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Quelle générosité à l'égard des migrants ?

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L'abbé Benoît Lobet, sur son blog, invite à la générosité à l'égard des migrants; et cela nous interpelle :

Quelle générosité?

Quelques personnes, ayant lu mon précédent post sur ce blog, me demandent ce que je préconiserais concrètement en matière d'accueil des migrants.

Voilà donc.

Si chaque famille "moyenne" pouvait accueillir une famille, pour un temps limité, dans des maisons où, par exemple, les grands enfants partis, on a de la place.

Si les presbytères (le mien compris) et les églises pouvaient en faire autant, ainsi que les salles paroissiales et autres lieux publics qui ne sont pas régulièrement remplis.

Si, dans ce contexte, on pouvait partager non seulement son toit, mais aussi sa nourriture.

Et surtout, surtout, son amitié, son amour de l'autre, de celui, en particulier qui est en détresse, qui n'a plus d'espoir chez lui, qui va y mourir s'il y reste et qui risque d'en mourir s'il en part...

Alors mon pays - et si ces mesures étaient collectives ou européennes, "mon" Europe - reprendraient à mes yeux la valeur qu'ils perdent de jour en jour en accumulant les restrictions, les réserves, les renoncements, en se barricadant.

(Mes parents ont fait cela, en leur temps, en accueillant dans leur ferme des réfugiés républicains espagnols, pendant l'horrible guerre civile qui à la fin des années trente a ensanglanté ce pays magnifique. Je dois bien à leur mémoire d'écrire ici ce que j'écris, et de préconiser ce que je préconise. Et mes parents, qui n'étaient pas riches, qui étaient des paysans modestes,  n'étaient pas les seuls - beaucoup de Belges à l'époque  ont été généreux.)

Alors, me semble-t-il,  les jeunes - les jeunes qui sont, paraît-il, le premier souci de la politique! - verraient ce qu'est une patrie,  digne de ce nom (le lieu où l'on reçoit et où l'on transmet le meilleur héritage de ses pères) : une communauté fraternelle, ouverte à l'universel, solidaire. Alors ils grandiraient d'un coup, hommes et femmes enfin mûris par l'exercice de la fraternité. Ils auraient appris qu'en ce monde rien ne se possède qui ne doive être partagé, sauf à devenir un poison pour qui veut tout garder sans rien donner. Ils deviendraient les amis d'autres jeunes, jeunes comme eux mais à l'inverse d'eux privés de tout, et ces nouveaux venus changeraient à jamais leur vie et leur regard sur le monde.

Je ne suis pas économiste, mais je suis sûr, au plus profond de moi, que cela ne ferait aucun tort à l'économie, car on ne se fait jamais aucun tort quand on vient au secours de celui qui en a besoin.

Je rêve d'un pays où l'on apprenne cela, où on le vive. 

Et ce rêve est "par delà la religion", je le crois universel :

"Cymodocée commençait à sentir une vive frayeur, qu'elle n'osait toutefois laisser paraître. Son étonnement n'eut plus de bornes lorsqu'elle vit son guide s'incliner devant un esclave délaissé qu'ils trouvèrent au bord d'un chemin, l'appeler son frère, et lui donner son manteau pour couvrir sa nudité. 'Etranger, dit la fille de Démodocus, tu as cru sans doute que cet esclave était quelque dieu caché sous la figure d'un mendiant, pour éprouver le cœur des mortels?' - 'Non, répondit Eudore; j'ai cru que c'était un homme.' " (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs)

Commentaires

  • L'accueil de l'étranger (l'accueil massif, organisé et durable) doit-il aller jusqu'à la déstabilisation de la nation ? Jusqu'au remplacement de population ? Jusqu'à créer les conditions irréversibles d'un impossible "vivre ensemble" ?
    Le diable tente les meilleurs par leurs qualités, qu'il dérègle jusqu'à la caricature. Il faut garder mesure en toute chose, le pardon excepté (70 x 7 fois).

