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Quels sont aujourd’hui, à votre avis, les signes les plus préoccupants pour l’avenir de l’Eglise ?

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En écho à mon post précédent, qu’une correspondance publiée par « Belgicatho » qualifie d’hystérique,  je me contenterai de renvoyer le lecteur à cette réflexion du cardinal Sarah, préfet de la congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements, sur le problème crucial de  la formation du clergé :  

« Je considère que la difficulté actuelle est triple et une tout à la fois : le manque de prêtres, les carences dans la formation du clergé et la conception souvent erronée du sens de la mission.

Il existe une tendance missionnaire qui met l’accent sur l’engagement ou la lutte politique, sur le développement socio-économique ; cette approche fait une lecture diluée de l’Evangile et de l’annonce de Jésus. La baisse numérique des prêtres, les déficits de leurs engagements missionnaires et une inquiétante carence de vie intérieure, faute d’une vie de prière et de fréquentation des sacrements , peuvent conduire à couper les fidèles chrétiens des sources auxquelles ils devraient s’abreuver. J’ai parfois le sentiment que les séminaristes et les prêtres  ne sont pas suffisamment appliqués à nourrir leur vie intérieure en la fondant sur la Parole de Dieu, l’exemple des saints, une vie d’oraison et de contemplation, tout enracinée en Dieu seul. Il existe une forme d’appauvrissement, de dessèchement, qui vient de l’intérieur même des ministres du Seigneur. Bien souvent Benoît XVI et François ont dénoncé le carriérisme au niveau du clergé. Récemment, en s’adressant à différentes communautés universitaires, le pape François a prononcé des paroles fortes : « Votre engagement intellectuel, disait-il, dans l’enseignement et la recherche, dans l’étude et la formation au sens large, sera d’autant plus fécond et efficace qu’il sera animé par l’amour pour le Christ et pour l’Eglise, que la relation entre étude et prière sera solide et harmonieuse. Ce n’est pas quelque chose d’ancien, c’est le centre ! C’est l’un des défis de notre temps : transmettre le savoir et en offrir une clef de compréhension vitale, et non une accumulation de notions sans lien entre elles ».

La formation adéquate des séminaristes, axée sur la maturation de la foi et portant à une adhésion personnelle au Christ, demeure fondamentale. Le monde d’aujourd’hui ainsi que nos sociétés égocentriques  et changeantes nous dispersent par leur agitation. Nous sommes encombrés de trop de possessions ; si nous désirons créer, pour les séminaristes, une ambiance favorable à la rencontre avec le Christ, le silence et la construction de l’homme intérieur sont indispensables. La question est d’autant plus grave qu’elle est presqu’invisible. Il est loisible de se pencher sur les séminaires qui, dans un certain nombre de pays, en particulier en Occident ne sont plus suffisamment pourvus. Mais, si ce problème est incontestable, le point sensible est ailleurs.

En fait, un vrai séminaire doit être une école qui conduise au « torrent de Kerit » (1 R., 17, 1-6), à la source de la Parole de Dieu, un lieu où l’on apprenne à construire une véritable vie intérieure. L’homme façonné par cette école pour devenir prêtre se prépare à bien prier pour mieux parler à Dieu, car on ne peut trouver les mots sur Dieu  qu’après L’avoir rencontré et avoir tissé des liens personnels avec Lui…La prière est toujours première. Sans la vitalité de la prière, le moteur du prêtre et celui de l’Eglise, par voie de conséquence, tourne au ralenti.

Nous devons joindre à la prière un travail continu sur nous-mêmes. L’Eglise est uniquement faite pour adorer et prier, ou ils dessécheront le corps entier de l’institution voulue par le Christ. C’est pourquoi les séminaristes, les prêtres et les évêques ne peuvent qu’entretenir une relation personnelle avec Dieu. Si dès les débuts, et tout au long des années de formation au séminaire, ce rapport d’intimité avec Jésus n’est pas solidement établi,  les séminaristes risquent de devenir de purs fonctionnaires ; et le jour de leur ordination, ils ne seront pas percutés jusqu’aux entrailles, ils ne percevront pas la gravité et les conséquences des Paroles que Jésus leur adresse : » Non iam dicam vos servos,  sed amicos » (je ne vous appelle plus serviteurs, mais je vous appelle  amis ). Jn, 15, 15. L’enjeu est simple : il en va de l’identification et de la configuration au Christ. Ainsi, notre vouloir sacerdotal et la volonté de Dieu doivent coïncider toujours plus parfaitement. Nous pourrons dire, comme le Christ : «  Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse » (Lc, 22, 42 ; Mc 14, 36).

Bien sûr, la formation intellectuelle, théologique, philosophique, exégétique et les diplômes sont importants, mais le trésor ne réside pas dans la science…Le vrai trésor, c’est notre amitié avec Dieu. Sans un sacerdoce selon le cœur de Dieu, lavé des modes humaines, l’Eglise n’a pas d’avenir. Je ne minimise pas le rôle du peuple des baptisés, du peuple de Dieu. Mais par la volonté de Dieu, ces âmes sont confiées à des prêtres. Si ces derniers obéissent à des règles purement humaines, sans la charité du Ciel, l’Eglise perdra le sens de la mission. Les crises dans l’Eglise, si graves soient –elles, ont toujours leurs origines dans une crise du sacerdoce ».

Ref.  Cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat, Dieu ou rien. Entretien sur la foi. Fayard, 2015, pp. 160-162.

JPSC

Commentaires

  • Une lecture vraiment bienfaisante, j'en ai fait l'expérience récemment et je recommande ce livre en cette période parfois plus calme des vacances!

  • Dieu seul suffit.

  • http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2006/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20060525_poland-clergy.html


    aussi bien de lire

  • citation

    Les fidèles n'attendent qu'une chose des prêtres: qu'ils soient des spécialistes de la promotion de la rencontre de l'homme avec Dieu. On ne demande pas au prêtre d'être expert en économie, en construction ou en politique. On attend de lui qu'il soit expert dans la vie spirituelle. Dans ce but, lorsqu'un jeune prêtre accomplit ses premiers pas, il faut qu'il puisse faire référence à un maître expérimenté, qui l'aide à ne pas s'égarer face aux nombreuses propositions de la culture du moment. Face aux tentations du relativisme ou du permissivisme, il n'est pas du tout nécessaire que le prêtre connaisse tous les courants de pensée actuels et changeants; ce que les fidèles attendent de lui est qu'il soit le témoin de la sagesse éternelle, contenue dans la parole révélée.

    http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2006/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20060525_poland-clergy.html

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