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Le pape veut-il donner plus de pouvoir aux conférences épiscopales ?

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Extrait d’une réflexion de Marie Malzac sur le site de « La Vie » :

 […] « Dans son encyclique  [sic] Evangelii gaudium, le pape affirme à ce sujet : « Le Concile Vatican II a affirmé que, d’une manière analogue aux antiques Eglises patriarcales, les conférences épiscopales peuvent "contribuer de façons multiples et fécondes à ce que le sentiment collégial se réalise concrètement". Mais ce souhait ne s’est pas pleinement réalisé, parce que n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujet d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique. Une excessive centralisation, au lieu d’aider, complique la vie de l’Eglise et sa dynamique missionnaire ».

Interrogé par Famille Chrétienne sur la possibilité de déléguer certaines décisions doctrinales ou disciplinaires aux Conférences épiscopales, le cardinal Gerhard Ludwig Müller semble prendre le contrepied de ces affirmations : « C’est une idée absolument anticatholique, qui ne respecte pas la catholicité de l’Église. Les conférences épiscopales ont une autorité sur certains sujets, mais ne constituent pas un magistère à côté du Magistère, sans le pape et sans la communion avec tous les évêques. »

Canoniquement, l'évêque, en tant que successeur direct des apôtres, est maître dans son diocèse, mais les conférences épiscopales, sans aucune valeur sacramentelle, ne remplissent qu'une fonction purement technique, organisationnelle.

Fédéralisme vs. universalité ?

Très récemment, la Conférence des évêques allemands a présenté un rapport issu d'un groupe de travail interne sur la pastorale familiale, dans lequel est évoquée la possibilité de donner la communion à des couples divorcés remariés après un chemin de pénitence. Sans attendre les conclusions du Synode qui doit se tenir à l'automne au Vatican. Au cours d'une conférence de presse, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Conférence a ensuite déclaré : « Nous ne sommes pas une filiale de Rome ».

« Entendre dire qu’une conférence épiscopale n’est pas une "filiale de Rome" me donne l’occasion de rappeler que les diocèses ne sont pas non plus les filiales du secrétariat d’une conférence épiscopale, ou d’un diocèse dont l’évêque préside la conférence épiscopale », rétorque le cardinal Müller. Et d'insister : « Ce genre d’attitude risque en fait de réveiller une certaine polarisation entre les Églises locales et l’Église universelle, dépassée lors des conciles Vatican I puis Vatican II. L’Église n’est pas un ensemble d’Églises nationales, dont les présidents voteraient pour élire leur chef au niveau universel ».

Ce n'est pas un hasard si ce débat est avant tout porté par des prélats allemands, issus d'un pays fortement marqué par le protestantisme. Les échanges par médias interposés entre les cardinaux Marx et Müller n'est pas sans rappeler le même débat entre le cardinal Walter Kasper et le cardinal Joseph Ratzinger, au début des années 2000.  Le futur Benoît XVI défendait une vision de l'Eglise universelle comme « une réalité ontologiquement et chronologiquement préalable à tout Eglise particulière singulière », une vision critiquée par celui qui était alors secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens (il en est devenu président par la suite), défenseur de l'idée d'un primat des Eglises locales.[…]

La volonté du pape François de donner un rôle plus important au Synode des évêques et aux conférences épiscopales doit certainement se lire dans une optique oecuménique, en évoluant sur la conception théologique du primat de Pierre. C'est sur cette question que planche notamment le Conseil des huit cardinaux. La nouvelle constitution devrait aller dans le sens d'une redéfinition des prérogatives et des relations hiérarchiques entre les différentes entités ecclésiales. Mais il n'y a pas de solution toute faite. François l'a rappelé à plusieurs reprises, il faut chercher des « voies »,en « cheminant ensemble, le pape, les évêques, le peuple ».

Ref. Le pape veut-il donner plus de pouvoir aux conférences épiscopales ?

 

Ni le pape, ni les évêques n’ont évidemment le pouvoir de changer ce que le Christ lui-même a établi en confiant son Eglise à Pierre et aux Apôtres : comme le rappelle judicieusement la lettre apostolique  « Apostolos suos » de Jean-Paul II  (21 mai 1998), il en résulte notamment que  « les évêques ne peuvent pas, de manière autonome, ni personnellement ni réunis en Conférence, limiter leur pouvoir sacré au bénéfice de la Conférence épiscopale, et moins encore d'une de ses parties, que ce soit le conseil permanent, ou une commission ou le président lui-même ».

JPSC 

Commentaires

  • Le Pape veut renforcer le rôle des conférences épiscopales jusqu'à leur donner "une certaine autorité DOCTRINALE authentique".
    En attendant un éclaircissement du Saint-Père , nous sommes déconcertés. Imaginons que chaque conférence propose aux fidèles un corps doctrinal de sa fabrication, différent de celui du pays d'à côté et encore différent de ce qu'enseigne le CEC. C'est la fin de l'unité de l'Eglise catholique, alors que nous disons dans le Credo: "Je crois en l' Eglise, UNE..."
    Voici ce que disait le Cardinal Ratzinger, dans Entretien sur la foi (ed. Fayard, p.67): "Nous ne devons pas oublier que les conférences épiscopales n'ont pas de base théologique, elles ne font pas partie de la structure irréfragable de l' Eglise telle que l'a voulue le Christ: elles n'ont qu'une fonction pratique et concrète."

  • Parce que vous allez passer votre temps à comparer le contenu doctrinale de chaque conférence ! Vous avez besoin de cette comparaison pour croire en Jésus Christ ?

  • @ Gabriel

    Il est de foi qu’une conférence épiscopale n’a aucun pouvoir propre de source divine. Ce sont les évêques qui la constituent qui peuvent ainsi exercer collégialement celui qu’ils ont reçu du Christ par leur consécration épiscopale. Il est également de foi que ce pouvoir dont ils disposent, ils ne peuvent l’exercer qu’en lien avec le successeur de Pierre. C’est en cela qu’il est stupéfiant d’entendre un cardinal Marx, président de la conférence épiscopale allemande et membre du « C8 » du pape François déclarer que l'Eglise en Allemagne n'était « pas simplement une filiale de Rome », mais pourrait interpréter et enseigner l'Évangile "sous sa propre responsabilité".

    En soi, l « Eglise d’Allemagne » n’existe pas et le mandat divin qui fonde le pouvoir des évêques doit toujours s’exercer -selon le cas collégialement ou individuellement- « cum Petro et sub Petro » : Reinhardt Marx devrait rectifier son propos qui est pour le moins équivoque.

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