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Les évêques de Belgique mettent en garde contre l'euthanasie étendue aux personnes démentes

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Evêques catholiques de Belgique: "La dignité de la personne humaine même démente"

Ce lundi, dans les colonnes du "Standaard" et dans celles de "La Libre Belgique", l’Eglise de Belgique lance une mise en garde contre l’extension de l’euthanasie aux personnes démentes.

Le vieillissement croissant de la population constitue un défi majeur pour notre société. Il va de pair avec une augmentation des cas de démence. La société investit, de longue date et largement, en faveur des personnes âgées, voire très âgées, des personnes souffrant d’un handicap mental profond ou gravement perturbées, des patients comateux et des malades en phase terminale. Nous voudrions avant tout exprimer notre reconnaissance vis-à-vis de tous ceux et celles qui sont engagés dans l’accompagnement de ces personnes fragiles. Ce n’est pas économiquement rentable, mais nous estimons - toutes obédiences confondues - qu’il doit en être ainsi. Cette conviction répond à un choix purement éthique. Mais nous craignons que ce choix soit mis à rude épreuve en raison du "climat d’euthanasie" dans lequel nous baignons depuis 2002 et face au risque d’appliquer légalement l’euthanasie aux personnes démentes. Parce que les personnes concernées sont justement celles qui peuvent le moins faire entendre leur voix, nous jugeons, en tant qu’évêques, que c’est un impérieux devoir pour nous de faire entendre la nôtre en leur faveur.

En tout premier lieu, un être humain, même atteint de démence, demeure une personne à part entière jusqu’à sa mort naturelle. La dignité humaine ne peut dépendre de ce qu’on possède ou non certaines capacités. Elle est liée de manière inaliénable au simple fait d’appartenir à l’espèce humaine. Toute personne, même en état de démence, mérite donc le respect et doit recevoir en conséquence les soins appropriés.

L’autonomie est très importante dans notre société. Mais nous nous demandons si certaines manières de la mettre en œuvre ne sont pas marquées par un individualisme excessif. "Moi, et moi seul, décide de ce que je fais de ma vie et les autres n’ont pas à s’en mêler" semble être devenu le slogan du jour. Cela va si loin qu’un acte devrait être considéré comme bon du seul fait qu’il est le fruit d’un choix autonome.

Une telle conception de l’autonomie en vient à considérer chacun comme un îlot sans lien avec autrui. Mais les individus ne sont pas des îles. Chaque être humain vit dans un environnement social, culturel, historique et relationnel.

C’est pourquoi une autonomie en "relation" ou en "communion" rend beaucoup mieux compte de notre vraie identité et du fonctionnement effectif de notre liberté. De la naissance à la mort, nous dépendons les uns des autres. La tradition chrétienne exprime cela en considérant les êtres humains comme des frères et sœurs, reliés au même Père. Mais il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour comprendre combien nous avons besoin les uns des autres. En plus du critère de l’autonomie, la notion de qualité de vie joue également un rôle important dans pas mal de décisions. Le problème de ce second critère est la difficulté d’en donner une définition objective, si bien que les éléments subjectifs risquent toujours d’être prépondérants. En ce qui concerne les personnes démentes, le risque est grand que des tiers projettent sur le patient leurs préoccupations et angoisses personnelles. La confrontation avec une personne démente doit d’abord susciter, auprès de tous, la responsabilité éthique d’en prendre soin. L’appel lancé par le prochain qui a besoin de soins renforce le fait que nous sommes ses frères et sœurs en humanité. Je suis le gardien de mon frère, que je le veuille ou non.

Même s’il nous est possible d’étouffer cet appel de notre conscience, cela n’enlève rien à notre obligation morale de prendre soin de notre prochain.

Depuis la loi de 2002 sur l’euthanasie, le constat s’impose : la dérive prédite à l’époque est devenue réalité. Les limites de la loi sont systématiquement contournées, voire transgressées. L’éventail des groupes de patients entrant en ligne de compte pour l’euthanasie ne cesse de s’élargir. La souffrance existentielle, comme, par exemple, la fatigue de vivre, est ainsi placée sans hésitation dans le champ d’application de la loi sur l’euthanasie par des personnes ayant autorité dans la société - sans indice de désordre psychologique ou psychiatrique sous-jacent -, ce qui d’ailleurs n’est pas de la compétence de la médecine.

