peuples catholiques entiers du Nord de l'Europe furent convertis de force à ce nouveau paganisme, adorateur des dieux Raison, Argent et Pouvoir.
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    Ce paganisme s'est ensuite propagé vers tout le Sud de l'Europe, en fomentant en France une Terreur effroyable de barbarie. À côté des décapitations en masse de catholiques, Daesh fait presque figure d'amateur. Si le Roi de France lui-même fut décapité, c'est parce qu'il était catholique et non Roi. Un Roi protestant franc maçon ne risque rien.
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    En Italie, la secte maçonnique s'allia avec les mafias du pays pour mettre la main, comme ailleurs, sur tous les biens des catholiques. Encore aujourd'hui, les rites d'initiation des mafias sont similaires à ceux de la franc maçonnerie, et tout mafieux doit prêter serment au nom du grand maçon historique, Garibaldi.
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    La Belgique elle-même fut créée en soumission à la secte maçonnique, son premier Roi, Léopold 1er, étant choisi parce que grand maître franc maçon.
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    Cette machine de guerre franc maçonne fut active dans les autres pays européens, et ailleurs dans le monde. Une de ses victimes fut le pauvre peuple catholique mexicain, dans des persécutions récemment montrées au cinéma.

  • ¨Pauvre Job, je suis triste pour vous.

    A la moindre occasion, vous prenez le protestantisme en haine et le dénoncez comme le principal des maux de la société !

    Je ne sais vraiment pas pourquoi !!! Et cela me peine !

    Vous connaissez vraiment mal le protestantisme.

  • @ jacques d … Je dénonce le protestantisme (ou sa myriade de déclinaisons) car je considère que c'est une caricature du christianisme et de l'unité des chrétiens voulue par Jésus. Il a évacué Dieu de la vie des gens, en supprimant tout sacrement, en niant ou ridiculisant les miracles, en traitant d'idoles les saints et saintes vénérés par les catholiques, en se moquant de leurs prières. Il traite les catholiques d'obscurantistes et superstitieux, et les persécute pour les convertir de force. Il a saccagé des milliers d’œuvres d'art catholiques, dans un iconoclasme pire que les talibans. Il vénère les dieux Argent, Raison et Pouvoir. Il déifie et idolâtre la Bible. Il a supprimé les moines et moniales en les traitant de parasites ou inutiles.
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    Bref, je n'ai aucune haine pour les protestants. Si je dénonce le protestantisme, c'est que je suis triste pour eux car je les aime. Dénoncer quelque chose de mauvais n'est pas haïr ceux qui sont tombés dans ce piège du Malin, c'est chercher à les en délivrer. Si je me moquais du sort des protestants, je ne perdrais pas mon temps à dénoncer le protestantisme.

  • Pauvre Job, ne dites pas que vous aimez les protestants (trop simple !) quand vous attaquez frontalement tout ce qui les nourrit.

    Pour suivre, un article que vous n'apprécierez pas non plus !
    Et si vous parveniez à le lire sans un apriorisme ?

    Quand les religions m’inquiètent
    Frédéric Lenoir - publié le 01/05/2012 in « Le monde des religions »

    La montée des fondamentalismes et des communautarismes religieux m’inquiète. Il y a une trentaine d’années, lorsque je commençais à m’intéresser aux religions, l’heure était à la quête spirituelle. On faisait des retraites d’initiation à l’oraison chrétienne ; on partait encore en Inde, sac au dos, chercher des maîtres de sagesse ; moines bouddhistes et moines catholiques échangeaient sur leurs expériences intérieures ; on lisait Rûmi et Maître Eckhart. Les temps ont bien changé.
    L’heure est aujourd’hui davantage à la quête identitaire, à la redécouverte de ses propres racines culturelles, à la solidarité communautaire. Et, hélas, de plus en plus aussi : au repli sur soi, à la peur de l’autre, à la rigidité morale et au dogmatisme étroit. Aucune région du monde, aucune religion, n’échappe à ce vaste mouvement planétaire de retour identitaire et normatif. De Londres au Caire, en passant par Delhi, Houston ou Jérusalem, l’heure est bien au voilage ou au perruquage des femmes, aux sermons rigoristes, au triomphe des gardiens du dogme. Contrairement à ce que j’ai vécu à la fin des années 1970, les jeunes qui s’intéressent encore à la religion le sont pour la plupart moins par désir de sagesse ou quête de soi que par besoin de repères forts et désir d’ancrage dans la tradition de leurs pères.

