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Un regard chrétien sur la finance

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9782940515035.jpgLa Fondation Centesimus Annus, constituée par Jean-Paul II en 1993 et dirigée par un Conseil de neuf laïcs, a pour but de diffuser la doctrine sociale de l'Eglise, elle se prévaut de la collaboration d'économistes et d'experts financiers engagés dans la diffusion d'idées favorables à une économie de marché réformée. Elle vient d'attribuer son premier prix à l'économiste français Pierre de Lauzun pour son livre: Finance, un regard chrétien. (VIS)

Dominique Greiner, sur son blog "La Doctrine sociale sur le fil", présente ce livre :

Dans Finance : un regard chrétien, Pierre de Lauzun, directeur général à la Fédération  bancaire française, argumente en faveur d’une articulation entre finance et christianisme, entre le monde de l’argent et  le Royaume de Dieu.

Au point de départ de son parcours, il y a cette remarque au sujet du langage parabolique utilisé dans les Évangiles qui fait souvent référence aux réalités économiques : « Bien entendu le message central est spirituel  ; mais le fait d’utiliser la vie économique et sa logique propre comme référence n’est pas neutre. Cela implique notamment que cette réalité et cette logique spécifiques soient reconnues comme légitimes à leur niveau  » (p. 13).

L’auteur retrace ensuite brièvement le rapport à l’argent selon les Évangiles et la Tradition,  redit comment une pensée chrétienne sur l’économie s’est progressivement élaborée, traverse de nouveau la controverse sur le prêt à intérêt, examine la place de la finance dans la doctrine sociale de l’Église.

Un désir exclusif de profit

Il n’y a rien de très nouveau dans tous ces développements. Le livre gagne cependant en originalité et en intérêt quand l’auteur met à profit sa connaissance du secteur financier pour expliquer le rôle de la finance. Il refuse que la responsabilité des dysfonctionnements observés en économie soit attribuée à la seule finance excessive : « La plupart des problèmes relèvent plus de la logique d’ensemble du capitalisme moderne (…) que de sa composante financière(…). C’est le cas notamment du profit conçu comme fin exclusive, du matérialisme ambiant, de l’instrumentalisation des hommes, de l’appauvrissement de la relation, etc. Naturellement la finance y jour un rôle actif puisque c’est elle qui s’occupe du capital, de l’argent. Mais encore faut-il ne pas confondre  et attribuer à la seule fonction financière ce qui est un trait d’ensemble du système » ( 175-176). Dont acte.

Pour autant, De Lauzun ne dédouane pas complétement la finance de sa responsabilité, mais il la resitue dans le fonctionnement économique général, rappelant au passage la critique du  « désir exclusif de profit » répertorié par Jean-Paul II (Sollicitido Rei Socialis) comme une des structures de péché caractéristiques de notre époque » (p.183). « L’avidité(greed), combinée au cynisme, a conduit à prendre des risques disproportionnés, d’autant que les gains étaient rapides et énormes(…). Il est évident  que cela a été un facteur essentiel dans la dérive : si les acteurs avaient eu un comportement plus compétent et plus moral, le risque aurait été bien moindre », écrit-il encore plus loin (p. 239).

Un monde de la finance complexe

Dans les chapitres 9, 10 et 11 qui forment la troisième partie du livre, l’auteur  trace  des « perspectives nouvelles pour la finance ». Le propos est plus technique et débouche sur diverses interrogations plus philosophiques. Il y est notamment question de la prévision de l’avenir et la gestion de l’incertitude qui sont au cœur du métier de financier,  de  la hiérarchie implicite des valeurs inscrite dans le fonctionnement des marchés (rôle de l’argent, place du bien commun, horizon temporel…), du rôle du crédit, de l’organisation des marchés (banque de détail et banque d’investissements…), des pratiques (spéculation, rémunérations des acteurs, rôle des autorités régulatrices…).

Chemin faisant Pierre de Lauzun recueille les leçons de la crise  de 2007-2008. « Rappelons-nous  que dans l’histoire de la finance, les plus grandes crises ont toujours été des crises de fausse sécurité : on en a fait d’autant plus qu’on se sentait en confiance – là où on n’aurait pas dû l’être. En particulier dans les grandes crises il y a souvent  une forte dimension de bulle immobilière et/ou de dette souveraine : l’immobilier sécurise, tout comme l’État »  ( p. 239-240).

Ce parcours, somme toute exigeant, fait prendre conscience du rôle essentiel mais aussi de la  complexité du monde de la finance. Ce qui rend d’autant plus nécessaire son encadrement et sa régulation. « La finance,conclut l’auteur, est donc bien à la mesure même de son importance et de son utilité, une activité sur laquelle un effort particulier doit être fait, évidemment sur ses normes et techniques mais tout autant  sur les valeurs qui doivent ou devraient l’animer » (p. 261).

En d’autres termes, pour prétendre à une certaine efficacité, l’effort d’encadrement et de régulation nécessite un effort de réflexion critique préalable.  La doctrine sociale de l’Église peut servir de référence, mais pour affiner ses analyses et ses propositions, elle a besoin de l’expérience des professionnels engagés dans le secteur de la finance.  C’est dans cette perspective que l’on peut lire le livre de Pierre De Lauzun.

Commentaires

  • Tout ce que dit et propose l'auteur est assurément vrai mais il fait l'impasse sur la cause première qui a permis toutes les dérives, à commencer par celles du crédit. Cette cause première est la politique MONETAIRE menée par les USA depuis 1913, date de création de la FED ou banque centrale américaine qui est un organisme PRIVE auquel les "élites " du Congrès de l'époque ont abandonné le pouvoir régalien de l'Etat.
    D'autres étapes n'ont fait qu'accentuer le mal, spécialement les accords de Bretton Woods (1944) instituant la dictature du dollar sur le monde, leur trahison par la non-convertibilité du $ en or (1971), les traités avec l'Arabie saoudite (1945, 1973) remplaçant le dollar-or par le dollar-pétrole et finalement l'accroissement gigantesque de la masse monétaire et la manipulation des taux d'intérêt à la baisse qui créent des bulles de plus en plus monstrueuses et incontrôlables d'actions, d'obligations souveraines et de produits dérivés . Tout cela est du domaine monétaire et va nous exploser à la figure un jour prochain, sans que la cause première en ait été identifiée et dénoncée par la plupart des "spécialistes".

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