Demande est aussi faite d’un nouvel élargissement de la loi afin de pouvoir procéder à l’euthanasie de personnes démentes, et ce à un moment précédemment indiqué par elles, sur base d’une déclaration de volonté anticipée. On en viendrait ainsi, par exemple, à une déclaration anticipée stipulant que l’euthanasie est demandée dès lors qu’on ne reconnaîtrait plus les membres de sa propre famille. Alors qu’auparavant on argumentait à partir du critère de "souffrance intolérable", on va maintenant un cran plus loin. Lorsqu’on perd sa capacité cognitive, on perdrait aussi son identité individuelle. Selon cette logique, on devrait, dès ce moment, pouvoir mettre un terme à la vie de cette personne.

Nous nous opposons résolument à cette tendance. Une perte d’autonomie n’est pas pour nous synonyme de perte de dignité.

Pareil raisonnement - nous y insistons - nous engage de manière encore plus périlleuse sur la pente entamée. Le danger n’est pas illusoire que l’on veuille réserver le concept de personne humaine - et les droits qui y sont afférents - à ceux qui sont capables de reconnaître pour et par eux-mêmes la valeur de leur propre vie. Ceux qui ne le peuvent pas, ou ne le peuvent plus, risquent d’être éliminés ou de se voir privés des soins nécessaires.

Notre société doit continuer à prendre en charge ses membres les plus vulnérables en se mobilisant pour la détection et le diagnostic précis de la démence, en assurant un soutien aux soignants bénévoles, des ressources suffisantes pour les soins palliatifs aux malades lors des stades ultimes de la démence et des moyens adéquats pour les maisons de repos et de soins.

Malgré les économies à réaliser en divers domaines, la société se doit de continuer à offrir, en fin de vie, des soins de haute qualité.

Le niveau moral d’une société se mesure au traitement qu’elle réserve aux plus faibles de ses membres. Beaucoup de personnes fragiles interpréteront un éventuel élargissement de la loi sur l’euthanasie dans ce domaine comme une invitation à ne pas se montrer égoïste au point de devenir un fardeau pour autrui.

Le risque n’est-il pas grand que beaucoup comprennent une extension de la loi sur l’euthanasie comme "une invitation à en finir" voire comme un "devoir de mourir" ? Mais, selon notre conception, jamais, dans une société authentiquement humaine, l’autre ne peut devenir une charge inutile.

Et quand un frère ou une sœur en humanité réclame une attention et des soins redoublés, cette charge supplémentaire sera portée avec amour. Telle doit être la réponse. Une réponse qui témoigne d’une solidarité inconditionnelle. Ce n’est pas la porte de l’euthanasie qui doit s’ouvrir davantage, mais bien celle de la fraternité et de la solidarité.

Les évêques catholiques de Belgique, le 2 mars 2015

Commentaires

  • La mort est un processus qui s'étend dans le temps, de quelques minutes à quelques jours.
    C'est, dans un ordre variable, l'enchaînement qui devient irréversible d'une série d’événements réversibles, spontanément ou sous l'effet d'interventions thérapeutiques. Aucun de ces événements séparément ne permet de définir la mort. Pour qu'un événement réversible devienne irréversible, il faut qu'il faut qu'il se prolonge dans le temps, jusqu'à l'altération cellulaire ou tissulaire.
    Il peut s'agir d'un arrêt cardiaque ou respiratoire, d'une perte de conscience ou d'un coma, d'une hypotension ou d'une hypothermie, d'une insuffisance rénale ou hépatique, etc.

    D'un point de vue psychologique, pour les thanatologues comme le Dr. E. Kübler-Ross, le mourir comprend différentes phases : dénégation et isolement, révolte et colère, négociation, dépression, acceptation. C'est donc aussi un cheminement psychologique qui prend un certain temps plus ou moins rapide.