    Fort heureusement, ce mouvement n’a rien d’inéluctable. Il est né comme un antidote aux excès d’une mondialisation non maîtrisée et d’une individualisation brutale de nos sociétés. En réaction aussi à un libéralisme économique déshumanisant et à une libéralisation des mœurs très rapide. Nous assistons donc à un très classique retour du balancier. Après la liberté, la loi. Après l’individu, le groupe. Après les utopies de changement, la sécurité des modèles du passé.

    Je reconnais d’ailleurs volontiers qu’il y quelque chose de sain dans ce retour identitaire. Après un excès d’individualisme libertaire et consumériste, il est bon de redécouvrir l’importance du lien social, de la loi, de la vertu. Ce que je déplore, c’est le caractère trop rigoriste et intolérant de la plupart des retours actuels à la religion. On peut se réinscrire dans une communauté sans verser dans le communautarisme ; adhérer au message millénaire d’une grande tradition sans devenir sectaire ; vouloir mener une vie vertueuse sans être moralisant.

    Face à ces raidissements, il existe fort heureusement un antidote interne aux religions : la spiritualité. Plus les croyants creuseront au sein de leur propre tradition, plus ils y découvriront des trésors de sagesse susceptibles de toucher leur cœur et d’ouvrir leur intelligence, de leur rappeler que tous les êtres humains sont frères et que la violence et le jugement d’autrui sont des fautes plus graves que la transgression des règles religieuses. Le développement de l’intolérance religieuse et des communautarismes m’inquiète, mais pas les religions en tant que telles qui peuvent certes produire le pire, mais aussi apporter le meilleur.

    NP : voilà la piste que je privilégie quand j'œuvre en faveur de l'œcuménisme et de l'interreligieux ...

  • Une des raisons qui a amené le mouvement de protestation dans l'Eglise catholique. Une lettre éclairante :


    Extrait de la lettre datée de 1550 et signée des cardinaux, figurant au répertoire de la Bibliothèque Nationale de France, où l'on peut la consulter. Repris en 1911 dans la revue "Truth".

    "De tous les conseils réservés à Ta Sainteté, nous avons gardé les plus essentiels jusqu'au dernier moment.

    Concernant la lecture de la Bible, nous devons tenir nos yeux grands ouverts et intervenir avec toute notre puissance. Il faut donner aussi peu que possible l'autorisation de lire l'Évangile, surtout dans les langues modernes et dans les pays soumis à notre juridiction.

    Ce qui en général est lu pendant la messe, devra suffire et personne ne devra être autorisé à en lire davantage. Tes intérêts prospéreront aussi longtemps que le peuple se contentera du peu qu'on lui offre, mais dès que le public demande d'avantage, tes intérêts sont en danger. C'est le livre qui peut, plus qu'aucun autre provoquer contre nous des révoltes et des tempêtes qui nous perdront presque. Certainement, si quelqu'un étudie sérieusement la Bible et la compare avec ce qui se passe dans nos Églises, il trouvera bien la vérité et verra bien les choses qui y sont le plus souvent encore nettement opposées.

    Et si le peuple reconnaît toutes ces choses, il nous mettra constamment au défi jusqu'à ce que tout soit dévoilé; alors, nous serons l'objet des railleries et de la haine. Il est indispensable de dérober la Bible, qui est la Parole de Dieu écrite, aux regards des peuples, mais avec beaucoup de précautions pour éviter tout tumulte."

  • Sur les accusations selon lesquelles l'Eglise aurait empêché la lecture de la Bible, voir un article aussi nuancé que documenté:

    http://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2014/05/27/leglise-a-t-elle-interdit-de-lire-la-bible/

    Soit dit en passant je n'ai pas très bien compris par quel mystère la discussion de fond, qui concerne le terrorisme islamiste, a divergé vers le protestantisme. Le protestantisme comporte des différences doctrinales majeures et même de foi avec l'Eglise catholique... Mais c'est indistinctement que les chrétiens sont persécutés en Irak, en Syrie et ailleurs, au nom d'une idéologie perverse.

  • Philippe, MERCI pour ces informations.
    Elles me démontrent qu'en tous domaines, nous avons un devoir de vérification des sources. Je ne les ai pas assez cherchées et m'en excuse.

