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Dialoguer entre religions ? Oui mais comment ?

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De Jean-Michel Castaing sur LibertéPolitique.com :

Face à la menace djihadiste, quel dialogue interreligieux ?

Avant le terrible massacre des chrétiens coptes égyptiens, mais après les attentats qui ont frappé la France et le Danemark, l’auteur s’interroge sur les conditions du dialogue interreligieux. Comment servir la paix en dépassant les rencontres de convenance ?

Après les massacres djihadistes de Paris et de Copenhague, la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, « l'esprit du 11 janvier » semble vouloir nous persuader d'accélérer, d'approfondir le dialogue interreligieux. Face aux fanatiques, le dernier mot devant rester à la paix, les religions sont priées de démontrer à toute force devant l'opinion publique qu'elles ne sont pas fautrices de guerre.

Aussi sont-ils nombreux, dans notre société française traumatisée par les attentats islamiques du début d'année, à attendre des responsables des différentes confessions religieuses qu'ils débattent entre eux. De la sorte, pense-t-on, ils démontreront que les religions sont capables de sortir de leur pré carré, que leurs prétentions à dire la vérité au sujet de l'absolu n'en font pas pour autant des organisations autistes et potentiellement dangereuses pour la concorde civile.

Tout cela est bel et bien. Mais est-ce vraiment cela que les citoyens attendent des plus hautes autorités religieuses ? N'est-ce pas un peu court ? Si ce dialogue est surtout destiné à la galerie, aux tiers médiatiques, s'il n’est qu’une façade envoyant un message subliminal, du genre : « Voyez comme nous sommes ouverts à l'autre ! », qu’en restera-t-il au final, sinon un simple coup de com’, un leurre imbibé de bons sentiments artificieux ? Si l'échange n'a pour but que de délivrer le message suivant : « La preuve que nous sommes tolérants, c'est que nous discutons avec ceux-là mêmes dont nous dénonçons les erreurs doctrinales ! », n'est-ce pas de la malhonnêteté ? Un échange entre dignitaires religieux qui en resterait à la photo, à des formules de courtoisie, est-ce bien sérieux ?

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Commentaires

  • Tolerare (porter, supporter) vient de tollere (soulever, enlever). Tolérer, c'est supporter un poids avec une endurance qui a forcément ses limites. La tolérance moderne est l'organisation par l'Etat de la cohabitation non violente des adversités potentielles. La tolérance laïque ne peut pas remplacer la charité fraternelle, car elle n'est pas du même ordre et elle ne peut aller aussi loin ; elle peut être même perçue par les fanatiques comme un signal de faiblesse collective...

  • Comme l’a si pertinemment écrit Benoît XVI, en 2008 déjà :

    « Le dialogue interreligieux au sens étroit du terme n'est pas possible, alors que le dialogue interculturel qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond s'avère urgent.

    Tandis que sur cette décision, un vrai dialogue n'est pas possible sans mettre sa foi entre parenthèse, il est nécessaire d'affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond. Ici, le dialogue et une mutuelle correction, sont un enrichissement réciproque et sont possibles et nécessaires. »

    Il ne s’agit donc pas de juger si les religions doivent se parler entre elles, mais plutôt de quoi elles doivent parler. Dans l'esprit du pape émérite, l’essentiel des échanges interreligieux n'est pas de chercher le plus petit dénominateur commun d'une théologie partagée, mais plutôt de trouver le moyen pour que des cultures façonnées par un engagement religieux fort puissent néanmoins vivre dans le respect mutuel.

    Et cela n'a rien à voir avec un échange d’amabilités, théologiques ou autres, entre religions. C’est prendre des initiatives opérationnelles concertées pour promouvoir, dans leurs sphères respectives de compétence, un respect élémentaire de la personne humaine sur base de la morale naturelle.

    Pour mémoire, Benoît XVI voulait d’ailleurs supprimer le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et le fondre dans le Conseil pontifical pour la culture. Il en a malheureusement été empêché.

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