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L'encyclique "Laudato si" : une réponse aux "papo-sceptiques"

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De Jean-Yves Naudet sur Liberté Politique :

Laudato si’ : réponse aux “papo-sceptiques”

On connaissait les eurosceptiques, les climato-sceptiques, etc. L’encyclique Laudato si’ nous a permis de découvrir la catégorie des « papo-sceptiques ». Rarement un texte pontifical aura provoqué, à côté de réactions positives, voire enthousiastes, autant de réactions négatives, ironiques et parfois même insultantes. Des critiques infondées, qui appellent à la lecture du texte dans sa totalité, et dans la continuité de l’enseignement social de l’Église.

CHACUN est libre de ses opinions, même dans un commentaire, une discussion, voire une polémique, mais il y a, sinon le respect de la fonction, au moins le respect de la personne et de la vérité du texte qu’on commente. Laissons donc de côté les articles inutilement agressifs, et les commentaires, que permettent notamment les médias numériques, parfois odieux. Tout ce qui est excessif est insignifiant et dire que le pape n’est qu’un homme politique ou qu’il ne cherche qu’une gloire humaine ou encore qu’il est communiste ne montre guère que leurs auteurs aient compris quoi que ce soit à un texte qu’ils n’ont probablement pas lu. (François emploie d’ailleurs sans hésitations au n. 104 l’expression de « régimes totalitaires » pour qualifier aussi bien le nazisme que le communisme).

Trois critiques

En revanche, en France comme à l’étranger, on trouve trois critiques majeures, n’émanant pas toujours des mêmes personnes, vis-à-vis du texte de l’encyclique et donc des prises de position du pape François. Il y a d’abord ceux qui considèrent que François rompt avec la doctrine sociale de l’Église, qu’il serait un pape de rupture, ou de régression.

Il y a ensuite ceux qui trouvent qu’il a totalement condamné l’économie de marché et donc qu’il se situe dans une toute autre logique économique, étatiste et collectiviste, ce que la plupart du temps ils réprouvent.

Enfin, il y a ceux qui pensent que le pape François s’aligne purement et simplement sur les thèses des partis écologiques, qui seraient les seuls à trouver grâce à ses yeux et dont il approuverait, comme le ferait un militant, toutes les thèses.

Ces trois critiques transforment leurs auteurs en « papo-sceptiques » radicaux et systématiques et il faut retourner au texte de Laudato si’ pour montrer que ces critiques sont peu ou pas fondées. Encore une fois, on peut ne pas apprécier les analyses du pape, mais on ne peut le faire sans partir du texte complet ou en s’appuyant seulement sur quelques phrases isolées de leur contexte, ou sur le fait que tel ou tel homme politique ait approuvé les propos du pape.

