Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Syrie : Poutine, dernier rempart contre Daesch ?

    IMPRIMER

    Alors que la Syrie s’enfonce dans la confusion, le gouvernement de Vladimir Poutine se présente comme le dernier rempart contre Daesh. De Sylvain Dorient sur le site « Aleteia » : 

    Le conflit syrien dure depuis quatre ans, aggravant chaque jour la situation d’une population dont la moitié a déjà fui le pays. Les divers groupes rebelles opposés à Bachar el-Assad, se combattent régulièrement entre eux (Aleteia), simplifiant singulièrement la tâche d’une armée syrienne exsangue.

    Outre l’autoproclamé État islamique (EI), des forces comme le Front Al-Nosra bénéficient de soutiens internationaux puissants, qui entretiennent le conflit. L’un de nos confrères syriens, journaliste de l’édition Aleteia en langue arabe, confie : « Cette guerre ne pourra pas être résolue par les seuls Syriens, elle ne sera gagnée par l’un ou l’autre des camps, que s’il est massivement soutenu par des forces étrangères ».

    Des groupes terroristes milliardaires

    Or, l’armée arabe syrienne de Bachar el-Assad, donnée pour morte en 2012, s’est révélée plus résistante que prévu devant les assauts de l’Armée syrienne libre dans un premier temps, puis face aux groupes islamistes radicaux comme Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, ou encore l’État islamique. Tous ces groupes ont bénéficié de soutiens officiels ou officieux considérables. Les chrétiens d’Alep, la ville syrienne assiégée, constatent que les rebelles disposent de moyens en artillerie qui semblent illimités (Aleteia).

    Malgré tout, la dispersion des groupes rebelles et la résistance du triptyque – armée arabe syrienne, milices pro-gouvernementales et Hezbollah – les ont jusqu’à présent privés de la victoire. De plus, la folie destructrice de l’organisation État islamique fédère contre elle de nouvelles forces, et en premier lieu « l’Ours russe » qui s’était bien gardé d’intervenir militairement jusqu’à présent.

    Bruit de bottes

    À plusieurs reprises cet été, une rumeur a prétendu que des avions et des pilotes russes étaient venus renforcer l’Armée arabe syrienne. D’abord démentie par le Kremlin, l’information peut être sérieusement étayée par des éléments incontestables, comme le passage du détroit du Bosphore par le Nikolai Filchenkov, navire de transport russe, manifestement chargé de matériel militaire (comme le rapporte le site d’informations américain le Daily Beast).

    Mais l’élément le plus déterminant qui plaide en faveur d’une action plus directe de la Russie en Syrie, c’est qu’elle est confortée par le silence de la diplomatie des États-Unis. Il n’y a plus d’appel à « renverser Assad », et le ton général serait plutôt de lutter en priorité contre l’État islamique.

    Poutine « défenseur des chrétiens d’Orient »

    Alors que la France a une tradition de la défense des chrétiens d’Orient qui remonte à l’époque Louis IX, c’est à présent Vladimir Poutine qui endosse ce rôle aux yeux des chrétiens de Syrie, malmenés, qui espèrent désormais une victoire d’el-Assad. Ils se réjouiraient donc d’une intervention militaire russe. Mais elle pourrait avoir des implications redoutables pour l’équilibre de la région. Israël notamment ne verrait pas d’un bon œil l’arrivée d’avions de chasse modernes, susceptibles de lui interdire l’accès au ciel syrien.

    Ref. La Russie à la manœuvre en Syrie

     JPSC

  • Au ralenti

    IMPRIMER

    Belgicatho fonctionnera au ralenti durant les quinze prochains jours et ne reprendra son activité habituelle que le 21 septembre.

  • Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

    IMPRIMER

    De « Famille  chrétienne » :

    l-abbe-fabrice-loiseau-et-les-missionnaires-de-la-misericorde-divine_article.jpg« Les Missionnaires de la miséricorde divine entendent vivre de la spiritualité de sainte Faustine. Entretien avec l’abbé Fabrice Loiseau, fondateur de cette société de prêtres installée à Toulon qui fêtera le 13 septembre ses 10 ans.

    Pourquoi le prêtre est-il par excellence le missionnaire de la miséricorde ?

    Le Christ est venu dans le monde pour sauver tous les pécheurs. Faire miséricorde. Le prêtre étant un alter Christi, identifié à Jésus-Christ pasteur, la première forme de sa pastorale doit être d’offrir ce salut, cette miséricorde, aux pécheurs. Il est d’abord là pour ça et n’est pas un animateur social, un psychologue ou une aide humanitaire ! L’identité sacerdotale se fonde sur la miséricorde. Le prêtre n’est prêtre que pour vivre et annoncer cette miséricorde. C’est dans son être, inscrit dans son âme.

    Comment, concrètement, le prêtre témoigne-t-il de la miséricorde ?

    Le prêtre est l’homme de la miséricorde d’abord à travers les sacrements qui, tous, jaillissent du cœur de Jésus miséricordieux. L’Eucharistie est la première des miséricordes puisqu’elle est la présence du Christ, la vie de Jésus dans les âmes. Et tous les sacrements, du baptême jusqu’au sacrement des malades – miséricorde pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme – en passant bien évidemment par le sacrement du pardon.

