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L'euro ou les déboires d'une charrue placée avant les boeufs

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Nous lisons sur le blog "Petrus Angel" :

Les Grecs ont étés appelés ce dimanche à s’exprimer par référendum sur les dernières propositions des créanciers du pays . 

Beaucoup de spécialistes prédisaient qu’un "non" aurait pour conséquence la remise en question de notre monnaie unique, l’euro. 

Jean-Pierre Vesperini, professeur d’économie, dans son livre L’euro (Dalloz, 2013) en dressait un bilan .

Voici un extrait de la conclusion de son ouvrage : 

Il convient de dresser un bilan de l'euro. (…) L'actif se limite à la disparition de l'instabilité des changes entre les monnaies européennes. En revanche, le passif de l'euro apparaît particulièrement lourd. En effet, un peu plus de dix ans après sa création, nous pouvons porter au passif de l'euro le déclin de la France, la stagnation de l'Italie et du Portugal, l'effondrement de l'Espagne et de l'Irlande et le chaos dans lequel se trouve plongée la Grèce. Nous pouvons aussi porter au passif de l'euro, qui devait être un modèle de bonne gestion, la plus grande faillite d'un État avec le défaut de 107 milliards d'euros de la Grèce (...) Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale l'écart qui sépare la croissance de la zone euro de celle du monde n'a été aussi élevé. Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale les dissensions entre les peuples européens n'ont été aussi grandes qu'aujourd'hui. Jamais depuis la fin de la Second Guerre mondiale le prestige de l'Europe dans le monde n'est tombé aussi bas.

Stupéfaits et désemparés, nous assistons au déroulement implacable d'un scénario de cauchemar dans lequel une à une toutes les économies de l'ensemble méditerranéen, toutes ces grandes et vieilles nations, (…) s'enfoncent dans la dépression selon un processus inexorable dont le mécanisme est parfaitement ordonné. (…) La crise européenne est inscrite dans les gènes de l'euro, porteurs de ces vices. Et l'on ne portera pas remède à cette crise avec des montages financiers plus ou moins ingénieux, comme on l'a fait jusqu'à présent. Le processus de destruction des économies européennes est directement le résultat de l'abandon de souveraineté monétaire auquel ont consenti les États qui ont adhéré à l'euro. C'est cet abandon qui explique qu'ils aient dû supporter et supportent des taux de change et des taux d'intérêt complètement inadaptés à leur situation.

L'actif de l'euro est donc loin de compenser son passif. Nous avons payé d'un prix exorbitant le bénéfice de la disparition de l'instabilité des changes entre les monnaies européennes (…)

L'euro a été une erreur pour l'Europe (…). Une erreur qui ne peut se comparer, dans son défaut d'analyse comme dans ses conséquences, qu'à celle commise par les gouvernants et l'état-major français entre les deux guerres et qui conduisit au désastre de juin 1940.

On remarquera d'ailleurs que les causes du désastre de l'euro comme de celui de juin 1940 sont de même nature : la croyance en des conceptions dépassées. Les conceptions des gouvernants et de l'état-major, qui étaient valables à la fin de la Première Guerre mondiale, ne l'étaient plus vingt ans après. De même, les conceptions de Robert Schuman et Jean Monnet, qui étaient valables en 1950, ne l'étaient plus vingt plus tard. (…) L'idéologie du nationalisme a détruit l'Europe. Et voici qu'aujourd'hui, l'idéologie, pourtant bien intentionnée, qui a donné naissance à l'euro, qui prétendait faire disparaître les poisons du nationalisme, est elle-même en train de détruire l'Europe. Comme si une fatalité pesait sur l'Europe la condamnant à être détruite par des idéologies malfaisantes. (…)

(Il faut abandonner) le rêve des Etats-Unis d'Europe, qui était justifié en 1950, mais qui a cessé depuis longtemps d'être adapté aux données du monde contemporain et de correspondre aux besoins comme aux désirs des peuples européens.