    Enfin d'un point de vue familial ou social, c'est aussi un processus comparable au cheminement individuel. C'est la famille, les proches, la société qui porte le deuil, qui fui « fait son deuil ». Il s'agit de prendre de la distance émotionnelle par rapport à la disparition d'une personne, mais aussi d'organiser la transmission de propriété et éventuellement de titres. Ce processus aussi nécessite du temps.

    La mort est le moment le plus inéluctable et le plus important de notre vie. C'est elle qui révèle le sens véritable de la vie de chacun. C'est le dernier acte, l'ultime parole, même muette.  Comme dit le poète : « tel qu'en lui-même l'éternité le change ». Mais l'on prend toujours « son » temps propre pour atteindre l'éternité.

    L'accompagnement du mourant, c'est marcher à son côté, à son pas, en respectant son cheminement, son rythme, dans une ultime relation. C'est lui qui meurt, ce n'est pas moi, c'est lui mourant qui m’enrichit, moi survivant.

  • Effectivement, la mort est la sommation et l’enchaînement dans le temps d'une série d'événements qui persistent suffisamment longtemps.  
    Les « eu »-thanasies d'enfants et de déments seront une source de fourniture d'organes.

  • Voir p.ex. Robert S. Morison : « Death, Process or Event ? ». 
    L'enterrement ou l'incinération a été différé pour s'assurer de l'irréversibilité de certains processus, et la constatation de cette irréversibilité est définitive. Le seul et unique intérêt de voir la mort comme un événement plus que comme un processus est lié au prélèvement d'organes. C'est à partir de l'impérieuse nécessité de déclarer une personne morte à un moment précis qu'a prévalu comme moyen commode et que s'est imposée la notion de « mort cérébrale », privilégiant un critère unique de mort.

  • Pour aller plus loin dans la "définition" de la mort, voir aussi la bibliographie détaillée :
    The President's Council on Bioethics : Controversies in the Determination of Death : Topical Bibliography (2009)
    https://bioethicsarchive.georgetown.edu/pcbe/reports/death/topical_bibliography.html

  • Pour le chrétien toute vie humaine est sacrée, c’est-à-dire de Dieu et pour Dieu, et intouchable. Car l’homme (et lui seul) a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu ; car l’impératif « tu ne tueras pas » est catégorique, et vaut en tout temps et en tout lieu ; car notre corps est le temple de l’esprit, car notre vie ne nous appartient pas mais appartient à Dieu qui nous la confie.

  • Je ne connais qu’une seule façon d’être frères, c’est d’être fils d’un même Père. C’est l’amour du Père pour chacun de ses enfants, tous différents mais également aimés, qui fonde l’amour fraternel. Lorsque l’amour du Père n’est plus perçu, n’est plus vécu, seule subsiste la rivalité fraternelle, et Caïn devient meurtrier de son frère.
    Allah n’est pas un Père, le Grand Architecte de l'Univers non plus. Ces frères là sont meurtriers.

  • pour mémoire: Catéchisme de l'Église catholique:

    L’euthanasie
    2276 Ceux dont la vie est diminuée où affaiblie réclament un respect spécial. Les personnes malades ou handicapées doivent être soutenues pour mener une vie aussi normale que possible.

    2277 Quels qu’en soient les motifs et les moyens, l’euthanasie directe consiste à mettre fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Elle est moralement irrecevable.
    Ainsi une action ou une omission qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort afin de supprimer la douleur, constitue un meurtre gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur. L’erreur de jugement dans laquelle on peut être tombé de bonne foi, ne change pas la nature de cet acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure.

    2278 La cessation de procédures médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus peut être légitime. C’est le refus de " l’acharnement thérapeutique ". On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher. Les décisions doivent être prises par le patient s’il en a la compétence et la capacité, ou sinon par les ayant droit légaux, en respectant toujours la volonté raisonnable et les intérêts légitimes du patient.

