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Le baptême du Seigneur (dimanche 10 janvier)

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le baptême du Christ par fra Angelico (Florence - Couvent Saint-Marc - XVe s.)

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ - Homelies.fr (Archive 2009)

Nous célébrons aujourd’hui la première manifestation publique de Jésus ; nous pourrions dire son entrée dans la vie publique. Pourtant la solennité du baptême du Seigneur appartient encore au temps de Noël. Certes c’est un adulte qui descend dans le Jourdain : trente ans se sont écoulés depuis les événements de Bethléem. Mais avant de clore ce temps liturgique, l’Eglise veut compléter la révélation de l’identité de celui que les bergers et l’étoile désignaient comme le Messie. Aujourd’hui, le Père le reconnaît comme son Fils. La tradition orientale ajoutera même le miracle de Cana, où Jésus « manifeste - pour la première fois - sa gloire » (Jn 2, 11), et se révèle comme l’Epoux de l’humanité rachetée.

« Jésus arrive de Galilée » c’est-à-dire d’une terre semi-païenne aux yeux de l’orthodoxie. Ce qui s’annonçait par la visite des mages, commence à se réaliser concrètement : certes, « le salut vient des juifs » (Jn 4, 22), mais le Christ de Dieu est solidaire de tous les hommes ; il est venu « rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52).

L’évangéliste est discret sur le baptême en lui-même. Toute l’attention se porte plutôt sur ce qui se passe au moment où Notre-Seigneur « sort de l’eau ». Jésus « voit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe ». Saint Marc suggère que Notre-Seigneur est le seul à avoir vu l’Esprit, vision dont il a dû témoigner par la suite auprès des Apôtres. Par contre tous les assistants ont pu entendre la voix qui du ciel se fit entendre, et qui en s’adressant à Jésus, révèle son identité : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour ». Le baptême de Jésus se situe bien dans le prolongement de l’épiphanie que nous avons célébrée hier : comme à la crèche avec les mages, ou comme à Cana avec la transformation de l’eau en vin, quelque chose de décisif nous est manifesté de l’identité de Jésus, et cette fois par l’action de l’Esprit et par la voix du Père lui-même. Certes c’est à son Fils que le Père s’adresse, mais le caractère public de ce dialogue d’amour trahit son intention : manifester aux yeux de tous celui dont Dieu « a fait un témoin pour les nations, un guide et un chef pour les peuples » (1ère lect.).

Saint Jean pour sa part annonce trois témoins : « l’Esprit, l’eau et le sang, qui tous trois se rejoignent en un seul témoignage » (2nd lect.). Au baptême, ils ne sont encore que deux à témoigner : l’eau et l’Esprit ; ou plutôt l’Esprit reposant sur les eaux, « couvant » la création nouvelle (cf. Gn 1, 1) qui surgit du Jourdain en la personne du Christ. Au Golgotha Jésus témoignera lui-même, en versant son « sang » (troisième témoin) pour nous, c'est-à-dire en descendant dans notre mort afin que nous puissions vivre de sa vie. Nous retrouvons d’ailleurs les trois témoins au pied de la Croix : Jésus « remet l’Esprit » (Jn 19, 30), un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; « et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 34). Ce triple témoignage, c’est celui que « Dieu lui-même rend à son Fils » (2nd lect.), afin que nous croyions « que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu », et qu’ainsi nous soyons « vainqueur du monde », en étant « vraiment né de Dieu » (Ibid.).

Pourquoi l’Esprit devait-il descendre sur Jésus au Jourdain ? N’était-il pas le Fils bien-aimé depuis toute éternité ? Certes, confirme Saint Cyrille d’Alexandrie, Notre-Seigneur « est le Fils de Dieu le Père, engendré de sa substance, et cela avant l’incarnation et avant tous les siècles ». Le baptême n’ajoute rien à la filiation divine du Verbe incarné, mais il est la confirmation de cette filiation pour la conscience humaine de Jésus. Comme le précise encore saint Cyrille : « Si l’on dit que le Christ a reçu l’Esprit Saint, c’est en tant qu’il s’est fait homme et en tant qu’il convenait à l’homme de le recevoir ». Pour le dire autrement avec Saint Irénée : « En Jésus, l’Esprit Saint s’habituait à demeurer en l’homme et à se reposer parmi les hommes ». C’est donc pour nous que Jésus s’immerge aujourd’hui dans les eaux du Jourdain et dans les grandes eaux de la mort, afin de nous ressusciter avec lui dans la puissance de l’Esprit que le Père envoie sur tous ceux qui par la foi, entrent dans « l’Alliance nouvelle et éternelle » (1ère lect.) qu’il a scellée avec nous dans le sang de l’Agneau, et qu’il renouvelle pour nous à chaque Eucharistie.

« Seigneur nous le croyons : ta Parole, qui sort de ta bouche, ne t’est pas revenue sans résultat ; elle a pleinement accompli sa mission : elle a abreuvé notre terre de la rosée de l’Esprit Saint, elle l’a fécondée et fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain eucharistique à ceux qui croient en toi. Accorde-nous de te chercher, car tu te laisses trouver ; de t’invoquer, car tu t’es fait proche. Nous voulons abandonner nos chemins de perversion et revenir vers toi Seigneur, car tu as pitié de nous et tu es riche en pardon” (cf. 1ère lect.). Nous pourrons alors “te rendre grâce et proclamer ton nom ; jubiler et crier de joie, car tu es grand au milieu de nous, Saint d’Israël” (Ct Is) ».

Père Joseph-Marie

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