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  • République centrafricaine : pourquoi le pape persiste à y aller

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    De Jean-Marie Dumont sur le site de « Famille chrétienne » 

    « Si le pape a choisi de maintenir son étape à Bangui en fin de semaine, c’est qu’il a de bonnes raisons. L’éclairage de Christine du Coudray, responsable Afrique auprès de la fondation pontificale Aide à l’Église en détresse. Malgré l’instabilité du pays, le pape a maintenu son voyage en République centrafricaine. Est-ce bien prudent ?

    bangassou_Mgr-nzapalainga_iman-08102013-01.jpgLe pape met ses pas dans ceux de Mgr Dieudonné Nzapalainga, le courageux archevêque de Bangui (photo ici à Bangassou, près de la frontière du Congo). Il a compris que renoncer à ce voyage créerait une situation de détresse absolue, en plus de l’humiliation que constituerait une telle décision. « Nous attendons tout du pape ! » me déclaraient des prêtres de là-bas, quelques semaines avant ce voyage. Le Saint-Père veut aller à la rencontre d’un pays immense, très méconnu, largement abandonné. Il vient aussi encourager une Église en pleine renaissance après la grave crise interne qui l’a affectée il y a huit ans. Il est stupéfiant de voir à quel point l’action de l’Esprit Saint a été efficace en quelques années dans les neuf diocèses de République centrafricaine. Elle a suscité un véritable renouveau.

    Les violences qui continuent de miner le pays ont-elles été l’occasion, pour l’Église, de faire les preuves de ce renouveau ?

    Les évêques, les prêtres, les religieuses sont présents partout où se déroulent ces événements tragiques. Ils restent jusqu’au bout dans les paroisses. Dans la mentalité commune, si les congrégations religieuses s’en vont, c’est qu’il est vraiment temps de partir. Les personnes ont la conviction qu’ils sont davantage protégés par l’Église que par les forces militaires présentes dans le pays, inefficaces, qui se contentent de compter les morts après les attaques. Elles n’en attendent absolument rien. Dans ce contexte, l’Église se présente comme un lieu de refuge, qui prend soin de ceux qui souffrent.

    Comment se traduit concrètement cette sollicitude ?

    Durant la saison des pluies, qui vient de se terminer, des prêtres ont pris l’initiative d’ouvrir les églises, la nuit, afin que les dizaines de milliers de réfugiés puissent être à l’abri. Les témoignages concordent : quelle que soit la culture de ces déplacés – chrétiens, animistes, musulmans –, ils prennent leur baluchon une fois la nuit terminée, nettoient l’Église et s’en vont discrètement. Jamais le tabernacle n’a été touché. Les terrains des églises, par ailleurs, sont remplis de réfugiés.

    L’attente à l’égard de la venue du pape est-elle aussi forte pour tous ?

    L’attente est colossale de la part d’une population – 4,6 millions d’habitants – qui n’en peut plus et qui veut la paix. Si les exactions commises n’épargnent aucune communauté – l’un commence, l’autre se venge… –, l’Église catholique a su s’affirmer comme une force de réconciliation. Et ce tout spécialement grâce à Mgr Dieudonné Nzapalainga, seule personnalité capable, lorsqu’un incident débute, de prendre sa voiture et d’imposer par sa seule présence un arrêt des violences entre des gens qui, quelques minutes avant, étaient en train de s’entre-tuer. Il a d’ailleurs été à l’origine d’une plate-forme interreligieuse très originale, qui permet la collaboration institutionnelle et contribue largement à l’apaisement.

    Je crois que la visite du Saint-Père peut être vue comme un encouragement, une manière de dire que ce chemin entrepris par l’Église centrafricaine est le bon.

    Ref. République centrafricaine : pourquoi le pape persiste à y aller

    La république centrafricaine est chrétienne à 80 %. L’importance numérique des musulmans de la "Séléka" (on pourrait traduire: conjuration) musulmane fut ou reste inversement proportionnelle au pouvoir de nocivité de cette coalition rebelle. 

    JPSC

  • Attentats : "Au cœur des ténèbres, comme le veilleur tourné vers le Levant, j’attends l’aurore et la Victoire"

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    Sur le site du diocèse de Fréjus-Toulon :

    Tribune de Mgr Dominique Rey, Evêque de Fréjus-Toulon. 26/11/2015.

    Les attentats qui ont meurtri la France ont frappé nos esprits et brisé nos certitudes. Soudainement, ils nous révèlent l’acuité du Mal, brut et cru. Que faire ? Peut-on réagir ? Le mystère du Mal est un puits sans fond où l’on pourrait à loisir écouler sa désespérance. Comme chrétiens, femmes et hommes modelés par l’espérance, nous sommes convoqués à trois attitudes évangéliques : prier, témoigner, user de la raison.

