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Après le coup du lapin

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Sur le site « Pro liturgia », une réflexion marquée au coin du bon sens d’un internaute :

« Je n’ai toujours pas digéré le coup des “lapins” ; d’autant plus que je connais un certain nombre de familles nombreuses qui doivent affronter un climat qui leur est de plus en plus hostile, qui souvent font d’énormes sacrifices, renoncent au train de vie souvent très confortable qu’ils pourraient espérer, voire pour les plus modestes vont jusqu’à se priver du nécessaire pour élever leurs très nombreux enfants. Si même le Pape, qui devrait les soutenir et les encourager, se met à se moquer d’eux... 

Evidemment, je pense qu'il s’adressait plus au contexte des Philippines marqué par une extrême pauvreté, ce qui change les données du problème ; en outre, dans le même discours, il réaffirme la conception traditionnelle de la famille et condamne le malthusianisme moderne. Mais on est en droit d’attendre d’un Pape qu’il sache tenir sa langue, mesurer ses propos, et ne pas faire tous azimuts des déclarations à l’emporte pièce dont il sait - ou devrait savoir - qu’elles seront manipulés par des médias souvent malveillants... D’ailleurs là, ça n'a pas loupé : les journalistes - toujours réducteurs - n’ont évidemment retenu des propos du Pape que le fait qu’il se moque des familles catholiques traditionnelles en les comparant à des lapins. Ce qui n’est pourtant pas tout à fait le sens exact de ses propos quand on les examine de plus près et qu’on les resitue dans leur contexte. Bref, en termes de “com” et contrairement aux apparences, le pontificat actuel n’est pas meilleur que les précédents.

Tout cela est évidemment malheureux. Mais je pense néanmoins qu’il ne faut pas non plus en faire une montagne. Jusqu’à l’émergence récente des médias de masse - émergence à cause de laquelle un simple propos prononcé au hasard d’un couloir ou un simple “tweet” peut provoquer un tollé mondial - les catholiques ne vivaient pas suspendus à leur télé où à leur radio (de fait, cela n’existait pas) en attendant impatiemment que le Pape dise quelque chose pour que l’on puisse s’en offusquer (ou s’en féliciter). Pourtant, je suis sûr qu’en privé, beaucoup de papes au cours des siècles on dit énormément de sottises. Les catholiques du monde entier connaissaient la foi catholique, connaissaient la doctrine de l’Eglise et le catéchisme, et cela leur suffisait. Le Pape n’était, après tout, qu’un lointain évêque chargé de s’assurer de la bonne réception et transmission de la foi à l’échelle de l’Eglise universelle. Imagine-t-on ce que ça aurait été si du temps du pape Alexandre VI, tous les prêtres et fidèles du monde chrétien étaient restés scotchés sur BFM TV pour suivre en direct les scandales de la vie dissolue de l’affreux Borgia ? 

Au fond, dans le catholicisme, le pape et sa personnalité propre n’ont qu’une importance très secondaire. On lui demande de veiller sur le dépôt de la foi universelle, d’assurer sa transmission et d’encourager son expansion, point barre. Cela, le très discret Benoit XVI l’avait parfaitement compris. C’est seulement notre époque contemporaine qui a fait du Pape une espèce de “rockstar” surmédiatisée et omniprésente, de qui on attend tout, et surtout ce qu’il ne peut pas offrir, et dont on épie le moindre murmure pour ensuite pouvoir le commenter et le disséquer sans fin sur les plateaux télés ou sur le parvis des églises à la sortie de la messe. Et bien sûr, quand le caractère d’un Pape pousse à se prêter à ce jeu, ça devient problématique. Mais tout cela n’a, au fond, aucun intérêt et je pense qu’il faudrait avoir la sagesse de prendre du recul par rapport au rythme effréné que nous impose la machinerie médiatique, et apprendre à se concentrer sur les sujets vraiment importants, les sujets de fond.

