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La directrice de l'Institut Européen de Bioéthique défend la "carte de fin de vie"

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Sur le site de lalibre.be ("opinions"), Carine Brochier, directrice de l'Institut Européen de Bioéthique, défend la "carte de fin de vie" :

L’Institut européen de bioéthique lance une "carte de fin de vie" (à retrouver ici en PDF) qui refuse l’euthanasie et prône les soins palliatifs. (...)

Il est difficile de penser à notre propre mort. N’avons-nous pas peur d’aborder ce sujet avec nos proches et parfois notre médecin ? La "carte de fin de vie" permet, paisiblement, de réaffirmer notre confiance dans le médecin et de refuser autant l’acharnement thérapeutique que l’euthanasie. C’est aussi le respect de l’opinion de chacun. Un plaidoyer pour les soins palliatifs. Et un succès vu la demande.

Voici sept ans, l’Institut européen de Bioéthique lançait une "carte de dignité en fin de vie" (lire LLB - Débats du 29 avril 2008). Aujourd’hui, vous proposez au public une nouvelle "carte de fin de vie". Pourquoi ?

C’est le fruit d’une demande de personnes âgées, de leur famille mais aussi de médecins et de personnels soignants d’avoir un outil de communication paisible pour ceux qui veulent être accompagnés dignement jusqu’au bout sans qu’on provoque intentionnellement leur mort. Beaucoup sont saturés d’entendre parler de l’euthanasie comme la seule forme de mort sans souffrance. Ils cherchent autre chose.

Comment se présente et que contient cette carte ?

Sur cette carte qu’on garde dans son sac ou portefeuille, on indique son nom et prénom ainsi que le nom et le téléphone du médecin traitant. Dans le cas d’incapacité d’exprimer sa volonté par suite de maladie ou d’accidents, on affirme des directives pour sa mort. En substance, je donne ma confiance aux médecins afin qu’ils m’appliquent des traitements utiles et renoncent à ceux qui paraîtraient disproportionnés. Loin donc de l’acharnement thérapeutique. Ensuite je leur demande d’apaiser mes souffrances autant que possible et de me procurer tous les soins vitaux tels l’alimentation, l’hydratation, les soins de confort et d’hygiène et, au besoin, tous les soins palliatifs nécessaires. Enfin que les médecins respectent ma vie jusqu’à son terme naturel en se gardant de toute forme d’euthanasie. A côté de ce pan "directives pour ma mort", on peut aussi s’exprimer sur ses funérailles - inhumation ou incinération ? -, sur une éventuelle assistance spirituelle (quel ministre du culte ?), sur le prélèvement ou non d’organes après sa mort et désigner le cas échéant une personne de confiance qui pourra coopérer à la prise de décision médicale à mon égard. Les personnes intéressées peuvent télécharger cette carte sur notre site ou nous écrire pour en obtenir. Plusieurs même, comme nous l’avait demandé une dame âgée pour ses amis de la maison de repos, semaine dernière.

Imposer une euthanasie à une personne qui ne l’a pas demandée est illégal en Belgique. Vos détracteurs considèrent donc que cette "carte de fin de vie" qui refuse l’euthanasie ne sert à rien. Que répondez-vous ?

Elle sert à quelque chose et fait bien vu le grand nombre de personnes qui nous la demandent. Quelle meilleure preuve ? Cette carte permet de réaffirmer ses choix et de les communiquer dans une société démocratique où existe la libre expression de toutes les opinions. Ici, ce choix éminemment personnel est de dire non à l’acharnement thérapeutique, non à l’euthanasie et oui aux soins palliatifs. A côté, les soignants sont aidés. On réaffirme leur vocation de soigner et non de provoquer la mort intentionnellement. Combien de médecins sont mis à mal actuellement ! Ils se sentent des exceptions parce qu’ils refusent de pratiquer l’euthanasie. Alors que, rappelons-le, c’est l’euthanasie qui doit rester exceptionnelle. Or, voilà que, banalisée, elle devient aujourd’hui la bonne façon de mourir sans souffrir. Et là, notre devoir de citoyen est de remettre les pendules à l’heure. Non, l’euthanasie n’a pas le monopole de la meilleure façon de mourir. Et les associations qui le prônent trompent les citoyens. Parce que là, est la vocation des soins palliatifs.

Autre grief avancé : cette carte sous-entend l’existence de pratiques de fin de vie dans des centres de soins à l’insu de patients et crée donc la peur.

C’est l’inverse. Loin d’engendrer la peur et une défiance vis-à-vis des médecins, cette carte rassure et mise sur la relation de confiance entre les médecins, la famille et le patient, en mettant les choses au point. Oui, il est possible de mourir paisiblement et dignement avec les soins palliatifs et en étant entouré.

Est-ce une réaction à l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) qui propose, elle, des déclarations anticipées d’euthanasie ?

