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A propos des réticences que certains catholiques affichent à l'égard du pape François

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Du blog koztoujours.fr, cette prose qui bouscule, interpelle et provoque :

... je ne partage en aucun cas les réticences encore affichées par quelques catholiques à l’encontre du pape François et de ses intuitions prophétiques.

Bien sûr, je comprends que, lorsque le monde change, que même le repère le plus intime qu’est la famille est touché, que la mondialisation nous remet en question, que notre identité est bousculée, que certains vont jusqu’à évoquer la fin d’une civilisation, que tout semble donc se dérober sous nos pieds, l’on souhaite qu’au moins l’Eglise reste stable et sûre, que la doctrine ne change pas et qu’en particulier, elle ne se mette pas, elle aussi, à toucher à la famille. Stat crux dum volvitur orbis. Je le comprends tellement, moi qui ait tant apprécié la stature de Benoît XVI, moi que sa belle stabilité ce matin de septembre 2008 aux Invalides a tant influencé.

En ce domaine comme en d’autres, même si c’est naturel, je crois que notre salut est dans le mouvement. Comparaison n’est pas raison, et la métaphore militaire se prête bien peu à l’Eglise mais voilà, la forteresse n’est pas une option : nous devons impérativement tenter une sortie. Une autre image me vient, celle de personnes serrant des deux mains contre elles un trésor, une châsse sainte, emportant le trésor avec elles dans un précipice plutôt que de tendre une main.

Les meilleures images sont celles que le pape François lui-même a données :

  1. Le Christ est à la porte, il frappe à cette porte, mais il frappe de l’intérieur pour que nous le laissions sortir, pour que nous le laissions aller sur les chemins proclamer la Nouvelle, plutôt que le garder en nos églises (source);
  2. Du troupeau de cent brebis, il ne nous en reste plus qu’une, une seule. Ce n’est plus la brebis perdue, mais les 99 brebis perdues. Et cette brebis, nous voudrions rester à la caresser, à la brosser, pour qu’elle soit belle. Elle-même souhaiterait tant qu’on la cajole, qu’on la conforte. Combien de catholiques ont-ils ainsi envie que leurs prêtres et jusqu’au pape leur disent comme ils font bien, comme ils sont de bons catholiques, qu’ils ne les bousculent pas trop ?! Et combien, même, vont jusqu’à laisser planer la menace de leur départ – voire d’un « schisme silencieux », des progressistes hier sous Benoît XVI, des conservateurs sous François – pour retenir le berger ? Cette brebis, au demeurant bien confortée par Benoît XVI, doit avoir le courage et la maturité de se garder toute seule pendant que le berger part rechercher les autres. Et même, qu’elle l’accompagne ! (source)
  3. « Je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après la bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas ». A ceci près que je crois que la bataille fait encore rage. Non seulement les personnes auxquelles nous voudrions nous adresser, nous, catholiques, n’ont plus les références pour nous comprendre, mais leurs blessures les éloignent de l’Eglise et les mettent hors d’état de nous entendre (source);
  4. « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités ». Nous devons tenter, nous devons sortir, nous devons expérimenter. Peut-être les ornements seront-ils plus boueux, peut-être le calice ne brillera pas comme il devrait mais, dans une bataille, on s’adapte. (source)

Concrètement ?

Tout d’abord, il faut que j’explique cette phrase, citée par Jérôme Cordelier : « beaucoup, et pas seulement des traditionalistes ou des gens âgés, aimeraient bien que l’Eglise ne change pas, que sa doctrine n’évolue pas. Moi, je pense que si l’on continue ainsi, on va tout simplement crever la bouche ouverte ». Coupons court : je n’ai ni l’envie que la doctrine de l’Eglise change, ni la compétence pour proposer quoi que ce soit en ce sens et j’aimerais que l’on me fasse la grâce de me croire attaché à l’Evangile et à la doctrine de l’Eglise. Si j’ai employé le terme « doctrine », cela aura été par commodité, et parce que je doute que le lecteur ait besoin que l’on entre dans les distinctions entre doctrine, discipline etc.

Mais voilà, concrètement, je suis de ceux qui espèrent que le synode trouve une voie de rapprochement pour les divorcés-remariés. Je suis on ne peut plus attaché au mariage catholique, à l’indissolubilité, au signe qu’il constitue, mais je suis aussi inquiet de voir tous ceux qui s’éloignent de l’Eglise, convaincus (certes à tort) d’en être écartés parce qu’ils sont écartés de la communion, de la confession et jusqu’à l’extrême-onction. Je n’ai ni les compétences en théologie ou en droit canonique ni la qualité pour me prononcer sur ce sujet – ce qui ne dissuade certes pas tout le monde de se montrer catégorique – mais je suis attentif à tout ce qui pourrait aller dans le sens d’un rapprochement. Je le souhaite vivement, mais je m’en remets au synode, et à l’Esprit.

Concrètement ?

Bien des choses intéressantes se font. Je ne me fais aucune illusion sur l’efficacité de la démarche de ceux qui croient qu’il suffirait d’exposer la Vérité pour que les gens s’y rallient, pensant ainsi donner à voir le Christ. C’est, au bout du compte une démarche aussi orgueilleuse que paresseuse. Paresseuse parce qu’en vérité, son principal attrait, c’est l’absence de remise en question et de mise en mouvement. Orgueilleuse, parce que le Christ ne montrait pas la Vérité, il était la Vérité. Nous ne pourrons jamais qu’en transmettre une version dégradée, interprétée. Et bien des fois dans ces milieux, cette vérité n’est qu’une certaine vérité, amputée de la miséricorde.

En revanche, depuis Glorious à l’église Lyon Centre jusqu’à la Communauté Saint Martin, en passant par celle l’Emmanuel ou tout ce qui a pu être dit au Congrès Mission 3, il y a des expériences fructueuses à suivre. Si nous avons nos préférences pour telle ou telle liturgie, sensibilité ou communauté, ne croyons pas d’ailleurs qu’il n’y ait qu’une manière de laisser Jésus sortir de nos églises.

Mais tout le monde ne peut pas être Glorious ou la Communauté Saint Martin – il y a aujourd’hui environ 15.000 paroisses en France, dont l’immense majorité n’est ni l’une ni l’autre. En revanche, j’entendais furtivement, entre deux gorgées, le Père David Gréa (curé de Lyon Centre) expliquer qu’il avait remis à plat toute l’organisation de la paroisse autour d’un impératif : la mission. Nous ne pouvons plus gérer gentiment nos clochers, débattre des horaires des messes, peigner la brebis. Tout doit être pensé pour aller vers l’extérieur, vers le monde. Et il y a fort à parier que cette mise en mouvement règle par la même occasion les menus soucis des paroisses, leur fréquentation voire les problèmes de vocations.

Alors, en effet, après avoir été dûment édifié et affermi par Benoît XVI, c’est bien avec enthousiasme que je voudrais suivre le pape François sur le chemin qu’il ouvre, avec finesse et rigueur.

Commentaires

  • Que cette prose "interpelle, bouscule et provoque", peut-être.

    En fait, cette prose reflète surtout une incapacité de prendre position et expose toute la stérilité de cette recherche obsessionnelle de la quadrature du cercle.

  • La chanson de Koztoujours, c’est une chanson que j’ai déjà entendue il y a un demi-siècle, à l’époque du concile Vatican II, toujours avec les mêmes arguments.
    Cela fait du bruit, mais pas nécessairement du bien.
    Pour faire un travail utile, je crois qu’il faut changer de disque et de méthode...

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