    D’abord prier. La prière met en contact avec Dieu alors que nous sommes plongés dans l’absurdité du Mal qui frappe aveuglément. Prier pour les victimes innocentes, leurs familles et aussi pour les ennemis, tortionnaires, bourreaux, qui utilisent Dieu pour donner la mort en s’auto-proclamant juges, jurés et justiciers. Nous croyons en la puissance de la prière qui touche le cœur de Dieu et par ricochet peut retourner le cœur des bourreaux, à l’exemple de S. Paul. « Et moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt,5,44).

    J’ai pu voir à l’œuvre la puissance de la prière lors de mon voyage en Syrie, qui permet à des hommes et à des femmes de tenir debout au cœur de la nuit. Ils ont subi un double martyre : celui de la pierre et celui de la chair. Et malgré cela, leur foi dans le Christ, forte, vivante et puissante m’a bouleversé.

    Tout récemment, de jeunes chrétiens du même âge que les terroristes se sont rassemblés dans l’initiative « la France en prière ». Elle témoigne du sursaut spirituel à l’œuvre dans les nouvelles générations.

    Dans les circonstances présentes, les chrétiens sont aussi convoqués à la foi et à l’espérance. Alors que le sol des certitudes sur lequel nous avions bâti nos sociétés et nos vies cède face à la haine aveugle, la foi et l’espérance nous sont données comme des socles pour refonder notre existence. Face aux turpitudes du temps et à la perte de tout repère, ces vertus théologales constituent des havres, des rochers dont notre monde a besoin pour ne pas rentrer dans le cycle infernal d’une violence qui s’engendre elle-même.

    À longueur de journée, par les télévisions, les journaux, et les sites d’information, nous sommes inondés de scenarii sanglants qui sont autant de caisses de résonance à la violence. Ce climat d’angoisse fait apparaître une mystérieuse collusion entre l’exposition de la violence et sa médiatisation à flux continu. Cet emballement médiatique permanent fait à présent battre le cœur de nos sociétés post-modernes qui s’égarent dans la contemplation morbide de leurs blessures intimes. Nous sommes donc invités à solliciter notre raison.

    La radicalisation possède deux facettes jumelles. La première est celle qui vient de la tentation d’une société qui se prive de Dieu et se construit sans lui, et bientôt contre lui. « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien. Mais, parce que vous n’êtes pas du monde […] le monde vous hait » (Jn,15,19). La deuxième tentation est celle de se servir de Dieu. « Car il surgira de faux messies et de faux prophètes. » (Mt,24,24).

    Pourquoi, parmi des fidèles musulmans, naît et se développe cette interprétation radicale du Coran qui conduit au terrorisme ? Pourquoi, dans notre civilisation, le dialogue, la raison ne parviennent-ils pas à vaincre la folie des djihadistes qui s’emparent du religieux pour légitimer leur violence ? C’est parce que l’expérience religieuse a perdu contact avec la raison. Et telle est bien la Vérité du christianisme qui professe le logos fait chair, c’est-à-dire, littéralement, la Sagesse incarnée. Dieu s’est fait parole et raison. « Les décisions fondamentales, qui concernent précisément le rapport de la foi avec la recherche de la raison humaine, font partie de la foi elle-même et constituent des développements qui sont conformes à sa nature. » (Benoît XVI)

    Les maux que traversent notre société ne sont pas le fait d’une trop grande présence de Dieu. Ils tiennent au contraire à ce que la dimension spirituelle de tout homme a été niée, combattue et que, dans le même temps, certains ont refusé le dialogue entre foi et raison en disqualifiant la religion au rang d’opinion privée. En témoigne aujourd’hui la difficulté de la société à appréhender le fait religieux comme tel.

    Prier, témoigner, user de la raison. Trois attitudes pour comprendre les ressorts brisés de notre société et contribuer à son relèvement. Trois attitudes pour ne pas perdre l’espérance née au soir du Golgotha. Trois attitudes pour nous relever lorsque la Croix est trop dure à porter.

    Au cœur des ténèbres, comme le veilleur tourné vers le Levant, j’attends l’aurore et la Victoire.

  • Vague migratoire : le cri d'alerte d'une musulmane convertie au catholicisme

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    Lu sur Aleteia.org (Jules Germain)

    Le cri d’alerte d’une musulmane convertie au catholicisme

    Alors que l'Église catholique allemande continue de soutenir activement la politique d’accueil des réfugiés, des voix catholiques commencent à se lever face à certains risques de dérives.