L’ADMD doit-elle détenir le monopole de la communication sur la mort ? Doit-elle automatiquement et idéologiquement condamner ceux qui ne sont pas en accord avec la pratique de l’euthanasie ? Non. Plus loin, il ne faut pas toujours parler de l’euthanasie quand on veut parler de la mort. On nous sert de l’euthanasie partout. Les personnes sont saturées. Pourquoi ne pourrait-on pas parler des soins palliatifs ? Là nous avons tous une responsabilité. Médias compris.

Commentaires

  • Bravo à l' IEB et merci à madame Brochier et à toute l'équipe de l' IEB.
    Dans certains hôpitaux, dans certains services, des « médecins » sont parfois prompts à « aider » les invalides à mourir.
    Il est bon de préciser que l'on ne considère pas que c'est mourir dans la dignité que de mourir à contre-temps, rendu stupide par les stupéfiants et aréactif par des neuroleptiques.
    Il n'est pas inutile de redire que tout le monde n'a pas envie d'être « abrégé »
    L.C.J.

  • « est illégal en Belgique » écrit l'intervieweur.
    Les euthanasies étaient pratiquées en Belgique bien avant la dépénalisation, « en toute illégalité ». Pourquoi des « médecins » qui sortaient allègrement de la légalité avec un système judiciaire bien armé, n'en sortiraient-ils plus avec un système désarmé ? N'est-ce pas un peu de la naïveté, de l'utopie ou de l'hypocrisie ??

  • Beaucoup de religions ont inscrit dans leur code moral l'interdit du meurtre, qui est un impératif catégorique. Mais le « droit de vivre » n'est pas un droit divin, un « choix convictionnel » auquel certains « esprits forts » veulent le réduire. Le droit de vivre est simplement un « droit humain », le premier de tous les droits, sans lequel aucun autre ne vaut.  C'est en vain que les pro-morts tenteraient de nier ce droit au nom d'un « progrès » s'opposant à un « conservatisme religieux » « arriéré et rétrograde », « d'un autre siècle ». 
    Le droit à la vie n'est pas un droit chrétien, c'est un droit universel, inscrit dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Et cette déclaration défend les plus faibles, les malades (physiques et mentaux), les vieux, les enfants.

  • extrait d'une publication du dr. Olivier Yaccarini, urgentiste : « La loi sur l’euthanasie, en voulant accéder à la demande d’une infime minorité de patients, menace à mon avis un bien plus grand nombre de malades, qui voudraient finir leur vie autrement qu’en y ayant recours ».

  • Une « carte de fin de vie » n'empêche pas de mourir, elle permet de bien mourir.

  • surtout si vous êtes jeune et que vos organes suscitent la convoitise.

  • Sur le site de Libé : Gilles FREYER Professeur de cancérologie au CHU de Lyon :
    Euthanasie, la «bonne mort» qui anesthésie les consciences
    http://www.liberation.fr/societe/2013/02/17/euthanasie-la-bonne-mort-qui-anesthesie-les-consciences_882475

  • "Pourquoi ne pourrait-on pas parler des soins palliatifs ? Là nous avons tous une responsabilité, médias compris."
    effectivement, devant la carence de l'état (ou l'obstruction de certains politiques encartés) il appartient à chacun de nous de s'engager comme bénévole auprès des rares services de soins palliatifs existants. Et il appartient aux médias de ne pas faire de l'information à sens unique (comme la pensée).

  • Dans un récent article diffamatoire (et insultant) dans le soir, le CAL montre la peur que lui inspire l'expression par les citoyens d'une opinion différente, non conforme à la pensée unique qu'il arrive à diffuser dans les médias stipendiés.

    Dans une réaction de panique, l'auteur en arrive à utiliser n'importe quel mensonge grossier et à recourir comme argument ultime au déni de la vérité. Il montre là tout le totalitarisme de son intolérante « tolérance », à la façon de Saint-Just « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». C'est le dogmatisme radical de son a-dogmatisme, le fanatisme intégral de la religion de l'irréligion. C'est la croisade haineuse contre la vie. On se croirait revenu en 1789, et s'il avait une guillotine l'auteur trancherait volontiers des têtes.
    Fait-il qu'ils ne se sentent pas droits dans leurs bottes, particulièrement fragiles et à court d'arguments pour recourir à de tels procédés.
    Nostradamus

  • Tout ce qui est excessif est insignifiant.

  • Ce qui est choquant pour un médecin « pro‑vie » est de considérer qu'il y a des vies « qui valent » et des vies « qui ne valent pas », qu'il existerait des sous-hommes et des surhommes, des élus et des exclus, des relégués qu'il faudrait éliminer ou recycler. Ce qui serait intolérable serait un « relativisme de la vie ».  Toutes les vies valent, qu'elles soient finissantes ou triomphantes, misérables ou glorieuses. Ce relativisme de la valeur de la vie est complètement contraire aux valeurs de ceux qui se sont donné pour tâche d'assister les faibles et les handicapés, lorsqu'ils ne peuvent pas les guérir.
    Harvey

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