    Homme de la miséricorde, le prêtre doit l’être aussi dans le kérygme. C’est le thème essentiel de son annonce. Car il n’est pas là pour faire de la morale ! Au centre de la mission, voilà ce qu’il doit dire essentiellement : « Le Seigneur vous aime et, dès aujourd’hui, vous pouvez connaître le salut en regrettant vos péchés et en vivant de la miséricorde de Dieu ».

    Je crois que c’est aussi liturgiquement que le prêtre doit mettre l’accent sur la miséricorde. Chez nous, la fête de la divine miséricorde, le dimanche après Pâques, est particulièrement solennisée. C’est une proclamation liturgique de l’amour du Christ pour l’humanité.

    Ne trouvez-vous pas que le dimanche de la divine miséricorde est encore peu fêté dans l’Église catholique ?

    Règne en effet une terrible inertie autour de cette grande fête. Je n’ai jamais rencontré un seul prêtre qui soit contre. Mais beaucoup n’y voient pas d’intérêt puisque, disent-ils, on a déjà la solennité du Sacré Cœur ou celle de la petite Thérèse ! C’est pourtant un enjeu énorme et un engagement fort de Jean-Paul II qui l’a instituée pour l’Église universelle. La clé de son pontificat. Que sainte Faustine soit la première sainte de l’an 2000 et du nouveau millénaire n’est pas anodin.

    Quelle différence établir entre la spiritualité de la miséricorde divine et celle du Sacré Cœur ?

    Les deux se complètent, puisque le Sacré Cœur est la source de la miséricorde. La miséricorde insiste cependant plus sur le salut de l’homme pécheur. L’histoire du salut est d’ailleurs l’histoire de la miséricorde qui s’est penchée sur l’humanité blessée par le péché. On pourrait dire, pour simplifier, que le Sacré Cœur, c’est l’amour pour tous les hommes et la miséricorde, l’amour pour l’homme qui est dans la misère. Pas mal pour une époque accablée par le péché !

    « Plus peut-être que celle de l’homme d’autrefois, la mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde », écrivait Jean-Paul II dans son encyclique Dives in misericordia. Pourquoi ?

    Ils ont toujours existé et existeront jusqu’à la fin des temps, les mauvais empereurs, les mauvais rois, les mauvais chrétiens ou les mauvais prélats. L’homme est pécheur : rien de nouveau sous le soleil. Mais aujourd’hui, le péché est devenu institutionnel. La société n’est plus seulement tentatrice, mais créatrice de lois qui sont autant de péchés. C’est ce que Jean-Paul II appelle la « culture de mort », faite de structures de péchés qui enferment les hommes dans des structures de désespoir. La miséricorde en est l’antidote, le seul. Le « pouvoir qui pose une limite au mal » disait le saint pape dans Mémoire et identité.

    Ou « l’ultime planche de salut pour l’humanité » disait Jésus à sainte Faustine…

    Rien de moins ! Le recours à la miséricorde n’est pas une « dévotionnette », mais bien le dernier espoir de l’humanité. La spiritualité du IIIe millénaire comme l’annonçait là encore Jean-Paul II. J’y perçois une très forte dimension eschatologique. Une question de vie ou de mort. Car, le drame de l’humanité, finalement, est d’accepter d’être aimée par Dieu. Ou pas. L’enjeu de la fin des temps est de redonner à l’homme l’amour de Dieu qui redonne vie. Or, plus que toute autre spiritualité, la miséricorde est ce Dieu qui vient chercher l’homme pécheur. Ce n’est pas seulement un amour qui pardonne, mais un amour qui ressuscite.

    La miséricorde est un enjeu majeur. Y compris pour le diable qui semble s’acharner à vouloir la déformer…

    Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! Le diable veut la travestir. L’écraser sous le poids du mal. En faire une vulgaire « bonasserie ». La défigurer pour qu’elle ne soit plus le pardon de Dieu pour l’homme pécheur qui se convertit et reprend confiance dans la bonté de Dieu, mais une certaine reconnaissance du mal. Une espèce d’autojustification par rapport à Dieu. Or, si l’homme ne se considère plus pécheur, en quoi aurait-il encore besoin de la miséricorde ? « Pas de miséricorde sans justice et vérité » martèle le pape François. La miséricorde de Dieu ne peut se déverser dans le cœur que si l’homme reconnaît, confesse, la gravité de son péché dans une démarche de vérité.

    Comment tenir ensemble miséricorde et appel à la conversion ?

    Accueillir le pécheur avec bonté, patience et psychologie ne signifie en rien l’installer dans sa situation de pécheur ni devenir complice de son péché. Chrétiens ou non, les gens le sentent. Je le vois sur les plages, par exemple, quand je vais à la rencontre des estivants. Beaucoup ne savent pas qu’ils sont malheureux parce qu’ils sont pécheurs. Parce qu’ils vivent dans des situations qui les éloignent de Dieu. Mettre le doigt sur ce qui les fait souffrir, sur ce qui les blesse, peut leur être d’un grand secours. Invoquer l’amour de Jésus en passant à la trappe son appel à la conversion relève plus du péché contre l’Esprit Saint que de la miséricorde divine. C’est un blasphème. N’oublions jamais cela, surtout quand l’on va au-devant de nos frères musulmans.

    L’évangélisation des musulmans est un charisme de votre communauté… Pourquoi ?