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Commentaires

  • Au-delà des louanges qu’il serait incorrect de ne pas émettre à l’égard d’un discours qui exprime une juste préoccupation sur la santé future de notre environnement naturel, au-delà du droit et du devoir pour un pape, d’expliquer que la foi chrétienne est un support nécessaire à des réponses adéquates au défi d’un développement durable et global, l’encyclique suscite néanmoins des réserves qui relèvent de la culture qui imprègne notre Eglise et qu’il convient de verser au débat.
    L’encyclique porte d’abord cette attitude spontanément répulsive vis-à-vis du progrès technique et du développement. Cela est typique de la culture catholique longtemps restée centrée sur celle du paysan collé à sa terre et dont le temps est celui de la lente poussée de ce qu’on a semé, de la germination et de la fructification, et qui, de ce fait, manifeste de la méfiance face aux changements artificiels . Le Pape maintient à ce sujet un discours à consonance négative, alors même qu’aujourd’hui, on peut dresser un bilan qui ne peut ignorer les bienfaits de la démocratie, du confort matériel, des facilités de communication et de la qualité des soins apportés à la santé. Il faut attendre le point 102 (page 81) pour que l’encyclique concède ces bienfaits tout en les minimisant par leurs conséquences négatives tant d’un point de vue écologique que spirituel ou moral et en maintenant un regard incrédule sur les possibilités offertes par de nouvelles avancées technologiques pour répondre aux défis à venir. Y croire serait irrationnel et signe de mythomanie. C’est ce que le Pape nomme le paradigme technocratique ou techno-économique qu’il dénonce au point d’écrire que « si personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de vouloir ralentir la marche pour…récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane » (point 114 page 91). Il termine le premier chapitre consacré au constat, par ce jugement : « si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’homme a déçu l’attente divine » (point 61 page 51).
    S’il est vrai que le développement, fruit de la démocratie et de l’économie de marché, comprend sa part d’ombre, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour pasticher Churchill, on dira que démocratie et économie de marché sont de mauvais systèmes, mais après tous les autres. Permettez-nous, au contraire, de louer le monde magnifique que l’homme a pu faire émerger depuis deux siècles. Opéré de la cataracte grâce au laser, doté d’un appareil acoustique électronique et d’une prothèse de hanche, voici un homme qui me fait dire « les aveugles voient, les sourds entendent et les boiteux marchent » comme une réponse du Seigneur à la question de la venue de son royaume.
    L’homme peut aujourd’hui exprimer librement sa pensée, se déplacer comme il l’entend, bénéficier de procédures judiciaires qui le protègent de l’arbitraire du pouvoir. Contrairement à ce que dit trop péremptoirement l’encyclique, nos villes sont plus propres et plus belles que par le passé, la culture plus étendue que jamais, les rapports sociaux plus simples et plus authentiques. N’est-ce pas au cours de ce XXème siècle que la tiare et le trône papal porté par des hommes , ont disparu ? Il y a un peu plus d’un demi-siècle, sur 3 milliards d’hommes, un tiers vivait correctement, un tiers pauvrement et un tiers misérablement. Les famines sévissaient régulièrement. Aujourd’hui, on estime que sur 7 milliards d’habitants, 800 millions connaissent encore cet état de misère, soit 11% au lieu de 33 %. Les grandes famines n’ont plus cours.
    Nous avons appris aussi à être moins matérialistes. Si vous pensez que la dénonciation du consumérisme est un discours neuf, détrompez-vous. Dans un mandement de carême d’avant la grande guerre de 1914 -1918, l’évêque du diocèse de Namur vilipendait ce qu’il appelait « la société de consommation », la montée de l’esprit matérialiste, parce qu’à l’époque, nos arrières grands-parents pouvant accéder à l’acquisition d’un mobilier, ne vivaient plus que pour satisfaire cette ambition : posséder son salon et sa salle à manger. Ensuite, l’enrichissement se poursuivant, chacun rivalisait pour son paraître social, soucieux d’imiter le mode de vie bourgeois.
    La deuxième réserve porte sur cette tentation dirigiste à laquelle l’encyclique succombe. Cette tentation nait du sentiment qu’une maîtrise consciente des événements et des réponses qu’on y apporte, est plus recommandable qu’une attitude de laisser-aller. Elle anime les hommes de pouvoir appelés à diriger et les intellectuels qui rêvent d’en être les éclaireurs parce qu’eux, bien sûr, ont cette intelligence du fonctionnement du système à maîtriser. La perception critique de l’économie de marché mue par des forces « invisibles » traduit cette tentation dirigiste. Hélas, l’histoire démontre que les forces visibles sont plus malfaisantes, influencées qu’elles sont, par des jeux de rivalité et par l’amitié de ceux qui savent être bien en cours quand il ne s’agit pas de vulnérabilité aux manœuvres de corruption. Ces forces sous-estiment la complexité des problèmes et, plus grave encore, étouffent les potentiels de créativité. Non qu’il ne faille diriger ni encadrer la liberté de gérer notre maison commune. Mais face à l’écologie qui fixe le résultat et dicte des comportements - le « logos », il convient de laisser place à l’économie qui recommande un dispositif tel que, quels que soient les événements futurs, la voie la meilleure sera choisie- le «nomos ». C’est toute la différence entre gouvernance et gouvernement. La première est un dispositif tel que les meilleures décisions seront prises, sans que celles-ci ne soient prédéfinies ; le second est une fonction qui prend les décisions pour fixer un cap et y faire conduire l’organisation gouvernée. Les deux volets se complètent, mais il faut être attentif à ce que le gouvernement ne se libère de la gouvernance. La maxime de saint Augustin « Aime et fais ce que tu veux » relève du «nomos ». Jésus fait de même : « je vous commande de vous aimer » et ainsi vous porterez beaucoup de fruits. Mais Jésus ne dicte pas la nature de ces fruits, par ailleurs effectivement imprévisibles. La seule certitude, c’est que si l’on s’aime, ce seront les fruits qu’il importait de produire, qui surgiront.
    La troisième réserve nait d’un sentiment de frustration ; celle de ne pas entendre l’Eglise s’exprimer plus longuement sur le domaine où réside cependant sa compétence spécifique, à savoir la vision qu’elle peut nous esquisser sur le futur de l’humanité dans une dimension eschatologique. Quand le Pape écrit que « les meilleurs mécanismes finissent par succomber quand manquent les grandes finalités » (point 181 page 139), il met le doigt sur l’essentiel, ce qui doit nous interpeller et qui peut prendre la forme de questions ainsi posées par l’encyclique : « Pour quoi passons-nous en ce monde ? Pour quoi venons-nous à cette vie ? Pour quoi travaillons-nous et luttons-nous ? » (point 160 page 124). Mais l’encyclique reste silencieuse sur ces questions. Or, seule une mobilisation de l’humanité fondée sur la réponse à celles-ci, lui donnera le ressort nécessaire pour vaincre, grâce à une mise en marche vers la terre promise, la tentation d’un repli sur soi destructeur. C’est d’un Moïse dont l’humanité a besoin, non pour critiquer le chemin parcouru et encore moins pour nous ralentir, mais, au contraire, pour magnifier ce progrès accompli, pour saluer les artistes, les savants, les entrepreneurs et tous les travailleurs qui y ont contribué, et donner ainsi une motivation à sa juste poursuite par laquelle se dévoilera peu à peu le contour du destin du peuple de Dieu ; un destin qui ne peut être que glorieux, parce que construit par l’Esprit qui nous habite en vertu de l’alliance qui nous unit au Père, à tout jamais.

  • Chaque jour 4000 enfants meurent des suites de malnutrition .
    1 milliard d'humains n'ont pas accès à l'eau potable.
    Il y les chiffres du suicide, du cancer lié à l'environnement , du chömage des jeunes et des pères de famille , les persécutions dans le monde ....
    Généralement , je ne retiens pas les chiffres mais ,ceux ci me viennent à l'esprit quand je prie.

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