    Sans vouloir rebondir, il faut bien dire que, durant toute ma formation religieuse (et j'ai accompli un noviciat de deux ans dans une congrégation religieuse), à part une sorte "d'histoire sainte", on se tournait peu vers le Premier Testament (appelé souvent Ancien Testament). La "messe" était "dire" en latin ...
    Ce qui en ce temps d'avant Concile Vatican II ne me gênait pas. J'aimais ce rite ! Et l'aime toujours, surtout ses chants grégoriens. Cela n'empêche que j'ai reçu comme un bol d'oxygène quand on a pu opérer quelques modifications ! Celles-ci n'étaient pas essentielles au mystère de l'Eucharistie.
    Et c'est bien dommageable que cela ait pu créer les dissensions que nous avons connues ! Moi aussi, je n'aime guère tout ce qui est excentricité, chants sans valeur (musicale et sens des mots). Je préfère une eucharistie de type "contemplatif", avec des moments de silence, des chants adaptés (une partie de ceux-ci sont bien composés).

    Nous avons chaque dernier samedi du mois, en paroisse, une messe dite "de famille" et là on essaie d'être plus créatif afin que tous, dans la famille, puisse trouver ce qui lui convient !

    Le principal n'est-il pas de pouvoir s'accepter tels que nous sommes ? N'est-ce pas ainsi que le Sauveur qui Vient nous aime ?

  • @ philippe … Ce sont des catholique qui sont persécutés en Syrie et Irak. Ils étaient déjà catholiques avent que vos ancêtres le soient. Ils n'ont heureusement pour eux pas connu le protestantisme, et l'iconoclasme et persécutions qu'il a fait subir aux catholiques en Occident.
    .
    Le texte fourni par Jacques D. est un tissu de mensonges, comme toute la liste de calomnies fabriquées par les Princes protestants pour forcer leurs peuples à abandonner le catholicisme. Comme le prouve Jacques D. ce texte mensonger est encore utilisé aujourd'hui par les protestants et leurs sympathisants pour calomnier le Vatican. Je l'ai même vu reproduit dans le bulletin paroissial d'une paroisse catholique 'protestantisée' !
    .
    Par ailleurs, l'on peut cependant noter l'absurdité d'une lecture par cœur des livres de la Bible par tout un chacun. Ces livres ont été écrits par des auteurs différents, sur des sujets différents, avec des styles différents. Ils demandent des années d'études pour être plus ou moins bien compris. Et restent sujets à des interprétations diverses par les plus grands théologiens. Sans compter que des Bibles ont été réécrites pour 'coller' avec l'idée que l'un ou l'autre pasteur s'en faisait.
    .
    C'est une hérésie de faire apprendre par cœur ces livres très complexes et souvent hermétiques, comme si l'on apprenait par cœur des Fables de La Fontaine. Les musulmans font la même erreur avec leur Coran. Pas étonnant que protestantisme et islam génèrent des masses de pasteurs et d'imams, ou de fidèles, faisant des lectures délirantes de ces textes.

  • @ Jacques Delen

    Votre citation de Frédéric Lenoir est intéressante, merci. Mais je crains qu'il n'ait pas perçu toutes les causes du repli identitaire dans le monde catholique :
    " Je reconnais d’ailleurs volontiers qu’il y quelque chose de sain dans ce retour identitaire. Après un excès d’individualisme libertaire et consumériste, il est bon de redécouvrir l’importance du lien social, de la loi, de la vertu. Ce que je déplore, c’est le caractère trop rigoriste et intolérant de la plupart des retours actuels à la religion."

    L'excès de réaction qu'il déplore s'explique par au moins deux facteurs majeurs passés sous silence :
    1° l'introduction massive d'une culture rivale au sein même de nos sociétés, avec obligation de cohabitation des idées et relativisation forcée de la culture originelle.
    2° Le rejet, par un laïcisme de plus en plus envahissant, de l'identité chrétienne, surtout catholique, dans la sphère privée, ressentie inévitablement comme une agression.
    Donc, la réaction est essentiellement défensive alors qu'on la présente comme essentiellement agressive. C'est le monde à l'envers.

  • @ J. Delen

    " Extrait de la lettre datée de 1550 et signée des cardinaux, figurant au répertoire de la Bibliothèque Nationale de France, où l'on peut la consulter. Repris en 1911 dans la revue "Truth". "

    Cette lettre a toutes les allures d'un document fabriqué. Son caractère caricatural lui ôte d'emblée toute crédibilité. On en a manifestement rajouté des couches pour faire choc. Mais cet excès même se retourne contre lui.

    Quant à la référence à la Bibliothèque Nationale, elle n'est nullement un critère d'authenticité. N'importe qui peut en effet y faire enregistrer n'importe quel document écrit, aussi faux soit-il, et les exemples sont nombreux.
    Il faudrait au moins disposer de quelques analyses contradictoires dudit document pour commencer à s'y intéresser.

  • Eleison, exact ce que vous exprimez.

    Par rapport au texte dont question, voir ma réponse à Philippe où je reconnais mon erreur !

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