    Pour nous, aller au-devant de nos frères musulmans, y compris des salafistes aux tendances les plus dures, cela fait partie de la miséricorde. Celle-ci est d’ailleurs le point d’accroche avec eux. On peut leur dire : « tu es un vrai frère car la miséricorde est un thème capital pour toi ». Certes, pour les musulmans, Allah fait miséricorde à qui il veut et il la retire à qui il veut. Dans le Coran, la miséricorde est donc liée à une volonté divine arbitraire. Mais l’idée est là et permet d’établir une relation, de nouer le dialogue avec eux. Puis de leur annoncer l’Évangile car le dialogue interreligieux ne peut remplacer l’annonce du Christ miséricordieux.

    Réf. Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

    JPSC

  • Euthanasie: Mgr Léonard débattra avec Gabriel Ringlet

    IMPRIMER

     

    CETzgCKWYAAh1bq.jpg

    La réponse ne s’est pas fait attendre : l’épiscopat envoie son « joker » au créneau. Avec Mgr Léonard on peut s’attendre à un débat médiatique de haute tenue, en toute clarté et sans ces faux-fuyants qui sont souvent la plaie des milieux ecclésiastiques. De Christian Laporte dans « La Libre » d’aujourd’hui :

    « A l’occasion de la sortie de son ouvrage "Vous me coucherez nu sur la terre nue" (paru chez Albin Michel) consacré aux questions de fin de vie, aux soins palliatifs et à l’euthanasie, l’abbé Gabriel Ringlet interrogé par "La Libre" - nos éditions de jeudi - invitait clairement les évêques de Belgique "à entrer dans un vrai débat avec lui" à propos de ces questions.

    Entendez : un dialogue sans a priori ni préjugés consistant à "tenter d’écouter jusqu’au bout l’argument de l’autre en acceptant a priori d’y entrer".

    Contacté par nos soins, le sommet de l’Eglise catholique de Belgique n’y est pas opposé. Et il entend même associer la presse à ce dialogue exceptionnel comme nous l’a expliqué le porte-parole de la Conférence épiscopale, le P. Tommy Scholtes, sj.

    En présence des journalistes

    "Comme par le passé où il s’est intéressé à ses divers écrits, a expliqué ce dernier, Mgr André-Joseph Léonard a été très heureux de recevoir le dernier ouvrage de Gabriel Ringlet. Il s’en réjouit donc mais a exprimé le vœu de le lire et d’en parler ensuite avec ses collègues de l’épiscopat belge. Puis dans les prochaines semaines, il rencontrera volontiers l’abbé Ringlet pour entrer en dialogue avec lui à ce sujet et ce en présence de journalistes." Et le porte-parole d’ajouter qu’il est "fondamental aux yeux de l’archevêque et des catholiques en général que l’Eglise accompagne spirituellement les personnes en fin de vie."

    La transgression d’un interdit majeur

    Autre point commun épinglé par Mgr Léonard : "Sans avoir lu le livre, il constate qu’à l’instar des responsables ecclésiaux et des chrétiens en général, Gabriel Ringlet parle lui-même de transgression de l’interdit majeur de tuer lorsqu’il s’agit de passer à l’euthanasie."

    Par ailleurs, dans l’interview à "La Libre", Gabriel Ringlet avait aussi expliqué qu’il était "absurde d’être un militant de l’euthanasie : on ne peut pas souhaiter cela, on ne peut qu’y être acculé".

    Selon le porte-parole des évêques "il faut rappeler qu’il y a une différence importante entre la sédation réversible et la sédation irréversible et le fait de procéder à une euthanasie". Un constat partagé sans réserves par l’ensemble des évêques de Belgique .

    On le voit : les responsables de l’Eglise catholique entendent profiter de l’opportunité de la sortie de ce nouveau livre de l’ancien vice-recteur de l’Université catholique de Louvain pour aller plus loin dans leur réflexion commune.

    On peut penser que certains points comme l’idée d’une ritualisation ne passeront pas la rampe mais cela ne devrait pas empêcher une discussion certes franche mais aussi sereine. »

    Ref. Euthanasie: Mgr Léonard débattra avec Gabriel Ringlet

    JPSC

  • Publicité gratuite dans « La Libre » : « Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie »

    IMPRIMER

    55e7c9413570ebab3d7edd41.jpg

    Les thèses de l'abbé Ringlet sur l'euthanasie sont déjà bien connues. Nous en avons parlé à maintes reprises, par exemple ici: L'abbé Ringlet cautionne la transgression de l'interdit de tuer ou là: Quand Gabriel Ringlet et Corinne Van Oost, invités par le cdH, justifient le recours à l'euthanasie. 

    Sur le même sujet un nouveau livre du « prieur » de Malèves-Sainte-Marie sort de presse aujourd’hui  chez Albin Michel. Cela s’appelle « Vous me coucherez nu sur la terre nue » et La Libre Belgique  y consacre pas moins de quatre pages illustrées, sous une manchette soigneusement choisie : « Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie ». On croirait lire une offre de services dans une annonce publicitaire.

