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Un professeur de cancérologie dénonce l'euthanasie, cette "bonne mort" qui anesthésie les consciences

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Le Professeur Gilles Freyer, professeur de cancérologie au CHU de Lyon a publié cette "tribune" (le 17 février) sur le site de Libé (liberation.fr) :

Euthanasie, la «bonne mort» qui anesthésie les consciences

En se prononçant sur la «sédation terminale», pratique relevant des soins palliatifs et non de l’euthanasie médicalement assistée - la mort provoquée de manière immédiate et intentionnelle -, le conseil de l’ordre des médecins n’a guère contribué à la clarification du débat. Pour une large majorité de nos compatriotes, la légalisation de l’euthanasie en finira avec le «mal-mourir», imputable à des décennies d’archaïsme, de conservatisme idéologique et religieux ; dans le sillage de certaines démocraties européennes - Pays-Bas, Belgique -, notre pays entrerait ainsi dans l’ère du progrès civilisateur : l’ère du «mourir dans la dignité».

Mourir dans la dignité. Comment réfléchir au-delà de cet encombrant poncif ? La dignité serait donc, de façon inacceptable et surtout irrémédiable, altérée par la souffrance physique et psychique, la dégradation du corps, la perte de l’autonomie. Pourtant, chaque jour, le dévouement des équipes formées aux soins palliatifs, l’héroïsme et la solidarité des proches font reculer la souffrance. Dans la mort même, avec ou sans espoir d’éternité, tous retrouvent avec les mourants la dignité de leur condition commune. Il n’est pas sûr que, par l’euthanasie, l’effacement brutal de la mort, devenue obscène pour nos contemporains, préserve cette sérénité si chèrement conquise sur l’injustice. Qui enfin osera parler de la dignité des soignants «convoqués» par la loi, souvent en marge d’une société hédoniste qui les voudrait instruments de son très matérialiste désir d’immortalité ? Pour autant, lutter contre la souffrance nécessite l’emploi de médicaments sédatifs accusés d’êtres des substituts euthanasiques, ce qui est faux. Une sédation bien conduite peut avoir certains effets positifs, notamment sur le plan respiratoire. L’emploi de doses excessives, en revanche, précipitera une issue fatale : seule l’incompétence tue. Il faut vingt ans pour former un bon spécialiste de soins palliatifs. Il ne faut que cinq minutes à n’importe qui pour pratiquer une euthanasie.

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Commentaires

  • Merci Professeur et Cher Confrère
    de cette parole claire qui va au fond des choses. Merci de réclamer le droit à mourir dans la lucidité en dehors des mains des médecins. La mort est notre ultime acte d'homme libre que nous pouvons vivre en toute conscience, entouré de nos proches, s'ils ont le courage de nous tenir la main, ou de nos soignants et de notre médecin. Comment considérer qu'être abruti de stupéfiants, d'anesthésiques et de neuroleptiques soit « une mort digne » ? Ne serait-ce pas plutôt parfois, pour certains, la dernière indignité, la dernière lâcheté ?

    Merci de redire que le désespoir et l'angoisse nous envahissent à l'approche de la mort, qu'ils se transforment en révolte avant l'acceptation de l'inévitable et la sérénité retrouvée, et que face au désespoir le soutien humain fraternel est le seul qui vaille. Merci de redire que ce processus du mourir ne doit pas être occulté et refusé au mourant. 

    Merci de souligner le dévouement des équipes de soins palliatif.
    Merci de redire que l'économique et la rentabilité n'ont pas à envahir le soin. Que, comme en Hollande et en Belgique, c'est la porte ouverte à l'élimination de tous les encombrants onéreux. Que l’on passe automatiquement et nécessairement de l'eugénisme à l'eubiotie, le droit à la vie pour les « bons » seulement.

    Merci encore de souligner que la clause de conscience « légale » deviendra « formelle » et qu'il sera extrêmement difficile de l'appliquer, et que l'on peut compter sur les activistes pour la rendre inapplicable au nom de la liberté. Que créer pour certains un « droit à mourir » opposable revient à créer pour d'autres « un devoir de tuer », et que le rôle du médecin n'est jamais de tuer.

    Merci du courage de votre parole d'amour et de respect, en espérant que « le système » ne vous sanctionnera pas brutalement comme le professeur Bogdan Chazan, ou insidieusement, car le système a tous les courages pour couvrir ses lâchetés.

  • Parce que mourir dans la lucidité est le dernier de mes droits, je demanderai à mes proches et à mes médecins de bien vouloir ne pas « m'endormir », de ne pas me rendre stupide à coups de stupéfiants ni m'abrutir de neuroleptiques. Je leur demanderai de trouver d'autres moyens de diminuer ma souffrance, si elle existe encore, mais je sais qu'ils ne pourront probablement pas m'éviter un temps d'angoisse et de dépression passagères.
    Je sais que tous les suicidaires que j'ai accompagnés ont retrouvé la joie de vivre. Parce que je respecte ceux que j'aime, je les aiderai du mieux que je puis à dépasser leur désespérance et leur angoisse en leur permettant de sentir l'amour de leurs proches et celui indéfectible et inconditionnel de Notre Père Commun et de Son Fils, mort pour que nous vivions éternellement.
    John-Paul

  • Ignorez-vous donc la jouissance qu'il peut y avoir à donner la mort ?

  • Par quel totalitarisme vouloir imposer au médecin de tuer, au début, au milieu ou à la fin de la vie ? Vous pensez contrôler la situation, en réalité vous êtes déjà dans l'engrenage du système qui vous broiera. Vous réclamez une liberté qui vous asservi, un dignité qui vous rend indigne.

  • « Docteur, faites quelque chose » crie le mourant. Comme il est dur de dire « je ne peux rien faire de plus », « j'ai fait tout ce qui était possible » « maintenant il faut laisser faire la nature » « il ne vous reste qu'à prier et vous remettre entre les mains de Dieu ».
    Combien il est dur de reconnaître publiquement, et surtout devant son patient qui met toute sa confiance en vous, que l'on n'est pas tout puissant, qu'il y a une limite à son savoir et à son pouvoir, que l'on est pas Dieu. Il est si confortable de vivre dans une reconnaissance de toute puissance fallacieuse et mensongère. Comme il est dur alors de s'abstenir et de rester simplement à côté, jusqu'au bout.

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