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Synode sur la famille J+2 : le pape François répond aux interpellations

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L-intervention-surprise-du-pape-Francois-au-synode-sur-la-famille_article-default-mode-standard-double.jpgLe pape François, au deuxième jour du synode romain sur la famille, a dû exceptionnellement intervenir pour recadrer le débat. Certains évêques en effet, lundi soir et mardi matin, avaient fait part, en assemblée, de leurs questions, voire de leurs doutes, sur deux aspects. Lu sur le site web du Figaro ce compte rendu  de Jean-Marie Guénois :

"Le premier touchait le changement de règlement du synode. François a décidé, en septembre dernier, de limiter les grandes assemblées plénières au profit d'un travail en petits groupes. Et, seconde inquiétude, à propos de ces nouvelles règles: la nomination par le Pape d'une commission spéciale d'une dizaine de personnes, déjà au travail pour rédiger, en parallèle, le document de synthèse finale du synode alors que le débat des 360 évêques et experts du synode, lui, ne fait que commencer, et pour trois semaines. Certains se demandent donc pourquoi être là s'ils ne maîtrisent pas la synthèse finale. 

Le second point de préoccupation touchait la question des divorcés remariés. Lundi, lors de la séance d'ouverture, le rapporteur général du synode, le cardinal Erdo, a opposé une fin de non-recevoir à toute évolution pastorale sur le sujet. Mais le secrétaire spécial du synode, Mgr Bruno Forte, et surtout le cardinal Marx, archevêque de Munich et président de la conférence des évêques [d’Allemagne ndB], ont mis en cause cette fermeture: «Nous ne pouvons pas marcher en arrière, il faut avancer», a insisté ce dernier en rappelant que, de toute façon, «le Pape tirera à la fin de ce qu'il estimera être juste pour son pontificat». Là aussi, la tendance progressiste du synode doutait de l'intérêt d'une seconde session après celle d'octobre 2014, si c'était pour maintenir un statu quo sur la question des divorcés remariés.

Les groupes de travail seront pris en compte, assure le Pape

Pour mettre fin à cette confusion, le pape François a donc pris la parole une seconde fois en deux jours pour clarifier les choses, sur le fond et sur la forme. Par principe et pour laisser la parole aux évêques, jamais un Pape n'intervient dans les débats d'un synode. Il se contente d'introduire et de conclure les débats. Benoît XVI l'avait fait une fois pour éclaircir un obscur point théologique mais non pour calmer une polémique.

Selon le porte-parole du Vatican, le Père Lombardi, le Pape a donc assuré et «rassuré» selon un témoin l'assemblée en affirmant que «la doctrine catholique sur le mariage n'a pas été touchée, elle conserve sa validité». Mais le Pape a aussi demandé que les Pères synodaux «ne se laissent pas conditionner en réduisant l'horizon du synode comme si son unique problème était celui des divorcés remariés». Enfin le Pape a garanti que les interventions des participants dans les petits groupes de travail qui se réunissent à partir de mercredi, jugées par lui «très importantes», seront bien prises en compte dans le document final. 

Claire intention réformatrice

Mardi matin, avant de se rendre dans la salle du synode, le Pape avait toutefois donné une nouvelle indication de sa claire intention réformatrice et de l'esprit dans lequel il voudrait que le synode travaille. Dans son homélie, lors de la messe à la maison Sainte-Marthe, il a médité sur les récits racontant les mésaventures de Job, François dénonçant alors «la dureté du cœur qui ne laisse pas entrer la miséricorde» de certains membres du clergé qui estiment que «mes pensées, mes prédications, la liste des commandements que je dois observer, tout cela, est plus important que la miséricorde de Dieu».

Ce «drame» a dit le Pape, «Jésus l'a vécu aussi avec les docteurs de la loi qui ne comprenaient pourquoi il ne laissait pas lapider la femme adultère, pourquoi il allait manger avec les publicains et les pécheurs: ils ne comprenaient pas! Ils ne comprenaient pas la miséricorde!» Citant une nouvelle fois Saint Ambroise, le pape a alors lancé: «Là où les ministres du Christ sont, il y a rigidité, là où il y a le Seigneur, il y a miséricorde».

Échange très vif entre deux cardinaux

Au total, il semble que cette mise au point papale a été notamment motivée par un échange très vif et contradictoire, lundi soir, entre deux très importants cardinaux, l'un appuyant de toute sa force la réforme en faveur des divorcés remariés, l'autre, la récusant de tout son poids. Car ce débat, bien qu'il ne représente pas l'intégralité du synode, est bien central dans les esprits car il touche une évolution fondamentale pour l'Église, directement à l'esprit du Concile Vatican II. La question posée n'étant pas de modifier, effectivement, la doctrine de «l'indissolubilité» du mariage - il y a unanimité sur ce point - mais de voir comment elle peut être «adaptée» pour des «raisons pastorales» aux différentes situations concrètes. «Nous devons être concrets» a plaidé le cardinal Marx.