    A ce stade, et sous réserve d’y revenir, on peut se demander si le battage rédactionnel de « La Libre » relève encore de l’information ou de la propagande étudiée pour une thèse militante. S’agissant du conflit de devoirs entre le soulagement de la souffrance et le respect de la vie d’un moribond, passons sur les phrases provocatrices du genre « la sédation finale est aussi grave que l’euthanasie ». De toute façon, les « accompagnements » euthanasiques auxquels se livre l’abbé Ringlet s’adressent aussi à des personnes  qui , comme Christian De Duve, ne se trouvent nullement devant l’échéance finale.  

    Le plus  gênant  dans ces interviews est que Gabriel Ringlet se présente comme prêtre catholique : à cet égard, il nous semble que les évêques de Belgique, sans céder à la provocation, devraient faire une mise au point sereine mais dépourvue de toute équivoque.  Et, ajouterions-nous, sans esquive consistant à dépêcher le pompier de service pour publier dans le journal une « opinion » en guise de « contrefeu ».  

    Sauf erreur, Gabriel Ringlet est un prêtre relevant de l’autorité diocésaine. A notre connaissance, il n’a jamais fait l’objet, jusqu’ici, de la moindre censure ecclésiastique.

     Ref.   Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie

    http://paulhuyb.canalblog.com/archives/2015/09/03/32575162.html

     JPSC

  • L’été des cardinaux pour l’unité des catholiques

    IMPRIMER

    Entretien_avec_cardinal_Burke.jpgVoici l’éditorial de Philippe Maxence dans le n° de rentrée du bimensuel catholique « L’Homme Nouveau ». Il met en exergue la figure montante du cardinal Sarah et rend justice au Cardinal Burke, en publiant les bonnes feuilles d’un livre du prélat, dont la sortira de presse est prévue pour la mi-septembre. JPSC.

    « La parution du livre d’entretiens avec le cardinal Robert Sarah en février dernier a permis à un large public de découvrir ce serviteur de l’Église à la parole claire et directe, loin des discours équivoques et des compromissions mondaines (1).L’entretien que nous avions eu avec lui, puis l’une de ses interventions importantes que nous avions publiée par la suite ont d’ailleurs largement rencontré l’enthousiasme de nos lecteurs (2). Au mois de juillet dernier, le cardinal Sarah s’est rendu également dans plusieurs endroits de France, confirmant à chaque fois cet enthousiasme. Il a surtout offert aux fidèles d’asseoir leur vie spirituelle dans la splendeur de la vérité. Et la grande nouvelle du christianisme, c’est que la vérité a un visage et un nom et qu’elle est entrée dans notre Histoire humaine pour nous conduire à la vie éternelle.

    Un autre cardinal vient également nous apporter le réconfort d’un discours ferme et profondément ancré dans le Christ. Sur le fond, l’accord est total entre le cardinal Robert Sarah et le cardinal Raymond Leo Burke qui répond aux questions de Guillaume d’Alançon, dans un livre à paraître à la mi-septembre aux éditions Artège (3). En exclusivité, on en trouvera ici de bonnes feuilles (cf. page 14-15). On pourrait croire que les deux cardinaux appartiennent à un même clan ou une même coterie. Or, si finalement les propos du cardi­nal africain et du cardinal américain entrent en syntonie, c’est que l’un et l’autre servent la même Église et ont reçu le même enseignement, bel exemple de l’universalité réelle de l’Église.

    De fausses images

    Ici ou là, dans la presse ou sur les blogues, des propos circulent accusant le cardinal Burke d’incarner l’Église de la richesse, du passé, de la dureté de cœur, du faste, voire de l’ignorance des réalités du monde actuel. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, cette image grossière, médiatiquement facile, ne me semblait pas correspondre à la réalité du personnage pas plus, qu’à l’époque, ne correspondait au cardinal Ratzinger la caricature faite de lui d’un « Panzerkardinal ». Là aussi, pour avoir eu l’honneur de m’entretenir à plusieurs reprises avec lui, j’avais pu constater cette contrefa­çon journalistique.

    C’est pourquoi nous avons enquêté sur le cardinal Burke et nous livrons dans le dossier de ce numéro le fruit de nos recherches. On y constatera qu’issu d’une simple famille rurale, Raymond Burke a toujours cherché à entrer dans l’esprit de l’Église et non à incarner des idées personnelles, aussi justes soient-elles. Sa formation de juriste l’a certainement incliné à s’effacer toujours davantage derrière l’Église qu’il a promis de servir à son ordination. Jean-Paul II, qui l’a choisi comme évêque, puis Benoît XVI, qui l’a appelé à Rome, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.

    Une humilité rayonnante

    De ce fait, comme saint Paul, ce cardinal américain n’hésite pas à rappeler, à temps et à contretemps, l’enseignement du Christ. On verra dans le dossier de ce numéro que ce rappel s’accompagne de rencontres avec des personnes blessées qui parfois ne comprennent pas le message de l’Église. C’est l’une de ces personnes, un homosexuel, qui a révélé au grand jour sa rencontre avec le cardinal Burke, choqué des attaques dont ­celui-ci était l’objet. Le cardinal n’en avait jamais parlé publiquement. À l’humilité ostentatoire de certains, il préfère assurément une humilité plus discrète qui implique de remplir jusqu’au bout, malgré certains désagréments bien réels, le rôle dont l’Église l’a investi.