  • C'est beau, à première vue, ce type de générosité. Mais, comme toujours, il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Ce qu'on ne voit pas ici, c'est qu'elle se fait au détriment d'une autre catégorie de défavorisés : ceux qui ne viennent pas de l'étranger. Actuellement, 15 % de la population belge vivent sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre est en constante augmentation et explosera lors de la crise systémique qui clôturera la crise bancaire et boursière de 2007-2008. Les états seront en faillite et les restrictions drastiques. Il faudra alors convaincre tous ces déclassés qu'il est normal d'être généreux pour certains et pas pour d'autres. Je doute du succès de la tentative et même de sa pertinence. Car ils seront, à juste titre, convaincus d'être les vrais laissés pour compte. L'accueil massif d'immigrés sera considéré comme injuste et intolérable et ses promoteurs feront figure de traîtres. Cela risque même de se terminer fort mal. Voilà ce qu'on ne voit pas quand on n'est pas dans la situation.
    La solution ? Je n'en vois guère, la situation dépendant d'un contexte géopolitique mondial que d'autres que nous instrumentent. A moins que l'Europe ne se décide enfin à rejeter une fois pour toutes les prétentions hégémoniques des USA ( Le Grand Echiquier) qui sont à l'origine de tous ces drames. Mais ce n'est pas demain la veille ! En attendant, par sa complicité, l'Europe crée les conditions de son propre chaos. Ne me demandez pas d'y souscrire.

  • "Il faut garder mesure en toute chose" ne relève-t-il pas trop de la sagesse humaine ? De quoi avons-nous peur ? D'être déstabilisés par nos frères ? "Donnez-leur vous-mêmes à manger!" Notre Dieu ne nous a-t-il pas constamment rappelé que c'est par le don de nous-mêmes, l'abandon de nos vies en ses mains et le pardon toujours renouvelé que nous sommes sauvés ? "Allez, enseignez toutes les nations !" La mission s'arrêterait-elle lorsque ce sont les nations qui nous viennent ? Si le diable se cache quelque part, c'est dans le manque de foi et l'attachement trop grand à un idéal national (lequel ?). Le Royaume de Dieu ne s'établit-il pas chaque fois que nous sommes capables de dire, à la suite de Paul, que "vivre, c'est le Christ", et qu'en Lui, "il n'y a plus ni Grec, ni Juif" mais un seul corps à unir et conduire vers la vie éternelle ? Je souscris tout à fait aux propos de ce prêtre. Unissons nos prières et nos actes pour quitter le registre du rêve !

  • Voilà un très beau discours que je vous propose d'aller tenir à ceux qui vivent avec moins de mille euros par mois, c.à.d. avec cinq ou six cents maximum quand le loyer est payé. Personnellement, je me situe un peu au-dessus et je ne me plains pas mais cela me permet de les comprendre.
    Votre générosité consiste en effet à obliger -car vous ne leur demandez pas leur avis - ceux qui sont sous le minimum vital à s'appauvrir encore un plus et toujours plus au profit d'autres malheureux qui seront toujours plus nombreux. Exiger d'eux la sainteté me paraît totalement déplacé et même contraire à la charité elle-même. Celle-ci consisterait prioritairement , à mon sens, à s'en prendre aux causes plutôt qu'à leurs effets. La sanctification du monde ne peut s'envisager sans un minimum de justice sociale et celle-ci est en régression générale sur toute la planète, y compris chez nous. Les causes en sont principalement de deux ordres :
    1° La dérégulation systématique des systèmes monétaires et financiers obtenue à coups de milliards par les lobbies américains des grandes transnationales. Le résultat en a été la crise de 2007-2008 dont nous subissons toujours plus les effets, notamment par l'austérité, en attendant l'effondrement systémique.
    2° La déstabilisation, voire le chaos, imposés à de nombreux pays, tant à l'est de l'Europe ( Yougoslavie, Ukraine) qu'au proche et moyen-orient (Syrie, Irak, Afghanistan, Egypte, Libye, Tunisie, etc.) par la Stratégie hégémonique des "élites" dirigeantes américaines. D'où les vagues migratoires que nous subissons. C'est l'Amérique, non l'Europe, qui devrait logiquement en subir les conséquences. Mais elle a ses quotas d'immigration ( bien inférieurs à ce qu'on nous demande d'accueillir) qui lui permettent de refiler aux autres les fruits de ses politiques criminelles.
    Refuser de voir ces réalités, c'est s'en faire complices, qu'on le veuille ou non. Et c'est se condamner à ne jamais traiter les causes et à en subir toujours les effets. Avec, comme victimes premières, les plus pauvres d'entre nous.
    Vraiment , j'aime beaucoup entendre le pape François déclarer que les catholiques devraient s'intéresser un peu plus à la politique ( mondiale surtout).

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