Et c'est ainsi que l'évêque d'Anvers, Mgr Johan Bonny - connu pour ses positions ouvertes sur le mariage gay - a proposé que «le synode reconnaisse aux évêques locaux la responsabilité de formuler des réponses adéquates aux questions pastorales». Un autre ayant même avancé l'idée que des commissions d'études soient lancées «par continent» ou par «grandes régions culturelles» dès la fin du synode, de façon à réfléchir et mettre en place une décentralisation géographique et culturelle de la pratique pastorale catholique sur la question des divorcés remariés. L'un des chargés de communication pour le monde anglophone, le Père Rosica, ayant de fait, affirmé mardi: «Il sera difficile de trouver une solution universelle». Cette idée aurait l'avantage d'éviter une guerre de positions au sein du synode en repoussant la question qui fâche dans l'espace et dans le temps mais elle ouvrirait une première historique de décentralisation touchant la doctrine, et donc de divisions potentielles, dans l'Église catholique."

Ref. Synode : l'intervention inhabituelle du Pape

JPSC

Commentaires

  • Pour mesurer l'ampleur des canalisations de çe qui se dit rėellement au sein du synode, indépendamment des opérations de filtrage:

    http://www.ncregister.com/blog/edward-pentin/questions-raised-again-about-accuracy-of-official-synod-briefings

    Le détail des modifications dans la procédure, par rapport à la session précédente, est ahurissant. On peut trouver le détail ailleurs, cela n'est pas très compliqué. Ca ne s'est pas fait gratuitement.

  • Quand je pense que le gratin de la société "secrète " de Sankt Gallen ( voir le livre de Mgr Danneels ) est présent , j' admire le Pape de rester serein.
    Moi, les gens qui se réunissent en société secrète, me font peur .
    Mais Dieu est toujours le plus fort . Alors je n'ai plus peur . Merci Jesus

  • Le Pape François se prendrait-il les pieds dans son propre tapis ? C’est ce que laisse entendre Jean-Marie Guénois dans le Figaro. Sur son blog « Pro liturgia », Denis Crouan se demande si le schisme est vraiment un risque illusoire. Certains avancent qu’il pourrait être le résultat des orientations inconséquentes d’un Pape qui d'une part n'est pas un grand théologien et qui, d'autre part, est préoccupé par l'image réformiste qu'il veut donner de lui.

    Sans aller jusque là, un schisme informel, mais tout à fait réel, n’est-il pas déjà à l’œuvre au sein de l’Eglise catholique depuis des années ? Benoît XVI a tenté de réduire la fracture, mais son règne fut bien trop bref pour donner du temps au temps d’une réconciliation des mentalités

  • " préoccuppé par l'image réformiste qu'il veut donner de lui " ?
    Quelqu'un a t-il détecté au scanner les préoccupations profondes du Pape ? Ou bien croit on qu 'en lisant la presse on puisse se faire une opinion objective du fonctionnement psy du Pape ?
    Je pense que ce Pape fait ce qu'il peut avec l'aide insondable ,définitivement mystérieuse de L'Esprit Saint et de nos prières .

  • Tchanthès , vous voyez que j'aime beaucoup ce Pape mais j'aimais tout autant, quoique différemment bien sûr , les papes Benoit 16, Jean Paul II , Paul VI .Avant je ne m'informais pas vraiment , je n'étais pas encore convertie . Mais je pense qu'on peut essayer d'être critique sur le fond en gardant une attitude bienveillante sur une personne .dont la vie n'est pas facile.. (c'est un euphémisme )

  • Voilà, le St Père essaie de mener la barque à bon port, avec son cœur ... mais quand il y a des désobéissants aux règles de base de la bonne conduite que chacun doit connaître ... il a plus difficile... Les non conformistes veulent, c'est clair, la possibilité du mariage des prêtres et ... pour les mariés la possibilité de changer de partenaire et faire comme si on efface tout et on recommence ailleurs avec quelqu'un d'autre ... alors qu'il y a eu engagement face à Dieu et face aux hommes ...
    Pas facile de vivre sans la confiance, la fidélité à ses engagements alors que l'Eglise a tous les outils nécessaires : les Sacrements, le Catéchisme, la Bible et l'enseignement des Pères de l'Eglise.
    Prions pour le St Père, et les Evêques réunis en ce moment. Nos enfants ont besoin de stabilité et de sécurité pour devenir eux aussi les pères et mères de demain ... Attention la barque doit encore servir pour des siècles !

  • @ therese

    Φίλος μεν Πλάτων, φιλτέρα δε ἀλήθεια comme disait Aristote, disciple de Platon mais assez critique au sujet de sa philosophie des Idées : « j’aime Platon mais j’aime encore plus la vérité ». Toujours faire la distinction entre les personnes qui valent, en effet, beaucoup plus que leurs idées. Ne pas croire non plus que ne pas partager un point de vue est automatiquement une agression contre la personne qui l’exprime. Avoir toujours aussi en tête qu’on est soi-même faillible, être ouvert à une saine contradiction, sans quoi on tombe dans l’idéologie qui ferme la porte à tout débat d’idées.

  • Bonjour Tchantchès,

    A propos de distinction entre les personnes et leurs idées, en voici une belle illustration:

    http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=788739

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