    2279 Même si la mort est considérée comme imminente, les soins ordinairement dus à une personne malade ne peuvent être légitimement interrompus. L’usage des analgésiques pour alléger les souffrances du moribond, même au risque d’abréger ses jours, peut être moralement conforme à la dignité humaine si la mort n’est pas voulue, ni comme fin ni comme moyen, mais seulement prévue et tolérée comme inévitable. Les soins palliatifs constituent une forme privilégiée de la charité désintéressée. A ce titre ils doivent être encouragés.

  • Et ceux qui ne sont pas catholiques, ne peuvent-ils pas éliminer les encombrants dont le stockage est onéreux?

  • voir aussi :
    Congrégation pour la doctrine et la foi : 5 mai 1980
    DÉCLARATION "IURA ET BONA" SUR L'EUTHANASIE
    ET SUR S'OBSERVATION D'UN USAGE THÉRAPEUTIQUE
    DROIT ET PROPORTIONNÉ DES MÉDICAMENTS ANALGÉSIQUES (*)
    http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19800505_eutanasia_fr.html

  • Voir aussi :
    Académie pontificale pour la vie, le 9 décembre 2000.
    " Le respect de la dignité de la personne mourante
    Considérations éthiques sur l'euthanasie "
    http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdlife/documents/rc_pa_acdlife_doc_20001209_eutanasia_fr.html

  • A méditer : Catéchisme de l'Église catholique :

    Le suicide
    2280   Chacun est responsable de sa vie devant Dieu qui la lui a donnée. C’est Lui qui en reste le souverain Maître. Nous sommes tenus de la recevoir avec reconnaissance et de la préserver pour son honneur et le salut de nos âmes. Nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu nous a confiée. Nous n’en disposons pas.

    2281   Le suicide contredit l’inclination naturelle de l’être humain à conserver et à perpétuer sa vie. Il est gravement contraire au juste amour de soi. Il offense également l’amour du prochain, parce qu’il brise injustement les liens de solidarité avec les sociétés familiale, nationale et humaine à l’égard desquelles nous demeurons obligés. Le suicide est contraire à l’amour du Dieu vivant.

    2282   S’il est commis dans l’intention de servir d’exemple, notamment pour les jeunes, le suicide prend encore la gravité d’un scandale. La coopération volontaire au suicide est contraire à la loi morale.
    Des troubles psychiques graves, l’angoisse ou la crainte grave de l’épreuve, de la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire.

    2283   On ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort. Dieu peut leur ménager par les voies que lui seul connaît, l’occasion d’une salutaire repentance. L’Église prie pour les personnes qui ont attenté à leur vie.

  • Pour l'instant, abusivement et fallacieusement, on invoque pour la mise à mort des déments la « liberté sacrée » de faire tout ce que l'on veut ; bientôt, et c'est déjà le cas, ce seront les médecins sous pression des directions des institutions et hôpitaux qui décideront souverainement. Évacuation des encombrants.
    Ayant accepté de tuer des enfants on tuera les déments, les vieux et tous les inutiles coûteux.

  • «  ...en définitive, supprimer la vie, c'est détruire les racines mêmes de la liberté et de l'autonomie de la personne. » 
    « Et lorsque la société réussit à rendre légitime la suppression de l'individu – quel que soit le stade de la vie où il se trouve, ou quel que soit le degré de dégradation de sa santé -, elle renie sa finalité et le fondement même de son existence, ouvrant la voie à des iniquités toujours plus graves. » 

    Académie pontificale pour la vie, le 9 décembre 2000.
    Le respect de la dignité de la personne mourante - Considérations éthiques sur l'euthanasie
    http://ec.cef.fr/wp-content/uploads/sites/2/2014/05/20001209respect_personne_mourante.pdf

  • « 2277   ...l’euthanasie directe consiste à mettre fin à la vie de personnes ... Elle est moralement irrecevable. Ainsi une action ou une omission qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort ... constitue un meurtre ...la bonne foi, ne change pas la nature de cet acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure. » 

