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Homélie pour la fête de sainte Marie-Madeleine (22 juillet)

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maria magdalen giotto.jpgHomélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr - archive 2009)

Sainte Marie-Madeleine a toujours eu une place particulière dans la Tradition chrétienne. Sans doute parce que dans son cheminement personnel, elle récapitule l’itinéraire spirituel de tout disciple. Essayons d’abord de préciser l’identité de ce personnage, pour lequel le Da Vinci code a suscité un regain d’intérêt plus qu’ambiguë.

A vrai dire, le problème est particulièrement complexe. La dévotion populaire a identifié Marie-Madeleine à « Marie appelée Magdaléenne » (Lc 8, 2), la femme pécheresse dont Jésus avait expulsé sept démons (Mc 16, 9) et qui s’était mise à la suite du Seigneur (Lc 8, 2). Le quatrième évangile pour sa part, ne fait aucune allusion à ce passé tumultueux. La première à bénéficier d’une rencontre avec le Ressuscité est nommée « Marie de Magdala » (Jn 20, 1) sans autre explication. Spontanément le lecteur l’identifie à Marie, sœur de Lazare, qui est intervenue plusieurs fois dans les chapitres précédents. Mais pourquoi l’évangéliste la désignerait-il comme provenant de Magdala, alors que Lazare habitait Béthanie, « le village de Marie et de sa sœur Marthe » (Jn 11, 1) ? Au verset suivant de l’introduction au récit de la résurrection de Lazare, saint Jean précise : « il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux » (Jn 11, 2). Immédiatement nous faisons le lien avec l’épisode de l’onction de Béthanie, qui relate comment Marie, sœur de Lazare, « oignit les pieds de Jésus » avec « une livre d’un parfum de nard pur de grand prix », et les « essuya avec ses cheveux » (Jn 12, 3). Mais cette interprétation ne tient pas, car l’onction de Béthanie fait suite la résurrection de Lazare, alors que l’onction annoncée par Saint Jean lui est antérieure, et parle d’un événement passé. L’évangéliste fait-il allusion à un autre épisode ? On se souvient qu’une femme pécheresse « arrose les pieds du Seigneur de ses larmes, les essuie avec ses cheveux, les couvre de baisers et les oint de parfum » (Lc 7, 38) alors que Jésus est attablé chez Simon le pharisien : s’agissait-il de Marie, sœur de Lazare, appelée pour l’une ou l’autre raison « Marie de Magdala » ? La question reste ouverte.

Laissons-là ces considérations qui nous ont permis d’entrevoir non seulement la complexité du problème, mais aussi comment la Tradition a concentré sur Marie-Madeleine, les traits de la « casta meritrix » (« chaste prostituée »), préfigurant l’Eglise.

Par deux fois Jésus ressuscité interpelle sa fidèle disciple du nom de « femme », terme qui possède une connotation toute particulière dans le quatrième évangile. A Cana, la Vierge Mère est interpellée sous ce vocable (Jn 2, 4), par lequel Notre Seigneur s’adressera encore à elle du haut de la croix (Jn 19, 26). Le terme est digne, respectueux, majestueux. Les deux autres emplois sont d’autant plus surprenants : la femme adultère se voit gratifiée du même titre (Jn 8, 10) ainsi que Marie de Magdala, la pécheresse pardonnée.

En fait, un fil rouge, qui traverse l’ensemble de l’Evangile de Jean, relie ces diverses occurrences, leur donnant une signification spirituelle profonde : le terme « femme » désigne l’humanité épouse (femme adultère) qui a trahi son Epoux divin, mais que celui-ci vient libérer de son péché à travers le sacrifice de la Croix (la Vierge Marie au Golgotha), afin qu’elle puisse à nouveau le reconnaître comme son Seigneur (Marie-Madeleine au tombeau) et entrer dans les noces eschatologiques (noces de Cana).

On comprend dès lors que chacun de nous se trouve effectivement concerné par ce parcours. A chacun de nous le Seigneur demande. « Qui cherches-tu ? »

Au-delà de la dispersion, de nos multiples désirs, Jésus tente par cette question, de nous ramener à l’unique nécessaire, à notre quête profonde, la seule qui puisse donner sens à nos vies.

Mais comme Marie, il nous faut d’abord purifier notre cœur, le laver des larmes de notre repentir, prendre douloureusement conscience de la vanité des désirs qui ne procèdent pas de Dieu et ne nous orientent pas vers lui, avant d’entendre sa voix compatissante : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

C’est ainsi que le Seigneur nous conduit par une patiente pédagogie, jusqu’à la pleine reconnaissance, dans un face à face intime : « Marie ! » - « Rabbouni ». Comme l’Epouse du Cantique - qu’incarne parfaitement Marie-Madeleine - nous aimerions dire « J’ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas » (1ère lect.).

Mais à nous aussi Jésus nous répond : « Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père ». Les noces ne se célèbrent pas ici-bas : il nous faut continuer notre route à la suite du Christ, si nous voulons demeurer un jour avec lui dans le sein du Père, où il nous précède pour nous y préparer une place.

« “Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau” (Ps 62 [63]). Nous t’en prions Esprit Saint : viens purifier et vivifier notre désir, afin que nous puissions accélérer le pas sur le chemin de la vie, en quête de celui qui a brûlé nos cœurs au feu de son amour. »

Père Joseph-Marie

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