Je remarque en outre que depuis que l’on a réduit au minimum tout le décorum entourant la fonction papale, comme l'a souhaité François pour faire pauvre et simple, jamais autant qu’aujourd’hui la figure et la personnalité du pape n’a été aussi obsédante et omniprésente pour les catholiques du monde entier. Paradoxalement, notre époque voit l’émergence d’une forme moderne de “papôlatrie” que j’estime particulièrement agaçante et aussi profondément malsaine. »

 http://www.proliturgia.org/

JPSC

Commentaires

  • Je partage entièrement le commentaire reproduit ici. J'ai d'ailleurs émis, mais sommairement, un avis analogue dans la précédente "édition" de Belgicatho.
    MOH

  • Je n'ai pas d'enfants . J'ai toujours aimé m'occupper des " enfants des autres" . Comme une tante, une soeur de la mère .Finalement, ce sont les familles nombreuses qui ont le moins besoin d'aide concrète de ce genre . C'est mon expérience.
    Par ailleurs, article très bien pensé de JPSC.

  • En fait , je voulais simplement faire part, ici ,de mon admiration pour toute la richesse et toute la créativité d'amour , qu'on rencontre souvent dans les familles nombreuses

  • Dire que la "com" du Vatican ne serait pas à la hauteur, c'est faire fi du professionnalisme machiavélique de la plupart des grands médias aux mains des francs maçons, ennemis jurés de l'Église catholique. Dire que le calomnié n'est pas à la hauteur du professionnalisme de ses calomniateurs, c'est rajouter à la calomnie de ceux-ci sur le dos de celui-là.
    .
    Quant au sujet lui-même, je trouve malheureux que des catholiques s'en servent pour casser du sucre sur le dos de notre Pape, symbole de notre unité et notre plus petit serviteur à tous. Je trouve personnellement qu'il a raison. Chaque couple doit trouver le juste milieu entre les deux extrêmes que sont le refus de maternité et l'excès de maternité. Il ne faut être ni ange ni bête, juste homme, motivé par l'amour de Dieu et de son prochain.

  • Le problème n'est pas que le pape ait fait référence à la notion de responsabilité et ait même encadré son discours dans la tradition de l'Eglise. Jusque là, il ne fait que son job, on va dire.

    Le problème - selon moi - c'est le contexte. Le contexte auquel il fait référence est cette d'une situation pathologique (une césarienne qui en suit d'autres). D'une situation particulière, on infère une sorte de morale universelle. La casuistique propre à certains jésuites a ses limites. Pourquoi avoir choisi cette situation quasi intenable, plutôt que la vision épanouie d'une famille nombreuse où sans doute l'argent ne coule pas à flot. Ces familles, que Dieu visite "avec les gestes de sa Providence, à laquelle les parents, spécialement ceux qui sont pauvres, rendent un témoignage évident, du fait qu'ils mettent en elle toute leur confiance, au cas où les possibilités humaines ne suffiraient pas" (Pie XII).

    "Les familles nombreuses, loin d'être la « maladie sociale », sont la garantie de la santé physique et morale d'un peuple. Dans les foyers où il y a toujours un berceau d'où s'élèvent des vagissements, les vertus fleurissent spontanément, tandis que le vice s'éloigne, comme chassé par l'enfance, qui s'y renouvelle ainsi qu'un souffle frais et vivifiant de printemps." (pie XII toujours).

    Heureusement (façon de parler) que le pape visait directement les catholiques. Parce que la réalité de la vieille Europe, c'est que les catholiques tous ensemble ne représentent pas le groupe social le plus fėcond. On n'ose d'ailleurs imaginer le tollé mondial si le lien entre les lapins et les catholiques n'avait pas été fait formellement.

  • C'est un des seuls domaines où l'on peut accepter un message "sur mesure" de la part de l'Eglise: sur le fond, le Pape a bien entendu raison de souligner les dangers de la surnatalité, alors que chez nous, son message ne pourrait aller que dans le sens contraire. Il y a quelques mois, il avait d'ailleurs brocardé l'Europe, ce continent vieillissant.

    La seule critique qu'on peut formuler ici, c'est sur la forme: la moquerie n'était pas bien méchante, mais venant de la part du Pape, on attend tout de même un style plus réservé. Le hasard a d'ailleurs voulu que je parle le soir même avec quelques mamans catholiques de famille nombreuse, et ces propos les avaient un peu vexées.

    Quant aux médias subventionnés, on connaît leurs orientations, mais François leur donne décidément du beau grain à moudre. Peut-être une simple conséquence de sa générosité?...

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