    Entièrement d'accord : sans vouloir mépriser ou condamner qui que ce soit, il faut constater, afin que chacun en prenne conscience de ses actes, que l'euthanasie (tout comme l'avortement) est un homicide volontaire, avec préméditation, commis en bande organisée, avec faux en écriture, et éventuellement subornation de témoin.
    Homicide : car c'est un acte qui met fin à une vie humaine qui autrement se serait prolongée,
    Volontaire : il ne s'agit pas d'un accident mais d'un acte délibéré commis de sang froid,
    Préméditation : les moyens, circonstances de temps et de lieu sont soigneusement préparés,
    Bande organisée : sont impliqués un ou plusieurs médecins, un pharmacien, un fabriquant de poison, des assistants et des aides, etc..
    Faux en écriture : dans la déclaration de décès (qualifié de « mort naturelle ») et les dossiers médicaux,
    Subornation de témoin : la plupart du temps les témoins sont tenus au silence ou à de fausses déclarations.

  • Il faut regarder sur YouTube l'émission de ktotv :
    « fin de vie ...euthanasie, qui soulage qui ? »
    https://www.youtube.com/watch?v=JUDyL0yhxAo
    Toutes les questions sont posées.
    La seule alternative à l'euthanasie est le développement des oins palliatifs, onéreux, cela ne pourra se faire que avec l'engagement bénévole massif de chacun de nous.

  • Je considère que les « prélèvements à cœur battant » sur des « cadavres à moitié morts » sont des amputations d’organes vitaux qui transforment les demi-morts en « morts complets définitifs ».
    Mais même à partir d'un « donneur vivant », comme preuve et don d'amour, généreux et fraternel, je refuserai pour ma part, toute greffe d'un corps étranger, non seulement parce que cela s'accompagne d'un traitement anti-rejet très lourd, mais parce que je répugne à vivre avec un morceau de quelqu'un d'autre en moi.
    Ni anthropophage, ni nécrophage. Que ceux qui ne me ressemblent pas ne fassent pas comme moi.

  • Les voies et moyens.
    Tuer n'est pas sorcier, mais il faut être déterminé. Depuis Caïn et David, les hommes ont rivalisé de raisons et de moyens pour occire un frère gênant, un rival encombrant.
    La décapitation, à la hache ou au cimeterre, au couteau de cuisine ou à la guillotine, l'arrachement du cœur à la mode inca ou sa perforation par un pieux ou douze balles, la pendaison, le bûcher, la chaise électrique, la chambre à gaz ont eu et ont encore leurs promoteurs et défenseurs.

    Mais un des plus anciens mode de faire disparaître un encombrant est l’empoisonnement.
    Socrate a bu de la ciguë, Cléopâtre s'est fait piquer par un aspic, les Borgia ont régné grâce aux poisons, les indiens guarani utilisaient le curare.

    Faisant des morts plus présentables, l'exécution par empoisonnement a été choisie par un certain nombre d'états américains où la peine capitale est toujours de mise.

    L'exécution se fait le plus souvent par injection séquentielle de trois produits :
    >- un barbiturique, en général le pentotal (pentobarbital sodique) choisi pour sa « rapidité » d'action, il provoque l’inconscience et pourrait à lui seul entraîner la mort, par dépression respiratoire, hypothermie, ..
    >- un curare qui paralyse les muscles respiratoires en trois à cinq minutes, entraînant « après un certain temps » la mort par asphyxie,
    >- du chlorure de potassium qui entraîne une crise cardiaque par troubles de la conduction, fibrillation ventriculaire, éventuellement torsade de pointe et finalement arrêt cardiaque.
    Cette méthode douloureuse est jugée inhumaine par certains abolitionnistes. Comme toutes les morts données par empoisonnement, elle n'est jamais instantanée.

    Beaucoup d'euthanasie sont faites en utilisant un barbiturique et un curare en intraveineuse, ou un barbiturique par voie orale, toujours obligatoirement précédé d'un anti-vomitif.

    Mais de la morphine en surdosage, des neuroleptiques, de l'insuline, des tonicardiaques et pratiquement tout médicament en dépassant la dose létale (même du paracétamol) sont porteurs de mort voulue et donnée, plus ou moins rapide. C'est donc l'intention, délibérée et prémédité, l'utilisation d'un surdosage, au-delà de toute limite « thérapeutique » et surtout en association toxique, qui constitue l'acte d'euthanasie, accepté ou imposé.

