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A propos de la prononciation gallicane du latin

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De l’abbé Claude Barthe sur le « Forum Catholique » :

« Le latin en général et le latin du culte en particulier se prononçait jadis selon les habitudes locales. Le latin "à la française", c'est-à-dire selon la prononciation parisienne ne s'est vraiment imposé partout en France qu'au XVIIe siècle. C'était la prononciation des juristes, des collèges, plus tard de l'Université napoléonienne, de la liturgie. C'est pourquoi on dit toujours un "Te Deom", ou on parle encore de la Bulle UnigenitUs. On est passé à la prononciation italienne assez tard, à partir de la Séparation (en même temps que les clercs ont commencé à abandonner le rabat français, mais pas l’élégant chapeau français à bords retournés). Ma grand-mère répondait encore la messe à la française et j'ai connu des prêtres qui en avaient conservé des restes (le gn dur, par exemple, pour Agnus Dei : AkgnUs Dei, comme dans gnose). Sans parler des films de don Camillo, version française : "DominUs vobiscom". Il existe une lettre de saint Pie X louant l'archevêque de Bourges d'encourager une prononciation se rapprochant de la prononciation romaine. Jusqu’à l’adoption de la prononciation "restituée", cicéronienne à ce qu’il paraît, l’Université prononçait à la française. Pierre Chaunu racontait qu’à la fin des repas d’agrégés, il n’était pas rare qu’un professeur improvisât un discours latin, prononcé comme l’eût fait Bossuet ou le cardinal Pie. Je crois que c’est ce dernier qui faisait taire les rires des prélats italiens à l’audition d’un de ses discours, lors du Concile du Vatican, par un rageur : "GallicUs som" ! »

Ce que nous rappelle l’abbé Barthe est tout aussi valable pour la Belgique francophone. J’entends encore notre professeur du droit des obligations à l’université de Liège, dans les années 1960,  prononcer : « pacta sOnt servANda » et notre curé, qui parlait de la « missa pro defUNctis », chanter bien sûr  « DominUs vobiscOm », sans oublier d’annoncer  « Te DeOm » pour la Fête nationale. Tombant sur ces lignes, un catholique postconciliaire, sans mémoire ni racines, n’y perdrait même pas son latin puisque c’est déjà fait.

JPSC  

Commentaires

  • Il n'y a pas de catholiques ou d'église pré- ou post-conciliaire, il n'y a que des catholiques. Et s'ils existaient, je présume qu'étant né après le concile et n'étant pas un chrétien improprement appelé "traditionaliste", je serait classé parmi les "post-conciliaire", j'ai pourtant parfaitement compris le contenu de ce post. Ne sous-estimez pas l'aptitude de la nouvelle génération à comprendre ses racines.

  • Pour autant, je ne sous-estime pas votre aptitude à comprendre vos racines quand je dis que votre affirmation selon laquelle il n'y aurait pas de cathos pré et post-conciliaires est tout à fait erronée.

    Ce qui est juste et autre chose est de dire qu'il n'y a pas d'Eglise pré-et post conciliaire. En effet, "les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle".

  • @ Joseph J.

    Je me réjouis de lire votre commentaire, mais je doute un peu qu’il soit vraiment majoritairement partagé. Pour moi, la rupture culturelle des années 1960-1970 est un fait de société, que je regrette bien sûr.

  • Il me faut en effet admettre à la réflexion que si la question de la prononciation latine a déjà été abordée à table en famille durant ma jeunesse, cela ne doit pas vraiment être très représentatif de la population catholique beta de ma génération.

    Tout en partageant votre opinion sur la rupture culturelle, il n'empêche néanmoins que l'article n'est à mon sens pas si compliqué que cela à comprendre. Ou du moins pour quiconque sait comment se prononce d'ordinaire "Agnus Dei", "Dominus Vobiscum" ou "Te deum", ce qui est un seuil d'ignorance que n'ont quand-même pas dépassé la plupart des jeunes chrétiens.

  • On entend encore fréquemment en France : "...et nouc et saint père" pour "et nunc et semper"...

  • Pour mémoire, cette réflexion de Benoît XVI dans le motu proprio « Latina Lingua » instituant la « Pontificia Academia Latinatis « trois mois avant sa renonciation au Souverain Pontificat :

    « Dans la culture contemporaine, on note, dans le contexte d’un affaiblissement généralisé des études humanistes, le danger d’une connaissance de plus en plus superficielle de la langue latine, et on le constate également dans le cadre des études philosophiques et théologiques des futurs prêtres.
    D’autre part, justement dans notre monde, où une telle part est faite à la science et à la technologie, on constate un intérêt renouvelé pour la culture et la langue latine, pas seulement sur les continents qui ont leurs racines culturelles dans l’héritage gréco-romain.
    Une telle attention apparaît d’autant plus significative qu’elle ne touche pas seulement les milieux académiques et institutionnels, mais concerne aussi des jeunes et des chercheurs provenant de nations et de traditions tout à fait différentes.
    Il semble donc urgent de soutenir l’engagement pour une majeure connaissance et un usage plus compétent de la langue latine, aussi bien dans le domaine ecclésial que dans le monde plus vaste de la culture. Pour donner du relief et un écho à cet effort, apparaissent plus que jamais opportunes l’adoption de méthodes didactiques adaptées aux nouvelles conditions et la promotion d’un réseau de relations entre institutions académiques et entre chercheurs, afin de mettre en valeur le riche et multiple patrimoine de la civilisation latine »

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