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Liturgie : le Cardinal Sarah souhaite insérer l’offertoire traditionnel dans le missel de la « nouvelle messe ».

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Dans un récent article publié par l’Osservatore romano et repris en traduction française par le bimensuel « L’Homme nouveau » , le Cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation romaine du culte divin écrit notamment ceci :

« […] La liturgie montre l’Église à ceux qui sont dehors comme un signal levé au milieu des nations, sous lequel les enfants de Dieu dispersés se rassemblent dans l’unité » (S.C., n. 2) Elle doit cesser d’être un lieu de désobéissance aux prescriptions de l’Église. Plus profondément, elle ne peut être une occasion de déchirures entre chrétiens. Les lectures dialectiques de Sacrosanctum Concilium, les herméneutiques de rupture dans un sens ou dans un autre ne sont pas le fruit d’un esprit de foi. Le Concile n’a pas voulu rompre avec les formes liturgiques héritées de la tradition, mais au contraire les approfondir. La Constitution stipule que « les nouvelles formes doivent sortir des formes anciennes par un développement en quelque sorte organique » (S.C., n. 23). En ce sens il est nécessaire que ceux qui célèbrent selon l’usus antiquior le fassent sans esprit d’opposition et donc dans l’esprit de Sacrosanctum Concilium. De même, il serait erroné de considérer la forme extraordinaire du rit romain comme relevant d’une autre théologie que la liturgie réformée. Aussi serait-il souhaitable qu’on insère en annexe d’une prochaine édition du missel le rite pénitentiel et l’offertoire de l’usus antiquior afin de souligner que les deux formes liturgiques s’éclairent mutuellement, en continuité et sans opposition. Si nous vivons dans cet esprit, alors la liturgie cessera d’être le lieu des rivalités et des critiques pour nous faire enfin participer activement à « cette liturgie qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs et où le Christ siège comme ministre du sanctuaire » (S.C., n. 8). […] ».

Pour mémoire rappelons ce qu’il en est du rite traditionnel de l’offertoire dont les  « simplifications » postconciliaires furent soupçonnées (parmi d'autres) de vouloir « protestantiser » le sens de la messe :

Dans la liturgie romaine, à l’origine, le clergé préparait les « oblats » (pain et vin) pendant le chant d’offertoire, sans prières spéciales. Avant le VIIIe siècle, la « secrète » existe déjà mais, comme aujourd’hui, elle se prie après le rite de préparation. Puis, l’usage se répandit d’accompagner la préparation elle-même par des prières personnelles qui varièrent jusqu’à ce que Rome en fixe le texte. Saint Pie V les rendit obligatoires dans sa réforme dumissel en 1570, pour confirmer la foi face aux erreurs. Luther, entre autres plus radicaux encore (Calvin, Zwingli, Münzer etc.), s’en était pris à la messe catholique (et notamment à l’offertoire, qualifié d’abomination) parce que celle-ci exprime fortement l’idée de sacrifice, de messe salvatrice. 

Par la messe, l’Eglise offre, en effet, les sacrifices méritoires des fidèles avec celui du Christ, rendu substantiellement présent sur l’autel et qui les assume dans sa perfection. Or, pour le Réformateur, la foi seule suffit et justifie : « on a fait de la messe un sacrifice, on a ajouté les offertoires… », écrit-il, et il veut aussi changer le nom de la messe : « appelons-là eucharistie ou mémoire du Seigneur » (sermon du 1er dimanche de l’avent). 

Dans la messe traditionnelle, le prêtre qui offre d’abord l’hostie récite la prière  « suscipe, sancte Pater » (elle se trouve déjà dans le livre de prière de l’empereur Charles-le-Chauve, au IXe siècle), puis l’admirable « Deus qui humanae substantiae », une ancienne secrète de la messe de Noël (VIe siècle). Pendant ce temps, il prépare le calice en mêlant l’eau au vin : c’est un usage très ancien (témoignage de saint Justin, IIe siècle), attesté aussi chez les Juifs : il est probable que Jésus lui-même fit ainsi.

Suivent l’offrande du calice de vin (« offerimus », prière d’origine mozarabe), l’offrande du prêtre lui-même et des fidèles (« in spiritu humilitatis »), inspirée du récit de Daniel : les enfants jetés dans la fournaise par le roi de Babylone demandent à Dieu de les accepter eux-mêmes en sacrifice) et l’épiclèse « veni, Sanctificator », (du grec έπικαλειν, invoquer, appeler) s’adressant à l’une des trois Personnes de la Trinité, sans doute ici au Père.

A la fin de l’offertoire, le prêtre se lave les mains en récitant quelques versets du psaume 25 : « Lavabo » (manus meas inter innocentes etc.) : cela signifie qu’il doit avoir les mains nettes pour toucher le Corps du Seigneur et, surtout, qu’au moment d’agir à la place du Christ il doit purifier son âme.

Viennent ensuite une prière à la Sainte Trinité (« Suscipe Sancta Trinitas ») et l’ « orate, fratres », sorte de grand « Dominus vobiscum » que l’on retrouve dans le sacramentaire (ancêtre de nos missels) d’Amiens au IXe siècle.

L’offertoire se conclut par la « Secrète ». C’est la deuxième des trois oraisons qui changent selon la messe du jour, après la « collecte » et avant la « postcommunion ». Les « secrètes » font allusion aux offrandes, au pain et au vin qui se trouvent « mis à part » (secreta, en latin) sur l’autel pour devenir le Corps et le Sang du Christ. Elles ont une teneur sacrificielle et propitiatoire très marquée. C’est à partir de la théologie des secrètes que se sont développées les prières fixes de l’offertoire de la messe traditionnelle .

Voir ici le texte complet de l'article du cardinal Sarah  publié par l' "Homme Nouveau"

http://www.hommenouveau.fr/medias/files/Sarah.pdf

JPSC

Commentaires

  • Quel merveilleux évêque. Prions pour lui et à toutes ses intentions pour la Sainte Eglise Catholique

  • Le partage de nos valeurs chrétiennes qui ont fondé les démocraties occidentales, ne peut se faire que par une pratique liturgique authentique et approfondie.
    Face à un laïcisme exacerbé, bêtement rationaliste et matérialiste, face à un islam conquérant niant la dignité et la liberté de l'homme, il est urgent de retrouver le sens profond de toute liturgie.
    Merci au cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation romaine du culte divin, de le rappeler aux catholiques égarés dans des réformes proprement insensées.

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