    Sabatina James est une militante pour les droits de l’homme pakistano-autrichienne convertie au catholicisme ; elle a échappé de peu à un mariage forcé avec un de ses cousins au Pakistan qui a abusé d’elle sexuellement de manière répétée. Menacée de mort par sa propre famille à cause de sa conversion, Sabatina James vit depuis 2004 sous haute protection 24h/24. Elle a fondé en 2006 l’organisation caritative Sabatina qui vient en aide aux musulmanes que l’on souhaite marier de force. Elle assure aux victimes la possibilité de fuir, une aide juridique ainsi qu’une aide psychologique.

    Cette ancienne musulmane a émis récemment d’importantes critiques envers la gestion allemande de la crise des migrants. Comme nous le rapporte nos confrères du site kath.net, elle a évoqué les réelles menaces d’une immigration musulmane incontrôlée venue de pays non démocratiques. Elle exprime ses inquiétudes de manière frontale, quitte à choquer la modération habituelle des catholiques d’outre-Rhin. Elle a dit notamment dans une interview au Neuen Osnabrücker Zeitung : « Nous devons nous poser deux questions : voulons-nous continuer à préserver les droits de l’homme en Allemagne ? Peut-on laisser l’Allemagne devenir un pays majoritairement musulman ? ».

    Donner un passeport à tous les réfugiés sans s’assurer qu’ils soient « capables d’être démocrates ou de savoir s’ils sont prêts ou non à utiliser la violence » est une politique irresponsable « vis-à-vis des droits de l’homme » d’après elle. S’il s’avère que l’on rencontre parmi eux de violents islamistes, qu’ils soient ou non liés à Daesh, l’Allemagne ne pourra pas refuser d’en endosser la responsabilité.

    L’équivalent d’une nouvelle ville chaque mois

    Elle poursuit en disant que si jamais, dans les dix années à venir, plus de 10 millions de musulmans venaient, ils pourraient constituer la majorité de leur classe d’âge. C’est justement le rythme actuel des arrivées ; or, la natalité allemande est dramatiquement faible. Ce pourrait tout à fait être le cas si l’on se refuse à réguler l’immigration. Il faut savoir que pour le seul mois de novembre, le nombre de 180 000 réfugiés a été dépassé en seulement trois semaines (chiffre du 23 novembre). C’est donc une ville de taille moyenne de plus chaque mois qui peut transformer radicalement la société allemande. Ce n’est pas un fantasme mais simplement la réalité. De nombreuses critiques, venues même de la gauche, commencent d’ailleurs à émerger en Allemagne.

    Elle s’étonne également du fait que les jeunes hommes violents qui attaquent les chrétiens, les yézidis ou les musulmans démocrates, puissent tout de même rester en Allemagne. « Ils doivent repartir. » Il serait impensable de leur donner le droit d’asile. C’est une grave erreur et une illusion de notre trop belle âme, selon elle, de supposer d’avance que tous les réfugiés partagent les valeurs démocratiques. Ils sont nés dans un pays, que ce soit la Syrie, l’Afghanistan ou le Pakistan qu’elle connait bien, « avec l’idée que les femmes n’ont pas les mêmes droits ni la même dignité que les hommes et que les non-musulmans ne sont pas des êtres humains à part entière ».

    Se protéger des prédicateurs radicaux

    Sabatina James critique par ailleurs le fait que l’Allemagne ne mette aucune limite aux prédicateurs les plus radicaux. « Nous les laissons faire et l’on s’étonne ensuite que la jeunesse suive. » Connaissant des repentis de la mouvance salafiste, elle sait que ce sont des personnes en recherche de Dieu. C’est d’ailleurs une preuve de la triste situation des Églises en Allemagne selon cette convertie : il est devenu plus fréquent aujourd’hui dans les rues allemandes de croiser un salafiste qui distribue le Coran qu’un chrétien pouvant « expliquer le Sermon sur la montagne » et de paroles si fortes telles que celles du Christ : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent ».

    Et c’est bien pour préserver les droits de l’homme, et tout particulièrement ceux des femmes, ainsi que les valeurs de ce même sermon sur la montagne que l’Allemagne ne peut tout accepter : c’est la garantie du caractère démocratique de ce pays qui risque fort de se réduire à peau de chagrin si l’Allemagne ne change rien à son action.