    Mais l’on verra aussi que le cardinal Burke est loin d’être isolé, notamment dans sa défense du mariage catholique et, plus largement, de l’enseignement de l’Église en matière de liturgie. Là encore, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Pas besoin, en effet, de représenter un parti ou un courant dès lors que l’on s’efface entièrement derrière l’enseignement reçu et transmis depuis les apôtres et certifié par le magistère constant de l’Église. Paradoxalement, il est heureux qu’un cardinal comme Raymond Burke n’ait rien de spécifique en la matière. C’est quand la personnalité et les idées personnelles supplantent le rappel de la doctrine catholique, qui est notre bien commun à tous, qu’il faut s’inquiéter. Un autre livre du cardinal Burke sur l’Eucharistie, à paraître également en septembre aux éditions Via Romana, illustre bien à ce titre la beauté d’un auteur s’effaçant derrière le patrimoine spirituel et doctrinal de l’Église (4). À nous, à notre place, d’adopter une attitude similaire plutôt que d’entretenir cette espèce de guerre civile qui oppose des catholiques à d’autres catholiques, des frères à des frères.

     

    1.Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 euros.
    2. Cf. nos numéros 1588 du 11 avril 2015 et 1594 du 4 juillet 2015.
    3. Guillaume d’Alançon, Un cardinal au cœur de l’Église, Artège, 230 p., 18,50 euros.
    4. La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, Via Romana, 300 p., 23 euros.

    Ce billet a été publié dans L'Homme Nouveau, je commande le numéro 

    Ref.L’été des cardinaux pour l’unité des catholiques

  • La directrice de l'Institut Européen de Bioéthique défend la "carte de fin de vie"

    IMPRIMER

    Sur le site de lalibre.be ("opinions"), Carine Brochier, directrice de l'Institut Européen de Bioéthique, défend la "carte de fin de vie" :

    L’Institut européen de bioéthique lance une "carte de fin de vie" (à retrouver ici en PDF) qui refuse l’euthanasie et prône les soins palliatifs. (...)

    Il est difficile de penser à notre propre mort. N’avons-nous pas peur d’aborder ce sujet avec nos proches et parfois notre médecin ? La "carte de fin de vie" permet, paisiblement, de réaffirmer notre confiance dans le médecin et de refuser autant l’acharnement thérapeutique que l’euthanasie. C’est aussi le respect de l’opinion de chacun. Un plaidoyer pour les soins palliatifs. Et un succès vu la demande.

    Voici sept ans, l’Institut européen de Bioéthique lançait une "carte de dignité en fin de vie" (lire LLB - Débats du 29 avril 2008). Aujourd’hui, vous proposez au public une nouvelle "carte de fin de vie". Pourquoi ?

    C’est le fruit d’une demande de personnes âgées, de leur famille mais aussi de médecins et de personnels soignants d’avoir un outil de communication paisible pour ceux qui veulent être accompagnés dignement jusqu’au bout sans qu’on provoque intentionnellement leur mort. Beaucoup sont saturés d’entendre parler de l’euthanasie comme la seule forme de mort sans souffrance. Ils cherchent autre chose.

    Comment se présente et que contient cette carte ?

    Sur cette carte qu’on garde dans son sac ou portefeuille, on indique son nom et prénom ainsi que le nom et le téléphone du médecin traitant. Dans le cas d’incapacité d’exprimer sa volonté par suite de maladie ou d’accidents, on affirme des directives pour sa mort. En substance, je donne ma confiance aux médecins afin qu’ils m’appliquent des traitements utiles et renoncent à ceux qui paraîtraient disproportionnés. Loin donc de l’acharnement thérapeutique. Ensuite je leur demande d’apaiser mes souffrances autant que possible et de me procurer tous les soins vitaux tels l’alimentation, l’hydratation, les soins de confort et d’hygiène et, au besoin, tous les soins palliatifs nécessaires. Enfin que les médecins respectent ma vie jusqu’à son terme naturel en se gardant de toute forme d’euthanasie. A côté de ce pan "directives pour ma mort", on peut aussi s’exprimer sur ses funérailles - inhumation ou incinération ? -, sur une éventuelle assistance spirituelle (quel ministre du culte ?), sur le prélèvement ou non d’organes après sa mort et désigner le cas échéant une personne de confiance qui pourra coopérer à la prise de décision médicale à mon égard. Les personnes intéressées peuvent télécharger cette carte sur notre site ou nous écrire pour en obtenir. Plusieurs même, comme nous l’avait demandé une dame âgée pour ses amis de la maison de repos, semaine dernière.

    Imposer une euthanasie à une personne qui ne l’a pas demandée est illégal en Belgique. Vos détracteurs considèrent donc que cette "carte de fin de vie" qui refuse l’euthanasie ne sert à rien. Que répondez-vous ?

    Elle sert à quelque chose et fait bien vu le grand nombre de personnes qui nous la demandent. Quelle meilleure preuve ? Cette carte permet de réaffirmer ses choix et de les communiquer dans une société démocratique où existe la libre expression de toutes les opinions. Ici, ce choix éminemment personnel est de dire non à l’acharnement thérapeutique, non à l’euthanasie et oui aux soins palliatifs. A côté, les soignants sont aidés. On réaffirme leur vocation de soigner et non de provoquer la mort intentionnellement. Combien de médecins sont mis à mal actuellement ! Ils se sentent des exceptions parce qu’ils refusent de pratiquer l’euthanasie. Alors que, rappelons-le, c’est l’euthanasie qui doit rester exceptionnelle. Or, voilà que, banalisée, elle devient aujourd’hui la bonne façon de mourir sans souffrir. Et là, notre devoir de citoyen est de remettre les pendules à l’heure. Non, l’euthanasie n’a pas le monopole de la meilleure façon de mourir. Et les associations qui le prônent trompent les citoyens. Parce que là, est la vocation des soins palliatifs.