L'Union européenne doit donc être repensée comme une instance de coopération entre les nations européennes et non comme l'étape précédant la création d'un État fédéral européen. L'abandon du rêve des États-Unis d'Europe implique lui-même l'abandon de l'idée selon laquelle la monnaie unique est nécessaire parce qu'elle est un instrument indispensable à l'existence d'un État fédéral.

L'euro ne doit donc pas être conçu comme un instrument au service d'un dessein politique. L'Europe fédérale se fera lorsque les peuples européens auront la volonté de créer une défense et une diplomatie européennes, ce qui sera peut-être un jour le cas, mais (…) ne paraît devoir l'être dans un avenir proche. Ce n'est pas l'euro qui fera naître cette volonté. L'euro doit plus simplement être au service de la croissance. (…). Pour (ce faire), il faut d'abord (…), que la zone euro opère un changement radical de sa politique économique (…). Mais si ce changement est nécessaire pour mettre fin au blocage de la croissance en Europe, il ne sera pas suffisant pour assurer une croissance durable et équilibrée. Pour cela (…), il est nécessaire que les Etats de l'ensemble méditerranéen et ceux de l'ensemble germanique procèdent à une scission négociée de la zone euro par le départ de ces derniers de la zone euro.

Il faudra malheureusement sans doute que la situation économique des Etats de l'ensemble méditerranéen, mais aussi par contre coup de l'ensemble germanique, continue à se dégrader pour que soient réunies les conditions permettant à cette négociation d'aboutir et à l'Europe de retrouver, avec la croissance, son rang dans le monde.

Commentaires

  • La perte de la souveraineté monétaire est le péché originel - volontaire ! - des Etats européens. En France, depuis 1973, une loi interdit à l'Etat français d'emprunter à sa propre banque nationale (sous le prétexte fallacieux de contenir l'inflation), comme il le faisait jusqu'alors. A qui donc l'Etat va-t-il emprunter ? Aux banques privées, pardi ! Aux taux d'intérêt du marché, çàd beaucoup plus élevés qu'auparavant. Ceci mit fin aux "Trente glorieuses"... Quarante ans après, les nations sont étranglées par la dette publique et le pouvoir politique a été transféré aux grands financiers... privés. Une clique de multimilliardaires règne aujourd'hui sur le monde.

    Cette confiscation d'un droit régalien (battre sa propre monnaie) a été montée aux Etats Unis en 1913 par la création de la Réserve fédérale, qui livrait de fait l'impression du papier et la gestion des flux monétaires à un consortium de banques privées...
    L'année suivante éclatait la première guerre mondiale, trois ans plus tard la révolution bolchevique (financée par ces banksters pour éliminer la puissance russe), etc.
    Pardon ? Non, je n'ai pas prononcé le mot "complot"...

  • Et qu'en pense Jacques Delors ?

  • L’euro est une monnaie politique sans politiques industrielle et financière communes. Cette incohérence a son prix. Mais entre politiciens tout finit toujours par s’arranger : sur le dos des citoyens mais comme ces derniers sont par ailleurs les clients (au sens romain) des premiers, la boucle est bouclée. C'est beau l'Europe.

  • Le cycle de l'escroquerie est simple :
    1. Interdire aux Etats d'emprunter à leur propre banque nationale.
    2. Les Etats sont obligés d'emprunter aux banques privées à des taux incontrôlables.
    3. Les Etats s'endettent jusqu'au point de ne plus pouvoir rembourser les banques.
    4. Les Etats se retournent contre les citoyens (hausses de TVA, restrictions des dépenses publiques, rabotage des allocations, etc.) pour pouvoir rembourser les banques.
    En résumé : les Etats sont peu à peu dépossédés de leurs prérogatives et les peuples travaillent pour les banques. C'est l'esclavage à l'échelle mondiale.

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