  • Pingback :

    Pf D. LOSSIGNOL : (Institut Jules Bordet) : L’euthanasie en pratique, produits et
    techniques à utiliser : 2002 Revue Médicale de Bruxelles RMB29M4 pdf à télécharger :
    http://www.amub.be/revue-medicale-bruxelles/article/leuthanasie-en-pratique-produits-et-techniques-a-u-480

    Dr. B. FIGA : L'euthanasie à domicile, considérations légales et pratiques. (2006)
    http://sspf.claroline.com/claroline/backends/download.php?url=L2VuZXdzXzIwMDgvRXV0aGFuYXNpZSxfY29uc2lk6XJhdGlvbnNfcHJhdGlxdWVzLnBkZg%3D%3D&cidReset=true&cidReq=NEWS

    Collectif Plus Digne la vie : Légalisation de l'euthanasie en Belgique, un bilan (mars 2012)
    http://plusdignelavie.com/wp-content/uploads/2012/03/Bilan-euthanasie-belgique-Analyse-des-reponses.pdf

  • Pourquoi.
    Resterait à préciser quelles sont les motivations déclarées prétendues et les motivations cachées réelles inavouables. Quelle est la part du « confort » du tué et du confort des vivants ? Quels intérêts financiers sont en jeu ? (il y en a toujours). Quelle est la part de responsabilité individuelle et personnelle, familiale, sociétale ?
    Mais est-il vraiment possible de sortir des zones grises, des zones d'ombre, où est-ce une pure illusion ? Le choix n'est-il pas finalement OUI ou NON, avec une certaine radicalisation ? Faut-il pratiquer la langue de bois ?

  • Racines.
    Sans perspective d'un au-delà, non seulement la mort est absurde, mais la vie est absurde. La souffrance vient de la confrontation à cette absurdité et de la révolte, d'un combat, qui comme Sisyphe remontant son rocher, est perdu d'avance, car tous nous mourrons, fut-ce comme la chèvre de Monsieur Seguin, après une éphémère et illusoire évasion pour se battre contre le loup. C'est l'illusion et l'absurdité de la révolte prométhéenne, qui ne trouve son point d’appui que dans un ego surdimensionné.

    La seule réponse possible à « l'absurde » est « l'amour », l'amour reçu et surtout donné. On ne peut donner sa vie que par amour, et cela est possible jusqu'à son dernier souffle.
    Les suicides et demandes de suicide (ou d'euthanasie) expriment toujours une souffrance liée à une absence de relation, à un abandon, à un sentiment de non valeur, à un « non amour » qui n'arrive pas à reconstruire une relation d'amour, qui seule donne un sens à la vie.

    C'est le rejet d'un Autre, d'un radicalement Autre transcendant, souvent abusivement vécu comme oppressant, totalitaire, s'opposant à ma liberté plus que la soutenant, qui crée l’absurdité de la révolte et son impossibilité à aboutir.
    C'est le même rejet d'un Autre transcendant qui réduit l'autre (et me réduit) à un objet, dont je puis disposer à ma guise, en fonction d'une utilité, d'un projet fonctionnel. Je perds alors mon statut de personne, d'être relationnel, d'être en relation. Le projet ou l'utilité disparaissant, l'objet peut être mis au rebuts. C'est la « culture du déchet », la « culture de la mort », qui s'oppose à la « culture du respect », à la « culture de la vie ».

  • Il n'y a pas des vies « qui valent » et des vies « qui ne valent pas ». Toute vie doit être protégée et soutenue jusqu'à son terme naturel. Malgré les plaintes de Job et de tous les éprouvés, malades, souffrant, malgré les demandes répétées, vivre est préférable au non vivre.