    Autre grief avancé : cette carte sous-entend l’existence de pratiques de fin de vie dans des centres de soins à l’insu de patients et crée donc la peur.

    C’est l’inverse. Loin d’engendrer la peur et une défiance vis-à-vis des médecins, cette carte rassure et mise sur la relation de confiance entre les médecins, la famille et le patient, en mettant les choses au point. Oui, il est possible de mourir paisiblement et dignement avec les soins palliatifs et en étant entouré.

    Est-ce une réaction à l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) qui propose, elle, des déclarations anticipées d’euthanasie ?

    L’ADMD doit-elle détenir le monopole de la communication sur la mort ? Doit-elle automatiquement et idéologiquement condamner ceux qui ne sont pas en accord avec la pratique de l’euthanasie ? Non. Plus loin, il ne faut pas toujours parler de l’euthanasie quand on veut parler de la mort. On nous sert de l’euthanasie partout. Les personnes sont saturées. Pourquoi ne pourrait-on pas parler des soins palliatifs ? Là nous avons tous une responsabilité. Médias compris.

  • Un commentaire sur la rencontre du pape François avec Monseigneur Gaillot

    IMPRIMER

    Le-pape-Francois-et-Mgr-Jacques-Gaillot-une-rencontre-entre-freres_article_popin (1).jpgLe père Cédric Burgun, maître de conférence en droit canonique à l'Institut catholique de Paris commente sur le site « aleteia » les propos attribués au pape François par Mgr Gaillot, à l'issue de sa rencontre de près d’une heure avec celui-ci.

    Extraits :

    Aleteia : Le pape François aurait partagé à Mgr Gaillot, l’évêque de Parténia (Algérie), sa peine pour les migrants « chair de l’Église », pourquoi ?

    Père Cédric Burgun : Les migrants sont une des nouvelles formes de pauvreté à laquelle le monde est confronté aujourd’hui et l’Église s’est toujours montrée attentive aux pauvres. Ce n’est bien sûr pas la seule forme de pauvreté mais une nouvelle que nous ne pouvons donc ni ignorer ni repousser […]

    Savons-nous porter sur les migrants un regard en « frères de sang », issus d’une même chair ?

    […] L’appel à la décroissance de nos pays riches lancé par le pape François dans son encyclique Laudato si’, assimilant l’enrichissement de nos pays occidentaux à une forme de vol des pays pauvres, devrait nous faire réfléchir. Rappelons que dans le projet européen initial, Robert Schuman voulait faire de l’Europe un lieu de solidarité effective envers les plus pauvres. Notre Europe actuelle perd son âme lorsque ses dirigeants tardent tant à ouvrir les yeux sur ces problèmes particulièrement graves.

    Le pape François n’entend pas se rendre en France pour le moment, préférant rendre visite à « des petits pays qui ont besoin d’aide ». La France est-elle encore un grand pays chrétien sans problème ?

    Grand pays chrétien non. Quand moins de 5% de la population française pratique encore, on ne peut même plus parler d’un pays chrétien. Mais je ne regrette pas pour autant les propos du Saint-Père. Je comprends que le Pape souhaite se rendre au chevet de pays qui n’ont encore jamais reçu la visite du Successeur de Pierre. Ils sont encore nombreux. La France a été assez privilégiée à ce point de vue au cours de son Histoire. Toutefois, le ministère de Pierre est aussi de conforter la foi des Églises locales en difficulté, et la France en aurait bien besoin pour garder l’espérance.

    À la question de la bénédiction des couples homosexuels ou divorcés remariés, le pape François aurait convenu que « la bénédiction de Dieu est pour tout le monde ». S’agit-il pour autant d’une reconnaissance de ces situations ?.

    […] Donner une bénédiction c’est dire du bien, c’est encourager l’homme ou la femme dans ce qu’il accomplit de bon. En revanche, la question de la bénédiction d’un couple homosexuel ou divorcé remarié en tant que tel est une autre question. Aujourd’hui, on ne peut bénir une situation qui irait à l’encontre de l’enseignement de l’Église. Et enfin, gardons-nous de réagir ou d’interpréter trop rapidement des propos rapportés et sortis de leur contexte. Au synode l’an passé, nous en avons eu des exemples…

    (Propos recueillis par Alexandre Meyer)

    Tout l’article ici : Migrants : « L’Europe est en train de perdre son âme »

     Un commentaire autorisé, prudent et nuancé. Le Père Cédric Burgun est l’auteur chez Artège de La Famille c’est sacré ! (2015, 169 p., 14,90 euros)

    JPSC

  • Jeune talent : récital de piano à l’église du Saint-Sacrement de Liège

    IMPRIMER

     