  • Un site sur la vie et la famille consacré à l'oeuvre de Mgr Michel Schooyans

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    Un site sur la vie et la famille (via zenit.org)

    Ce site permet de prendre connaissance de nombreux textes que Mgr Michel Schooyans, professeur à l’Université de Louvain, a consacrés à la famille, à la vie, à l’euthanasie, à la bioéthique. Philosophe et théologien, Michel Schooyans traite ici, dans une perspective chrétienne, des problèmes comme la croissance démographique, l’environnement, la gouvernance mondiale.

    http://www.michel-schooyans.org/

    Il y a quelques années, la journaliste Sabine Chevallier avait consacré un article à Michel Schooyans. En voici quelques extraits.

    Monseigneur Michel Schooyans est professeur émérite de l'Université de Louvain-la-Neuve (Belgique) où il a enseigné vingt-cinq ans la philosophie politique, membre de l'Académie pontificale des Sciences sociales, consulteur du Conseil Pontifical pour la Famille, auteur de nombreux ouvrages d'une portée internationale. Il est incollable sur la démographie, la globalisation de l'économie, le libéralisme (dont il dénonce la "dérive totalitaire")... 

    Mais en arrivant sur le quai de la gare de Louvain-la-Neuve, petite ville universitaire entre Bruxelles et Namur, où il demeure lorsqu'il n'est pas à un colloque au Mexique ou un voyage d'étude au Brésil, j'avais plutôt l'impression que c'est un grand-père débonnaire et attentionné qui était venu m'y attendre.

    Il y a autant d'indulgence et de miséricorde dans son regard que d'exigence morale et de lucidité dans ses livres. Il est aussi jovial et gentiment malicieux qu'il sait analyser les programmes onusiens les plus ardus. Et sa capacité d'écoute, d'effacement, vous inciterait presque à raconter votre vie quand c'est lui qui a tant de richesses à partager!

    Cette fois-ci, je ne m'attarderai pas à l'interroger sur son percutant livre: La Face cachée de l'Onu, 2000). C'est plutôt la face cachée de Michel Schooyans que j'aimerais découvrir.

    Il est tout juste bachelier et inscrit en droit quand l'appel au sacerdoce lui tombe dessus, en une nuit: "Un ami moine me demanda un jour si j'avais songé à devenir prêtre... Non, jamais! Je me posai alors la question. Le lendemain, ma décision était prise, que je n'ai jamais regrettée un seul instant: je me consacrerais, non à la défense des criminels, mais à celle des pauvres et des pécheurs au tribunal de la confession et du pardon!" Rapprochant le pouce et l'index pour montrer la taille minuscule d'un embryon, il ajoute: "Je ne me doutais pas que ce serait les tout-tout-petits qu'il me faudrait un jour défendre..."

    Parti dix ans comme prêtre Fidei Donum dans un quartier ouvrier de Sao Paulo (Brésil) entre 1959 et 1969, il réfléchit aux idéologies fasciste et communiste, et revient en Europe en plein débat sur la légalisation de l'avortement. "Un État qui se dit démocratique et prétend libéraliser l'avortement s'engage sur la voie du totalitarisme en introduisant une discrimination entre différentes catégories d'êtres humains, nés et non nés. Au nom de quoi ne l'étendrait-il pas à d'autres: malades, handicapés, personnes âgées...?", remarque-t-il. Ce fut le point de départ de toutes ses études... qui hélas se vérifient.

    "Ce sont des problèmes durs, confie-t-il, qui dévorent si l'on n'est pas arc-bouté à l'Esprit Saint en invoquant sa grâce et sa force. Mais je suis de plus en plus persuadé que la Foi affine notre regard, pour saisir l'invisible, mais aussi pour discerner des formes de mal que l'on ne perçoit pas avec une sensibilité morale émoussée."

    Derrière ses analyses les plus inquiétantes, cette lumière manifeste qu'une autre civilisation est possible: celle de la vie et de l'amour. Sans doute ne soupçonne-t-il pas lui-même combien d'enfants lui doivent la vie... et d'adultes le goût de la vie!

    Le Chemin de Croix (Le Sarment, 2001) qu'il a écrit à la demande du Saint-Siège pour le Jubilé des familles, traversé par une célébration de la vie qui le rend joyeux et par une prière éperdue pour que cessent tant d'offenses à l'amour, livre sans doute mieux que tous ses autres écrits ses raisons de vivre et d'espérer. Et a certainement le pouvoir de raviver celles des familles.

    Quand il a un peu de temps, Michel Schooyans se met au piano. Schumann, Schubert... "Je me prépare à l'Éternité... Auprès de l'Auteur de tant de belles choses, il y a sûrement de la musique!"

    Source: Famille Chrétienne (Paris), 17-23 mars 2001, n° 1209. pdf