Du site de LaVie.fr (Marie-Lucile Kubacki) :
Cardinal Marc Ouellet : "François n'a pas comme projet de libéraliser l'Eglise"
PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-LUCILE KUBACKI
En 2013, alors que l'Eglise s'apprêtait à élire un nouveau Pape, le nom de Marc Ouellet, alors âgé de 68 ans, était sur toutes les lèvres. Préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, il fut archevêque de Québec de 2003 à 2010 où ses prises de position fermes sur l'avortement et l'euthanasie lui valurent d'essuyer de virulentes polémiques. Créé cardinal par Jean Paul II en 2003, il a enseigné à l’Institut Jean Paul II pour la famille au sein de l’Université du Latran et c'est un proche de Joseph Ratzinger avec qui il a fondé la revue Communio en 1972. Présent en France pour le quarantième anniversaire de l'édition française de cette publication, nous l'avons rencontré. Profondément spirituel, c'est un homme de conviction. Synode, crise de la famille, divorcés remariés, décentralisation de l'Eglise, pape François, il n'évite aucun sujet. (...)
L’analogie entre le synode et le Concile vous semble-t-elle pertinente?
Il est vrai qu’il y a quelques points communs mais l’échelle est différente. Le Concile a duré quatre ans : ce fut une Pentecôte, un temps de mise à jour et de large développement ecclésiologique mais aussi de débat et de tensions. A cette époque, il y avait vraiment un besoin d’ouverture à l’œcuménisme et aux transformations culturelles. Aujourd’hui la réflexion porte sur un sujet très précis: celui de la famille et la tension touche notamment à l’héritage de saint Jean Paul II. Entre la doctrine sur la famille qu’il a développée en complément du Concile et le vécu de bon nombre de gens, il y a une marge dans la société actuelle. Donc l’Eglise sent le besoin de reprendre le pouls des familles à la base et de traiter les problèmes actuels que sont l’explosion du nombre de divorces et la quantité de couples qui préfèrent ne pas se marier. La question des divorcés remariés a occupé un certain espace mais le problème est beaucoup plus profond désormais et nous en sommes à regarder les racines : la crise de l’engagement dans l’amour pour une vie.