  • Et bien sûr, c'est les médecins qui vont s'y coller. A eux de faire le sale boulot. Pourquoi la société ne construit-elle pas un corps de bourreaux professionnels, ayant la maîtrise et la liberté nécessaire ?
    Il se trouve que certains respectables confrères trouvent leur inspiration en organisant à Auschwitz des séminaires sur la mort donnée.
    Désolé, je ne suis pas médecin à Auschwitz. Pour moi, mon rôle de médecin, dans le respect du serment d’Hippocrate, est de guérir si je le puis, soulager, toujours, tuer jamais. Tuer n'est pas soigner. Soigner n'est pas tuer.
    Contre tous les totalitarismes idéologiques, politiques et financier, je réclame et défendrai ma liberté de conscience et d'action.

  • Je crains un "droit à mourir" "opposable". Un droit correspond à un "devoir"; et je redoute que les médecins ne soient entraînés contre leur gré à des pratiques qui leur répugnent.
    En Belgique, et plus encore en Italie, le nombre de médecins avorteurs est trop faible; la réponse des "autorités" est l'obligation de pratiquer pour un nombre suffisant de médecins. Il est certain que l'euthanasie ne rencontrera pas plus de "volontaires" que l'avortement. La tentation sera grande d'en faire une obligation, éventuellement par l'imposition de codes de bonne pratique ou par des recours devant les tribunaux, pour préjudice subi par le patient ou sa famille. "Docteur, finissez-en ou je vous traîne devant les tribunaux".

  • Je crains que la "libre pensée" ne veuille par voie légale imposer sa vision de l'homme, partisane, fausse et partielle. Sur des sujets aussi discutés et discutables j'estime qu'il ne faut pas légiférer. Toute loi « permissive » est « incitative » mais aussi « coercitive ».

  • L'euthanasie c'est une mort à contre-temps, c'est prendre la vie d'une personne en lui volant sa mort.
    C'est le contraindre à renoncer à sa dignité, à sa conscience, à sa liberté en l’abrutissant de somnifères et de stupéfiants pour l'étouffer dans son sommeil et pour tordre et déchirer son cœur.
    On a plus de pitié avec les animaux.

  • Pour répondre ici à une question qui m'a été posée ailleurs sur le titre « suis-je le gardien de mon frère », c'est dans « Evangelium Vitae » (1995) au chapitre I, troisième section.

    Chapitre I
    LA VOIX DU SANG DE TON FRÈRE CRIE VERS MOI DU SOL
    Les menaces actuelles contre la vie humaine
    ° « Caïn se jeta contre son frère Abel et le tua » (Gn 4, 8): à la racine de la violence contre la vie (§ 7 et sq)
    ° « Qu'as-tu fait? » (Gn 4, 10): l'éclipse de la valeur de la vie (§ 10 et sq)
    ° « Suis-je le gardien de mon frère? » (Gn 4, 9): une conception pervertie de la liberté (§18 et sq)
    ° « Je devrai me cacher loin de ta face » (Gn 4, 14): l'éclipse du sens de Dieu et du sens de l'homme (§21 et sq)
    ° « Vous vous êtes approchés d'un sang purificateur » (cf. He 12, 22. 24): signes d'espérance et appel à l'engagement (§25 et sq)

  • MOURIR FOU ou TUER LE FOU ??
    Il est des fous qui expriment une vraie sagesse
    et des sages plus fous que les fous.
    Le fou nous apprend plus sur nous-même
    que bien des sages et de doctes savants.
    Certains me font penser à ce docteur Diafoirus
    qui pour guérir un malade de la fièvre
    faisait des saignées jusqu'à ce que mort s'ensuive
    et constatant que la fièvre était tombée
    déclarait fièrement « le patient est mort guéri »,
    et certes, il était bien refroidi.
    Plus me plaît la chaleur de l'amour
    que la froideur de la mort.