    0005510aj.jpg

    Jeune talent : récital de piano à l’église du Saint-Sacrement

    Mardi 15 septembre 2015 à 20h00 

    Bd d’Avroy, 132 à Liège

    ConcertArthur2015AFFICHE.png

    Arthur Dubru est étudiant en piano à l'IMEP, l'Institut Supérieur de Musique et Pédagogie de Namur. Pour la troisième année consécutive, il présente son travail sous la forme d'un concert commenté qui se veut professionnel et pédagogique. Son objectif : faire découvrir la musique classique au plus grand nombre, en proposant des pistes d'écoute et des commentaires variés. Lauréat des concours Belfius et Charlier, Arthur Dubru interprétera des oeuvres de Bach, Beethoven, Chopin, Liszt et Rachmaninov.

    mqdefault.jpg

    Chopin - Prélude n°4, op.28

    Bach - Prélude et Fugue en do#mineur BWV 849

    Beethoven - Sonate n°30, op.109

    Chopin - Etude n°4, op.10

    Liszt - Liebestraum n°3

    Rachmaninov - Prélude n°5, op.23

    Renseignements : tel 0488 670 370 ou email arthurdubru@hotmail.com

     JPSC

  • Le pape a reçu Mgr Gaillot

    IMPRIMER

    Du site du Figaro (Jean-Marie Guénois) :

    Le pape François assure à Mgr Jacques Gaillot qu'il n'envisage pas de visite en France

    L'évêque français a été reçu, ce mardi après-midi, pendant trois quart d'heure par le Souverain Pontife à la maison Sainte-Marthe au Vatican.

    «En une carrière de journalisme politique je n'ai jamais vu une telle proximité, authenticité, simplicité», témoigne Daniel Duigou, aujourd'hui prêtre et curé de Saint-Merri à Paris (IVe) qui accompagnait Mgr Jacques Gaillot à la maison Sainte-Marthe du Vatican où réside le pape François qui les a reçu pendant «trois quart d'heure», ce mardi après midi.

    «Nous sommes frères», a commencé le pape, selon Daniel Duigou, ajoutant: «Vous êtes évêque de Partenia?» «Oui, a répondu Jacques Gaillot, cela fait vingt ans, vingt ans que je suis exclu, ce qui est mon passeport parce que je suis avec les exclus et les exclus se reconnaissent en moi. En me recevant, ils se sentent reconnus par vous. Ce n'est pas pour moi que je suis là, c'est pour eux. Ils en sont très heureux. Merci.» «Très bien», lui a répondu le Pape qui a ajouté, selon Mgr Gaillot: «Le Christ frappe à la porte de l'Église mais pas de l'extérieur… de l'intérieur pour que l'on ouvre la porte sur le monde, sur l'humanité. Il veut sortir!»

    Interrogeant directement Daniel Duigou sur l'accueil des «divorcés remariés» à Saint-Merri, le pape l'a aussi encouragé à continuer l'accueil des migrants. En français, langue de l'entretien, François a dit: «Les migrants, c'est la chair de l'Église.»

    La conversation, qui n'a pas abordé les querelles passées de «l'affaire Gaillot», a évoqué un voyage en France, le pape confiant à ses interlocuteurs «préférer aller vers des petits pays qui ont besoin d'aide». En l'absence de photographe officiel cet entretien privé s'est conclu par une séance de selfie.

  • Didier Croonenberghs, nouveau directeur général des Médias Catholiques Belges Francophones

    IMPRIMER

    De Jean-Jacques Durré sur info.catho.be :

    Ce 1er septembre, jour de rentrée scolaire, marque aussi l’entrée en fonction d’un nouveau directeur général des  (mcbf.be).

    Le frère , o.p., a été désigné à cette fonction par le Conseil d’administration des Médias Catholiques, pour un mandat de trois ans. Le frère  assurera donc le développement futur de l’asbl qui, en 2014, avait dû opérer une restructuration.

    L’ensemble du personnel des Médias Catholiques se réjouit de son arrivée qui apporte un nouvel élan pour nos médias, tous supports confondus.

    Le frère Didier Croonenberghs est né le 4 juillet 1978 à Namur en Belgique. Après des études de droit et de philosophie à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, il est entré chez les  –  l’Ordre des Prêcheurs –  en 2002 et a fait son noviciat à Strasbourg. Ensuite, il a étudié les Sciences Religieuses à Louvain-la-Neuve et la Théologie à Oxford.  Il a fait profession solennelle dans l’Ordre le 17 septembre 2006 et a été ordonné prêtre le 15 décembre 2007. En 2009, le fr. Didier a été élu supérieur de la communauté de Liège et réélu pour un second mandat de trois ans en juillet 2012. En 2013, il a été nommé par les évêques de Belgique, responsable pastoral et liturgique des messes radio (sur la Première) et télévisées (sur la Deux et France 2).

  • "Les embryons humains ne sont pas des choses" (CEDH)

    IMPRIMER

    De gènéthique.org :

    GRÉGOR PUPPINCK SALUE L’ARRÊT DE LA CEDH PARRILLO CONTRE ITALIE : « LES EMBRYONS HUMAINS NE SONT PAS DES CHOSES »

    Grégor Puppinck, directeur du European Center for Law and Justice (ECLJ) et expert de Gènéthique a salué l’arrêt rendu le 27 août 2015 par la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire Parrillo contre Italie (cf. Gènéthique du 27 aout 2015).

     

    Dans cette affaire, une femme se plaignait de l’impossibilité de donner « ses » embryons à la recherche afin qu’ils soient détruits au service de la science. Elle dénonçait une violation du droit au respect de sa vie privée ainsi que de son droit de propriété sur « ses » embryons. La requérante mettait en cause le statut juridique des embryons surnuméraires au regard de la Convention européenne des droits de l’homme et l’interdiction faite par la loi italienne (loi n°40/2004) de détruire des embryons humains.

     

    Gènéthique : Quelle est la réponse de la Grande Chambre de la CEDH à la requête de Madame Parrillo ?

    Grégor Puppinck : A l’unanimité la Grande Chambre a jugé qu’il n’y avait en aucun cas violation du droit de propriété de la « mère » des embryons : elle a rappelé que les embryons humains ne sauraient être réduits à des biens. Le droit ne connaissant que les deux catégories de « biens » et de « personnes », la logique veut que les embryons humains soient des personnes dès lors qu’ils ne sont pas des biens. La Cour s’abstient de le dire, ou de le démentir.

    Par ailleurs, à 16 contre 1, les membres de la Grande Chambre ont également jugé que l’Italie peut légitimement interdire la destruction des embryons humains au nom du respect des « droits et libertés d’autrui » - autrui désignant ici les embryons humains. En effet la loi italienne reconnaît à chaque embryon humain la qualité de « sujet » à égalité avec ses géniteurs.

    Toutefois, la Cour précise qu’elle n’entend pas se prononcer « sur le point de savoir si le mot « autrui » englobe l’embryon humain » (§ 167) car cela limiterait la licence des États de porter atteinte à leur intégrité.
     

    G : Les juges de la CEDH reconnaissent que les embryons ne peuvent être réduits à des « biens » : auraient-ils pu aller plus loin ?

    GP : Cet arrêt contribue au respect de la vie humaine dès la conception, et ce malgré ses faiblesses et incohérences. L’ECLJ, comme plusieurs juges de la grande Chambre, regrette la contradiction dans laquelle la Cour s’est enfermée, reconnaissant que l’embryon humain n’est pas une chose, tout en étant autrui, sans être une personne. Cette contradiction résulte de la crainte d’affaiblir la conventionalité de l’avortement.

    Autre élément critiquable, la Cour soutient que le « commencement de la vie humaine » est une « notion » susceptible d’une « pluralité de vues (…) parmi les différents Etats membres ». Or, le commencement de la vie humaine est évidemment un fait biologique connu et réalisé par la fusion des gamètes ; ce n’est pas une idée sur laquelle les esprits pourraient légitimement diverger. Cette affirmation vise aussi à laisser place à l’avortement.

    En dépit de cette contradiction, je me réjouis que la Cour reconnaisse qu’un embryon humain, même in vitro et ne faisant plus l’objet d’un projet parental n’est pas une chose, et que sa protection contre la destruction est légitime au nom des  « droits et libertés d’autrui ».

     

    G : Certains juges ont tenu à faire connaitre leurs opinions : quels sont les points remarquables de leurs interventions ?

    GP : L’ECJL salue la qualité de la plupart des opinions séparées publiées par plusieurs juges en annexe de l’arrêt. Elles sont remarquables de rigueur juridique et d'humanité à l’égard de la vie naissante.

    En particulier, le juge Dedov s’est exprimé en ces termes : « Le droit à la vie est absolu, et ce précepte fondamental fait qu’il est inutile d’expliquer pourquoi un meurtirier, un handicapé, un enfant abandonné ou un embryon doivent être gardés en vie. Nous n’avons pas besoin d’évaluer leur utilité pour la société, mais nous plaçons de l’espoir en leur potentialité ».

     

    Quant au juge Pinto de Albuquerque, il conclue ainsi son excellente et très approfondie opinion séparée : « La vie humaine à naître n’est en rien différente par essence de la vie postnatale. Les embryons humains doivent en toute circonstance être traités avec tout le respect qui est dû à la dignité humaine. Les applications de la recherche scientifique concernant le génome humain, en particulier dans le domaine de la génétique, ne prévalent pas sur le respect de la dignité humaine. Les progrès de la science ne doivent pas reposer sur le non-respect de la nature humaine ontologique. Le but scientifique consistant à sauver des vies humaines ne justifie pas l’emploi de moyens intrinsèquement destructeurs pour cette vie.

    Le commencement et la fin de la vie humaine ne sont pas des questions de politique à laisser à la discrétion des États membres du Conseil de l’Europe. »

     

    G : Le juge Dedov cite l’initiative citoyenne européenne « One of Us » par laquelle « le droit à la vie de l’embryon a été expressément reconnu par des millions de citoyens européens » : quelles sont les conséquences de cet arrêt pour One of Us ?

    GP : On peut se réjouir que des juges citent One of Us comme étant la preuve de l’existence en Europe d’un véritable souci pour le respect de l’intégrité de la vie humaine au stade embryonnaire. One of Us a contribué à témoigner de l’existence de cette conscience en Europe. Le succès populaire de One of Us participe à assoir dans l’opinion publique la conscience du nécessaire respect de la vie et vient soutenir les juges qui au sein de la Cour ont montré qu’ils ont eux aussi une claire conscience du respect du à la vie humaine prénatale.