  • L'euthanasie des déments belges n'a strictement rien à voir avec le programme T4 : elle est strictement volontaire.
    Wikipedia :
    Aktion T4 est la désignation courante, utilisée après la Seconde Guerre mondiale, pour la campagne systématique d'assassinat par le régime nazi en vue d’éliminer les handicapés mentaux ou physiques. Au sens strict, elle ne concerne que les mises à mort au moyen de chambres à gaz, mais la plupart des auteurs y incluent l'élimination des malades mentaux par la famine, des injections médicamenteuses létales ou d'autres méthodes. Elle est effectuée à l'insu des proches des patients concernés et n'a pas pour but de mettre fin à des souffrances mais bien d'éliminer des individus considérés par les nazis comme une charge pour la société et une entrave à la « pureté de la race ». Cette campagne est également connue sous le nom de « programme d'euthanasie » et représente une forme d'eugénisme.
    Mise en œuvre à la demande expresse d'Adolf Hitler, l'Aktion T4 au sens strict dure officiellement de janvier 1940 à août 1941, mais les exécutions se poursuivent jusqu'à la fin du régime nazi.

  • SANS TAMBOUR NI TROMPETTE,
    SANS FLEUR NI COURONNE.

    Le « suicide assisté » proposé, suggéré et donné au nom de la « Liberté » et de la « Compassion » n'est que l'arbre qui cache la forêt, les fleurs que l'on met en avant pour rendre plus jolie une réalité inavouable, bien réelle.
    La plupart des morts données à contretemps le sont à la demande de la « famille » ou des « amis » qui vous veulent du bien, disent-ils effrontément.
    Un plus grand nombre encore le sont à la seule initiative du personnel médical ou soignant qui décide souverainement qu'une vie « ne vaut plus la peine d'être vécue », et procède à l'exécution sans tambour ni trompette et sans fleur ni couronne.
    Prétendre le contraire est un vil mensonge politique électoraliste et une manière de donner l'absolution sans remord, destiné non seulement à permettre la poursuite de l'activité criminelle, mais surtout à soutenir une très florissante et très rentable industrie de la mort. L'activité des croque-morts n'est jamais gratuite ni désintéressée, elle n'est pas la seule.

    Respectons le mourir à temps et à son rythme sans intervention intempestive dans ce qui est le moment le plus important de leur vie, sans paniquer devant la mort qui nous attend et sans céder à leurs angoisses par un une lâche ultime trahison. Ne tuons pas nos vieux parents, même devenus fous, déments ou simplement grabataires. Ne mettons pas un contrat sur leur tête et ne permettons pas que ce soit fait par quelqu'un d'autre. Aimons les jusqu’au bout.

  • Plusieurs commentaires font référence à la tradition catholique. On le sait, on ne le sait que trop, le catholicisme est pour le respect inconditionnel de la vie et peut-être (??) est-il de quel qu’utilité de le redire aux « païens baptisés ». Mais trop, c'est trop. Le respect de la vie n'est pas leur privilège, tout chrétien, tout juif considère la vie comme sacrée, comme tout bouddhiste ou tout homme de bien.
    Le droit à la vie n'est pas un droit chrétien, c'est un droit universel, inscrit dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Et cette déclaration défend les plus faibles, les malades (physiques et mentaux), les vieux, les enfants.
    Aussi certaines décisions de l'union européenne ou de l'ONU ou de ses agences sont-elles, pour tout homme, proprement en contradiction avec ces droits premiers.

  • Quand ils sont venus chercher les communistes,
    Je n'ai rien dit,
    Je n'étais pas communiste.
    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
    Je n'ai rien dit,
    Je n'étais pas syndicaliste.
    Quand ils sont venus chercher les juifs,
    Je n'ai pas protesté,
    Je n'étais pas juif.
    Quand ils sont venus chercher les catholiques,
    Je n'ai pas protesté,
    Je n'étais pas catholique.
     
    Puis ils sont venus me chercher,
    Et il ne restait personne pour protester
     
    pasteur Martin Niemöller

  • La mort de tout homme me diminue
    parce que je suis membre du genre humain
    C'est pourquoi ne demande jamais pour qui
    sonne le glas, il sonne pour toi.

    No man is an island entire of itself;
    every man is a piece of the continent, a part of the main;
    if a clod be washed away by the sea,
    Europe is the less, as well as if a promontory were,
    as well as any manner of thy friends
    or of thine own were;
    any man's death diminishes me,
    because I am involved in mankind.
    And therefore never send to know for whom
    the bell tolls; it tolls for thee.

    John Donne
    MEDITATION XVII 
    Devotions upon Emergent Occasions

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